mardi 29 juin 2010

Purported early French anti-Americanism


At the height of the anti-French frenzy led by the American MSM from 2003 up to 2007 the name of Comte Georges Buffon was often mentioned as evidence of historical French anti-Americanism. 

The reason why Buffon was associated with this canard of naturally born French anti-Americanism was to be found in his major work l'Histoire naturelle, published between 1749 and 1789 (8 years after he died). In this very popular encyclopaedia, Buffon wrote some passages where he described the natural world in America as much inferior in size and abilities to the European one.

Needless to say, this book was very favourably received when it was published in the US in 2005. At long last, a Frenchman validated the American certitude of yesteryears about the natural anti-Americanism of the French.

Now, to use Buffon's work as evidence of early French anti-Americanism as Philippe Roger did in his book The American enemy is beyond common sense. At least he found a niche...

- Everybody knows how unscientific Buffon was.
- He wrote his book before the US was even born as an independent state.
- He merely exposed the Eurocentrism of nearly each and every "scientist" in this field of research  in the XVIIIth century.
- When he wrote his Histoire naturelle, a third of the land known as America belonged to the French as we can see here and here. Why would have Buffon written something deliberately disparaging about Americans (e.g. white immigrants) whereas he was writing about the natives, save for his European bias and unscientific approach of the issues at stake?

The reproach holds true, IMHO for Sophie Meunier and Denis Lacorne who both fall in the same trap, that is mentioning Buffon as evidence of early French anti-Americanism.

Modern Americans taking at face value the use of Buffon's work as evidence of very early French anti-Americanism are being misled to say the least.

The same "accusation" of early anti-Americanism can be made against Stendhal for example. I remember reading something about the omnipotence of the dollar in his preface to the Italian chronicles. It may be understood as early anti-Americanism. It also may be a good opportunity to remember that in those times the American population Stendhal was referring to was mostly composed of European immigrants. And not exactly the upper crust of the society. Mainly peasants and traders, poor people from Scandinavia, Ireland or Poland, gold rushers etc… 

The US was seen by many Europeans as an exit strategy after the crimes they may have committed in their respective lands. The country was a limitless space open to all sorts of adventure to people who certainly didn’t belong to the European circles were hand-kissing was practiced. 

Ever heard of the Loterie du lingot d'or? The thousands of French who were sent to California weren’t used to hand-kissing according to all probabilities since the settlers in XIXth century weren’t exactly adept at this social behaviour when they were still living in Europe. Just like the first British sent to populate Australia were'nt scions of the English aristocracy.

So, to make a long story short, maybe Stendhal (among others) was critical of these Europeans who were emigrating rather of Americans per se, that is those with 3 or 4 generations behind them on American soil. In that case they were mostly English descendants from a nation of shopkeepers as you know (cf. Napoleon). 

lundi 28 juin 2010

Le pauvre type

Il se créé un monde fantasmé prétendument encombré d’embûches et d’obstacles, de chausse-trapes, d’hypocrisie et de mensonges de la part des autres qui voudraient lui faire prendre des vessies pour des lanternes mais on ne la lui fait pas à lui… il sait déjouer tous les pièges et, in fine, débusquer la vérité derrière les apparences dont on a voulu user pour le berner. Mais – en a-t-il des ressources…- il ne se laisse pas faire, il ne faut pas le prendre pour un pigeon.

Un monde dont lui, personnage central, parvient toujours à surmonter les difficultés grâce à son extraordinaire envergure intellectuelle, sa force de caractère inaccoutumée et ses exceptionnelles facultés de résolution des situations les plus complexes, les plus troubles… Cela il ne le dit pas bien sûr, mais c’est à chacun d’ainsi le comprendre à la façon dont il se met en scène. 

Un monde de petits conflits dont l’enjeu essentiel est, bien sûr, la «reconnaissance» de sa qualité supérieure et la considération de sa personne qu’il attend de l’autre. Mais quand l’autre ne lui accorde pas d’office cette considération dont il est assoiffé, voire même la lui conteste, ce lui est alors l’occasion de déployer tout son arsenal d’immaturité revendicatrice où la naïveté la plus affligeante se mêle à la bêtise la plus consternante.

Un monde d’épreuves dont il sort toujours vainqueur et où il a évidemment toujours le rôle moralement le plus valorisant. Un monde où il sait tenir tête aux uns et aux autres et ne se laisse démonter par quiconque. On n’est pas loin du «Mais je m’suis pas dégonflé alors j’ l’ai regardé droit dans les yeux le mec et j’lui ai dit… » .

Un monde où il ne survient qu’à lui des situations ou des conflits, petits ou grands. Comme s’il le faisait exprès. « Ca n’arrive qu’à toi » a-t-on envie de lui dire. Mais oui, mais oui, puisqu’il a toujours besoin de se mettre en scène quitte à provoquer à tout propos des sujets d’accrochage avec les uns et les autres. Ces aléas de la vie quotidienne sont affectés par lui d’un coefficient multiplicateur qui donne des dimensions déraisonnables à des riens, à proportion de l’importance qu’il a besoin de s’accorder et de se faire valoir aux yeux des autres.

Un monde dans lequel il met régulièrement en place des dispositifs au centre desquels il se situe et dont il complexifie à loisir les tenants et aboutissants, pour se donner la jouissance de dominer sa créature en quelque sorte. Comme il s’expose en permanence, cette jouissance se double du spectacle qu’il donne de son adresse à maîtriser et venir à bout de ses propres dispositifs et des embrouilles qu’il a lui-même installées. Il s’évertue à susciter dans le regard de l’autre approbation et admiration. 

