dimanche 30 mai 2010

Tragique carence


S’il y a une carence chez autrui qui ne manque jamais de m’épater, c’est la complète absence du sens pédagogique. L’incapacité dont font preuve nombre de personnes à expliquer clairement et simplement des choses claires et simples ne cesse de me laisser coi !

Les mathématiques couvrent un domaine auquel je suis malheureusement totalement et absolument imperméable. Arrivé aux fractions je cale… c’est dire. Mais je suis curieux; aussi ai-je un jour eu l’occasion de me demander ce que c’était donc que les logarithmes. Je me suis adressé à 3 étudiants en maths, sûr que nul ne pouvait mieux me renseigner.

- Le 1er m’a carrément dit qu’il ne savait pas l’expliquer. Bon, c’est clair, pas de faux-semblant.
- Le 2ème s’est lancé sans que je lui demande dans des « démonstrations » couvrant 2 pages A4 en quelques minutes pour admettre finalement qu’il ne voyait pas non plus comment répondre à ma question…
- Quant au 3ème, il m’a dit qu’il me manquait les bases qui lui permettraient de me dire ce que sont les logarithmes…

C’est un peu loin à présent mais je crois me souvenir qu’un logarithme est un exposant qui permet de «monter» un chiffre quelconque à une valeur donnée. C’est un raccourci en quelque sorte.

Autre exemple beaucoup plus récent: Il se vend des CD et DVD à enregistrer 32x, 48x ou 52x. Bon.
48x fois quoi?

La réponse me semble couler de source mais pour en être sûr j’ai demandé à deux vendeurs de chez Darty. Les malheureux! C’était pathétique de les voir bredouiller, inventer, tourner en rond pour finalement me dire que « ça va plus vite ». D’accord, mais plus vite que quoi?

Même question posée au responsable du magasin Apple près de chez moi. C’est à ne pas croire et pourtant le gars est parti dans une improvisation où les centaines de minutes se mélangeaient avec la vitesse de rotation du disque dur pour finir par me dire de lui-même « Je dis n’importe quoi, là ».

Réponse : La gravure s’effectue 48 fois plus vite que ne se fait la lecture.

Comment n’être pas capable d’énoncer quelque chose d’aussi simple me dépasse.

On oubliera les cours d’initiation à l’informatique à l’usage des grands débutants… c’est tragique.

Ça peut sembler anecdotique et distrayant mais ça ne l’est pas tant que ça je trouve quand on songe aux milliers d’heures gaspillées par des millions de gosses dans les écoles ou en famille, qui posent mille et une questions qui ne reçoivent pas de réponses, de mauvaises réponses ou carrément de pures et simples conneries âneries.

On me dira heureusement il y a l’Internet et Wikipedia à présent qui sont des sources inépuisables de savoir. C’est sûr que ça m’aurait changé la vie il y a 40 ans… Cela dit, regardez ce qu’il y est dit des logarithmes…. Ben, faut déjà savoir de quoi l’on parle parce que pour l’ignare que je suis…

Comme quoi la vie est un éternel recommencement…

vendredi 28 mai 2010

Apprenez le chinois sinon...

On nous le ressasse au quotidien: l'avenir sera chinois! Autant s'y faire et apprendre la langue donc si on ne veut pas se faire dévorer tout crus... les cours de chinois enregistrent un nombre d'inscription record nous dit-on, particulièrement aux États-Unis. On ne nous dit pas par contre quel est le pourcentage de ceux qui ne reviennent pas en deuxième semaine ni ce qu'il en reste au bout d'un mois...

Il y a 35/40 ans c'était le japonais qui était la langue de l'avenir, il fallait s'y mettre, c'était une question de survie etc. Il faudrait retrouver trace des articles de presse de l'époque qui nous prédisaient qu'en (l'an) 2000 le japonais serait la deuxième langue la plus parlée au monde etc. quasi à égalité avec l'anglais dans les affaires, que tout cadre responsable devait se mettre au japonais fissa fissa... 35 ans plus tard, l'usage du japonais est totalement confidentiel en dehors du Japon, le nombre de locuteurs au niveau mondial n'a pas varié, il suit l'évolution démographique de l'archipel.

Il en ira de même pour le Chinois. Il suffit de se représenter les difficultés que représente l'apprentissage de n'importe quelle langue étrangère, le niveau d'anglais -en France- après 7 ans d'études au collège/lycée (on ne parle même pas des autres langues), pour comprendre à quelle point le chinois (et tout langue non européenne d'ailleurs) est  quasi inaccessible aux apprenants de n'importe quelle culture. 

