mardi 30 novembre 2010

Le rire est le propre de l'homme











Cette célèbre citation de Rabelais nous rappelle cette opposition humanité/animalité dont il était question dans le dernier billet.

Les animaux en effet ne rient pas -même s'ils peuvent jouer- puisque la possibilité du rire est une conséquence de l'existence de notre raison.

Avant Bergson (qui l'a éhontément plagié) Schopenhauer avait définit le mécanisme du rire comme une distorsion entre les concepts figés (rationnels donc) et la perception intuitive du réel mouvant.

Le rire est l'expression physique de cette inadéquation. D'un point de vue rationnel, on peut considérer en toute logique que l'humour est une expression mensongère du réel puisqu'il prend appui sur celui-ci afin de le transformer en lui ôtant précisément ce qui en est l'essence à savoir la perception commune que nous en avons.

Les animaux mâles dans les rituels de séduction dansent, font étalage de leurs parures, de leurs chants, de leur force, de leur bravoure etc. pour obtenir de la femelle qu'elle consente à l'accouplement.

Les rites de séduction dans le monde animal n'ont d'autre finalité que l'accouplement obtenu par travestissement de la réalité (les mâles veulent impressionner en exagérant leur beauté, leur force, leur bravoure, etc.) c'est-à-dire par l'usage de la tromperie.

Les humains ont recours aux mêmes stratagèmes pour séduire mais d'autres exigences doivent être remplies. Being pretty is a plus, being intelligent, educated, articulate and sophisticated does help too and being wealthy isn't necessary counterproductive…

La supériorité des hommes sur les animaux en ce domaine -et c'est là que le rire est le propre de l'homme- se manifeste en ce que les hommes disposent d'une wmd particulièrement efficace qui s'appelle l'humour. 

For whatever reason, human females are generally largely sensitive to humour, human males know that and use profusely of that tool in order to seduce females.  Why is that?

Se pourrait-il que l'humour en tant qu'il est une forme de distorsion et mise à distance du réel permette cet oubli consenti et momentané de notre humanité ce qui autorise donc l'acceptation de notre animalité qui ne tend qu'à l'accouplement?

Toute entreprise de séduction est un mensonge assumé par l'un et accepté par l'autre qui ne vise qu'à mettre entre parenthèses la "dignité" de notre humanité pour nous livrer aux besoins de notre animalité (doing the dirty).

Diane Keaton se serait-elle donnée à W. Allen si celui-ci n'avait que ses avantages physiques à proposer?

samedi 27 novembre 2010

Doing the dirty




"Qui n'aime les délicieux moments d'extase? Mais à l'heure des regards froids ils font horreur".

Jin Ping Mei
(Livre I, chap. 4)

Le viol est le plus souvent perçu et analysé d'un point de vue psychologique, pour la victime et d'un point de vue pénal, pour le criminel. C'est à dire que l'appréhension de ce phénomène social se fait essentiellement au niveau des seuls individus impliqués alors que la société tout entière est concernée.

Peut-être est-il aussi possible d'envisager une autre approche, complémentaire et non contradictoire, qui serait d'essence plus "anthropologique" et permettrait de comprendre pourquoi les sociétés considèrent et punissent le viol de la même façon qu'elles le font pour des assassinats.

La même personne victime d'un viol pourrait volontairement se livrer à des rapports sexuels une heure avant ou une heure après avec un partenaire auquel elle aurait donné son consentement, (éventuellement même avec son agresseur) pour peu que celui-ci ait su faire accepter à sa partenaire l'oubli temporaire de son humanité.

L'expression anglaise, doing the dirty, est révélatrice car c'est bien de cela dont il s'agit à mon sens : C'est la distanciation d'avec l'animalité qui fait notre humanité et qui amène logiquement à considérer le viol comme un crime dans toutes les sociétés humaines. La nécessité d'affirmer notre humanité est universelle, aucune société ne peut tolérer que soit exposée si crûment et si brutalement la nature foncièrement animale de ses membres donc de l'entité collective qui en est issue. 

La vraie nature du viol est de ramener la femme à sa seule nature animale sans passer par le stade de la séduction dont la finalité est bien la même pourtant. C'est la déshumanisation immédiate qui est la composante la plus brutale du viol, c'est l'agression culturelle plutôt que physique qui est au fond la plus destructrice.

L'oubli consenti opposé à la perte imposée, tel est me semble-t-il ce qui rend le viol haïssable tant à la victime qu'à la société car le rappel immédiat de notre animalité est inhumain par définition.

jeudi 25 novembre 2010

Uzbekistan attacks











Une tour en feu à Shanghai, 60 morts. Une tour s'effondre en Inde, 120 morts. Une explosion dans une mine de Nouvelle-Zélande, 29 morts, une épidémie de choléra en Haïti, 1.400 morts and counting, Une bousculade monstre au Cambodge, 350 morts.

J'arrête là parce qu'on n'en finirait pas de dénombrer au quotidien les innocentes victimes des  impitoyables terribles terroristes!

Sans compter les fanatiques, irrationnels et imprévisibles dirigeants des pays voyous tels que l'Iran par exemple. Ils seraient bien capables de déclencher un raz-de-marée, une éruption volcanique voire même un tremblement de terre comme en Haïti en janvier avec 230.000 victimes.