Aveugle à la commisération, à la consternation ou au désabusement qu’on ne lui manifeste pas ouvertement, il s’illusionne pour de bon en lisant dans les yeux d’autrui ce qui ne s’y trouve nullement mais qu’il a besoin d’interpréter selon ses besoins.

Pov’ type va…

dimanche 27 juin 2010

Le règne de Satan


Hier je rentre chez moi et assiste à une scène d'une totale banalité et pourtant c'est toute l'humanité qui s'y représente.

Un couple "normal" (pas particulièrement aviné, brutal ou d'un niveau intellectuel apparemment inférieur à 80 de QI) avec une fillette de 4, 5 ans sans doute et qui pleure, je ne sais pourquoi.


Le père, sans brutalité ni agacement, sans colère ni emportement, dit à sa fille: "Ne pleure pas, ça ne sert à rien".


Cela dit d'un ton sans cynisme décelable mais qui expose sa totale incompréhension de ce qui relève de la pure sensibilité. Sensibilité à laquelle il ne peut et ne sait répondre que par un simulacre de raison et de logique, le tout enrobé d'une mentalité utilitariste crasse.  Ça ne sert à rien!!! Autrement dit ça ne rapporte rien, c'est inutile. Plus con tu meurs.

On se dit que la gamine, élevée au quotidien dans un univers parallèle où les émotions sont bannies voire ridiculisées par des parents qui ont oublié leurs propres souffrances d'enfants, cette gamine engrangera au fil des ans (mais à son âge tout est déjà plié) tout le matériel psychique propre à lui assurer les fondements d'une névrose ordinaire. De celles que tous, peu ou prou, nous portons en nous.



Combien de fois ne sommes-nous pas témoins de semblables petites scènes qui nous sont parties ordinaires de la vie, il faut faire avec, c'est comme ça, quand à chaque fois c'est un déni de souffrance donc d'identité et donc d'humanité qui se passe sous nos yeux. Nous en sommes témoins et, c'est ma conviction, complices d'une certaine façon.

J'ai aussi, parmi tant d'autres, le souvenir à la FNAC d'un type qui portait sa fille dans ses bras et qui gardait un silence immuable aux questions que la gamine ne cessait de lui poser. Pauvre crétin qui ne disait rien d'autre (silencieusement) à sa fille: Tu me parles, je ne t'entends même pas, tu n'existes pas. L'imbécile qui ne sait pas que le silence c'est la mort et qu'il l'inflige symboliquement à son enfant.

Combien de centaines de millions d'enfants de par le monde sont ainsi journellement négligés, ignorés, (on ne parle même pas de maltraitance ou encore pire), niés dans leur simple existence et bien formatés pour arrivés à l'âge adulte, reproduire les événements mêmes qu'ils ont vécus, intégrés et considèreront comme allant de soi. Allant tellement de soi qu'à leur tour, pour la plupart, ils élèveront leurs gosses comme ils l'ont étés, perpétuant de générations en générations la même bêtise, la même incompréhension de ce qu'est peut-être notre ultime raison d'être: l'amour.

Aragon a écrit quelque part que ce n'est pas d'amour dont l'homme a besoin mais de reconnaissance. Je comprends moi qu'il faut d'abord de la reconnaissance pour être capable d'amour, à moins d'être un saint comme l'âne du film de R. Bresson Au hasard Balthazar.

Il est presque du domaine de l'extraordinaire que l'humanité ait pu, malgré les entraves qui lui sont consubstantielles, s'extraire non seulement de l'animalité mais aussi de sa propre finitude intrinsèque. Ce sont les êtres d'exception, quelle que soit leur possible médiocrité en tant qu'individus singuliers, qui sont les moteurs de l'humanité mais certes pas les masses nous dit Nietzsche.


J'ai lu il y a longtemps qu'un Chinois témoin des horreurs de la Révolution culturelle chinoise des années 60 avait décidé de ne plus ouvrir les yeux de son vivant. Il avait vu trop d'abominations, trop d'atrocités et avait compris quelles étaient la nature de l'homme et la réalité de la vie.

C'est ce que semble faire Anne Wiazemsky pour symboliquement protéger Balthazar de tous les criminels qui l'entourent: les hommes, ceux-là mêmes qui ne se reconnaissent pas dans leurs semblables, les animaux. 

samedi 26 juin 2010

Bob Herbert.

Il y a ce matin un nouvel article de Bob Herbert dans le New York Times. Ce remarquable journaliste s'était prononcé contre la décision de G.W. Bush d'envahir l'Irak avant même que la plupart de ses confrères ne commencent à émettre quelques doutes sur la pertinence (lire ineptie) de ce nouvel engagement militaire des U.S. 

Il écrit régulièrement à propos de la guerre en Afghanistan dans laquelle il ne voit qu'un gouffre sans fond qui coûte des milliards de $ aux U.S et ne fait qu'empirer jour après jour la situation politique dans cette région du monde ce qui ne peut en retour qu'être préjudiciable aux intérêts américains.

Dans un style toujours parfaitement pondéré, sans l'ironie, la fausse bonne conscience et la pseudo neutralité souvent déplacées d'un Thomas Friedman tout à sa fixation sioniste,  Bob Herbert pose et repose inlassablement les données du problème Iraq/Afganistan dans toute leur "simplicité" avec l'inévitable conclusion qui doit en être tirée.

