vendredi 30 mai 2008

Mourad



De nouveau les marins pêcheurs sont mobilisé, suivis des agriculteurs, pour faire valoir leurs revendications et défendre leurs intérêts. Rien de plus normal. C'est la forme qui n'est pas tout à fait légale (blocage des dépôts de carburants) mais quoi faire d'autre?

Souvenons-nous des mêmes du temps de Balladur qui avaient foutu le feu au Parlement de Bretagne, des agriculteurs qui, régulièrement, vandalisent les préfectures, les gares, arrachent les rails des lignes SNCF, des Corses qui plastiquent les hôtels des impôts, canardent les façades de gendarmerie, lancent des grenades sur les bâtiments publics, palais de justice etc. détournent maintenant des paquebots en toute impunité. Les pouvoirs publics, de droite comme de gauche, sont étrangement prudents. Pas de Sarkozy pour parler de “racaille”, “nettoyer la Corse au Carsher” etc.

La “justice” elle aussi se garde bien de prendre le moindre risque. Tout au plus si un se fait gauler il se verra condamner aux gros yeux (mais avec sursis…) Par contre, quand c’est Mourad qui pique une barre chocolatée dans un supermarché de banlieue, la République lui fait connaître les rigueurs de la loi. Alors les jeunes, à la fin, on comprend que ça les énerve un peu…


mardi 27 mai 2008

Mildred Dolores





Il y avait dans Le Monde il y a quelques jours un article sur Mildred Delores Loving à l'occasion de son décès. Vous n'en aviez jamais entendu parler? Moi non plus mais il apparaît que c'est une figure de l'émancipation féminine et raciale comme l'a été Rosa Parks 3 ans auparavant aux US.

Nous étions alors en 1958 et la législation de nombre d'États américains (38 semble t-il) interdisait les mariages inter raciaux...

Lors du procès (car procès il y eut! Et condamnation à la clef) le juge Leon Bazile déclara: "Dieu Tout-puissant créa les races blanches, noires, jaunes, malaises et rouges, et les plaça sur des continents séparés. Et, sauf l'interférence avec ses dispositions il n'y aurait aucune cause pour de tels mariages. Le fait qu'il sépara les races montre qu'il n'avait pas pour intention qu'elles se mélangent."

Il fallut 9 ans pour que la Cour Suprême des US invalidât le jugement de 1958, le 12 juin 1967!!! Il n'y a pas d'erreurs de frappe. Il s'agit bien de 1958 et non 1858!

Les Américains contemporains ne sont en rien directement responsables de cette histoire évidemment mais les US, imbibés comme ils le sont de religiosité, le sont bel et bien. Et cette imprégnation religieuse, c'est bien les citoyens américains qui la portent en eux, elle ne leur a pas été imposée de l'extérieur et elle se reflète dans leurs institutions judiciaires et politiques.

C'est bien le même pays qui dispense des leçons de droits de l'homme à la terre entière, particulièrement à la Chine et à l'Iran. Nous sommes bien d'accord, nos valeurs politiques occidentales ne se retrouvent guère dans beaucoup de pays qui siègent à l'ONU. Les États Unis sont-ils pourtant les mieux placés pour sermonner le monde entier? Admettons que l'esclavagisme et le lynching appartiennent au passé (le XIXème siècle c'est tellement proche pourtant) mais cette histoire a eu lieu il y a 50 ans. C'était hier.

Comment les Américains apprécieraient-ils de se voir régulièrement donner des leçons de quoi que ce soit par les Chinois, les Iraniens ou les Brésiliens?


lundi 26 mai 2008

En suspens





















C'est bien Vélib'. En plus quand on est maladroit on se fait une rupture complète du tendon d'Achille :-(

Résultat des courses: hospitalisation et intervention chirurgicale pour recoudre. :-( :-(

Thus, il n'y aura pas de billet avant une dizaine de jours, je n'aurai pas accès à l'Internet. Ni à l'ordi d'ailleurs.

J'essaierai de consacrer du temps à écrire de futurs billets.

Rien avant le 10 juin au moins...

Merci de votre fidélité.

jeudi 22 mai 2008

Faggots!




The most interesting artefacts in archaeology you don't find on the surface of the ground of course but in the deeper layers. This goes also for thoughts and ways of thinking.

We've seen before how the ingredients of French-bashing that were to be found by the thousands in the American media from 2003 and on were the same you'll find at the basis of racist thinking and colonial mentality.

