jeudi 30 octobre 2008

Homo homini lupus




J'ai lu quelque part que la race humaine avait, en cumulé, atteint le nombre de 90 milliards d'individus. Depuis Croc-Magnon? L'homo sapiens? Peu importe, restons sur ce chiffre, plausible, de 90 000 000 000 d'êtres humains.

Question : De quand datent les premiers délabrements mentaux? Certainement il y avait des schizophrènes à Babylone comme il y avait des paranoïaques sur les bords du Gange il y a 10.000 ans.

La question ne se pose peut-être même pas de cette façon. L'émergence de l'humain à partir de la bête a supposé un très, très long effort d'autonomisation et de distanciation d'avec l'animalité. Le psychisme tel que nous l'entendons est issu de ce processus.

Les névroses et autres psychoses supposant un certain niveau d'élaboration du psychisme, on peut supposer que les hommes des cavernes ne connaissaient guère les névroses, si ce n'est des linéaments de ce que nos comprenons comme tel à présent.

La multiplication des troubles mentaux irait donc de pair avec l'accroissement de nos facultés. Comme quoi nous ne sommes pas tirés d'affaire, il y aura de plus en plus de "perturbés" qui n'ont pas pu accéder à un niveau acceptable de civilisation. Chaque homme dans sa nuit dirait Julien green.

Il est en quelque sorte miraculeux que nous ne nous sautions pas à la gorge les uns les autres mais rassurons-nous, collectivement nous n'avons cessé de le faire depuis la nuit des temps.

Et l'on voudrait me faire croire que nous ne vivons pas dans un infernal asile d'aliénés?


(Il aurait fallu que je lise l'Histoire de la folie de Michel Foucault avant de commettre ce billet...)

mercredi 22 octobre 2008

Copains




Je n'ai jamais lu un seul album d'Enki Bilal. Belle affaire me direz-vous, je ne suis pas le seul.

Mais tout de même, lui et moi avons partagé nos 7 ans de lycée, pas seulement dans le même établissement mais dans les mêmes classes. Ses dons pour le dessin étaient déjà évidents et il était d'abord connu pour ça. Et son extrême gentillesse. Bref nous étions copains et je lui passais mes albums de Spirou en 1963. Dans un entretien à Libé il y a plus de 20 ans (pas le courage d'aller chercher l'article pour préciser la date) à la question d'où lui était venu son goût pour la BD il avait cité un copain de lycée etc.

Il semblerait normal donc que j'aie lu tout ou partie de son œuvre.

Il avait participé à un concours lancé par le journal Pilote et il l'avait gagné. Ce qui lui avait valu d'être publié en 1970 ou 1971. C'est loin tout ça...

Mais voilà: les BD je m'en suis rassasié de 6 à 12, 13 ans et je suis passé à autre chose.

Son style est immédiatement identifiable, personnel mais sans contester le moins du monde son talent, je me demande s'il sait ce qu'est le mouvement. Toutes ses planches me font l'effet d'être une succession d'images toutes plus statiques les unes que les autres.

Par ailleurs, a t-il jamais dessiné un personnage souriant?

Il sait ce que sont la couleur et le graphisme mais son univers désespéré et, d'après ce que j'en ai saisi, trop manichéen, ne m'incite pas à le lire.

Mais je parle sans doute (certainement) de ce que je ne connais pas. Il faudra donc que je me résolve à emprunter un ou deux de ses albums à la bibliothèque. Quitte à faire amende honorable...


mardi 14 octobre 2008

A la surface





ARTE a diffusé hier un des documentaires de B. Monsaingeon consacré à Glenn Gould. Et une fois encore j'ai entendu un interprète parmi les plus grands exposer que plus il travaillait l'œuvre de tel ou tel compositeur plus il la découvrait et plus il en admirait la prodigieuse splendeur.

Il y a 40 ans c'est Arthur Rubinstein que j'avais entendu dire la même chose. Pianistes ou violonistes, tous s'accordent sur ce point que n'importe quel mélomane un tant soit peu averti ne peut qu'humblement accepter.

C'est une chose que de suivre, avec la partition éventuellement, les Variations Goldberg ou la Sonate n°4 en mi bémol majeur de Mozart, c'en est une tout autre que de reconnaître l'architecture intérieure, faute d'une meilleure expression, de ces œuvre et de toutes les autres.

Et encore la musique est-elle, à mon sens, l'expression artistique la plus facilement accessible. Pas d'effort (de lecture) à faire comme pour la littérature, pas d'interprétation symbolique comme pour la peinture; la chorégraphie ou la sculpture sont-elles mêmes abordables sans une sérieuse formation a priori?