Songeons avec consternation que du jour où les Américains décideront de se retirer du marécage sans limite où ils se sont égarés, leurs alliés les suivront le jour même. So much pour la politique étrangère prétendument indépendante de la France. Quant aux autres Européens, ils ont au moins l'excuse de n'avoir jamais prétendu à une politique étrangère indépendante puisque même les Allemands se sont fourvoyés dans cette galère. On n'évoque même pas les va-t-en guerre pathologiques genre A. F. Rasmussen.   

C'est terrifiant ces types (Bush, Blair, Rasmussen, Barroso, Aznar et tutti quanti) qui vous déclenchent une guerre qui aboutira à un désastre et une humiliation générale (ça ce n'est pas grave au fond) et n'a pour ultime résultat que d'envenimer plus encore, s'il se peut, les conflits interculturels et civilisationels.

Des hallucinés qui vous mettraient le feu à la Terre entière sans avoir le moindre compte à rendre à qui que ce soit. C'est la démocratie paraît-il...

Dans le même temps, j'apprends l'existence d'un Français, Frédéric Bastiat qui est, paraît-il, la référence intellectuelle des Tea partiers, nouvelle avatar du conservatisme et du libertarianisme américain.

J'ai parcouru quelques textes de ce F. Bastiat et de fait il correspondent bien aux valeurs dites ultra libérales selon notre dénomination contemporaine.

Peut-être connaissiez-vous ce F. Bastiat, moi pas, mais l'article de Wiki est très instructif.

Adi Shankara réfute la preuve ontologique

C'est en navigant sur la toile que je viens de découvrir la personnalité que fut Thomas Sankara (je suis toujours en retard d'un train) à l'occasion d'une citation qui lui est attribuée:                      
"La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament"
 Problème: j'ai confondu l'ancien président du Burkina Faso avec Adi Shankara.
Merci à l'ami ZapPow qui a corrigé cette grossière erreur et me permet par ailleurs d'apprendre qu'a existé ce maître à penser hindou essentiel. Il faudra bien un jour que je me mette sérieusement à l'étude des systèmes de pensées indiens.    
Heureusement cette erreur d'attribution n'affecte pas le fond de notre affaire.                   
Désolé de revenir sur mon dada du moment mais cette citation expose de façon explicite comment se démonte la pseudo preuve ontologique de l'existence de Dieu. Ce n'est pas Dieu qui m'importe ici évidemment mais l'aberration logique sur laquelle Descartes, et d'autres, ont construit cette imposture et comment elle se démonte tout simplement.
La réfutation classique est celle que donne Wiki:
L'argument ontologique confond deux ordres : celui de la pensée et celui de l'être, c'est-à-dire l'objet conceptuel et l'objet physique. Il y a une différence entre l'ordre de la conception des choses et celui de leur existence. Connaître Dieu comme parfait ne permet pas de conclure à son existence réelle, d'autant qu'on pourrait aussi bien affirmer que la perfection est l'expression de qualités infinies, donc inaccessibles. La perfection, même en pensées, n'existerait pas. L'argument ontologique utilise la définition de l'essence pour prouver l'existence, alors que l'existence ne peut être prouvée qu'à partir de l'observation de l'essence, non de sa définition.
Il y a aussi la réfutation de Kant qui a mis un terme définitif à ce tour de passe-passe issu de la philosophie quand celle-ci était servante de la théologie.
La citation de Shankara opère ni plus ni moins la distinction entre l'essence et l'existence. On peut nommer une chose sans pour autant qu'elle existe ce qui fut l'objet essentiel de la philosophie médiévale européenne c'est à dire la scolastique (cf. nominalisme, essentialisme).
Nommer le médicament c'est lui accorder une essence qui ne devient existence que par la prise dudit médicament et non par sa simple dénomination. Il en va de même du Pastafarisme (Flying Spaghetti Monster). On peut toujours en parler, lui accorder n'importe quelle essence, juste une petite chose: je demande à voir!
Cela ne changera la vie de personne mais il est bon, je crois, d'éclaircir et d'élucider toutes les manœuvres, astuces et ficelles dont les théologiens sont capables pour faire passer des vessies pour des lanternes et ainsi manipuler les masses au profit du pouvoir que les religions veulent exercer sur elles.

vendredi 25 juin 2010

Glissements progressifs du plaisir



C'est vers la fin des années 70 que j'ai entendu parler de Philippe Val et de son compère Patrick Font. Je trouvais déjà leur duo assez pathétique, genre lycéens qui n'en finissent pas de surmonter leur période acnéique.

Vannes lourdes, faciles, prévisibles, genre "on est des révolutionnaires et on ne fait de concessions à personne, surtout à ces enc.. de droite". Franchement j'avais honte pour eux qui la jouaient d'autant plus facile qu'ils s'adressaient à un public de petits branleurs d'un âge mental avoisinant les 16/17 ans.

On évolue et comme on est entré dans la carrière on fait ce qu'il faut pour y rester. On se fait des connaissances dans le milieu, on a de l'entregent, on n'est pas plus con qu'un autre mais on a plus de savoir faire.

On se retrouve à diriger un petit fils du Hara Kiri des années 60 et on la joue donneur de leçons de plus en plus politiquement correct. Et puis il y a des couvertures auxquelles on a donné son aval (*) et qui font de plus en plus désordre en fonction des évolutions politiques et de ses propres visées dans le cadre d'un plan de carrière à long terme.



