May I propose the same unexpected reading of another staple of French-bashing, probably the most prevalent of them all? I'm talking of the equation French = Surrender, which even Jon Steward made use of here. It seems it has become an unavoidable cliché about the French for most Americans.

An interpretation of that stereotype/trope has been offered here, cogent and apparently satisfying but this thesis remains on the surface of the ground, in my opinion. It's not false but somehow beyond the point.

Now, some historicization of data are indispensable at that point.

1°) We still have to return to the 1940 defeat.

The German army was the mightiest the world had ever known.

The English engineers had the good idea to dig a trench between the continent and their beautiful island. They named it the English Channel. This brilliant idea saved the British's butt in June of 1940. Dunkirk wasn’t exactly a great victory for the Brits but what could they do in front of the Wehrmacht?

The American engineers were even brighter and much cleverer than the Brits: they dug an ocean between the Germans and the US.

Had America had a frontier with Germany at that time, the American army (next to non existent in 1940) would have been smashed into pieces by the Germans.

Is it necessary to recall the Germans nearly reached Moscow and that it took more than 3 years for  America, the Ussr and the Brits (mainly) to defeat the Germans? The US could never have won against Nazi Germany were it not for the Russians.

So here comes the catharsis part: allowing the projection of the inner fear that America could and (would) have lost against the Germans, no doubt about it.

By making such a fuss about the French defeat of 1940, the American media make Americans forget that they wouldn’t have faired better than the French under the same circumstances.

Ha ha (giggle) the French surrendered (thank God we weren’t in their shoes, pwfff!). What a bunch of faggots!

2°) The second most important pillar of the American society after religion is the army. Like it or not, the figure of the soldier is an icon in contemporary America. Well before WWII, the myth of the courageous, brave, incorruptible hero was founded at Alamo where all 189 combatants died. Now, these were real men who never would have surrendered to the enemy. John Wayne himself directed the movie, not the heroes of "Brokeback Mountain".

To surrender is the worst act of weakness and treachery you can expect from a soldier. Particularly an American one of course. To surrender is the unmistakable sign of unmanhood, hence feminity. Only faggots are capable of surrendering.

Is it just a coincidence that the French are often portrayed in the US as rather effeminate, walking down the streets with their French poodle at their side, with a certain affected genre? Just remember the cartoons we were entitled to 5 years ago.

But now, we're in the XXIth century and it is no longer possible to print such insults as "faggots" in the papers, or to call people "faggots" on the radio and TV networks. So a code word had to be found. What about "surrender"? That's what makes the audience of Jon Stewart laugh when he has a go with the "surrender" stereotype. There's an unconscious, homophobic reference which doesn't pass unheeded to the American audience. All jokes based on sexuality, particularly homosexuality, are a guarantee for laughter in the world. All the more when foreigners are involved.

Just like the usual arsenal of French bashing was evidence of a racist/colonial mentality, the overwhelming use of the word "surrender" is the expression of an underlying homophobia. Hence, the complete analogy reads thus: Surrender = French = Faggots. Are you surprised this could take place in such a religious, military, conservative country as the US? No kidding...


(Note: The painting is "Amor vincit omnia" by Caravaggio)
 

mardi 20 mai 2008

Indispensables



Il y a quelques jours il était question des mots d'origine grecque qui refaisaient surface. Oxymoron, hybris, paradigme etc.

Je viens d'en rencontrer un autre chez Michel Onfray dans son "Art de jouir", (titre repris de La Mettrie).

Hapax: qui ne se présente qu'une fois. Aisément identifiable par un anglophone (to happen).

Effectivement ce terme est "indispensable" comme le sont des centaines, des milliers de mots dans toutes les langues (peut-être) quand il faut faire avec ce que l'on a dans sa langue maternelle, au prix de "contorsions" ou d'incertaines constructions. Comme quoi la pensée est bien mal outillée pour appréhender le monde, particulièrement en français par rapport à l'anglais et à l'allemand. Mais depuis Platon (au moins) jusqu'à Wittgenstein, la cause semble entendue.

Le rationnel peut difficilement se construire et se dire alors représentons-nous ce qu'il en est de l'affectif. Mission impossible!

Pour en revenir à Michel Onfray, qui semble susciter quelques opinions contrastées, la lecture du titre susdit laisse songeur devant pareille aisance dans l'exposition (quoique les 50 dernières pages soient un peu répétitives). Il parcourt toute l'histoire de la philo occidentale, des présocratiques à Nietzsche, avec quelques références à des études contemporaines. Les citations sont innombrables au point que je me pose la question: a t-il vraiment lu tous les ouvrages auxquels il renvoie?

