Sympa et marrant le film non? Avec une quinzaine de diffusions au moins depuis 30 ans sur TF, difficile de ne pas l'avoir vu. Comme tout le monde (?) j'ai vu cette "innocente" comédie sur les déboires d'un rabbin malgré lui aux prises avec un méchant mais tout se termine bien.
Et puis il y a quelques mois, pour qui pourquoi? j'ai repensé à ce film de Gérard Oury et je lui ai trouvé une coloration qui donne à penser que cette innocente comédie ne l'est pas tant que ça...
Au prétexte d'une dénonciation du racisme et de l'antisémitisme etc. il y a d'un côté les gentils juifs du quartier du Marais à Paris et le méchant (Slimane) qui leur veut du mal, joué par Claude Giraud. Pourquoi leur veut-il du mal? On ne sait pas mais on remarque qu'il est tout de noir vêtu, du début à la fin du film. Et il a vraiment l'air animé des plus mauvaises intentions. Mais quelles sont-elles? Eh ben on ne sait pas et on ne le saura pas.
Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est la présentation qui était faite des juifs, tout joyeux du retour de leur rabbin d'Amérique. Oui, bon, pourquoi pas? Mais pourquoi les membres de la communauté juive sont-ils tous représentés comme de grands enfants innocents et rieurs, qui dansent avec entrain leur joie du retour de l'ancêtre dans la rue des Rosiers? Ca, je n'ai jamais vu rue des Rosiers; ni ailleurs.
Tout sourires, toute douceur, la gentillesse et l'innocence incarnées, tels sont les attributs des Juifs comme les a filmés G. Oury. Des enfants au pur regard et à l'immaculée sincérité. Des innocents on vous dit! Alors qu'en face il y a le méchant. Palestinien? Arabe? C'est pas clair mais il vient de ces pays, ça s'est sûr.
Et ça me rappelle les romans d'Albert Cohen, Mangeclous en particulier, où les "héros" sont tous des simplets, d'innocents enfants pas méchants pour un sou mais juste victimes de leur crédulité, de leur gentillesse. C'est ainsi, le Juif est naturellement bon ce qui le destine à être victime de la méchanceté des autres et du monde. Car le Juif est un enfant, aussi bien dans le film de G. Oury que dans le roman de Cohen. Et l'enfant est pur et innocent et victime toute désignée des noirs desseins du vilain Arabe/Palestinien (Claude Giraud) qui, lui, n'est nullement un enfant ni nullement innocent.
Mais tout se termine bien: le vilain a été charmé et conquis pas les vertus de la communauté juive.
Et puis il disparaît. Où va t-il? D'où venait-il? Peu importe, il n'avait qu'une fonction: faire ressortir par contraste combien les uns sont bons et les autres ne le sont pas.
Ce film si populaire est l'occasion de faire passer en toute discrétion une certaine image qu'on peut rapprocher de la propagande sioniste. En plus soft.
Suis-je le seul à lire ainsi cet opus de Gérard Oury?
ps: Pourquoi avait-il donné à Bourvil le nom de "Maréchal" (comme "Maréchal nous voilà!") dans son film le Corniaud?
Et puis il y a quelques mois, pour qui pourquoi? j'ai repensé à ce film de Gérard Oury et je lui ai trouvé une coloration qui donne à penser que cette innocente comédie ne l'est pas tant que ça...
Au prétexte d'une dénonciation du racisme et de l'antisémitisme etc. il y a d'un côté les gentils juifs du quartier du Marais à Paris et le méchant (Slimane) qui leur veut du mal, joué par Claude Giraud. Pourquoi leur veut-il du mal? On ne sait pas mais on remarque qu'il est tout de noir vêtu, du début à la fin du film. Et il a vraiment l'air animé des plus mauvaises intentions. Mais quelles sont-elles? Eh ben on ne sait pas et on ne le saura pas.
Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est la présentation qui était faite des juifs, tout joyeux du retour de leur rabbin d'Amérique. Oui, bon, pourquoi pas? Mais pourquoi les membres de la communauté juive sont-ils tous représentés comme de grands enfants innocents et rieurs, qui dansent avec entrain leur joie du retour de l'ancêtre dans la rue des Rosiers? Ca, je n'ai jamais vu rue des Rosiers; ni ailleurs.
Tout sourires, toute douceur, la gentillesse et l'innocence incarnées, tels sont les attributs des Juifs comme les a filmés G. Oury. Des enfants au pur regard et à l'immaculée sincérité. Des innocents on vous dit! Alors qu'en face il y a le méchant. Palestinien? Arabe? C'est pas clair mais il vient de ces pays, ça s'est sûr.