Il semble me souvenir que Sarko avait apporté son soutien au tribunal qui jugeait Val et le canard qu'il dirigeait lors de l'affaire des caricatures de Mahomet. Un service en valant un autre, on vire Siné pour un pseudo délit d'antisémitisme relatif au fils Sarko.
Là on se dit que ça commence à se voir et on n'est pas surpris d'apprendre un an plus tard que le révolutionnaire en caoutchouc d'il y a 35 ans est nommé directeur des programmes de la chaîne de radio nationale.
Nulle raison d'être surpris qu'il vire Porte et Guillon (qui ont du talent), c'est l'aboutissement "normal" d'un certain parcours.
Ne vous étonnez pas que le gars qui faisait subir les derniers outrages à François Léotard il y a 25 ans se retrouve un jour ministre de l'intérieur.
(Le titre fait référence à un film de Robbe Grillet) (*) Titre auxquels on a donné son aVal. Involontaire mais démonstration renouvelée de ce que j'écrivais dans le billet précédent : C'est le langage qui nous mène et nous impose  (dans une certaine mesure) ses lois et non pas nous qui en usant selon nos besoins.

jeudi 24 juin 2010

Penser librement?

Il n'y a que 2 voies pour essayer d'approcher l'inaccessible: la Foi qui vise à la fusion avec l'absolu transcendant (le Dieu des théistes) sans prétention à sa connaissance et la Raison qui tente de déterminer ce qu'est la chose en soi, de la connaître et de la comprendre. C'est l'opposition  kantienne phénomènes/chose en soi.
Laissons de côté la première (la foi) puisqu'il s'agit de Révélation qui n'a pas besoin de langage et voyons ce qu'il en est de la raison qui suppose nécessairement le verbe, la parole, le langage.
Problème : sommes-nous vis-à-vis de notre langue, cet incomparable outil qui nous a permis d'accéder à l'humanité, dans une position telle que l'on puisse revendiquer le libre usage de cet outil?
Le petit de l’homme n’arrive pas sur terre entièrement démuni et sans prédisposition aucune ni sans de nombreuses prédéterminations. Il porte déjà avec lui un incommensurable bagage, ne serait-ce que la possibilité d’utiliser un cerveau qui est "programmé"depuis des millénaires pour fonctionner d’une certaine façon et pas d’une autre.
De la même façon qu’il arrive avec un héritage pluri millénaire, l’attend un langage et pas un autre, celui qui sera sa langue maternelle et qui de nouveau lui imposera des contraintes grammaticales, lexicales, morphologiques, phoniques etc. Ces lois du langage orienteront inévitablement sa pensée et sa capacité de raisonnement et d’interprétation. Ainsi en français, sujets, verbes, compléments, adverbes, adjectifs, conjonctions n’ont pas la même place qu’en allemand par exemple sans même évoquer les langues orientales. Quant à la nature des mots comme signaux sonores (avant d’être écrits) descriptifs de ce que l’homme perçoit, on pressent les mille et unes difficultés et pièges dont ils sont porteurs. C’est toute la philosophie du langage qui s’annonce ici.
Les règles formelles de la langue sont les mêmes pour tous les locuteurs d’une langue donnée et encore, combien s’en affranchissent peu ou prou ? Mais les mots qui sont comme des objets qu’ordonnent (aussi bien au sens d’un commandement que d’un placement) les langues ont-ils le même sens pour tout le monde ?
Disposons-nous par ailleurs de suffisamment d’objets pour exprimer notre pensée et pénétrer plus avant notre connaissance du monde ? Certes pas, chacun doit bien le sentir. Particulièrement en français par rapport à l‘anglais dont le vocabulaire est, je crois, triple du nôtre.
Il existe paraît-il 40.000 idéogrammes en chinois dont moins de 5%  environ sont d’usage courant. 400.000 mots en anglais ai-je lu quelque part pour moins du tiers en français. Comment peut-on appréhender, approcher le monde quand il y a une telle diversité de ressources d’une langue à l‘autre ?
Le concept de Dieu est par exemple incompréhensible aux orientaux qui ne disposent pas de mot pour transcrire ce concept judéo-chrétien.
On peut emprunter d’une langue à l’autre quelques mots, très peu à la vérité, ou faire appel au grec (pour les Européens). Hapax, Hybris, Oxymoron etc. ces termes sont indispensables au fond, il comble un vide mais de combien d’autres mots aurions-nous besoin pour mieux dire et penser le réel ou du moins ce qui nous paraît tel ?
Dans toutes les langues (peut-être) il y a des milliers de mots qui n'ont pas d'équivalents  dans d'autres langues quand il faut se contenter de ce que nous propose notre langue maternelle, au prix de "contorsions" ou d'incertaines constructions. Comme quoi la pensée est bien mal outillée pour appréhender le monde.
Et entre les deux sexes, les mots ne comportent-t-ils pas des résonances affectives, émotionnelles, culturelles différentes qui déterminent à leur tour un usage et une compréhension différents entre hommes et femmes ?
Le rationnel peut difficilement se construire et se dire alors représentons-nous ce qu'il en est de l'affectif. Mission impossible! Sans parler de la composante psychologique des locuteurs ou de leurs origines culturelles.
Observons qu’au moment même où l’on commence une phrase, nous sommes inéluctablement conduits et contraints à la construire d’une certaine façon et pas d’une autre et que cette phrase sera structurellement achevée avant même que le locuteur ait terminé de l’énoncer. D’une certaine façon notre langue nous devance et anticipe notre propre discours.
Notre pensée dépendant de notre langage doit donc se régler selon les formes normatives de notre langue, langue que bien évidemment nous n’avons pas choisie. En sommes-nous donc véritablement maîtres ?
Encore une illusion qui nous fait croire que nous sommes libres de parler et de dire ce que nous voulons. Chacun le sent bien qu’il y a un inexprimable, ne serait-ce parfois qu’au niveau de l’émotion et des passions. Alors que dire de l’impossibilité à exprimer et communiquer ce qui est au-delà des mots, au-delà de toute expérience possible?
Les mystiques connaissent cette in-expérience de ce qui est indicible, ce qui est au-delà de l’empirique et relève de l’intuition pure parce que supra sensible. Peut-être la Révélation mystique permet-elle à ceux que touche la grâce de ressentir une sensation fusionnelle avec ce qu'ils appellent l'absolu mais ils n'en connaissent ni n'en comprennent rien et ne le désirent d'ailleurs pas.
Sommes-nous capables de mieux approcher l'essence du monde avec notre raison et nos langages? Je le crois malgré tout, sachant bien que les limitations que nos langues respectives nous imposent sont autant d'entraves à notre démarche. Du moins cherchons–nous à comprendre, ne connaissant que trop bien l'histoire de nos échec répétés.
Pour Kant l'en soi des choses était comme un x inconnu et à jamais inconnaissable mais que Schopenhauer appelle Volonté, tout aussi inconnaissable en son essence mais du moins compréhensible.
Pour revenir à notre question première (Pensons-nous librement?) il me paraît hors de doute que nous ne pensons certainement pas librement mais que nous sommes au contraire condamnés à notre finitude. Aussi bien par les limites de nos capacités mentales que par notre condition asservie au regard de notre langue.
Il faut faire avec ou se tourner vers la contemplation esthétique, particulièrement la musique ou la poésie, mais ne sont-ce pas alors d'autres figures de la Révélation?
Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. 
(Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen.)
 Wittgenstein
(Tractatus logico-philosophus, proposition 7)
Le langage est la maison de l'Être
Heidegger
(Lettre sur l'humanisme)
                      