Il avait 32 ans quand il a écrit ce livre. A supposer qu'il ait commencé à lire "sérieusement" à 12 ans, disons un bouquin par semaine (impossible cadence en fait), il aurait lu un millier d'ouvrages avant de composer son "art de jouir".

Calcul un peu ridicule j'en conviens mais qui alimente l'interrogation... Comment fait-il, sachant bien qu'il y a des individus doués d'une capacité de travail hors du commun (en passant je salue SF, parce que tenir comme il le fait son blog à ce rythme depuis 3 ans... respect. Bon, mais lui on connaît son secret: ils sont plusieurs...).

Ce titre ("l'art de jouir" donc) est curieusement construit d'ailleurs mais cela permet une approche inattendue sur le thème du corps, le matérialisme, le sensualisme et l'hédonisme dont on sait qu'il est un ardent prosélyte (les premières pages relatent son épisode d'infarctus du myocarde).

Cette lecture accélérée d'à peu près tous les auteurs depuis 2.500 ans est l'occasion d'une bonne petite révision et aussi met en relief le très grand creux (tiens, voilà un oxymoron!) de la pensée orientale relativement à ce thème du corps etc. On me répondra, j'imagine, que les "orientaux" ne perdent pas leur temps à divaguer sur le sujet comme nous l'avons fait depuis toujours et plus encore sous l'emprise de la religion.

Ils ont bien raison, ils se sont épargnés bien des névroses...

dimanche 18 mai 2008

Rendez-vous à Samarra



On est en plein désert arizonien, le silence est absolu, Wile Coyotte regarde prudemment à droite, à gauche avant de traverser une voie ferrée puis se fait écraser par un convoi déboulant à 200 à l'heure de nulle part. A moins que ce ne soit chez Tex Avery.

D'où est venu ce gag si ce n'est d'une intuition, comme si les auteurs avaient eu le privilège d'accéder à un reflet d'une réalité autre que celle qui se donne au quotidien dans sa matérialité brute?

On entend 2, 3 fois l'an rapporter un accident mortel résultant du croisement fracassant d'une automobile et d'un train sur un passage à niveau. La voiture est tombée en panne au milieu du passage à niveau quand arrivait le direct en direction de Pézenas nous dit-on.

Ce genre de micro événement ne laisse pas de me laisser songeur.

Comment se fait-il qu'une voiture qui a 4 ans d'âge par exemple, 55.000 km au compteur, tombe en panne ce jour là, à cette minute précise, en cet endroit exact, pas deux mètres avant, pas deux mètres après, quand passe un train sur une voie où peut-être il n'en passent pas 3 par jour, avec une telle précision dans le déroulement du drame que le conducteur de l'automobile n'a pas même le temps de sortir de son véhicule?

On parlera de coïncidence, de hasard, du destin, tous mots qui n'expliquent rien. Mais y a t-il quelque chose à expliquer?

En termes de probabilités, ce type de rencontre, dans ces circonstances, est quasi impensable et pourtant. Est-ce une manifestation métaphysique, voire divine pour ceux qui croient?

N'est-ce pas comme une équation à une inconnue qui restera toujours inidentifiable? Parce que la raison est ici prise en défaut dans une mise en scène tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Une voiture, un train, un instant, un lieu. 2 objets, le temps et l'espace. On sait faire avec habituellement.

Mais il y a là une impasse, quelque chose qui échappe. C'est un peu comme un tour de prestidigitation dont on ne connaît pas les ressorts mais dont on sait qu'il y en a un (ou plusieurs). Mais là, on n'ose penser qu'il y a une "astuce", l'idée même ne vient pas à l'esprit, ce serait s'engager dans une direction susceptible de nous amener face à de redoutables apories.

Fait divers insignifiant et dont vous pouvez vous demander pourquoi je m'y arrête. Et pourtant, si l'on y réfléchit quelques instants, on perçoit qu'il est peut-être comme la brève et fugitive occasion qui nous est offerte de contempler un insaisissable reflet d'un univers parallèle.

Il y a bien des choses qui nous dépassent décidément...

vendredi 9 mai 2008

Au vert




Je vais m'absenter quelques jours, m'éloigner un peu de l'ordinateur et de l'Internet. Ça fera des vacances pour tout le monde... ;-)

Pour les amateurs de Bach je recommande cette "radio de l'escalier" mise en ligne par un internaute au goût sûr.