Le français est la langue la plus proche de l'anglais puisque celui-ci en dérive pour un tiers environ. Considérez le niveau de français des Américains, les difficultés que ceux qui le parlent ont dû surmonter et maintenant représentez-vous la même chose puissance 100 avec le chinois... 

Pragmatiques comme ils sont, les Américains qui veulent que leurs gosses se mettent au chinois n'ont simplement aucune idée de ce que représente l'apprentissage d'une langue étrangère, qu'ils doivent assimiler peu ou prou à un objet de savoir comme un autre, il suffit de s'y mettre et en quelques mois on devient opérationnel. 

C'est une chose que de pouvoir bredouiller "Bonjour je m'appelle fleur de lotus et mon pimpim c'est Bisounours", c'en est une autre de discuter en chinois. Alors négocier dans le registre technique... bonjour! Combien de cadres des entreprises françaises sont capables de parler couramment anglais, combien de négocier? Alors le chinois...

mardi 25 mai 2010

5 million $

Un article dans le New York Times nous apprend que l'hôtel de Talleyrand (place de la Concorde) vient d'être restauré pour un montant global de 5 millions de dollars.

5 millions de dollars!

Mais ce n'est rien de rien 5 millions de dollars quand on songe aux sommes qui passent d'une main à l'autre toutes les heures dans les transactions boursières. 

5 millions de dollars c'est comme un confetti dans une usine de pâte à papier suédoise!

Quand on songe aux milliers de monuments historiques qui tombent en ruine, ne serait-ce qu'en France où l'État n'est pas capable d'assurer le financement de leur restauration ou même leur simple entretien, on se dit (comme si on ne le savait déjà pas) que quelque chose ne tourne pas rond décidément dans la répartition des richesses des nations.

jeudi 20 mai 2010

Darwinisme mental

L’esprit est né de la matière. A moins que ce ne soit l’inverse : L’esprit lui est antérieur et s’est objectivé dans la matière. Quoi qu’il en soit, esprit et matière ont une histoire et la flèche du temps étant univoque il y a bien eu évolution de l’une et de l’autre.

Ainsi de ce que nous appelons notre conscience. Combien de dizaines de milliers d’années avant que d’une espèce animale singulière nous parvenions au niveau de conscience réflexive qui est le nôtre ?

Combien de milliards d’individus nous ont précédés qui ont, chacun de façon infinitésimale, participé au devenir de l’esprit universel qui domine actuellement le monde ?

Selon les cultures, les valeurs, les histoires particulières de chaque peuple chacun d’entre eux « pensent » différemment et pourtant il y a des constantes universelles propres à l’espèce humaine. Le temps, l’espace, la causalité, la moralité, l’angoisse de la mort, les passions… Ce qu'on appelle l'inconscient collectif.

Les mythes par exemples se rapportent tous, entre autres, si l’on en croit Lévi-Strauss, aux mêmes fondamentaux nés de l’imagination humaine et sont tous les mêmes allégories relatives à l’origine de l’univers., de l'homme etc. Il en va de même pour les religions.

Tous nous pensons avec les mêmes structures mentales relativement au rapport avec le monde tel qu’il nous apparaît. Il y a très peu de différences entre la façon dont pensait un paysan chinois d’il y a 5.000 ans et un Égyptien de la même époque ou un Aborigène contemporain.

Tous, nous pensons selon les mêmes modèles cognitifs depuis l’apparition de l’homo sapiens et pourtant, notre façon de penser actuelle, la seule que nous connaissions bien sûr, était-elle inévitable ou aurait-il était possible que nous prenions une autre direction ? Une autre manière de penser avec des lignes de force structurantes radicalement différentes dans notre rapport au monde et aux autres par exemple aurait-elle été possible ?

Sans doute pas puisque, si l’on reprend l’exemple du darwinisme, seule la manière la plus appropriée pour l’homme de survivre et de prospérer a été retenue par la nature qui est bien l’instance suprême en ce domaine. Ce n’est certes pas nous qui avons décidé quoi que ce soit de notre destin.

On sait que le petit de l’homme n’arrive pas sur terre entièrement démuni et sans prédisposition aucune ni sans de nombreuses prédéterminations. Il porte déjà avec lui un incommensurable bagage, ne serait-ce que la possibilité d’user d’un cerveau qui est programmé depuis des millénaires pour fonctionner d’une certaine façon et pas d’une autre.