Il faut faire quelque chose et justement les industriels de l'armement nous offrent bénévolement leur solution : on va établir un bouclier anti-missiles en Europe pour nous prémunir d'une attaque nucléaire parfaitement fictive en provenance d'Iran.

Aucun peuple européen ne se sent particulièrement menacé par l'Iran ce qui n'est pas grave du tout : Les media se chargent de nous bourrer le mou depuis des années avec une présentation simplissime et unilatérale des enjeux et du contexte géostratégique. Pas un mot sur les dizaines de têtes nucléaires dont dispose Israël, comment même envisager qu'un lobby juif soit derrière ce délire militariste?

Ils font leur part du boulot, nul besoin de convaincre 90% des peuples, il suffit que règne dans les esprits un permanent bruit de fond avec Hamadinejad en leitmotiv, il n'en faut pas plus.

Les peuples ne veulent pas, n'ont jamais réclamé ni même pensé qu'un tel bouclier soit envisageable, ça ne fait rien, ils l'auront tout de même puisque nous sommes en démocratie!

Cela s'est donc finalisé à Lisbonne la semaine dernière, tous derrière, tous derrière le complexe militaro-industriel américain, Halliburton et al, il y aura des parts de marché pour EADS, Thalès, Dassault, les Britanniques, les Allemands, les Italiens, enfin à peu près tout le monde.

Même les Russes sont conviés à participer au projet, on imagine bien qu'ils ont obtenu des contre parties.

Tel est donc pour les prochaines années le grand projet qu'a mis au point l'OTAN pour protéger l'humanité.

De Gaulle avait sorti la France du commandement intégré de l'OTAN, Sarko l'y a réintroduite, nous sommes à présent bien dans le rang, on fait comme on nous dit de faire.

Un homme se distingue particulièrement par son bellicisme et son attitude va-t-en guerre, le danois Anders Fogh Rasmussen qui régulièrement écrit des textes dans le New York Times, Le Monde et j'imagine toute la presse occidentale, afin de pousser à la roue l'accroissement de l'engagement de l'OTAN en Afghanistan et de justifier par toutes sortes d'affabulations la nécessité de ce bouclier anti-missiles.

I can't wait till he warns us that Uzbekistan is about to strike Europe and even the whole free world! And beware of Tanzania!

Mais Rasmussen n'est pas un terroriste : La preuve, il porte un costume et une cravate...


mardi 23 novembre 2010

Double scalp


En Europe on ne parle toujours pas des natives Indians mais, comme on le fait depuis la découverte des Amériques, simplement des "Indiens".

Pour ce que j'en sais il y a toujours eu un sentiment de sympathie pour les populations indiennes notamment au regard de la façon dont les white men les ont traités et dépossédés de leurs territoires pour les cantonner dans des réserves.

Les études anthropologiques modernes n'ont vraiment commencé qu'à la fin du XIXè, ce pourquoi les Européens, en général, conservent une représentation très passéiste des populations indiennes. La squaw, le Tipi, le pemmican, les parures, les danses rituelles,  la proximité avec Mother earth et tout ce qui constitue l'imaginaire que les Européens se sont construit au fil des siècles.

Un pays en particulier a développé une véritable affection pour les Natives Indians et c'est l'Allemagne, who would have thought?, "grâce" à un auteur du nom de Karl May qui a écrit à la fin du XIXè toute une série de romans ayant les "Indiens" pour héros, en particulier Winnetou qui est connu d'absolument tous les Allemands. Ne manquons pas de citer son ami blanc, Old Shatterhand lui aussi une figure essentielle de la représentation que les Allemands se font du far-west.

Cette immense influence qu'ont eu les livres de Karl May sur la perception des "Indiens" par les Allemands a conduit à la création de très nombreux cercles d'études mais aussi de divertissements où les participants vivent "à l'indienne" dans un très fidèle respect des réalités historiques, sociales, culturelles des populations indiennes.

Comme quoi des œuvres de fiction, assez bien documentées paraît-il, peuvent conduire à l'émergence d'une curiosité et d'un savoir réservés jusqu'alors à des spécialistes universitaires.


(Le titre est une référence à une BD française des années 50, Oumpah pah, très connue mais de pur divertissement, où le héros, un Indien du nom de Oumpah pah donc, shudders with horror when he discovers that the French aristocrat he's about to scalp actually wears a wig!)


samedi 20 novembre 2010

American creativity



Vous aurez reconnu une planche des aventures de Little Nemo in Slumberland qui est la BD la plus extraordinaire que je connaisse. Un graphisme et une inventivité à couper le souffle, Winsor McCay is second to none in his art. He created his caracter and onirical universe more than one century ago now and I have no idea who could pretend this American artist has ever been surpassed.

D'une façon plus générale il y a une histoire du dessin politique aux E.U qui est un exemple de créativité et réactivité qui n'a pas d'équivalent en France et de loin à mon humble avis. Il est loin le temps de Daumier....



From time to time I also happen to see political cartoons from Asian countries but obviously the American influence is plain to see both in the style and the humor/irony and non-sensical mindset they convey.




If Anijo remembers well I mentioned the mad hatter in a post some months ago. Here he is...