Je devrais être de retour vers le 20 mai.



Merci de votre intérêt et de vos visites.




jeudi 8 mai 2008

Modernité




It’s been a staple of rightist politicians in France since the 3rd Republique was founded (1871) to tell the French they were suffering from an identity crisis. See Dreyfus and the years preceding WWII. Not to mention 1968 and its wake. I’ve personally heard that line since Giscard became president (1974). The bottom line is to tell people: “You’re sick and you don’t know you are but I’ve got the right medicine for you.” All in all, the identity crisis is a worn out tool in the hands of rightist politicians. Their medicine they call “modernisation”. Now, what is to be understood under this word?

That is really interesting because it may be an opportunity to see how the same word may not refer to the same mental representation between an American and a French. Correct me if I’m wrong but I have the feeling “modernity” for an American usually means “state of the art infrastructures and technology”. A very realistic and down to earth concept. In France there’s been the “Quarrel of the Ancients and the Moderns” more than 3 centuries ago. They were referring to the 2000 year old Greco-Roman values and merits…

Once again, it all has to do with History. When a country is the continuation of a centuries old process of thoughts and progress it has regularly to “reinvent” (for lack of another word) itself because this process is an integral part of both its Identity and Being. Rimbaud in the XIXth is famous for his

“Il faut être résolument moderne”

Hence you can understand modernity in France, and Europe generally speaking, refers primarily not to reality in the materialistic sense of it but on the opposite, refers to a mental state of mind. It nearly bears a Spirituality meaning. From there, it’s easy to understand how misconceptions arise between the two shores of the pond about just one word which actually has two opposite meanings. And this potential misunderstanding is all the more fascinating because “modernity” may be the word Americans (in general) may find the most appropriate to define their country and their culture. Misunderstanding between our two countries often comes from 2 very different (and contradictory) interpretations about one apparently same word. This is another example of such misconception.

The funny thing is that such abyss between the 2 interpretations of this very same word may lead many Americans -through what they’re given to read in their MSM- to believe France is a backward country, stuck in between the XVIIIth and XIXth centuries at best, but certainly way behind America in terms of state of the art infrastructures and technologies. Well, it’s not. The same applies with the word “socialism” which may lead many well-meant Americans into believing France is somewhat a mixture of North Korea and Stalinist Romania…

This reminds me of a quote by a famous American diplomat (was it Powell?) who complained that, when asked a very simple question, the French will start with a complete history of the world or, at least, would go into interminable references to the past and literature and arts etc. ad nausea… Darn it! Can’t they answer yes or no to a simple question? Well, I started by questioning modernity and you’ve been told about Greco-Roman values, about a XVIIth century old literary quarrel between members of the Académie Française and a quote by a XIXth century French poet.

In Marxist terms there are the infrastructures and the superstructures. Regarding “modernity”, I understand Americans would generally tend to consider the infrastructures as the place where modernity is to be found and where its meaning is best exemplified. For Europeans, modernity may be more a matter of superstructure (mindsets and moral values) than anything else.

It is often said in Europe that America is 10 years ahead of the rest of the world when it comes to sciences and techniques.//…//It is sometimes difficult not to think America lags 10 centuries behind regarding its relations with the other countries and peoples of the world.

This may be considered as a blatant illustration of the difference between infrastructures and superstructures. (think religion for example)


mardi 6 mai 2008

Hybris

Le premier Ministre français, à qui la Constitution de 1958 ne donne aucune responsabilité dans le domaine des affaires étrangères, est allé aux États-Unis du 30 avril au 3 mai. Pour qui? Pourquoi?...

Son programme officiel a été rendu public par le biais de l'Ambassade de France à Washington.

Première visite, avant tout autre rencontre avec une quelconque représentation de ses hôtes américains: Guest of Honor of the American Jewish Committee Annual Dinner.

Y aurait-il donc un lobby sioniste aux US qui tiendrait à ce point tous les politiciens occidentaux par les c...s que ceux-ci soient dans l'obligation d'aller faire allégeance audit lobby dès qu'ils posent un pied aux États-Unis?

Hmmm... Ça se saurait non?

Cette omniprésence juive parmi les politiciens et les medias américains est-elle étrangère aux propos invraisemblables tenus récemment par Mme Clinton qui se disait prête à "obliterate" l'Iran si celui-ci lançait une attaque nucléaire sur Israël?

Y a t-il un autre pays au monde où des candidats à une élection présidentielle pourraient tenir de tels propos (sauf peut-être une grande gueule nationaliste russe à la Jirinovski)?