Nous sommes les rejetons actuels d’une généalogie qui nous concerne tous et que tous nous partageons. De même que la théorie de l’évolution concerne les espèces animales dans leurs multiples transformations et modifications leur permettant une permanente adaptation à un environnement mouvant et évolutif, ne peut-on envisager une théorie similaire de l’évolution de l’esprit et de la conscience, évolution qui impliquerait d’immuables règles desquelles nul ne peut s’affranchir. En d’autres termes nous somme déterminés tant par notre généalogie mentale que par notre langue et bien d’autres facteurs aussi bien personnels que collectifs.

On envisage jusqu’à présent que le fonctionnement dit « normal » de notre cerveau et de notre intelligence, fonctionnement qui nous est inné et qui nous impose ses règles. Cela dit, ce fonctionnement « normal » connaît déjà pourtant lui-même d’infinies variantes depuis l’état que l’on qualifie d’équilibré jusqu’à la folie « absolue » en passant par les psychoses et les névroses.

Arrêtons-nous un peu sur cet état de névrose qui concerne à peu près tous les êtres humains à des degrés divers.

Notre histoire individuelle est toujours la résultante de l’histoire de nos parents qui eux-mêmes ont « hérité » une partie de leurs dérèglements de leurs propres parents qui eux-mêmes depuis presque toujours sont la résultantes des conflits mentaux qui ont agi nos ancêtres, sans limite de temps. Ces dérèglements sont aussi le résultat des conflits intra familiaux (entre enfants, entre enfants et parents, entre membres des mêmes familles) auxquels pas un être humain n’a pu échapper. On n’oubliera pas de mentionner les dérèglements sociaux aux travers des temps et des cultures, dérèglements qui ont aussi façonné ou du moins participé à l’élaboration de l’esprit universel.

On me répondra qu’il n’est pas envisageable qu’une quelconque névrose ayant affligé un individu de l’espèce de Cro Magnon puisse avoir laissé des sédiments en ma personne 30.000 ans plus tard. Ce à quoi il est facile de répondre que si l’on accepte que l’évolution de la pensée dont nous jouissons de nos jours se soit faite, pour infinitésimalement que ce soit, par l’intermédiaire des hommes de Cro Magnon il n’est pas impensable d’admettre que les « déformations » de cette même pensée aient parcouru le même itinéraire.

Bien évidemment le lien n’est pas reconnaissable entre un possible dérèglement mental de mon ancêtre et moi-même d’autant que les dérèglements mentaux de l’époque Cro Magnon/ Neandertal n’ont rien à voir avec ce que l’on connaît maintenant. Et pourtant l’esprit universel s’est formé en parcourant un certain chemin qui l’a amené à pénétrer tous les individus ayant vécu depuis l’homo sapiens.

Des milliards de forces et d’interactions mentales se sont produites et ont contribué à faire aboutir notre esprit tel qu’il est actuellement. De toutes ces composantes des milliards ont disparu quand d’autres milliards apparaissaient par le jeu de la dialectique, l’une plus forte venant à bout d’une autre plus faible et ainsi de suite à l’infini. Il y a un processus dynamique de dépassement permanent à l’œuvre dans la formation de l’esprit universel.

Citons Spinoza pour illustrer ce que j’écris :
« L’entendement par la vertu qui est en lui se façonne des instruments intellectuels, au moyen desquels il acquiert de nouvelles forces pour de nouvelles œuvres intellectuelles, produisant, à l’aide de ces œuvres, de nouveaux instruments, c'est-à-dire se fortifiant pour de nouvelles recherches, et c‘est ainsi qu’il s’avance de progrès en progrès jusqu’à ce qu’il ait atteint le comble de la sagesse »

(Traité de la réforme de l’entendement,VI, 31)


(Pour le comble de la sagesse nous n’y sommes pas encore. Comme quoi l’évolution de l’esprit est toujours en marche.)

Je cite Spinoza parce que j’ai cette citation sous les yeux, il pourrait y en avoir des centaines d’autres bien sûr et qui ne vaudraient qu’à titre d’illustration d’ailleurs, une citation n’étant pas une preuve.
 