Il suffit de naviguer sur la toile (Google images) il y a un tel nombre de dessins qu'on pourrait tenir un blog au quotidien pour être informé de l'actualité politique américaine.

Another comic strip which is also kinda freaking eerie: Calvin and Hobbes.


Nous n'avons rien de semblable en France. Plantu? Charb? Cabu? De tous petits joueurs sympathiques sans plus.


vendredi 19 novembre 2010

Fiction juridique (2)


Lorsqu'il s'est agi d'étudier le Contrat Social de Rousseau je ne me souvenais pas avoir signé un quelconque contrat avec qui que ce soit. Bon, j'avais 17 ans il m'a fallu quelques mois encore pour comprendre qu'en fait ma personne n'était qu'une infime partie d'un ensemble plus important qui aurait signé ce contrat en mon nom bien auparavant.

Je n'étais guère convaincu cependant et le fus encore moins en apprenant que la théorie hobbesienne, antérieure d'un siècle à celle de Rousseau, reposait en fait sur deux fictions qui étaient un État naturel de l'homme qui n'avait jamais existé et un Contrat Social que personne n'avait jamais conclu.

"Remontant" le temps je me demande si les Sumériens, les Chinois, les Égyptiens ou les hommes des civilisations précolombiennes avaient jamais établi un contrat par lequel ils abandonnaient leur indépendance et aliénaient leur liberté au profit d'une entité régulatrice qui leur devait protection et justice.

Théorisation après coup d'une situation historique donnée, voilà ce que me semble être ce concept de Contrat Social qui a tant influencé le monde anglo-saxon mais dont je suis pas sûr qu'il ait quel que sens que ce soit pour les civilisations non occidentales.

Admettons cependant l'existence de ce contrat social pour un temps.

En échange de ma liberté que je lui abandonne l'État me garantit justice et sécurité. Un peu comme au Moyen-Âge le seigneur assurait les mêmes garanties à ses serfs et paysans qui n'avaient rien signé, le seigneur avait imposé sa loi.

Un contrat engage évidemment les deux parties, ni l'une ni l'autre ne pouvant se dédier de ses obligations. En particulier il est absolument interdit à quiconque de se faire justice soi-même puisque c'est à l'État qu'incombe cette charge qui justifie précisément son existence et l'engagement auquel j'ai supposément consenti à son endroit.

Nul n'ignore pourtant les infinis manquements à cette obligation de justice que commettent tous les États du monde et qui laissent quotidiennement des milliers de victimes exclues du droit qu'elles ont à une réparation. L'État en la circonstance est bien en rupture permanente des termes du fameux contrat.

Il en va de même pour ma sécurité tant physique que morale ou matérielle (la propriété) dont chacun constate combien elle est vulnérable et souvent non assurée. Quand un État décide d'une guerre dont le peuple ne veut pas et qui lui est cependant imposée ne s'agit-il pas d'une mise en danger délibérée de la vie des citoyens qui n'ont pas délégué cette prérogative à l'État lors de la conclusion fictive de ce non moins fictif contrat?

Un contrat engage les parties simultanément pour une durée indéterminée sauf à ce que ledit contrat soit dénoncé par une des parties ou que l'une de celles-ci s'affranchisse unilatéralement de ses obligations ou ne les remplissent pas selon les termes de l'accord.

Aucun État ne garantit ni ne peut d'ailleurs garantir une sécurité civile absolue, cela est matériellement impossible. Mais tel n'est pas le cas de la justice que rien n'empêche d'être pleinement rendue en toutes circonstances n'était la monstruosité kafkaïenne de tous les systèmes judiciaires, l'impéritie des individus en charge de rendre la justice et l'imperfection inhérente à toute institution humaine.

Il n'empêche, d'un point de vue légal une partie ne remplit que partiellement ses obligations quand l'autre a définitivement aliéné son droit "naturel" dans un contrat léonin. Je suis donc théoriquement fondé à soutenir que chacun peut se rendre justice lui-même au cas où mon contractant est défaillant sur cette obligation qu'il est dans l'incapacité, pour quelle que raison que ce soit, de remplir.

Bien évidemment il est pratiquement impossible d'accepter que soit rendue effective cette possibilité de recouvrer son droit "naturel" puisque chacun sait bien que ce serait une guerre civile permanente comme l'écrit Hobbes en se référant au Homo homini lupus de Plaute.

Toute l'histoire des États-Unis au XIXè témoigne de l'impérative nécessité d'établir la Loi fédérale dans les territoires où régnait précisément le droit "naturel" des hommes. La vente et le port d'armes tels qu'ils se pratiquent aux US ne sont-ils pas des résidus de ce droit "naturel" tel qu'il était conçu à l'époque où les individus étaient à la merci des uns et des autres?

La nécessité d'un État ne fait bien entendu aucun doute mais c'est bien plus la simple résultante du développement historique qu'ont connu toutes les civilisations que l'application d'une théorie de philosophie politique qui n'a d'autre fondement que deux insoutenables fictions.