Nous croyons entendre et nous n'entendons rien, nous croyons voir et ne voyons rien. C'est une lapalissade évidemment mais le visiteur du musée des Arts Primitifs ne voit pas les mêmes objets selon qu'il vient d'Europe ou d'Océanie.

Un auteur avait rendu visible dans un de ses romans l'architecture de La vie mode d'emploi, Georges Pérec, un peu comme les architectes du Centre Beaubourg à Paris. Mais au fond, ce n'était qu'un dévoilage partiel et dans le cas de Pérec, cela faisait partie de ses "contraintes".

Il n'empêche, je me sens désespérément éloigné de tout espoir de pénétrer davantage Le clavier bien tempéré. N'est pas Glenn Gould qui veut non plus... Je reste sur la surface à deux dimensions d'un monde qui en compte plus de trois.

Peut-être les Haikus offrent-ils une possibilité d'emprunter la voie qui mène à la transcendance?



(J'avais consacré un billet il y a un an sur ce même thème mais Blogger, qui n'est décidément pas fiable, n'a pas gardé trace de l'illustration, un fragment d'un G. de La tour)

vendredi 10 octobre 2008

Le Nobel de théologie


(Ce billet a été publié il y a un an. On sait bien que la crise financière actuelle est la conséquence d'un laxisme invraisemblable dans la gestion des opérations à risques bancaires. Il n'empêche...)


Le "Nobel" d'économie 2007 vient d'être décerné à 3 Américains (surprise!). On est content pour eux mais tout de même, on prend la liberté de poser quelques questions: A quoi rime cet exercice d'auto congratulation?

A qui viendrait l'idée de se demander quelles avancées, quels progrès de la condition humaine ont apportés les Nobel de physique, chimie et médecine? Considérons les prix décernés dans ces 3 disciplines depuis 100 ans et chacun comprendra bien en quoi la plupart des travaux distingués ont contribué au bien-être de l'humanité. Certains cependant ne sont pas interprétés à présent comme ils l'étaient il y a un siècle.

Les prix Nobel de littérature permettent de découvrir des oeuvres qui, peut-être n'auraient pas accès à la notoriété qui leur est ainsi octroyée. JM.G LeClézio par exemple...

Le prix Nobel de la paix (norvégien) au fond suscite déjà plus d'interrogations.

Mais le prétendu prix Nobel d'économie est une farce qui ne concerne que les initiés d'une secte qui s'auto congratulent.

En se présentant comme l'outil d'analyse sociale ayant le plus de rapport avec le réel de toute l'humanité, l'économie se présente pour plus qu'elle n'est et surtout pour beaucoup plus qu'elle ne peut. 39 prix décernés à 61 économistes (99,99% de la sphère occidentale). Avec un tel aréopage de sommités, on pourrait croire que les maux les plus endémiques de l'économie mondiale sont en train d'être résorbés à jamais. Chômage, croissance, pouvoir d'achat, investissements, pauvreté etc ne sont plus que lointains souvenirs d'une humanité dépourvue des lueurs de nos savants économistes.

Autrement formulé, à quoi ont jamais servi les travaux honorés du prix Nobel d'économie? Où en a t-on jamais vu une application effective avec des résultats probants quant à la pertinence des analyses?

Ce ne sont toujours que des recherches d'économétrie qui sont récompensées et qui n'intéressent que les quelques centaines de professeurs/chercheurs en économie qu'on retrouve toujours au sein des universités anglo-saxonnes. Tous ces travaux n'ont aucune application pratique mais, sous le couvert de l'appelation "économie", ils prétendent à une scientificité qu'ils n'ont pas plus que n'en auraient des recherches (il y en a!!!) en théologie.

A quand le prix Nobel de théologie à un moderne Thomas d'Aquin pour ses travaux sur le nombre d'anges qu'il est possible de faire tenir sur une tête d'épingle?

samedi 4 octobre 2008

Certificat médical





Qu'il était horripilant Monsieur bling-bling pendant les premiers mois de son mandat avec ses Ray Ban constamment vissées au nez.

Mais ça semble fini à présent. Je ne crois pas qu'il ait changé de style ni de fournisseur mais bien plutôt qu'il a dû se résoudre, sur les conseils de son équipe de communicants, à s'en passer.

Mais cet horrible et exaspérant rictus qu'il arbore dès qu'il est à l'extérieur, particulièrement au soleil, ne signale t-il pas une hyper sensibilité à la lumière qui porte certainement un nom en ophtalmologie (genre antonyme de nyctalope...)

Bon, ça ne me le rend pas plus sympathique pour autant mais si mon hypothèse est exacte, accordons-lui tout de même une excuse médicale pour son port de Ray Ban (Encore qu'il y ait d'autres marques sur le marché..)