Ce qui est effrayant, c'est qu'il semble que pour nombre d'Américains la possibilité de transformer le monde en chaleur et lumière est une éventualité imaginable et que les US sont plutôt même assez cool de ne pas l'avoir déjà fait.

Ce n'est pas la première fois que je lis ce genre de menace infantile, que ce soit sous la plume de Friedmann du New York Times, dans un article de Newsweek ou dans d'innombrables blogs américains. Jamais on n'entend pareils propos comme autant de promesses d'Armaguedon tenus en Chine ou en Russie voire même en Iran ou je ne sais quelle Corée du Nord.

Mais c'est possible aux US, sans que personne ne bronche vraiment. Voilà où on en arrive quand on se persuade que l'Amérique a des ennemis qui sont connus et identifiés dans tous les "coins" du monde.

Mentalité paranoïaque? Hmmm.. Ça se saurait non?

lundi 5 mai 2008

Moi et l'Autre



Proposons une origine spéculaire au processus historique qui devait aboutir à déterminer la nature de la relation contemporaine entre les États-unis et l’Europe.

On peut considérer qu’il y a eu scission des peuples européens entre ceux qui sont restés-la majorité bien sûr- et ceux qui ont fait le choix de partir. Il y aurait donc eu constitution d’un extérieur, d’un Autre là où il y avait -au-delà des diversités- une unité qui ne s’est révélée que par l’émergence de l’Autre. Selon M. Foucault, c’est en acceptant sa part de folie que la raison a pu se constituer dans toute sa plénitude au sortir du Moyen-âge. Nous serions ainsi l’aboutissement d’un processus similaire de reconnaissance de soi par acceptation de l’Autre.

Cet Autre n’était plus imaginaire et porteur de toutes les peurs et ignorances issues des siècles passés mais bel et bien un Autre réel et double inversé. La figure du miroir devait inéluctablement devenir l’instrument privilégié et prévalent avec laquelle l’Europe devait désormais se confronter avec son double Américain. N’oublions pas que l’Amérique a été pendant longtemps une simple extension géographique de l’Europe. Bien que les conditions objectives alors existantes expliquent le départ des immigrants, ceux-ci n’étaient pas contraints absolument à l’exil. L’acte positif de séparation, de rejet, et ainsi de constitution de l’Autre, ce sont les immigrants qui l’ont accompli, ce n’est pas ceux qui sont restés qui ont poussé les autres à partir.

Cette constitution progressive d’une cohérence (américaine) nationale fondée sur un rejet et un refus originels peut-elle rester sans conséquences sur la façon dont les Américains blancs contemporains considèrent l’Europe dont leurs ancêtres s’étaient volontairement exclus? Cette auto exclusion pouvant également se comprendre comme un abandon voire une “trahison” (il doit bien y avoir dans l’Ancien Testament une parabole de cette farine)

Si l’on ose placer ce rejet sur un plan moral, peut-on alors parler d’une faute dont le souvenir serait une composante discrète -mais permanente- de la psyché collective de l’Amérique blanche? Et qui devrait toujours être présente à l’esprit de qui réfléchit sur la nature des relations transatlantiques. Y a t-il une culpabilité sous-jacente dans un certain regard qui va des Etats-Unis vers l’Europe et qui ne peut s’exprimer vis à vis des pays d’origine de la majorité des descendants d’immigrants (Italie, GB, Pologne etc.) car cette culpabilité qui doit rester secrète se révèlerait alors immanquablement par le rappel de l’abandon originel que sa manifestation ne manquerait pas de ressusciter?

Si nous adhérons à cette hypothèse, il semble alors acceptable de considérer que c’est précisément la France qui servira de surface de projection à l’expression d’une mauvaise conscience américaine (si mauvaise conscience il y a) comme le disait Susan Sontag. S’il y a un pays en Europe qui a très peu contribué à la constitution de la population américaine (Louisiane mise à part) c’est bien la France qui n’entre pas dans ce schéma de rejet/abandon/trahison et contre laquelle précisément ces qualifications morales sont le plus facilement adressées par les média américains, au point d’être devenu un lieu commun du regard de nombre d’Américains sur elle.