(Le concept de Contrat Social est d'ailleurs de plus en plus critiqué de nos jours)


jeudi 18 novembre 2010

Les mystères de l'Internet



Ce portait de Molière avait servi d'illustration pour un billet écrit il y a un peu plus de trois ans maintenant (Ms. Miami commenting) et qui ne reçoit plus de visites depuis. J'ai remis en ligne ce billet sur le blog des billets en anglais et il ne se passe pas de jour où il ne reçoive un minimum de trois visites!




Pourquoi sur Me and America et pas sur Shall we talk? La recherche des internautes se faisant à partie de Google images avec ce même portrait. Mystère.




Pareillement, cette image illustrait un billet (dont je ne suis pas fier) mis en ligne il y a 2 ans et demi (con la partecipazione de SF e Ned) et que personne ne vient voir sur Shall We Talk. Et pourtant l'image comme le billet sont toujours disponibles. Mais sur Me and America, pas de souci, les visiteurs mâles (j'imagine) sont là... 

Go figure...

lundi 15 novembre 2010

La corde et le pendu


Je viens encore de vérifier, il n'y a pas un mot en une du NYT en ligne sur cet événement majeur de la politique mondiale qu'est le "remaniement" du gouvernement français!

A lire les commentaires des lecteurs des media français, le sentiment majoritaire qui s'exprime est celui du désabusement et du cynisme doublé du mépris pour tous les médiocres et misérables prêts à tout pour faire partie d'un gouvernement quel qu'il soit.

Chez les professionnels de l'information on évoque le much ado for nothing et on glose à l'infini sur l'habituelle dimension politicienne des petites manœuvres en vue de 2012.

C'est bien ça la démocratie : vous avez voté il y a 3 ans et maintenant vous boirez jusqu'à la lie le calice de la bassesse, des turpitudes et des dévoiements éhontés de toutes les valeurs de la République. La démocratie a légalement validé la main mise d'un gang d'arrivistes et de prévaricateurs sur les institutions de la Nation.

Un type condamné en correctionnelle qui devient n° 2 du Gouvernement, un autre condamné (avec appel en cours) maintenu à son poste, y a t-il un autre pays au monde où cela est possible? La Biélorussie peut-être ou l'Ouzbékistan alors. Berlusconi lui-même n'oserait pas je crois.

Ce que je retiens c'est que Fillon, le "collaborateur" de Sarko, est devenu indispensable à ce dernier qui est contraint de le maintenir au poste de Premier Ministre. Et ce sous la pression des députés UMP qui voient venir gros comme un camion le méga désastre en 2012 dont ils n'ont nulle envie de faire les frais comme leurs collègues des régionales de mars (ce sont souvent les mêmes d'ailleurs)

C'est beau comme l'antique: L'ensemble des thuriféraires de l'homme au Karcher prêts à jouer les Brutus pour conserver leurs mandats aux Législatives de juin 2012.

L'homme auquel Sarko s'adressait ainsi que le montre la photo est devenu à présent celui qui lui maintient le cou hors de l'eau et lui permet d'encore respirer. De la corde et du pendu, les rôles sont à présent inversés! Prochain sondage de popularité (pour ce que cela vaut) : Sarko 25%, Fillon 50% L'atrabilaire creuse inlassablement sa tombe depuis son élection de mai 2007.

Un ministre britannique disait que 15 jours en politique c'est une éternité. Pas faux. Qui verra-t-on au second tour des prochaines Présidentielles? Sarko? DSK? Fillon? Le Pen? Aubry? Ou quelqu'un d'autre encore?

Ce n'est pas pathétique, c'est véritablement tragique que nous en soyons arrivés là. Mais c'est démocratique...

Pour finir il me semble que le système américain est tout de même théoriquement plus démocratique (tant qu'à faire) puisque le Président est élu pour 4 ans et non 5 ou même 7 ans chez nous il y a encore 12 ans (voir ici) avec des élections à mi mandat pour que le pouvoir ne soit pas laissé sans contrôle pendant 4 années.

Cela dit, les politiques là-bas comme chez nous...Ils semblent avoir une longueur d'avance mais les nôtres ne devraient pas tarder à rattraper leurs collègues américains.

On ne dira jamais assez le mal que le teigneux aura fait au pays!


samedi 13 novembre 2010

How Ned deliberately and forcefully ruined my day!
















In a recent comment Ned mentioned Ayn Rand whose name I had previously met without doing any further reading. But since I noticed that Wiki had four golden articles about her, particularly in French, I then did my duty and read the whole bloody thing.

Good grief! What a hotchpotch of insanities totally unworthy debunking so ridiculous they are. One thing I can state is that I'm not about to read Atlas Shrugged.

I also tried to read the Objectivism article but I had to give up.

Well, I admit that wasn't a complete waste of time since I've learned something today (the very existence of this woman and her "philosophy") and also that was a good introduction to libertarianism.

Furthermore, I learned how important this trend of thoughts seems to have been in the US for the past 50 years and how it still may hold some traceable influence in current American domestic politics as seen on this picture of protesting Tea partiers.


But sorry Ned, you won't get me into Ron Hubbard...

jeudi 11 novembre 2010

Laozi and the witch

   

I don't know much about American history but it seems immigrants arrived in this country with no expectation at all about the help the American State could provide for them. As a matter of fact, the very concept of "State" seems to be somehow eerie to most Americans who refer to the Government where Europeans -and the rest of the world for that matter- would refer to their respective State.

