Bon, cela ne me concerne pas vraiment étant du sexe que les femmes n'ont pas et n'ayant pas exactement l'intention de me marier.
Il n'empêche, il y a bien longtemps que je me suis interrogé sur ce que pouvait bien signifier pour les femmes qui se marient le fait de perdre volontairement leur nom au profit de celui de leur mari.
Je sais bien qu'il leur est loisible de conserver leur nom de jeune fille en l'accolant à celui de l'époux mais combien le font et tout de même, y a t-il signe identitaire plus fort socialement que le nom que l'on a porté depuis sa venue au monde?
Et même, le nom, ce mot qui désigne toute chose en leur donnant une existence, le nom est bien ce à quoi je m'identifie et qui m'identifie à mes propres yeux.
Ces femmes qui acceptent donc de se déprendre de leur nom originel ne manifestent-elles pas que ce nom n'était que provisoire, en attente de celui qui leur donnerait leur véritable identité? Comme si, dès leur plus jeune âge, elles pressentaient que la réalisation de leur identité se ferait par le biais du mariage et du rejet d'un nom qui n'aura été qu'un signe à l'usage duquel elles auront bien dû se faire presque contre nature.
Ce quasi nom d'emprunt qu'elles auront porté pendant une vingtaine d'années, leave a little, take a few, on pourrait croire que le mariage les en débarrasse comme d'une peau dont le serpent se défait pour ressusciter.
Sans doute y a t-il tout un processus culturel à l'œuvre dont l'aboutissement est de préparer les filles à l'assujettissement au prince charmant grâce auquel elle réaliseront leur féminité/maternité.
Processus culturel à l'œuvre également chez les garçons mais en sens inverse: Ils savent, et c'est rassurant, qu'ils ne perdront jamais leurs noms eux, et que leurs noms ne dépendront jamais de quelque circonstance extérieure que ce soit. Et certainement pas du mariage. (Il ne manquerait plus que ça!). Leur identité ne sera jamais altérée pour ce qui est de leur nom. Moi je suis moi et ne serai jamais quelqu'un d'autre que moi!
Nous n'en sommes pas à la burka/niqab, mais il me paraît que cette disposition sociale qui semble être quasi universelle, marque d'une façon doucement subliminale une autre forme d'aliénation (*) de la femme. Du nom du père elle passe au nom du mari. Comment ne pas voir là une sujétion qui passe de génération en génération avec dilution irrémédiable du lien avec la mère originelle, Gaïa la génitrice archaïque?
Mais qu'en sais-je après tout? Je suis mâle et resterai toujours hors les liens sacrés du mariage...
(*) Aliénation: ce qui est étranger à soi-même. La messe est dite n'est-ce pas?
9 commentaires:
Je ne suis pas mariée et je porte donc mon nom patronymique depuis ma naissance, mais c'est le nom de mon père et comment faire autrement, dites-moi?
Picasso, très exactement Pablo Ruiz y Picasso a choisi le nom de sa mère... au moins, l'illusion du choix.
J'ajoute pour le vivre que mes connaissances ou collègues sont toujours empêtré(e)s pour désigner celui qui vit avec moi: "ton compagnon", "ton ami", "ton chéri"? Bien souvent, selon le degré de gêne, ça finit toujours par "ton mari", avec la précision que "c'est plus simple". J'en ris!
La seule chose que j'ai gagnée par rapport à ce nom d'homme que je porte, c'est qu'il est désormais précédé de "Madame" eu égard à mon âge, contredisant l'état civil selon lequel je reste (encore!!!) une demoiselle...
Revu hier soir "Quatre mariages et un enterrement" comédie gentillette dont la scène finale - la demande en non mariage- me plaît toujours autant!
Pour Anijo, un petit clin d'oeil musical
http://www.youtube.com/watch?v=JpWrdgRPqyI
Vous portez la moustache maintenant? Est-ce une façon détournée (pas tant que ça...) de me renvoyer à la chanson: "Quand on est c. on est c."?
Plus rien ne saurait m'étonner de la part des féministes!