Nous vivons dans l'inconcevable mais les repères sont éblouissants
René Char

mercredi 23 juin 2010

Sag mir wo die Blumen sind.


Les États-unis sont dans leur huitième année de guerre en Afghanistan (and more to come).  En Irak qu'ils n'ont toujours pas quitté,  ils ont perdu plus de 4.400 hommes (leave alone iraqi civilians) et les attentats continuent. It seems like all this Iraqi stuff belongs to the past for most American MSM. Let's be positive and look forwards!  

L'attention des medias américains se concentre ces jours derniers sur l'Afghanistan (more than 1.000 casualties, leave alone afghani civilians) après des déclarations, tenues à Paris au magazine Rolling Stones par le Général McChrystal, commandant en chef des armées américaines en Afghanistan.

Déclarations qui ont légitimement déplu à la Maison Blanche où a été convoqué McChrystal pour une mise au point avec Obama.

Une affaire essentiellement politique et même constitutionnelle: McChrystal est R. aux ordres d'un président D. et surtout il a tenu des propos vis à vis du commander in chief qui ne seraient tolérables dans aucun pays au monde.

Pour ceux qui ont de la mémoire, c'est de cette façon que Mc Arthur s'était fait sortir par Truman parce qu'il voulait lâcher quelques dizaines de bombes atomiques sur la Chine durant la guerre de Corée. Ah ces militaires, quels boutes en train...

Le Los Angeles Times, le New York Times (et ici encore), CBS et toutes les chaînes de télé traitent bien évidemment le sujet, tout ce qui se rapporte à la chose militaire relevant presque du sacré aux US. En l'occurrence il en serait de même partout ailleurs.

Rien là que de très normal, un général ça ferme sa gueule ou ça démissionne.

Quel que soit le remplaçant de McChrystal malheureusement, rien ne changera et les États-Unis, le Pentagone disons et tous les lobby militaro-industriels, continueront à alimenter cette chimère que la guerre sera gagnée (what it may mean we won't know) comme elle l'a été (croient sans doute nombres d'Américains) en Irak.

La seule voix discordante que je connaisse (il doit y en avoir d'autres tout de même), c'est celle de Bob Herbert du New York Times qui s'était également opposé à la guerre d'Irak.

Une voix dans le désert hélas parce qu'il en faut bien une.

Mais qui croit encore que cette guerre servira à quoi que ce soit et sera "gagnée" à part les Américains et les Brits?

L'opinion européenne est globalement contre mais la propagande belliciste et (évidemment) mensongère obtient cependant des résultats puisqu'un pourcentage très important d'Européens croit vraiment que la sécurité du monde (et la leur donc) est en jeu en Afghanistan et qu'il faut continuer à y envoyer des troupes et du matériel.
Faut-il rappeler les déclarations de Kouchner en mars dernier quand quelques militaires français avaient été tués là-bas mais qu'ils étaient morts pour la liberté du monde? Et H. Morin, notre généralissime Tartarin, qui ne peut faire autrement que d'abonder dans le sens des fauteurs de guerre...

Et tout ça parce qu'un crétin, un seul, fondé de pouvoir des industries militaires américaines avait le pouvoir de déclencher 2 guerres aussi imbéciles (elles le sont toutes) que celles qu'ont commises les hommes depuis toujours.

Le cerveau reptilien est toujours présent et agissant chez ceux qui ont le plus de pouvoir. 

(Et cela fait des années que l'on nous prépare à un affrontement avec l'Iran... cf. les déclarations de Kouchner le matamore il y a 2 ans)

mardi 22 juin 2010

We have the money!





Considérons la liste des 10 milliardaires français, patrimoine privé de personnes physiques donc, et après une rapide addition (ça je sais tout de même faire) nous obtenons un solde de plus de 50 milliards d'euros (les chiffres sont donnés en dollars).