L’image n’est certes pas originale mais on peut se représenter l’évolution de l’esprit humain à travers le temps comme les mouvements des tiges de blés dans les champs selon les variations de direction et d’intensité des vents. Autre image, celle des vagues infinies et infiniment renouvelées qui se forment et se dissolvent au gré des courants, des températures et mille autres paramètres dont j’ignore jusqu’à l’existence.

Ces images pour montrer que d’innombrables forces entrent en jeu pour faire, défaire et reconstruire un organisme vivant en constante progression/amélioration : l’Esprit dont chacun de nous est dépositaire d’une infime parcelle, unique et singulière, qui a cette étonnante faculté de nous laisser croire que nous sommes indépendants et libres de penser tel que nous le désirons à tel ou tel moment de telle ou telle façon en oubliant que nous ne sommes que l’aboutissement éphémère d’un processus multi millénaire toujours en évolution sans possibilité d’imaginer qu’un stade ultime soit un jour atteint.

Tout ce long développement (déterministe) pour réfuter ou du moins refuser l’illusion du libre arbitre, cheval de bataille des religions monothéistes pour croire expliquer l’existence du Mal dans un monde créé par un quelconque dieu parfait (c'est la Théodicée de Leibnitz).
Terminons avec une autre citation :
« Dans tout le cours du monde, jamais le vol d’une particule de poussière n’a pu décrire une ligne différente de celle qu’elle a décrite, pas plus qu’un homme ne peut agir différemment qu’il n’a agit ».

Schopenhauer
Suppléments au Monde, Livre II, chap. 25)

A ceux qui tiennent absolument à l'illusion de leur libre arbitre je propose de considérer leur prétendue liberté comme celle de l'oiseau dans sa cage qui est bel et bien libre en effet de sauter d'un barreau vers l'autre et réciproquement jusqu'à ce que mort s'en suive. Belle et enviable liberté en effet.

Pour les autres, une suggestion de lecture.

samedi 15 mai 2010

Juges d'instruction, impartialité, présomption d'innocence, irresponsabilité etc. Paroles, paroles, paroles...


La réforme du code de procédure pénale était une des grands projets de Sarko. Avec, comme mesure essentielle, la suppression des juges d'instruction. Voilà qu'il fait marche arrière, ou plutôt qu'il laisse en suspend. 

Comme il est de coutume, le monde judiciaire est contre mais il n'y a là rien de nouveau... (voir le dernier paragraphe: "Sarkozy n'y pourra rien". Mis en ligne il y a deux ans, comme quoi c'était déjà plié)

Cries d'orfraie: "Mais alors la justice sera laissée au bon vouloir du parquet c'est à dire du pouvoir politique!"

Comme si ce n'était pas déjà le cas depuis... toujours.

Il paraît que les juges d'instruction sont saisis de moins de 5% des affaires criminelles en France. Serait-ce donc que dans 95% des cas ils sont inutiles?

Qui est assez naïf pour croire une seconde que l'existence des juges d'instruction est une garantie pour les libertés individuelles et l'impartialité d'une instruction menée à charge et à décharge?

On pourrait penser que les juges d'instruction ont été mentalement programmés pour mettre d'abord en détention provisoire (au trou donc) qui que ce soit, innocent ou présumé tel  qui leur est présenté puis de laisser passer quelques semaines, voire quelques mois avant de se raviser et de laisser sortir des individus psychologiquement brisés des cellules de la République (des droits de l'homme et du citoyen, mais oui, mais oui madame...). Avec pour corollaire la totale irresponsabilité de ces serviteurs de la justice.

Ce sont plusieurs centaines d'innocents qui chaque année sont victimes de privation temporaire de liberté par ces bons magistrats supposés être les garants de l'impartialité des enquêtes préliminaires à d'éventuels procès.

Ainsi:
 
- 1987, la juge Mireille Maubert qui a délibérément falsifié une reconstitution du crime dans l'affaire Patrick Dils. Celui-ci sera condamné à la réclusion à perpétuité, libéré après 15 ans de taule.
- 2004, Fabrice Burgaud (*) et les 8 innocents de Outreau.
- 2008 l'affaire des ultra gauchistes de Tarnac. Certainement le pouvoir politique (Alliot-Marie) n'était pour rien dans la décision du magistrat instructeur de faire incarcérer Coupat (7 mois) et ses amis.
-  2009 Jérôme Kerviel  un caïd du grand banditisme.