As we all know, the global historical mistrust of any too big political entity in America is reflected in the philosophical opposition between statism and minarchism. That fundamental dividing line between these two approaches of how a country should be run was most famously exemplified by R. Reagan's slogan:

In this present crisis, government is not the solution to our problems; government is the problem

As written above, I don't know much about American history and politics but eventually I've come to the understanding that Republicans are more favorable to minarchism than their Democrat opponents.

There's now been some 2 years or so that a recent political trend in the US has emerged which seems to be even more demanding than the Rep re the need for less State (aka Marxism) and more "let the people free to live their lives without Government entanglement".

Whether they know it or not, these people in fact are giving a second life to a very old and basic concept of Chinese Taoism which is known as Wu wei. The core meaning of this concept is rather complex and hard to precisely define (we're talking about China here) but yet can be summed up as a means to restrain the prince from abuse of power, enjoining him to 'do' as little as possible.

For what I understand of the Tea Party movt, isn't it exactly what they expect from the people in Washington: Stop meddling in our private lives and get your dirty hands off our country!

I missed much of the story but I kinda understand that a certain Christine O'Donnell, more or less a prominent figure of the Tea Party, admitted she practised witchcraft as a teenager. Although her positions on sexuality aren't exactly sync with taoist sexual practices, she nonetheless actively and forcefully promotes a Chinese political theory in the United States of America.

After I've so often read so many Americans complaining that their country has been outsourcing most of the industrial jobs to China, the question arises now: Isn't Christine O'Donnell a leading member of the Chinese fifth column in the US whose ultimate goal is to bring America down to her knees?


Who would have thought that 2.500 years after he died Laozi's philosophy would be propagated on the other side of the earth by an American witch?

mardi 9 novembre 2010

Why I didn't shed a tear


Tony Blair vient de publier ses mémoires. Piégé par ses mensonges et son engagement illimité derrière G.W Bush pour mener la guerre en Irak, il s'en tient à une posture de déni du réel en insistant que si cela était à refaire eh bien il le referait.

Ce qui me rappelle les attentats du 7 juillet 2005 dans le métro londonien (56 victimes) ainsi que dans le métro de Madrid le 11 mars 2004 (191 victimes)

Je ne tombe nullement dans le sentimentalisme en ce qui concerne ces attentats. Bien au contraire, j'ai toujours pensé que tant l'Espagne que la Grande-Bretagne ne les avaient pas volés!

Comme de coutume les médias donnèrent dans l’unanimisme sur la barbarie, l’horreur, l’inhumanité des terroristes etc. Je n’ai pas souvenir de telles réactions indignées quand il s’agissait - entre autres- de l’opération “shock and awe” où les US - avec la complicité de la Grande Bretagne et de l'Espagne  précisément- faisaient pleuvoir sur Bagdad des bombes et des missiles lancés de plusieurs centaines de km de distance et qui - très certainement - n’ont jamais causé la moindre égratignure à qui que ce soit qui se trouvait aux points d’impact… 

Souvenez-vous comme c’était tellement télégénique sur les écrans de CNN ou de la Fox avec force effets graphiques et musique de kinopanorama. What a show that was all those nightly explosions over Bagdad! How beautiful is a far away waged-war when watched sitting pretty in your sofa in front of your tv set! Now that's what I call real entertainment!!!

Quant aux prétendus innocents de Londres et de Madrid la majorité n’était pas si innocente qu’on nous le martelait. Parmi les cinquante six morts à Londres, combien avaient approuvé la guerre en Irak? Et quand il s’est agi des élections de mai 2005, combien ont voté travailliste ou conservateur c’est-à-dire pour les deux partis qui soutenaient cette folie criminelle? La réélection de Blair a bien été le fait d’électeurs qui savaient qu’on les avait roulés dans la farine avec les armes de destruction massive, qui ont eu 2 ans pour comprendre la responsabilité de leurs politiciens dans le désastre et le carnage qui s’en sont suivis en Irak et qui néanmoins ont reconduit Blair en faisant l’impasse sur la guerre et en se focalisant sur leur petite situation économique. 

Même situation à Madrid ou pourtant, comme à Londres, la majorité de la population était contre  la guerre en Irak. Mais ainsi va la démocratie: Seuls Blair et Aznar avaient pris cette décision dont ils n'ont jamais eu à rendre compte. Et de même que Blair a été réélu, Aznar l'aurait été s'il n'avait pas commis l'erreur politique d'attribuer dans un premier temps l'attentat de Madrid à l'ETA. Les Espagnols, nonobstant cette guerre contre laquelle ils étaient majoritairement opposés ne s'en apprêtaient pas moins à reconduire Aznar dans ses fonctions.

Bien sûrs que la plupart des victimes étaient innocentes dans les deux villes, comme l'étaient les quelque 125.000 morts en Irak. Et cependant, tant les Espagnols que les Britanniques ont mis la guerre d'Irak de côté le jour où ils eurent la possibilité de dire non. Les uns comme les autres étaient-ils donc vraiment totalement innocents?