Déficit prévu de la Sécurité sociale pour 2010: Quelque chose comme 30 milliards d'Euros.       

Cela revient à dire que 10 personnes sur 62 millions de citoyens français possèdent à elles seules près du double de la somme nécessaires au renflouement du déficit de notre système national d'assurance maladie.

Il ne s'agit pas de dépouiller ces malheureux du fruit de leur dur labeur et de décennies d'économies, nous ne sommes pas dans un système confiscatoire. Mais tout de même on peut remarquer qu'il semble y avoir un "certain" déséquilibre dans la répartition des richesses nationales.

Parce que tout cet argent vient bien de quelque part, que ce soit les plus-values réalisées par le travail concret et effectif des milliers de salariés des entreprises possédées par ces petits rentiers ou par les rendements des investissements sur les marchés financiers du monde entier.

Si certains, Bernard Arnaud je crois, investissent dans l'art contemporain et ouvrent un musée à Venise (parce que les politiques français n'ont pas été foutus de s'entendre sur les projets d'aménagement de l'île Seguin aux portes de Paris)  ou comme Mme. Bettencourt financent un centre de recherche médical à Paris c'est bien; il reste cependant du blé (de l'oseille en quelque sorte) au fond du grenier. 

Il y a quelque chose de pathologique dans ce besoin d'accumuler de l'argent, toujours et encore plus et d'essayer d'en soustraire le plus qu'il se peut au fisc. Freud a écrit ce qu'il y avait à en comprendre il y a un siècle.

Et c'est universel cette pathologie. L'Ancien testament en parle déjà mais je ne retrouve pas la citation. De mémoire, plus on en a plus on en veut et l'on perd le sens des vraies valeurs (quelque chose dans ce goût-là) 

Une autre figure du homo homini lupus...

lundi 21 juin 2010

Passiflores et preuve physico-théologique


J’ai la chance de bénéficier d’une petite surface de toit (environ 20 m², c’est pas mal à Paris) sur lequel j’entretiens quelques fleurs et plantes.

Il y a quelques années j’ai acheté, sans savoir ce que c’était et ce que cela pouvait produire, 2 plants de passiflores.

La première année j’ai vu une branche principale s’étendre sur 5 mètres sans produire de fleurs. Qu’était-ce donc que cette plante ? La deuxième année j’ai vu les fleurs et j’ai en ai été émerveillé !

Jamais je n’avais observé chez une fleur pareille architecture et sophistication dans l’organisation des tiges, étamines, pétales, pistils, couleurs, finesse, délicatesse etc.

Cliquez sur les photos et agrandissez pour juger par vous-mêmes. Une image 3D serait plus parlante encore à moins que vous ne connaissiez déjà les passiflores.

C’est une fleur très éphémère puisque elle vit environ 36 heures et se referme en quelques heures. J’en ai souvent vu s’ouvrir et déployer ses feuilles en 2 minutes tout au plus. C’est tout à fait remarquable de considérer dans le même instant la fragilité de cette fleur et l’irrésistible force qui pousse le bouton à éclore pour une vie qui sera si brève. 

La passiflore est une fleur merveilleuse comme sont presque toutes les créations du règne végétal. Elles sont belles bien évidemment parce que nous les jugeons telles (cf. Critique de la faculté de juger).

Et on pourrait s’étonner que la nature soit capable de produire une création d’une si extraordinaire complexité pour la laisser mourir quelques heures après que soit advenu le temps de sa plénitude.  Il y a de longs et beaux développements sur ce thème chez Schopenhauer.

Well, all things must pass…

Bon, et la preuve physico-théologique dans tout ça vous demandez-vous ?

Pour la définition je cite Wiki :

La preuve physico-théologique repose sur l'observation des causes finales :

1. tout ce qui contient des fins est l'œuvre d'une intelligence ;
2. or le monde contient des fins: êtres organisés, beauté de la nature, fait que les produits de la nature soient destinés à l'homme;
3. donc il existe une intelligence supérieure à l'origine du monde (Dieu).

Il y a aussi un petit article (auquel j'ai ajouté un paragraphe) sur cette "preuve" à laquelle n’ont plus recours que les intégristes mais qui a disparu des préoccupations de la philosophie depuis Kant précisément.

La preuve physico-théologique suppose une fin à toute chose. Quelle est la fin de la passiflore si ce n’est d’apparaître et de disparaître ?

- A) Première erreur du syllogisme contenue dès la majeure qui postule que tout ce qui contient des fins est l'œuvre d'une intelligence. Il faudrait démontrer cela. Pétition de principe sans aucune valeur. On est bien loin de la rigueur des propositions logiques, des axiomes ou des postulats mathématiques et géométriques.

- B) Deuxième erreur avec la mineure qui postule que le monde a une fin. Ah bon? Mais il faut le prouver cela. Encore une pétition de principe!


Pour reprendre les critères énoncés dans la mineure de la pseudo preuve :

1°) La passiflore est organisée certes,
2°) Elle est belle, non pas en soi mais dans le regard que nous portons sur elle. (Quid des aveugles d’ailleurs ?).
3°) En quoi nous est-elle destinée ?

- C Quelle autre conclusion attendre d’un syllogisme aussi pré formaté pour aboutir au résultat que l’on veut obtenir ?

La passiflore est sa fin à elle-même comme tous les phénomènes que nous pouvons observer, y compris nous-mêmes.

A quelles contorsions mentales philosophes et théologiens ne se sont-ils pas livrés pour étayer leurs superstitions en un dieu singulier et personnel?

