J’en ai rencontré deux il y a quelques années et j’étais bien éloigné alors de comprendre à quelle étrange configuration psychologique j’avais affaire.
C’est un mécanisme inattendu qui est ici à l’œuvre et qui voit une goï prendre fait et cause pour la défense et l’identité juives de façon cent fois plus virulente que ne le fait la majorité des juifs eux-mêmes, hormis les extrémistes religieux et autres fondamentalistes sionistes auxquels elle s’apparente en la circonstance.
Il y a identification du sujet à la figure même de ce qui se présente comme l’incarnation idéale (idéale, au sens premier du terme c'est à dire platonicien) du conflit moral éternel du bien contre le mal, de la victime contre le bourreau : le courageux petit peuple juif contre toutes les forces du mal que représentent… les Autres, ceux qui ne font pas partie du peuple élu et qui désirent la disparition, l’extermination, du Bien et de la Vertu.
C’est une focalisation, choisie comme déversoir du trop plein de ce conflit interne que la goï ne peut gérer autrement qu’en l’extériorisant et en le disséminant sur tout ce qui constitue son environnement. Il faut bien que soit désigné un coupable, un responsable, que soit identifié le Mal contre lequel se défend courageusement le Bien (moi, la paranoïaque)
On a depuis longtemps observé que c’est la haine de soi qui favorise l’émergence d’une structure paranoïaque. Il y a déplacement de ce qui ne peut pas se dire, se percevoir, se comprendre de soi, (se verbaliser encore moins) sur une surface de projection qui permet de mettre au jour incognito un insoluble conflit personnel qui se pare alors des beaux atours de la défense morale du Bien et du Bon alors qu’il ne s’agit en dernier ressort que de l’expression d’un soulagement personnel.
On peut aller jusqu’à suggérer que ce choix d’une configuration qui voit s’opposer idéalement le Bien et le Mal pour se situer dans ce conflit moral n’est autre qu’une formation réactionnelle d’un sujet qui n’est que trop conscient que s’il s’avisait de faire un travail personnel sur sa moralité il ne supporterait pas la noirceur qui se révélerait.
Alors quoi de plus “naturel” que de fuir ce face à face et de se réfugier dans une structure préexistante où il est à l’abri de tout questionnement personnel, s’étant placé dans l’ombre projetée par des concepts universaux (le Bien, le Mal) où il est très facile et absolument sans danger de choisir son camp (devinez lequel…) avec pour bénéfice essentiel (au sens premier du terme encore) de ne faire qu’un avec la représentation la plus valorisante qui soit: le Bien et la Vertu.
Évidemment, ces processus ne font illusion qu’un temps à celui/celle qu'instrumentalise le paranoïaque car tout un chacun à terme ne saurait être dupe et même s’il ne sait analyser ce qui se joue, il a bien conscience qu’il est joué, qu’il est figurant d’une pièce où un rôle (celui du méchant bien sûr, de l’immoral) lui a été attribué depuis toujours et qu’il lui est assigné, demandé de respecter cette attribution, qu’il le veuille ou non, qu’il l’accepte ou pas. Et en général évidemment on ne l’accepte pas…
Et le conflit personnel que le sujet croyait éluder et sublimer en se déplaçant dans un registre qui le dépasse, celui des universaux, ne manque pas de resurgir quand ses interlocuteurs se révèlent ne pas acquiescer à cette élaboration dans laquelle ils se voient imposer une identité et des attributs qu’ils ne se reconnaissent nullement (ne serait-ce que parce que nul n’a autorité ni légitimité pour décider de l’identité et des attributs d’autrui).
Il va de soi que cette naturelle protestation de l’Autre, son refus d’être instrumentalisé par le paranoïaque, se voient ipso facto accusés et condamnés au nom de l’anti-sémitisme, du racisme et de l’immoralité en règle absolue, quelle qu’en soit la figure qui apparaîtra la plus pertinente aux besoins sécuritaires du paranoïaque.
Car c’est de cela dont il s’agit en dernier ressort: Un besoin de réassurance existentiel, un besoin d’Amour qui se métamorphose en haine par dépit de n’être pas reconnu et satisfait.
2 commentaires:
Analyse intéressante et judicieuse ! Avec des énergumènes ejusdem farinae, nous n’aurions plus qu’à nous taire ! Prononcer certains mots ou oser faire allusion à certains faits, c’est entamer l’air de la calomnie. Comme vous le dites si bien, nous incarnons nécessairement le Mal ! Et quand cela se double d’approximations historiques, de représentations mentales qui vous semblent farfelues, on a beau dire, on a beau faire, nous voici ravalés au rang d’antisémites.
De ce fait la mauvaise foi fait loi. Une dictature de l’émotion s’instaure : pour ces êtres sans histoire (avec ou sans un grand H) les juifs, c’est comme les enfants. Sacré ! Les victimes sont toutes trouvées. On tire le rideau !
Pourquoi ne pas avoir intitulé le billet « Plus juive que juive » puisque votre démonstration s’appuie sur les propos implicites d’une goy et que, de plus, vous présentez un tableau intitulé Double féminin et réalisée par une femme. Faites-vous battre deux fois plutôt qu’une ! :-)
Enfin, si le nom est presque universellement transmis par le père, la descendance juive l’ est par la mère… La petite graine en prend un coup ! :-)) (bis!)
"on a beau dire, on a beau faire, nous voici ravalés au rang d’antisémites."
Sur ce thème, j'ai quelques textes à vous proposer. Celui-ci par exemple...
(Pour info, aucun commentaire sur un ancien billet ne se perd: il apparaît sur le blog et ma messagerie)
"Pourquoi ne pas avoir intitulé le billet « Plus juive que juive"
C'est corrigé. Merci de me l'avoir signalé, j'ai sans doute craint l'air de la calomnie...
Certainement il y a une raison. Il est de fait que les 2 personnes qui m'ont inspiré ce billet était de sexe d'origine féminine et j'ai probablement voulu l'oublier.
"La petite graine en prend un coup ! :-))"
Certes, il n'empêche que c'est cette maudite petite graine qui tire son épingle du jeu...
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