Il ne s'agissait pas d'exposer combien toutes les sociétés sont patriarcales depuis la nuit des temps (sauf chez les Amazones) mais de m'interroger sur l'acceptation apparemment sans questionnement des femmes qui perdent leur nom de père pour un nom de mari comme si leur identité en tant qu'individu social dépendait du mâle et de lui seul et que tout cela n'avait de toute façon aucune importance.
Ont-elles à ce point intégré le patriarquisme (orthographe?) et le considèrent-elles comme allant de soi?
Comme vous l'écrivez, quoi faire d'autre? Et dans la même foulée vous donnez l'exemple de Picasso.
Un nom vient bien de quelqu'un, nous sommes d'accord mais est-il impossible d'imaginer une autre façon de déterminer les noms de famille?
Il est vrai que c'est le papa qui apporte la petite graine ce qui tend à vérifier le postulat de De Beauvoir: "On ne naît pas femme etc."
C'est la dimension psychologique qui suscitait là ma curiosité.
Après tout, de quoi je me mêle? :-D
J'ai vu 4 mariages et un enterrement à sa sortie, il y a donc une quinzaine d'années et c'est à présent bien flou dans ma mémoire.
Je ne connaissais pas Hugh Grant.
Agréable, le film a aussi eu le même effet chez nos amis Américains qu'Amélie Poulain: Présenter une version carte postale de la G.B pour l'un et de Paris pour l'autre.
"Un nom vient bien de quelqu'un, nous sommes d'accord mais est-il impossible d'imaginer une autre façon de déterminer les noms de famille?"
En Islande, on a un nom patronymique ou matronymique. Vous êtes "fils de…" ou "fille de…", et vous gardez votre nom lorsque vous vous mariez. Mais le patriarcat règne tout de même, puisque, "fils de" ou "fille de", c'est le plus souvent le prénom du père qui est indiqué. Ils peuvent aussi utiliser le second prénom, ce qui fait que dans une famille, chaque membre peut avoir un nom différent.
Seuls 10 % des Islandais ont un nom de famille, généralement hérité d'un parent étranger, mais même eux utilisent généralement un nom patronymique ou matronymique, que leurs parents leur ont donné, ou qu'ils ont choisi. Parce que, bien entendu, on peut choisir son nom patronymique ou matronymique, formé à partir de n'importe quel prénom d'un des parents.
L'exemple suédois m'était venu à l'esprit avec les Gustavson, Anderson etc. et les dottir (daughter, Tochter) islandais que tu mentionnes.
Mais tout cela nous ramène au père...
En chinois aussi je crois, il y a beaucoup de noms qui renvoient au nom du père (tellement qu'ils ont des problèmes, ai-je lu, à identifier les uns des autres).
Le Ben arabe n'est en ce domaine rien d'autre que le son des scandinaves.
Qu'en est-il en russe et dans les langues archaïques (Aborigènes ou Indiens d'Amazonie par exemple?).
Sans doute la même chose qui ramène toujours à la petite graine...
Mais la petite graine n'est rien sans le gros œuf pourtant...
Pas de doute, le monde est patriarcal... ce n'est pas une découverte.
j'aurais dû lire Lévi-Strauss.
"Pour Anijo, un petit clin d'œil musical
http://www.youtube.com/watch?v=JpWrdgRPqyI"
Comme c'était un message privé, je ne l'ai ouvert qu'après avoir écrit ma réponse.
Titre bien choisi en effet. J'ai d'ailleurs suivi le bon conseil de note auteur et m'en porte très bien... ;-D
Two things, in the 19th century when my grandfather came to the U.S., immigration found his name too difficult so just assigned another. That became the name of my father and mine.
I know the original name, but geneological research is not my thing.
It is interesting to read Robert Graves on the change from matriarchy to patriarchy in books like "The White Goddess" and "The Greek Myths".
Ned,
The same story happened to Jules Dassin whose parents arrived from Ukraine and couldn't utter one single word in English.
Therefore, to the imigration agent asking where they were from, Jules' father answered : Odessa, which the officer turned into Dassin.
"geneological research is not my thing."
I have something in store for you then. It's in French and rather long (and I hope, not lenghty).
Comme j'en ai déjà parlé à ZapPow je crois, je le mets demain en ligne.
Merbel,
What is interesting about Brassens is that he and his lover never lived together.
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