Quoiqu'il en soit, qu'ils laissent mes passiflores tranquilles et à l'abri de leurs divagations! 












Mon "jardin" au temps de sa splendeur. Il n’en reste presque rien à présent hélas.

dimanche 20 juin 2010

AB² + AC² = BC² et ma liberté

- Que les mathématiques trouvent leur origine dans l'idéalité du temps qui est une forme a priori de notre sensibilité, je le comprends bien je crois.

Il a 20.000 ans ou plus, les hommes de Cro-Magnon ont bien dû, sur une très longue période, élaborer les fondements de l'arithmétique en observant la régularité des cycles journaliers, lunaires puis annuels.

Chaque nouveau jour doit avoir entraîné la notion de l'unité qui suit une unité semblable et ainsi de suite. De là l'opération la plus simple: l'addition.

Une fois ce résultat fondamental acquis, on imagine que les 3 autres opérations de base se sont développées naturellement puisqu'elles étaient latentes en nous, puis cet instrument numéral acquis, les chiffres sont devenus nombres et sont apparus des concepts mathématiques (et non plus de simples observations fortuites car empiriques) de plus en plus élaborés donnant naissance à un univers dont l'exploration semble ne jamais devoir connaître de fin. 

Un univers qui a ses lois intangibles et rigoureuses qui sont les garanties de la validité de cet univers.

Et tout cela à l'origine par l'observation de l'inflexible régularité des jours et des nuits.
- Pour la géométrie, il me semble que son origine est autrement plus idéale encore puisqu'elle ne trouve pas son origine dans l'observation empirique du monde mais bien dans notre pure et innée capacité conceptuelle. D'où viennent les notions de cercle, triangle, carré qui sont, je crois, les premières figures géométriques que l'homme ait élaborées et qui n'existent pas dans la nature?

Cela est tout de même vertigineux que ces notions n'aient pas d'autre origine que notre pure sensibilité (au sens kantien bien sûr). C'est ainsi, je dois l'accepter que je le comprenne intimement ou non.

Mais ce qui véritablement me laisse abasourdi c'est Le théorème de Pythagore qui démontre une vérité spatiale absolue. Cela est pour moi de l'ordre de l'incompréhensible. Non pas le théorème lui-même (encore que) mais le fait qu'une telle propriété semble avoir existé avant même l'existence de l'homme, comme s'il avait fallu que l'homme apparût pour la mettre au jour.

AB² + BA² = BC², c'est plus extraordinaire encore que pi (3,14159 etc.) qui n'est jamais qu'une approximation, universellement valable certes, mais approximation tout de même.

Même processus pour la géométrie que pour les mathématiques donc. Des concepts se sont formés qui se développent à l'infini, découvrant à chaque nouvelle avancée des propriétés presque "magiques". 

Mon niveau personnel dans ces matières n'est guère supérieur à celui d'un âne savant, il me permet cependant "d'imaginer" (parce que je sais qu'elles existent tout en les ignorant) les mille et une merveilleuses propriétés de ces 2 univers spatio-temporels.

Peut-on dire qu'en découvrant ces propriétés inhérentes au produit de sa nature potentiellement raisonnable, l'homme ne fait que projeter dans le monde réel, celui où il vit, un univers intellectuel qui n'est in fine qu'un moyen de comprendre ou du moins d'appréhender l'univers où il n'est que de passage?

Par les mathématiques et la géométrie qui sont des univers virtuels, l'homme ne s'est-il pas constitué un univers parallèle qui lui appartient à lui seul et qui, outre qu'il sert à comprendre le réel qui l'entoure et le submerge, le rassure aussi sur la légitimité de son existence dans un monde incompréhensible sans cela?

Par les mathématiques et la géométrie, l'homme se retrouve lui-même en lui-même puisque les lois et  propriétés de ces deux disciplines émanent bien de son cerveau. Ce serait comme une œuvre de dés-aliénation vis à vis du monde qu'auraient opéré les hommes en développant les virtualités de leurs capacités mentales.


Mathématiques et géométrie comme instrument de notre liberté?

Hmmmm... C'est une tout autre question je crois.

vendredi 18 juin 2010

Je t'aime, moi non plus.

Je connaissais les Ashkénazes et les Séfarades mais j'ignorais qu'ils ne pouvaient pas se blairer (du moins certains d'entre eux). 

J'apprends donc qu'il y a des exigences des Ashkénazes par rapport aux Séfarades qui ressemblent comme 2 gouttes d'eau à l'apartheid sud-Africain d'il y a peu ou au ségrégationnisme américain jusqu'en 1964.

Et ils ne sont nullement ultra minoritaires, l'article nous dit qu'ils représentent à peu près 700.000 personnes soit 10% de l'ensemble des Israéliens. Lesquels préférez-vous? Les orthodoxes? Les super orthodoxes?  Les maxi orthodoxes ou les plus orthodoxes que moi tu meurs?

On aura bien du mal à me convaincre qu'il ne s'agit pas d'évadés des asiles d'aliénés de tout le pays.

Le New York Times reprend l'info. Extrait:
This latest battle in Israel’s simmering culture war, pitting ultra-Orthodox Ashkenazim of European origin against their slightly less stringent ultra-Orthodox Sephardic peers from Arab and North African backgrounds, has raised accusations of racism on one side and infringement of religious freedom on the other.

Il y a donc les ultra orthodoxes et les légèrement moins ultra... Genre islamistes et islamistes modérés.

Et il paraît qu'il y a des extrémistes palestiniens, afghans voire pakistanais...

C'est chouette toutes ces religions de paix, d'amour et de tolérance. Vive les monothéismes!