C'est sympa une guerre loin de ses frontières de telle sorte qu’on se croit bien à l’abri d’éventuelles représailles… Mais la guerre, c’est donner … et recevoir. Si infime que soit la responsabilité de la plupart des morts de Londres et Madrid elle n’en est pas moins réelle par le consentement peu ou prou tacite qu’ils ont accordé à cette criminelle politique.

Les 125.000 morts Irakiens, eux, n’ont certainement pas consenti à quoi que ce soit et certainement pas à recevoir le nec plus ultra de l’armement occidental sur la g…

125.000 civils irakiens tués contre 147 civils parmi les pays agresseurs. Fair and balanced isn't it?

Blair et Aznar avaient évidemment tout intérêt à noyer leur responsabilité immédiate dans ces carnages en éludant la question irakienne - directement à l’origine de ces représailles - et en invoquant une menace mondiale qu’eux seuls étaient susceptibles de contrer grâce à leur résolution, leur fermeté et leur clairvoyance.  

“Continuons à faire peur aux peuples pour qu’ils nous suivent et que nous soyons hors d’atteinte de leur ressentiment”. Be scared, be very scared... on connaît la chanson.

Voilà 2 irresponsables criminels qui après avoir mis le feu aux poudres ne savent plus quoi faire d’autre pour sauver leur peau que la fuite en avant, les conséquences de leur folie originelle leur servant de justification après coup par un renversement de la chaîne de causalité. Blair alla jusqu'à  nous resservir que 9/11 était antérieur à la guerre d’Irak, c’est-à-dire à réchauffer le mensonge éhonté qui avait servi à légitimer l’attaque sur l’Irak en justifiant l’agression par une hypothétique complicité de Saddam Hussein avec les terroristes du WTC. Et les médias à leur service travaillèrent à ce que tout le monde gobe ça…

In the meantime American drones kill dozens of civilians or supposed insurgents on a monthly basis in Pakistan or in Afghanistan but these actions have no relation whatsoever with State terrorism of course. It is called nation building. Yeah, sure...

And should the same thing happen in France my reasoning would be the same: We would have had it coming.

 Another criminal easily got away with his filthy past: The President of the European commission here with his accomplices.

Ain't democracy great? 


dimanche 7 novembre 2010

Ils sont bien patients les Chinois

Le président chinois est en France pour quelques jours et comme il est accoutumé des associations sont mobilisées pour protester contre la situation intérieure de la Chine concernant essentiellement les droits de l'homme ou la politique menée par celle-ci au Tibet.


Sur ce dernier point je ne suis pas sûr qu'il y ait d'un côté les gentils Tibétains et de l'autre les très méchants Chinois. Mais il me paraît que la Chine en ce domaine n'a guère de leçons à recevoir de l'Occident, particulièrement des USA (cf. Irak) ou de la France dont Hu Jintao pourrait demander ce qu'elle fait en Afghanistan, c'est à dire à ses propres frontières.

Aux dernières nouvelles la Chine ne s'est guère montrée belliqueuse avec ses voisins alors que l'Occident... Notamment la France qui a participé de conserve avec les Britanniques au sac du Palais d'Été (1860), une expédition guerrière pas vraiment glorieuse. Que les victimes du colonialisme français viennent encore se faire insulter quand leur représentant se déplace chez nous je trouve cela un peu fort de café.

Que les manifestants chinois s'expriment, au moins ils sont mieux placés que les autres pour le faire. Mais que des associationnistes des droits de l'homme s'en mêlent, peut-être feraient-ils mieux de balayer devant leur porte.

La Chine est signataire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme des Nations Unies de 1948. A ce titre elle est effectivement tenue à des obligations comme le sont d'ailleurs la France ou les États-Unis.

Mais, pour commencer par ces derniers, ceux-ci sont-ils en position de donner des leçons de droits de l'homme quand on sait ce qui s'est passé à Abu-Graïb, à Guantanamo et dans bien d'autres pays de par le monde? L'Iran de Mossadegh me vient à l'esprit parmi bien d'autres. On laisse de côté le Chili ou même le Vietnam et l'on pense à la peine de mort ou le maintien pendant des 10, 15 ou 20 ans et plus des condamnés américains dans les "couloirs de la mort". Ils sont où les droits de l'homme dans ce cas?

Pour ce qui est de la France, Hu Jintao serait peut-être fondé à évoquer les quelque 900.000 citoyens français qui passent quelques  heures (jusqu'à 48 heures) en garde à vue dans les commissariats français.

Ou encore le récent jugement de la Cour Européenne de Justice condamnant la France pour violence policière et impunité des policiers.

S'il est bien informé (et il l'est) il pourrait rappeler ce qui s'est passé à Paris en octobre 1961 par exemple ou encore et d'une façon générale la façon dont sont respectés les droits de l'homme par la police, la justice et l'administration pénitentiaire françaises, parce que c'est du lourd là.

Ils sont bien  patients les Chinois décidément parce que je n'ai pas souvenir qu'ils donnent urbi et orbi des leçons de quoi que ce soit au monde entier.

Pour ce qui est du droit à l'information, le modèle américain où les media sont aux mains de groupes financiers est-il vraiment indépassable? Et en France nos media radio-télévisés sont-ils à ce point (et cela ne date pas de Sarkozy) indépendants du pouvoir politique?