Dans cette pitoyable galerie on n'omettra pas Eva Joly ("la détention provisoire ça permet d'attendrir la viande" dixit la dame à propos de Loïk Le Floc-Prigent). Elle fait dans l'écologie à présent...

Alors que les juges d'instruction soient supprimés de la procédure pénale en France je serais plutôt pour, ne serait-ce que pour lever l'hypocrisie. 
 
Je note au passage que la gauche quand elle était au pouvoir n'a rien fait pour améliorer quoi que ce soit, que ce fût Guigou ou Lebranchu. Je ne parle même pas de l'administration pénitentiaire... 
 
Autres mesures qui étaient prévues : la garde à vue (nous devons être les pires en ce domaine dans toute l'U.E) et les délais de prescription des abus de biens sociaux. Aux dernières nouvelles nous ne verrons rien de ce grand projet du quinquennat.

A l'issue des 7 mois qu'il passa à la tête du Ministère de la justice, Olivier Guichard aurait déclaré que ce qu'il avait appris à l'issue de cette période comme garde des sceaux était qu'il valait mieux ne jamais avoir affaire à la justice.

Et c'est le chef qui le disait...


(*) Bien content d'avoir des avocats à ses côtés quand il en eut besoin, ces mêmes avocats dont il n'avait que faire quand il était en charge du dossier.

mercredi 12 mai 2010

Un homme a disparu


Avez-vous entendu parler de cet homme depuis qu’il a été nommé à la tête du conseil européen ? L’a-t-on vu prendre une quelconque part aux négociations de Bruxelles relatives à la crise, grecque d’abord, puis monétaire ensuite et enfin européenne ?

L’homme a toutes les qualités nous a-t-on assuré lors du choix qui l’a fait « élire » à son poste le 19 novembre 2009, il y a 6 mois donc. Je n’en doute pas mais cependant, savait-il vraiment à quel point la fonction qu’on lui attribuait n’était qu’un énième gadget issu des invraisemblables élucubrations constitutionnelles voulues par Giscard il y a une dizaine d’années ?

Le même Giscard, soit dit en passant, qui voulait absolument intégrer la Grèce dans l’UE au motif que ce pays était historiquement au fondement de l’idée de démocratie.

Mais les marchés s’en contrefichent que les Grecs aient bâti l’Acropole il y a 2.500 ans et que Socrate, Platon et Aristote aient été les fondateurs de la culture européenne, celle-là même qui a orienté le cours de l’histoire mondiale. They want their money back !
 
On reste incrédule quand on observe la débandade généralisée parmi les membres de l'Union Européenne face à la crise grecque. Ne nous avait-on pas vanté (vendu) le traité de Lisbonne comme étant la clef de voûte de L'UE qui allait assurer croissance et stabilité grâce à la solidarité parmi les États membres?  Le traité de Lisbonne dans sa grande sagesse a prévu ce cas : Il a institué la fonction de Président du Conseil européen
Ce poste est une pantalonnade qui, au-delà d’elle-même, ridiculise celui qui en est titulaire.

Le président Américain a appelé Sarko, Merkel et d’autres sans doute. Richard Cohen dans le NYT constate avec une triste ironie la réalité des choses

En considérant l'invraisemblable désagrégation de l'idée européenne qui s'expose en ces jours, on se prend à imaginer les générations futures contemplant a posteriori ce désastre, se demandant comment leurs prédécesseurs ont pu en arriver là d’incompétence et d’aveuglement (on reste courtois).

Quoiqu’il en soit, Herman van Rompuy reste président du conseil européen et il fait même preuve d’abnégation car s’il démissionnait (on a tout de même son amour propre) personne ne s’en apercevrait.

lundi 10 mai 2010

It's a small, small world.


Il existe je crois une "loi" mathématique selon laquelle n'importe quelle personne au monde n'est séparée (virtuellement) d'une autre que par 4 autres personnes.

A savoir que n'importe qui, au moins une fois dans sa vie, entre en contact avec quelqu'un qui connaît quelqu'un qui etc. connaît personnellement, ne serait-ce que de vue, une autre personne.

Oui, bon, c'est bien penserez-vous si ce n'est qu'à la fin de cette courte chaîne se trouve une personne connue du monde entier.

Moi qui vous parle, j'ai personnellement vu, de mes yeux vu, le Général de Gaulle en 1960 lors d'un  de ses déplacements en Bretagne. Je ne sais à quelle occasion (pour lui!), il ne serait cependant pas difficile de le savoir.

