Berkeley
(Introduction aux principes de la connaissance humaine)
Je n’en sais rien et personne n’en saura jamais rien sauf quelques jours, peut-être semaines, auparavant.
Tous les éléments physiques qui amèneront à la situation climatique ce jour là en cet endroit et à une heure particulière (on pourrait imaginer plus précis, genre ouest de la baie de Yokohama à 15h47 par exemple) sont déjà présents et à disposition pour calculer et prévoir si ce jour sera pluvieux, venteux, ensoleillé, brumeux, sec, humide etc.
L’an dernier Météo France a acquis un super ordinateur qui permet d’affiner les prévisions météo comme jamais auparavant. Nous ne pouvons cependant prévoir le temps (on aurait besoin de weather ici) qu’au maximum une semaine à l‘avance et avec un degré de précision très, très incertain au-delà de 4 ou 5 jours. Un mois c’est déjà impossible alors 1649 ans…
Ce qui est assez paradoxal c’est qu’il est possible avec les moyens informatiques actuellement disponibles de "remonter" dans le temps jusqu’à quelques minutes avant le Big Bang qui ne date pas de quelques milliers d’années mais de 13,7 milliards d’années. Toutes les simulations avec de multiples super calculateurs connectés en réseau nous donnent des résultats autrement plus fiables sur l‘origine de l’univers que tous les plus puissants ordinateurs ne peuvent le faire concernant le climat à venir quelques semaines à l’avance.
On en déduit que les prévisions climatiques sont infiniment plus complexes à élaborer. Les lois de l’astrophysique sont connues (même si elles doivent peut-être encore connaître de beaux développements), le cours des planètes est également suffisamment régulier et connu pour que l’on puisse établir tant a posteriori qu’a priori les dates de telle ou telle éclipse entre le soleil, les planètes, et leurs satellites plusieurs millénaires avant ou après nous.
Mais le climat dépend de tant de milliards de milliards de facteurs qu’il est et restera à jamais impossible de prévoir le temps plus de quelques semaines à l’avance et ce avec une probabilité très aléatoire.
Courants marins, activité solaire, tremblements de terre, raz de marée, activité volcanique, dérive des continents, éclipses, mouvements de la Lune et rotations de la Terre , incessants mouvements de l’atmosphère, des masses d’air chaud ou froid, voir l’irruption d’un astéroïde géant comme celui qui est tombé en Sibérie en 1910 etc.
Tout peut a priori se calculer et se prévoir (les tremblements de terre par exemple dont on sait qu’ils se produiront nécessairement sur telle ligne de fracture mais quand ?) mais il y a tellement de facteurs en jeu que même les plus puissants calculateurs ne peuvent et ne pourront jamais les intégrer.
On peut reconstituer, à l’échelle mondiale, les températures et un certain nombre d’autres données relatives au climat que connaissait la planète il y a quelques millions d’années mais d’une façon très générale. Impossible de dire quelle température il faisait tel jour donné il y a 5,8 millions d’années, s’il pleuvait, ventait, si le ciel était dégagé ou couvert etc. en tel ou tel endroit précis du globe. Alors même que l’on dispose de tous les éléments permettant a priori de faire ces calculs a posteriori, c’est en fait impossible il y en a trop et il y en aura toujours trop.
Au niveau macroscopique ce travail de reconstitution est relativement possible mais impossible en prospective. Quant au niveau microscopique (un jour, un endroit précis) c’est à peine pensable.
Pour mieux illustrer cette impossibilité à réaliser ces calculs prospectifs ou rétrospectifs représentons-nous les vagues, en pleine mer ou celles que l’on peut observer du rivage.
C’est la pure matière "vivante" en mouvement dont il s’agit là. Chaque vague se créée et de défait, non pas d’une seconde à l’autre, mais dans un mouvement permanent au gré des pressions qui s’exercent en permanence de tous côtés dans le strict exercice des lois de la gravitation universelle.
L'univers est infini parce qu'il est mouvement. Et nous-mêmes ne sommes mouvements qu'une fraction de milliardième de micro seconde au regard d'un ensemble dynamique illimité qui nous emporte et nous échappe à chaque instant. Tout le savoir accumulé de l'humanité depuis quelques millénaires nous permet au mieux de comprendre très partiellement quelle est notre place dans l'univers et ce que fut son histoire mais ne pourra jamais rattraper cet univers en permanent développement.
Que restera-t-il d'ailleurs de notre savoir, de l'ensemble de nos connaissances dans quelques millénaires?
Que restera-t-il d'ailleurs de notre savoir, de l'ensemble de nos connaissances dans quelques millénaires?
La citation suivante exprime précisément ce que voulait exposer ce billet :
« Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ses données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir comme le passé serait présent à ses yeux.
L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner à l'Astronomie, une faible esquisse de cette intelligence. Ses découvertes en Mécanique et en Géométrie, jointes à celle de la pesanteur universelle, l'ont mis à portée de comprendre dans les mêmes expressions analytiques les états passés et futurs du système du monde. En appliquant la même méthode à quelques autres objets de ses connaissances, il est parvenu à ramener à des lois générales les phénomènes observés, et à prévoir ceux que des circonstances données doivent faire éclore. Tous ces efforts dans la recherche de la vérité tendent à le rapprocher sans cesse de l'intelligence que nous venons de concevoir, mais dont il restera toujours infiniment éloigné. »
Laplace
(Introduction de Essai philosophique sur les probabilités -1814)
2 commentaires:
According to cosmologist Lawrence Krauss, the universe is 13.72 billion years old. It is also expanding, so that in a few billion years time, any scientists on a planet in whatever galaxy will not see the others and not discover the big bang. I believe I once before gave the link.
http://www.youtube.com/watch?v=7ImvlS8PLIo
I've modified the "age" of the universe making it 1 billion years younger than what I tought...
Are you telling me God didn't create the universe and men 10.000 years ago?
I didn't think of the expanding theory which would have made the topic even spicier. Also, it would have lenghened the post in such an expanding way I couldn't have come to the end of it myself (I would have felt asleep... ;-)
The idea that after a few billions years time scientists across the universe will lose contact with each others reminds me of the Fermi paradoxe.
I don't think there will be any scientist or intelligent creatures the kind we know of in 2 billions years. But let's accept the idea for the sake of the demonstration.
I think you mentioned Lawrence Krauss some weeks ago but I don't remember this video.
And thanks for reminding me of Marcuse which led me to read what Wiki has to say about his books and himself.
And mainly, it directed me to Freud's essay Civilization and Its Discontents which I've been looking after for quite a while since I believe it is a must to read.
I'm eager to see the probable connections with Schopenhauer's views on this matter.
And it was here, on the Internet...
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