Et ça me rappelle les romans d'Albert Cohen, Mangeclous en particulier, où les "héros" sont tous des simplets, d'innocents enfants pas méchants pour un sou mais juste victimes de leur crédulité, de leur gentillesse. C'est ainsi, le Juif est naturellement bon ce qui le destine à être victime de la méchanceté des autres et du monde. Car le Juif est un enfant, aussi bien dans le film de G. Oury que dans le roman de Cohen. Et l'enfant est pur et innocent et victime toute désignée des noirs desseins du vilain Arabe/Palestinien (Claude Giraud) qui, lui, n'est nullement un enfant ni nullement innocent.
Mais tout se termine bien: le vilain a été charmé et conquis pas les vertus de la communauté juive.
Et puis il disparaît. Où va t-il? D'où venait-il? Peu importe, il n'avait qu'une fonction: faire ressortir par contraste combien les uns sont bons et les autres ne le sont pas.
Ce film si populaire est l'occasion de faire passer en toute discrétion une certaine image qu'on peut rapprocher de la propagande sioniste. En plus soft.
Suis-je le seul à lire ainsi cet opus de Gérard Oury?
ps: Pourquoi avait-il donné à Bourvil le nom de "Maréchal" (comme "Maréchal nous voilà!") dans son film le Corniaud?
3 commentaires:
Salut Flocon,
Eh bien non, tout le monde n'a pas vu Rabbi Jacob. Pour moi, je n'ai vu que la bande-annonce (et encore : j'ai un vague souvenir de De Funès qui dansait un genre de truc russe). Mais j'ai le souvenir très net que c'était un film qui me ferait pas rire, loin de là, qui me ferait presque horreur.
C'est vrai que je n'aime pas tellement l'acteur lui-même, mais à lire l'histoire que tu racontes je crois que mes craintes étaient fondées.
Vers la fin des années 60, j'ai habité quelque temps presque sous les vastes portiques de l'église des Blancs-Manteaux, près de la rue des Rosiers où les gens étaient charmants et gastronomes et bons vivants, sans avoir vu jamais de guignols hilares comme ceux que tu décris.
Il y en a plein maintenant, et ils ne sont pas hilares du tout ; les garçons sont déguisés comme leurs pères, on dirait des curés, les femmes et les filles sont habillées comme des souillons. Ils en ont le droit, puisqu'aucune règle ne défend d'appartenir à la société civile et à une autre société en même temps.
La bande-annonce de ce film d'ethnologie abâtardie m'avait fait peur parce que, bons ou mauvais, les gens costumés en religieux me font peur, barbus en djellabah compris, tout autant que des militaires. J'ai peur des groupes de pensée qui veulent se distinguer par le costume. Je les trouve vulgaires et exhibitionnistes et potentiellement menaçants.
Leur attitude est aussi dégradante et impolie pour les autres parce que quelqu'un qui veut faire connaître son identité religieuse alors qu'on ne lui demande rien me dégrade un peu aussi, me transforme en voyeur. Je n'ai pas envie qu'on m'oblige à savoir ce que croient les uns et les autres ni à considérer les histoires et rituels qui vont avec.
Ca va mieux en le disant.
Etchdi
Hoy Etchdi ;-)
L'article de Wiki résume bien notre affaire:
http://tinyurl.com/33vnlo
Pour ce qui concerne l'espèce de danse russe, voici ce qu'on voit sur YouTube:
http://tinyurl.com/36vmbw
Je n'ai pas encore la maîtrise de Marie pour insérer une vidéo sur un texte déjà écrit sinon j'aurais pu l'ajouter en suite du billet... :-(
"Quelqu'un qui veut faire connaître son identité religieuse alors qu'on ne lui demande rien me dégrade un peu aussi, me transforme en voyeur"
Tout à fait d'accord. Ca me rend potentiellement agressif mais peut-être est-ce la réaction à ce que tu décris: Le sentiment d'être instrumentalisé et mis en scène dans une pièce dont je n'ai nulle envie d'être partie prenante. Je ne veux pas être le témoin qui sert à justifier ce dont il est exclu.
Mon exclusion tacite sert à renforcer le sentiment de singularité et d'unicité de l'autre, celui qui ainsi me rejette pour se sentir mieux (et plus) exister.
C'est le fondement même du "racisme" (on entend bcp avec ce mot ces temps-ci) que cette dialectique qui permet d'exclure l'autre tout en gémissant sur sa propre exclusion dont on accuse l'autre précisément.
Les liens ne sont pas directs sur blogger, désolé.
Et désolé aussi pour les fautes d'orthographe dont je me suis aperçu trop tard... En plus, il y en aura d'autres... :-(
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