J'ai également vu, pratiquement à ma table, F. Mitterrand en 1987 ou 1988. 
(Je ne me vante pas d'avoir côtoyé Sarko à la fac de Nanterre vers 1976)

De même, à un niveau moindre, j'ai vendu un magazine à L.Jospin et madame vers 1987 et bien d'autres personnalités. Il est vrai qu'habitant à Paris les occasions sont plus fréquentes qu'ailleurs.

Enki Bilal et moi avons été dans les mêmes classes de la 6ème à la terminale (cf. le billet)

Peu importe mes expériences personnelles évidemment mais cela signifie qu'entre W. Churchill, Roosevelt, Staline et quelques autres de ce calibre et moi il n'y a qu'une personne. 

Inutile de préciser que cela n'a aucun autre intérêt que d'illustrer cette "loi" mathématique.

De même, chaque individu que je peux rencontrer dans la rue ou à l'autre bout du monde est un des 4 ou 5 intermédiaires nécessaires entre n'importe quelle célébrité (politique, artistique etc.) et ma minuscule personne.

Il en va ainsi pour tout le monde donc vous qui lisez ce billet êtes nécessairement un des liens d'une semblable chaîne. Réfléchissez, souvenez-vous...


Pourquoi cette vidéo pour illustrer ce billet? (N'importe quelle autre aurait fait l'affaire)

Vous aurez reconnu les 20 premières minutes de La règle du jeu de Jean Renoir, film dans lequel jouent, entre autres, Paulette Dubost et Nora Gregor.

Paulette Dubost a joué avec Buster Keaton en 1936 dans "Le roi des Champs Elysées" , le saviez-vous? Nora Gregor, presque parfaite inconnue, a épousé Jacques Rémy, réalisateur du dernier film de l'actrice et père d'Olivier Assayas.  Lui je ne le connais pas (de nom et je ne le situe pas) mais ce qui est bien plus étonnant est de savoir que dans ce film de 1943/45 jouait également un certain Henri Salvador... (bon, je ne mets pas le lien).

Donc entre les milliers d'inconnus qui ont personnellement vu, ne serait-ce que vu, Henri Salvador (ça fait du monde depuis les Antilles jusqu'à l'autre bout du monde) et Paul McCartney (exemple au hasard) il y a 

1°) Nora Gregor,
2°) Paulette Dubost
3°) Buster Keaton,
et 4°) Richard Lester qui a réalisé le dernier film de Keaton et "A hard day's night", le premier film des Beatles.

Comme il est presque certain qu'Henri Salvador a connu Paulette Dubost cela fait une étape de moins.

Il y a certainement d'autres chemins pour arriver au même résultat, ou à bien d'autres résultats d'ailleurs, Keaton ayant connu le gratin d'Hollywood des années 20 à commencer par C. Chaplin.

Saviez-vous que Michèle Morgan a joué avec Humphrey Bogart? Ici.

L'univers cinématographique est biaisé et donc évidemment le plus propice à l'observation de cette loi et les rencontres improbables sont de règle. Il n'empêche, cette loi est  tout de même valable universellement. 

It's a small, small world indeed, et nous sommes tous liés les uns aux autres, que nous le sachions ou pas.

Loi qui se constate essentiellement dans l'espace (et un peu) le temps, ce dernier étant affecté par nos propres limites temporelles. La généalogie, c'est autre chose.


Peut-être n'y a-t-il que 4 personnes entre mon voisin et Ahmadinejad ou B. Obama?


dimanche 9 mai 2010

An American tragedy


Je retrouve un vieil article du WaPo d'il y a 3 ans. 

“The “Desert Louvre,” as the French press has dubbed the deal, is part of a revolutionary initiative by France to expand its global influence through its vast cultural heritage and holdings — the one realm where it remains a dominant world power — in the face of its shrinking diplomatic and economic clout.”

Ca les démange toujours ce besoin d’insister sur la perte d’influence de la France, sa position économique affaiblie.

Si l’Italie était engagée dans un marché de même nature avec Abu Dhabi, Dubaï ou un quelconque autre pays, serait-il nécessaire de relever sa supposée perte d’influence diplomatique ou sa place moyenne dans le peloton des puissances économiques? Évidemment non mais comme il n’est pas possible de passer sous silence la position historiquement dominante de la France en matière d’art et de culture (mais l’Italie vaut bien la France au point de vue des beaux arts), il faut relativiser et amoindrir. Pour ce qui concerne la prétendue perte d’influence diplomatique de la France, on a vu ce qu’il en était avec l’Irak à l'époque.