J'aimerais voir Sarkozy accueilli en Chine (qui ne nous a par ailleurs jamais rien fait) par des manifestants protestants contre le traitement infligé à Julien Coupat ou les discriminations à l'embauche de certains Français ou encore pour sa mainmise sur la nomination du PDG de France Télévision, sa proximité avec les puissances d'argent et tant d'autres thèmes encore car il y a matière à protester.

Ils sont décidément bien patients les Chinois à qui certains veulent faire perdre la face en espérant que leurs provocations amèneront une quelconque modification des pratiques chinoises en matière de politique intérieure. Plus contreproductif tu meurs!  

Non, nous n'avons vraiment aucune leçon à donner à qui que ce soit. Aux Saoudiens peut-être mais pas aux Chinois en tout cas.

vendredi 5 novembre 2010

Démocratie, la grande illusion


Démocratie, ce mot, plus que le concept, est l'alpha et l'omega de toute la philosophie politique contemporaine. Issu de la Grèce antique, il semble représenter l'indépassable horizon et l'aboutissement de plus de vingt siècles d'aspiration des hommes à la liberté et à l'épanouissement ultime de leur être politique.

Sauf que... si l'on s'en tient au sens premier du mot, pouvoir par le peuple, je ne sais pas où cela s'est jamais réalisé mais certainement pas dans nos démocratie occidentales. Celles-ci s'en prévalent pourtant pour donner au monde entier, à la Chine en particulier, des leçons de morale politique.

Le concept de démocratie émanant d'Europe,  c'est tout l'occident qui de nos jours se présente aux yeux du monde comme l'accomplissement apuré de ce qu'est la démocratie en œuvre. What a fraud!

Quel est donc le secret de la démocratie qui lui permet de se présenter comme le système politique le plus achevé et qui le distingue des autres? La représentation parlementaire c'est-à-dire l'élection au suffrage universel des représentants du peuple censés exercer le pouvoir au nom du peuple.

En d'autres termes il s'agit de mettre un bulletin oui/non, bleu/rouge, Paul/Pierre dans l'urne et voilà, la démocratie est en place.

Dans les faits cela permet aux classes dirigeantes, quelles qu'elles soient, de donner aux peuples l'illusion de détenir un peu de pouvoir -dont le pouvoir de les nommer légalement, cela seul importe réellement aux détenteurs du pouvoir- pour ensuite se prévaloir de cette légalité formelle afin de faire ce que les membres des châteaux jugent bons ou utiles sans plus avoir de compte à rendre aux peuples qui n'en peuvent mais s'ils ne sont pas d'accord.

Une fois élus, les "représentants" font partie d'un système qui leur assigne un rôle dont ils ne peuvent se libérer, si tant est qu'ils le désireraient d'ailleurs. Les pseudo représentants du peuple ne représentent plus le peuple qui les a envoyés dans les assemblées parlementaires. Ils font désormais partie d'un ensemble (au sens mathématique) qu'on appelle institutions de la République, lesquelles se sont autonomisées et desquelles les électeurs sont exclus.

La "démocratie" c'est aussi la possibilité de tenir des référendums à l'occasion et dont les princes sont seuls juges de la pertinence, du thème, de la date. Et quand le résultat ne plaît pas aux détenteurs du pouvoir eh bien on s'en passe comme on l'a vu en France et aux Pays-Bas en 2005 lors du référendum relatif à la Constitution Européenne. Ou alors on fait voter et revoter les peuples jusqu'à ce que le résultat soit celui dont ont besoin les pouvoirs en place.

Ainsi pour l'Union Européenne des élections sont-elles organisées tous les 5 ans, os à ronger qui a été accordé aux peuples européens pour élire une assemblée sans le moindre pouvoir quant à la politique décidée et menée par les chefs d'État ou premier ministres des 27 pays membres. On appelle cela démocratie par le simple fait qu'il y a eu élection régulière dans le cadre d'un théâtre de l'absurde. 

Un jeu de dupes où n'est dupe qu'un seul des deux contractants évidemment. Ainsi ces femmes afghanes qui votent le corps emmitouflé et rendue inaccessibles au regard de l'autre sont-elles des citoyennes qui exercent leurs droits à désigner leurs représentants aux élections législatives et participent de la sorte à la mise en œuvre de la démocratie. C'est à tout le moins ce que la propagande occidentale tend à faire valoir comme une réussite de l'impérialisme occidental sur l'obscurantisme (réel) d'un pays qui ne connaissait pas le pouvoir exercé par le peuple (aka democracy).




Un citoyen européen a-t-il plus de pouvoir sur les décisions et le fonctionnement des institutions européennes ou leurs orientations que n'en a un citoyen chinois sur les structures politiques, le fonctionnement et les décisions de l'État chinois? Je ne crois pas, non.

Un électeur américain qui vient de voter aux midterms a-t-il plus d'influence sur la marche des affaires de son pays, sur les orientations de sa politique étrangère ou économique que n'en a un  irakien ou une électrice ivoirienne ou afghane?

La grande tromperie a consisté à faire passer l'instauration du suffrage universel comme la clef de voûte d'un système politique qui n'aura plus à justifier quoi que ce soit de ce qu'il fera car toute contestation serait antidémocratique donc inacceptable, voire illégale, par nature. 

