lundi 7 juin 2010

Peter Singer, Schopenhauer and me.

Je tombe sur un article dans le New York Times qui reprend mon antienne exposée à plusieurs reprises ici et là. C'est Peter Singer qui l'a écrit. je ne le connaissais pas mais je vois grâce à Wiki que ce professeur expose des thèmes qui me tiennent particulièrement à cœur. Je viens d'apprendre quelque chose, cette journée m'a enrichi (à la Sénèque).

Et figurez-vous qu'il se réfère à Schopenhauer, mon vénéré maître! J'ai voulu répondre dans la section commentaires mais embrouilles avec mon ancienne adresse de messagerie, code, mot de passe etc. j'ai laissé tomber. Les commentaires américains sont d'ailleurs intéressants (bien plus que les commentaires des lecteurs des journaux français quels qu'ils soient en général)

Toujours est-il qu'il reprend une argumentation que j'avais exposée au début du blog et que je reproduis ici. 


Je suis de ceux qui pensent en effet qu’accepter de donner la vie est moralement criminel dans la mesure où c’est consentir au Mal. Comme s’il n’y avait pas assez de souffrances, de douleurs, de misère et de chagrin par devant chacun d’entre nous.

On aura reconnu bien sûr une préoccupation vieille de plusieurs millénaires et que l’on retrouve et encore ici.

On s’entend souvent répondre que «c’est un avenir meilleur qui attend les enfants à naître, c’est un message d’espoir» etc. Depuis le temps ça se saurait… Là n’est d’ailleurs pas la question. Prendre la responsabilité de prolonger sa lignée c’est condamner autrui à la mort. Ainsi que ses successeurs pour toutes les générations à suivre.

Décider de se reproduire c’est accepter de courir un risque, assuré mais non assumé, d’infliger à son prochain des épreuves sans fin et parfois sans limites dans l’horreur. C’est également acquiescer à l’avance à ses propres insupportables tourments à venir en faisant le pari inconscient que ça n’arrive qu’aux autres.

Ce sont des centaines de millions d’êtres humains qui ont souffert et péri dans d’abominables conditions depuis des siècles -et ils sont encore autant à venir- pour satisfaire l’égoïste et totalement irréfléchi plaisir de la bêtise incarnée en nous.

Quand bien même un individu serait miraculeusement épargné par les maux qui sont le propre de la condition humaine, il n’empêche qu’il vivra au sein d’un inépuisable univers de cruautés et de souffrances et qu’à ce titre il en sera témoin. Cela seul peut être une terrible souffrance morale pour qui a le courage et la lucidité de le regarder en face. Alors se reproduire, c’est simplement être complice du Mal, c’est être une énième incarnation du Mal soi-même.

«Si on suit ton raisonnement c’est la fin de l’Humanité» me répondra t-on. C’est bien ce qui peut lui arriver de meilleur à l’Humanité! Par ailleurs je ne me sens pas responsable du sort de l’Humanité. Enfin, il y aura toujours plus de bipèdes pour désirer se multiplier. 

Ne nous inquiétons pas pour l’Humanité mais bien pour chacun de ses membres.

Juste une "petite" nuance : sa conclusion est positive, il admet son optimisme en la matière. Ayons des enfants en faisant le pari que le temps aidant les choses s'amélioreront. Il n'est d'ailleurs qu'à moitié convaincu lui-même.

Comme je l'écrivais il y a 2 ans et demi, depuis le temps cela se saurait que les choses vont en s'améliorant.

Evil resides in the deepest of our hearts, sleeping most of the times until it decides to strike. Woe to who is the one he chooses!


(La photo du singe car les yeux des animaux sont des miroirs qui ne nous regardent pas. Il y a tout un développement à faire mais ce sera -peut-être- pour une autre fois. C'est aussi un rappel de l'ouvrage qui a fait connaître Peter Singer et qui est à l'origine du mouvement PETA au USA.)

4 commentaires:

Flocon a dit…

En moins d'une demi heure plus de 400 commentaires ont été mis en ligne suite à la publication de l'article!
Impossible de tout lire évidemment.

Dommage et tant mieux j'ai tant d'autres choses à lire A commencer par l'ouvrage majeur de Singer.

merbel a dit…

Je viens d'achever le petit livre de Jean Teulé "Le magasin des suicides". C'est p't-être un antidote pour soigner cette drôle de maladie dont vous parlez? En tout cas, c'est d'un humour grinçant... et décapant. Je vous le recommande si vous ne le connaissez pas déjà.
(une façon de détendre l'atmosphère: le sujet est grave, docteur!... mais je dois dire que je fais partie de ces "criminel(les)s" qui ont donné la vie. Rires!)
Bien à vous.

Flocon a dit…

Bonsoir Merbel,

"je dois dire que je fais partie de ces "criminel(les)s" qui ont donné la vie."

Avec un pseudo tel que le vôtre je m'en doutais bien... ;-)

Il est sûr que c'est un thème délicat à aborder avec les dames...

La nature dans sa grande sagesse a laissé aux hommes le privilège d'être biologiquement (et culturellement) affranchis de cet instinct...

Il n'empêche, on peut se poser ce genre d'interrogations comme l'ont fait d'ailleurs tant l'auteur de l'article que les plus de mille lecteurs qui ont laissé un commentaire.

Je dois me racheter une conduite!

Parmi les prochains billets je fais dans le facile demain avec Christine Boutin, puis je prévois un "Je suis un monstre", "Quel temps fera-t-il à Yokohama le 12 octobre 2358 à 13h37", un titre encore incertain pour "La musique, corporéisation de l'en-soi", "Plus de poissons dans la Seine", "Échafaudages" (sur le langage).

Ce que vous ne me faites pas faire! Je n'ai pas souvenir avoir ainsi dévoilé mes projets de prochains billets...

Plus l'actualité qui offre 10, 20 sujets par jour.

J'ai de quoi faire vraiment.

Je situe assez bien Jean Teulé, un ex de Canal +, rimbaldien chevronné comme je fus saisi à 23/24 ans par Sensation.

Je ne fais pas de recherches, il est tard, je plie bagages mais Rimbaud n'a-t-il pas écrit Sensation avec le "Demain dès l'aube" à l'esprit?

merbel a dit…

Non , Demain dès l'aube, c'est le grand Totor national! Les Contemplations...
En revanche, Rimbaud a écrit le très beau poème "Aube" (il devrait vous plaire celui-là!).