Alors pourquoi une fois encore un journal américain présente-t-il ce genre d'information sous cet angle? S’il y a tant de clichés américains sur la France, c’est que celle-ci représente tout ce qu’une certaine partie des média et de la mentalité américaine se vante de n’être pas: éduquée, cultivée, high brow, intellectuelle. Cette absence d’histoire et donc de patrimoine culturel qui devrait l’accompagner est comme un rappel permanent d’une insupportable incomplétude dans l’identité même du pays. C’est là peut-être le malheur inavoué de l’Amérique, un destin exceptionnel auquel l’enracinement historique fait défaut. Et pourtant il faut bien vivre…

Alors cette mauvaise conscience (comme disait Susan Sontag de la France par rapport aux US), ce refoulé ne peuvent s’évacuer que par le biais d’une démonisation du contre modèle même, d’un effort permanent de ridiculisation et de mise à distance de ce reproche vivant qu’une certaine Amérique voit en la France et les Français. Il n’est qu’un moyen pour surmonter un lancinant complexe d’infériorité identitaire, c’est de faire corps de façon quasi pathologique aux emblèmes du groupe: l’hymne et le drapeau. Le drapeau on le voit partout, partout, partout… c’est obsessionnel.

Les Français n’en peuvent mais, tel a été le cours de l’Histoire. Et Abu Dhabi ne fait en l’occurrence que reproduire ce que les Américains eux-mêmes ont fait depuis la fin du XIX jusqu’à nos jours: acheter des chefs-d’œuvre de l’art européen pour remplir des musées créés de toute pièce afin de “légitimer” leur existence aux yeux des autres nations par une artificielle reconstitution d’un passé qui leur fera toujours défaut. 

mardi 4 mai 2010

Chauffés à blanc

Les cours d’assises des mineurs se retrouvent parfois devoir juger des affaires plus sordides que d’autres, si c’est possible: ce qu’on appelle les tournantes. Il y a de nombreux facteurs bien sûr qui entrent en jeu pour expliquer ce phénomène social contemporain. Considérons l’un d’entre eux en particulier :

L’époque est à la sexualisation sans retenue à tous les niveaux de la représentation. Quelles que soit d’ailleurs les catégories sociales et intellectuelles, toutes elles sont soumises à la même pression érotisante, qui se veut ludique et légère ici, grasse et vulgaire là.

Les gamins baignent depuis toujours dans une permanente reproduction de chairs et d’expressions du «désir» fût-il le plus salace, le plus sordide.

Que ce soit sur les chaînes de télévision, même dans les émissions dites familiales, sur les affiches de cinéma ou de publicité quelconques dans la rue, le métro, dans les clips «musicaux» que déversent à longueur de journée les chaînes d’abrutissement collectif à l’échelle industrielle, partout ce ne sont qu’expositions de corps dénudés, de visages féminins prétendument perdus dans l’extase amoureuse et sensuelle. 

L’adolescence n’est pas exactement une période facile à vivre, particulièrement dans ce domaine. Alors pour faciliter sans doute le passage à l’âge supposé adultes, les garçons sont chauffés à blanc dans l’exacerbation de leurs pulsions naturelles auxquelles il n’est pas permis de s’épancher.


Voyez maintenant ce qui est vendu aux filles comme modèle et référence: des magazines dont les titres racoleurs sont:

«Avez-vous le corps de ses envies?»
«Êtes-vous un cadeau pour un mec?»
«Comment plaire aux garçons»
«Comment réussir sa première nuit avec un mec»

etc. avec des couvertures où des quasi fillettes de 15 ans rivalisent dans des poses à la Lolita qui se veulent toutes plus aguicheuses les unes que les autres.

Comment les petites frappes qui violent des gamines pourraient-ils ne pas croire qu’au fond «elles» sont d’accord, il suffit de voir les magazines qu’elles lisent?

Une fois encore la société récolte ce qu’elle sème. La presse en tout premier lieu se donne au culte du veau d’or, avec pour seule finalité de faire de l’argent par quel que moyen que ce soit. L’éducation des nouvelles générations ce n’est pas exactement son problème. Avec le résultat que l’on sait.

Rendez-nous Les Petites filles modèles et Les malheurs de Sophie !