vendredi 16 juillet 2010

De la servitude volontaire



56 % des Français, paraît-il, n'ont pas été convaincus par la prestation de Sarko lundi dernier quand il était serré au plus près de questions toutes plus incisives les unes que les autres par Pujadas.

Perso je ne risquais certainement pas d'être convaincu de quoi que ce soit, ne serait-ce que par ce que j'avais autre chose à faire de plus enrichissant que d'être témoin de cette fumisterie (on reste correct)

56%? Je ne peux pas croire que 44% aient été "convaincus", il doit y en avoir la moitié qui n'ont pas d'opinion. Il en reste peut-être 25% ce qui correspond peu ou prou à sa cote de popularité. Je sais bien qu'il y a des blaireaux qui goberont tout ce qu'on leur fera ingurgiter (ils ont tout de même voté pour le gnome des Carpates après tout) mais plus de 3 ans après la catastrophe inaugurale que fut son élection ça craint!

Il est vrai aussi qu'il y a toujours un certain pourcentage, non négligeable d'ailleurs, peut-être 5% ou 6%, de gens qui ne savent pas qui est le Président de la République, comme dans tous les pays du monde d'ailleurs.

Il y a aussi les inconditionnels de celui qui tient le pouvoir, quel qu'il soit, de droite comme de gauche.

Mais dans notre cas il est assez inattendu de constater que même parmi ses électeurs, une grande partie d'entre eux ont un dégoût et une répulsion viscérale de la personne de Sarko. Mitterrand était détesté par la droite, c'était la limite "naturelle" propre à la scène politique

Ce qui nous amène à évoquer la figure d'Etienne de la Boétie et son ouvrage Discours de la Servitude Volontaire.

C'est entendu, nous ne sommes pas dans une tyrannie/dictature mais la soumission volontaire à la vilaine petite molécule renvoie irrésistiblement à certains passages du livre cité.

"Quand je pense à ces gens qui flattent le tyran pour exploiter sa tyrannie et la servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchanceté qu'apitoyé de leur sottises"

"Ce sont les courtisans qui se font les complices de la tyrannie, perdant du même coup leur propre liberté.


On lit aussi ce passage:

"Le tyran voit ceux qui l'entourent, coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu'ils fassent ce qu'il ordonne, mais aussi qu'ils pensent ce qu'il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu'ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n'est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu'ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu'ils ne se plaisent que de son plaisir, qu'ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillant de leur naturel".


On peut mettre les noms qui viennent spontanément à l'esprit (Bertrand, Levebfre, Morano, Yade, Kouchner, Mitterrand, enfin, à peu près tout le monde).

Quant aux masses imbéciles, leur servitude volontaire nous expose La Boétie, n'a d'autre origine que l'habitude de la soumission.

Serait-il amené à démissionner, englouti qu'il serait par la marée de l'exaspération populaire, qu'il se trouverait encore un inébranlable socle de 20% à le considérer comme la victime de l'acharnement haineux des "autres" (les gauchos/trotskystes ou les traîtres de l'UMP)

Je n'ai pas vraiment d'empathie pour les masses imbéciles…

3 commentaires:

Flocon a dit…

Anijo,

French politics as you see...

This is what I found in the ABQ on line.

All commentators here in France agree, with such a scandal, any President in whatever democracy you can think of would have resigned.

Safe maybe Italy, Greece or Albania... (sight)

You must know that Sarkozy is actually loathed by about 80% of the French whether they're on the right or the left side of the political lanscape.

Even G.W. Bush wasn't hated like Sarko is.

The worst president we ever had to endure.

There's a general floating feeling of insurrection in France these days.

Even in Le Figaro on line, which is the staunchest support of Sarko, one can read incredible letters of disgust and detestation about him.

Some evoque the specter of 1789 and the French revolution.

Ned Ludd a dit…

"C'est pour s'être reposés de l'éducation sur les prêtres enthousiastes et fanatiques que les princes chrétiens n'ont, dans leurs Etats, que des superstitieux que n'ont d'autre vertu qu'une foi aveugle, un zèle emporté, une soumission peu raisonnée à des cérémonies puériles…"
(Paul Henri Dietrich, baron d'Holbach / 1723-1789 / Le christianisme dévoilé / 1767)

"Les mêmes artifices ont toujours été mis en oeuvre par les imposteurs qui ont voulu tromper le genre humain ; ils se sont toujours retranchés contre l'examen ; ils lui ont opposé des mystères, des incertitudes, des terreurs."
(Paul Henri Dietrich, baron d'Holbach / 1723-1789 / L'esprit du clergé / 1767)

http://atheisme.free.fr/Biographies/Holbach.htm

Il y avait un contributeur chez SuperFrenchie qui utilisait se nom. Je ne l'ai pas vu dépuis longtemps.

Flocon a dit…

Holbach était certainement un grand esprit du Siècle des Lumières.

Son matérialisme est sans doute contestable mais sa critique de la religion en plein absolutisme monarchique était courageuse et se révéla efficace.

Il fut de ceux qui préparèrent les esprits à 1789.

Un grand esprit vraiment.

La Boétie mentionne aussi les spectacles/divertissement et la religion et les superstitions comme instruments de la domination des tyrans sur les masses.

Now that you mention it, je me souviens effectivement d'un commentateur dont D'Holbach était le pseudo.

Je ne me souviens pas qu'il ait été très actif cependant. Oui, il a disparu comme disparaissent la plupart des bloggeurs...

Peut-être aussi a-t-il changé de peudo?