samedi 26 juin 2010

Adi Shankara réfute la preuve ontologique

C'est en navigant sur la toile que je viens de découvrir la personnalité que fut Thomas Sankara (je suis toujours en retard d'un train) à l'occasion d'une citation qui lui est attribuée:                      
"La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament"
 Problème: j'ai confondu l'ancien président du Burkina Faso avec Adi Shankara.
Merci à l'ami ZapPow qui a corrigé cette grossière erreur et me permet par ailleurs d'apprendre qu'a existé ce maître à penser hindou essentiel. Il faudra bien un jour que je me mette sérieusement à l'étude des systèmes de pensées indiens.    
Heureusement cette erreur d'attribution n'affecte pas le fond de notre affaire.                   
Désolé de revenir sur mon dada du moment mais cette citation expose de façon explicite comment se démonte la pseudo preuve ontologique de l'existence de Dieu. Ce n'est pas Dieu qui m'importe ici évidemment mais l'aberration logique sur laquelle Descartes, et d'autres, ont construit cette imposture et comment elle se démonte tout simplement.
La réfutation classique est celle que donne Wiki:
L'argument ontologique confond deux ordres : celui de la pensée et celui de l'être, c'est-à-dire l'objet conceptuel et l'objet physique. Il y a une différence entre l'ordre de la conception des choses et celui de leur existence. Connaître Dieu comme parfait ne permet pas de conclure à son existence réelle, d'autant qu'on pourrait aussi bien affirmer que la perfection est l'expression de qualités infinies, donc inaccessibles. La perfection, même en pensées, n'existerait pas. L'argument ontologique utilise la définition de l'essence pour prouver l'existence, alors que l'existence ne peut être prouvée qu'à partir de l'observation de l'essence, non de sa définition.
Il y a aussi la réfutation de Kant qui a mis un terme définitif à ce tour de passe-passe issu de la philosophie quand celle-ci était servante de la théologie.
La citation de Shankara opère ni plus ni moins la distinction entre l'essence et l'existence. On peut nommer une chose sans pour autant qu'elle existe ce qui fut l'objet essentiel de la philosophie médiévale européenne c'est à dire la scolastique (cf. nominalisme, essentialisme).
Nommer le médicament c'est lui accorder une essence qui ne devient existence que par la prise dudit médicament et non par sa simple dénomination. Il en va de même du Pastafarisme (Flying Spaghetti Monster). On peut toujours en parler, lui accorder n'importe quelle essence, juste une petite chose: je demande à voir!
Cela ne changera la vie de personne mais il est bon, je crois, d'éclaircir et d'élucider toutes les manœuvres, astuces et ficelles dont les théologiens sont capables pour faire passer des vessies pour des lanternes et ainsi manipuler les masses au profit du pouvoir que les religions veulent exercer sur elles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ZapPow a dit...

Il y a confusion : la citation n'est pas de Thomas Sankara, mais d'Adi Shankara, philosophe et mystique indien né au VIIIe siècle.


Adi Shankara :
http://en.wikipedia.org/wiki/Adi_Shankara

Flocon a dit…

Ah ben j'ai l'air malin moi!

Merci de la rectification. En plus j'ai appris quelque chose: une journée fructueuse donc.

L'erreur révèle ainsi sa face positive: Elle masquait une vérité qu'il fallait dévoiler comme tu l'as fait.

De la part d'un militant révolutionnaire comme l'était Thomas Sankara la phrase ne me semblait pas improbable puisque je la comprenais comme une dénonciation des discours stériles auxquels sont habitués les peuples opprimés.

"Il faut agir et non se contenter de désigner les causes de notre aliénation", voilà ce que je comprenais dans cette citation mal attribuée.

Comme je porte un intérêt très fort ces temps-ci pour la philo, j'ai opéré un peu trop rapidement un rapprochement avec un thème classique.