Les peuples votent et ne doivent plus s'exprimer jusqu'à la prochaine élection où, à coups de milliards de dollars et de manipulations médiatiques comme on le voit dans toutes les "démocraties", il choisira en toute connaissance de cause lequel des partis en course pourra légalement le déposséder de son pouvoir naturel.

Il en va d'ailleurs ainsi tant au niveau national qu'aux différents échelons des structures des États. Locales, départementales, régionales en France ou au niveau des Länder en Allemagne, des régions en Italie etc. De semblables élections ont lieu en Chine ou au Yémen.

La Révolution de 1789 ne s'est pas faite parce que le peuple ni quiconque réclamaient la "démocratie" mais par un refus de voir se perpétuer des inégalités sociales d'abord et politiques ensuite. La devise était et demeure (pour ce qu'il en reste) Liberté, égalité, fraternité

Ni dans la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789, ni dans la Constitution des États-Unis d'Amérique ni dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) le mot "démocratie" n'est utilisé ne serait-ce qu'une fois.

Et pour cause car ce qui importe en fait et qui fait la différence entre nos "démocraties" et les dictatures, ce n'est pas le mode de gestion de l'appareil d'État (Sarkozy est-il différent de ce point de vue de Saddam Hussein ou de Kim Jong-il?) ni la façon dont celui-ci se structure ni comment les différents pouvoirs s'y distribuent.  

La différence essentielle, et nous rejoignons là les principes de 89, c'est le respect des droits de l'homme et du citoyen, particulièrement tels qu'ils sont énoncés dans l'article 2 : ...la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.

De ce point de vue, la France pays des droits de l'homme etc. se singularise bien davantage hélas par sa proximité avec un État policier que par le respect des principes historiques qu'elle avait énoncés il y a 220 ans.

Quant à la démocratie, oui, c'est une véritable tromperie dont le but est de justifier avec le sceau de la légalité toutes les dérives possibles vers un État tel que se le représentait Louis XIV : L'État c'est moi!


mardi 2 novembre 2010

Les Romains étaient-ils racistes?













Sciences et vie est un magazine de vulgarisation scientifique édité depuis 1913 et que je lisais adolescent. Un bon magazine qui a eu l'heureuse idée d'élargir son lectorat vers les plus jeunes en créant Sciences et vie Junior il y a une vingtaine d'années.

J'ai eu un jour l'occasion d'en feuilleter un exemplaire pour tomber sur un article dont le dernier encadré posait la question : Les Romains étaient-ils racistes?

J'en suis resté estomaqué! Il fallait rassurer les gosses sur la moralité des mille ans de la Rome antique en leur assurant que non, non, les Romains n'étaient pas racistes.

Cette question résume bien à mon sens l'égarement axiologique de l'Occident.
  
Le racisme (on ne sait pas vraiment ce que c'est tellement le terme est englobant) est, avec l'antisémitisme, la pierre de touche irréfragable de la moralité contemporaine. Raciste tu es un salaud, tu es du côté des méchants, je t'ignore, pas raciste tu es un mec bien, du côté des gentils, tu es mon ami.

Utiliser un concept politique et moral contemporain pour "juger" 15 siècles plus tard une civilisation qui ne connaissait pas ce concept est déjà parfaitement inepte. Par ailleurs les Romains, même au sens contemporain si vraiment il faut se prononcer, n'étaient pas "racistes" puisque ce qui fit leur puissance fut précisément d'intégrer sans distinction toutes les cultures et les croyances des peuples conquis.

Voici ce qui me semble déprimant : Qu'il faille prévenir les préventions des gosses qui n'ont comme seule boussole du bien et du mal que des mots (on ne parle pas de concepts) qui sont dans l'air du temps et qui passent d'une tranche d'âge à l'autre. Racisme et antisémitisme sont comme les  ultimes Schibboleth de la bien-pensance.

Il suffirait que s'installe l'idée que les Romains étaient "racistes" pour que des centaines de milliers d'ados se ferment définitivement à Suétone ou Sénèque, Tacite ou Cicéron en les considérant à jamais comme les représentants de l'Empire du Mal.

Et si les critères du bien et du mal étaient autres que le racisme et l'antisémitisme? La misère, la maladie, la vieillesse et la mort ne sont-ils pas d'autres pierres de touche de la moralité de ce monde? La solitude, la souffrance, la cruauté des hommes, l'absurdité de la vie et la vanité de presque chaque destin ne pourraient-elles pas être considérées comme d'autres instances de la ligne de partage des eaux entre le bien et le mal?

Quoiqu'il en soit, pour des centaines de millions de personnes dans le monde où je vis, le "racisme" et "l'antisémitisme" sont pour toujours les mots déterminants qui décident de ce qui est bien de ce qui est mal.

Prochain épisode : Les Aztèques étaient-ils racistes? Les Vikings étaient-ils antisémites? L'Empire du Mali était-il démocratique? Et, cerise sur le gâteau, les Chinois de la Dynastie Han étaient-ils gentils ou racistes, antisémites et machistes?

(Misère, maladie, vieillesse, mort, solitude, souffrance, cruauté, absurdité, vanité, tous mots féminins...C'est moi ou ils étaient là avant que je ne m'en serve?)