Rien de plus classique que de déverser sur l’Autre qui n’en peut mais, tout l’ingérable et l’encombrant de son passé et de son identité en accusant ledit Autre de tout ce dont on est porteur et dont on veut se soulager alors même que lui (l’Autre) est radicalement étranger aux “reproches” qui lui sont adressés. Doit-on évoquer un processus paranoïaque? Ou bien alors une figure christique? Pour les Européens l’Autre c’est encore l’Amérique mais pour l’Amérique, l’Autre n’est-ce pas d’abord la France (souvent synonyme d’Europe) précisément parce qu’il y a très peu de racines françaises en Amérique et que l’identité américaine n’est en rien redevable au pays des Gaulois qui, lui, n’a pas eu besoin non plus de l’immigration vers l’Amérique pour s’identifier.

Bon, c’est juste un essai de construction hypothétique dont on peut ne rien retenir… ou peut-être pas. Il est des questions qu’un Européens peut poser mais auxquelles il ne peut répondre…



(L'image est un détail de la Vénus au miroir de Rubens)

samedi 3 mai 2008

Exécution d'Etat




La peine de mort est abolie en France depuis 1981 paraît-il.

Eh bien non, il est un cas où des représentants de l’État sont autorisés, à dire vrai ont même l’obligation, d’user d’armes à feu pour tuer. Il s’agit des évasions ou tentatives d’évasion de prison.

Le cas s’est produit le 26 juin 1999. Quand E. Guigou (la dame des «incivilités») était garde des sceaux, cinq détenus se sont évadés par hélicoptère des Baumettes à Marseille.

Je crois me souvenir que l’évasion ne devait concerner que quatre détenus mais qu’un cinquième en a profité pour tenter sa chance. Mal lui en a pris, il s’est fait tirer comme un lapin et est mort au bout du filin auquel il s’était agrippé. Bien formés les matons sur ce coup…

C’est un cadavre que l’hélicoptère a laissé au sol. Les quatre autres ont été repris quelques mois plus tard.

Donc, sans qu’il y ait légitime défense ou nécessaire protection de qui que ce soit, il est possible et même légal en France d’exécuter un condamné hors jugement. De fait, le type qui s’est fait abattre avait été condamné à 15 ans peut-être pour braquage, que sais-je, mais pas plus.

Imaginons à présent qu’un innocent soit en prison (il y en a en France, que croyez-vous?) et qu’il ait la malencontreuse idée de vouloir s’évader… Pan! L’État se fera «respecter» quel qu’en soit le prix.

Que serait-il advenu de Patrick Dils dont il était question il y a quelques jours s’il avait tenté la belle? Il aurait été abattu, il n’y aurait pas eu révision et il serait resté comme l’assassin des gamins. Voilà qui à coup sûr aurait fait l’affaire de l’institution judiciaire (et de ses servants les magistrats).

La France pays des droits de l’homme? Mon œil

jeudi 1 mai 2008

The U.F.O. conspiracy













Although totally unimportant, this whole UFO topic is another display of ethnocentrism toying with the concepts of time and space. Nothing new here although, in its current form, it has really taken off after WWII. I can’t remember what Kant had to say about little green men from outer space. Eventually it all boils down to the same question, although formulated in a modernized, more technologically related version: “Could I be somebody else living in another place in another time?”

Those gullible enough to really believe in the possibility of visiting extraterrestrial beings are just looking for themselves in a fabricated mirror of their own. In search of their identity, or their self, whatever one wants to name it.

Coincidentally, and I’m not trying to be offensive nor provocative here, the OVNI industry really started in the US and the “virus” spread from there all over the planet in the years following WWII. Communist regimes were not amused at all with this stuff which they saw as another attempt of the capitalists to distract the working masses from the real problem they had to face and the real struggles they had to lead in order to get free from the alienation the capitalists wanted to impose and maintain on them. (Methinks their analysis was right).

For those interested in the multi-dimensions problematic, may I suggest to read this entertaining little book published in 1884. It’s funny and yet very serious!

As for the rational impossibility of space travel and visitors from hundred thousands light years away from earth, there was a convincing demonstration by E. Fermi : Given the extraordinary short time-span of human life in the universe, it would take a nearly incommensurate probability (asymptotic, that is impossible) that there could be a coincidence between the moment any UFO would start their travel from a distant Galaxy and their arrival on earth (why earth?) at the moment when it is populated with our race. Any margin of, be it only some million of years, would be totally unacceptable. Some “million of years” are a bat of an eye in the face of a hundred thousands of light years travel.

Where I agree with the view the communists held about the UFO thinghes is when I consider the millions of young people who were raised with such insanities and grew definitely convinced with such b.s in their heads. 

What a waste of available intelligence!