Il ne manque plus qu'une bonne guerre civile entre eux et la situation des Balkans au début du XXè siècle paraîtra claire comme de l'eau de roche par rapport au Moyen Orient.

Desproges disait que l'ennemi est idiot parce qu'il pense que l'ennemi c'est nous alors que l'ennemi c'est eux.  Et c'est valable aussi pour le peuple élu alors?

Bon et bien la journée s'annonce bien pour l'ultra athée que je suis...

(En gros, qu'ils s'entretuent, Chrétiens, Musulmans, Juifs et le monde ne s'en portera que mieux)

mercredi 16 juin 2010

Le Temps n'est pas, nous sommes le Temps.



J’observe une très intéressante distinction entre la façon dont différentes langues européennes expriment leur rapport au Temps. D’autant plus intéressante qu’il n’y a pas de différence entre pays latins et nordiques.

Que ce soit en allemand, anglais, suédois, norvégien, danois, portugais, espagnol, italien, polonais, hongrois, arabe ou chinois il se dit :




Heute ist Freitag,
Today is Friday
I dag är det fredag    (suédois)
I dag er fredag         (norvégien et danois)
Hoje é sexta-feira     (portugais)
Hoy es viernes         (espagnol)
Oggi è Venerdì        (italien)
Dzisiaj jest piątek     (polonais)
Ma péntek van         (hongrois)
 اليوم هو يوم الجمعة
今天是星期五           (chinois)

L'arabe et le chinois utilisent également la forme où c'est le Temps qui est sujet actif.

Et si le chinois attribue ainsi une existence au Temps, il en va très certainement de toutes les langues asiatiques.

Dans toutes les langues mentionnées, c’est l’auxiliaire "Être" qui est utilisé et appliqué au Temps. C'est-à-dire que dans toutes ces langues c’est le Temps qui est comme serait un existant, un sujet doté d’attributs qui nous imposerait sa présence en s’auto désignant.

Autrement formulé, dans ces langues c’est le Temps qui me dit qu’il (le Temps) est vendredi tel jour ou mercredi tel autre jour. Comme un attribut du sujet qui peut connaître des accidents qui l’affectent de façon contingente mais n’altèrent pas sa nature essentielle d’Être réel.

C’est tout à fait l’inverse en français puisque "nous sommes vendredi", "on est vendredi" ce qui signifie que nous nous identifions au temps qui n’est pas un sujet réel et existant mais bien la forme a priori de notre sensibilité. Ce n’est pas un concept, encore moins un sujet agissant qui nous impose ses conditions mais bien un idéal qui n’appartient qu’à nous parce que c’est de nous qu’il émane.

Le français se singularise-t-il dans l’univers des langues par sa façon d’exprimer le rapport au Temps des locuteurs de cette langue ? Je n’en sais rien mais du point de vue philosophique c’est le français qui "est dans le vrai", on le sait depuis 1781 et la parution de la Critique de la Raison Pure (CRP pour les habitués…).

Toutes les langues qui expriment que le Temps est font erreur. Le Temps n’est pas en soi, le Temps c’est nous.

Cela peut paraître anecdotique et insignifiant, cela ne l’est en aucune manière au contraire.

Il est en effet impossible que les mentalités collectives, les modes de pensée et de raisonnement ne soient pas affectés et donc déterminés par la façon dont est conçue le Temps. Cela appelle de longs développements qui doivent bien exister quelque part, on n’est jamais seul à avoir une idée. Après il faut être capable de la développer…

On remarquera que la langue française rentre dans le rang à un "moment" donné si je puis dire puisque à l’instar des langues considérées nous disons bien "il est 5 heures". Le Temps dans ce cas nous impose son existence et sa présence : Je suis 5 heures nous dit-il.

En revanche pour exprimer "nous sommes en mars" ou "nous étions en 1985" c’est l’appréhension française du Temps qui est utilisée.

Wir werden im März  
We are in March
Vi är mars
Vi er mars
vi er marts
estamos março
estamos marzo
Siamo marzo
vagyunk március

5 niveaux progressifs dans les strates du Temps tel que nous nous le représentons (et non pas tel qu’il se présente à nous).

- L’heure : Seule exception à la règle du français puisque nous disons : il est 5h 47.
- Le jour : nous sommes vendredi
- Le mois : nous sommes en mars
- L’année : nous sommes en 2010 
- Le siècle présent : nous sommes au XXI siècle
- Le siècle passé : nous étions au XX siècle (un siècle que nous avons tous connu)
- Les siècles passés : Fausse exception : c’était au XIè avant J.C.

Cela peut s’expliquer : plus personne n’est concerné, il s’agit là du rappel d'un événement et non de notre relation personnelle (passée, présente ou future) au Temps lui-même.

Pour résumer, en français seulement nous sommes sujets agissants du Temps auquel nous nous identifions alors que dans les autres langues c'est le Temps qui est sujet agissant sur ses locuteurs. Radicale inversion sujet/objet qui renverse absolument notre perception de nous-mêmes à nous-mêmes sans que nous en ayons conscience bien sûr.

Notre expression verbale du rapport au Temps ne peut pas ne pas avoir une influence sur notre mode de pensée et les conséquences qui en découlent relativement au développement de notre rapport au monde.

Il y a maints prolongements à envisager aussi bien relativement au langage qu’à la psychologie et cela nous concerne tant personnellement que collectivement. 

Le sujet est inépuisable à dire vrai...

Rappelons que le titre de l'ouvrage majeur de Heideger est l'Être et le Temps. Mais cela nous emmène très loin...