mardi 10 août 2010

Destin de nos rêves, de nos pensées.


"Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme".

Nous avons tous appris cela à l'école primaire, retenant pour toujours une citation de Lavoisier qui en fait est une reprise d'Anaxagore :

"Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau".

Dust to dust, ashes to ashes, on le sait notre corps corruptible et périssable retournera là d'où il est issu. Nous sommes tous d'infinitésimales particules de la matière dont est fait l'univers.

Qu'en est-il cependant de nos rêves, de nos pensées et plus généralement de l'activité cérébrale des vivants, hommes et animaux tout à la fois?

Je m'étais posé cette question du statut ontologique de nos rêves il y a quelques années. Ces images bien présentes en nos esprits, cet univers onirique si imprégné de sens, n'en reste-t-il donc rien au réveil et ce monde nocturne n'a-t-il donc "existé" que durant les quelques minutes pendant lesquelles nous avons rêvé?

Et nos pensées, celles qui nous traversent l'esprit à tous moments de la journée, ne font-elles qu'apparaître un instant pour disparaître aussitôt dans un insondable néant?

Comment est-il donc possible que ce qui fut, ne serait-ce que fugitivement, ce qui surgit au sein même du vivant vienne on ne sait d'où pour repartir aussi rapidement qu'il parut vers un inenvisageable néant?

L'activité cérébrale se résume in fine à des flux de micro courants électriques parcourant en tous sens notre réseau neuronal via les synapses. Or tout courant électrique, si faible soit-il, engendre des ondes électromagnétiques qui rayonnent et transportent avec elles des charges énergiques proportionnelles évidemment à la source de l'énergie électrique qui les a produites.

On objectera que ces courants électriques et les ondes qu'ils émettent nécessairement sont d'une si faible intensité qu'on ne saurait en tenir compte. Il n'en reste pas moins que les IRM permettent de visualiser ces courants et de percevoir les ondes qu'ils émettent quelle qu'en soit la ténuité. Nos sommes là dans le monde de l'infiniment petit qui ne nous est accessible que par le biais de l'appareillage électronique contemporain qui permet de visualiser ce que l'on sait depuis le XIX siècle relativement aux ondes électromagnétiques.

Ces ondes qu'émettent nos cerveaux, comme ceux des animaux d'ailleurs, est-il extravagant d'imaginer qu'elles participent elles aussi à l'activité permanente de l'univers?

Mais ont-elles suffisamment d'énergie pour quitter notre corps et se propager indéfiniment dans le monde? La durée de vie des ondes électromagnétiques est-elle limitée dans le temps et l'espace? Je ne sais mais c'est probablement lié à la puissance d'émission originelle.

L'idée d'une survie de ces ondes par delà nos corps peut sembler fantaisiste compte tenu de leur microcosmique amplitude. Mais l'univers n'est-il pas composé de matière faite de microscopiques atomes?  

Peut-être alors, parallèlement à l'univers matériel dans lequel nous évoluons et qui nous est partiellement accessible par nos sens, existe-t-il un autre univers dont nous ne soupçonnons pas l'existence et qui pourtant n'a d'autre origine que nous-mêmes puisque c'est de nous qu'il émane. Serait-ce ce que les anciens appelaient l'éther?

Les milliards d'êtres vivants qui sont apparus sur terre quand du monde minéral a surgit le vivant puis le monde animal ont tous été animés de courants électriques qui, tous, ont émis des ondes électromagnétiques. Notre univers matériel unidimensionnel est peut-être moins dense alors que cet univers parallèle composé des milliards de milliards d'ondes qui ont été émises depuis que le vivant est apparu sur terre et qui, inlassablement, continuent de surgir du vivant.

Nous habitons donc sans doute dans un univers bi dimensionnel sans le savoir et qui est fait, entres autres, de nos rêves et de nos pensées. C'est-à-dire de tout ce qui fut car ce qui est cesse immédiatement d'être pour devenir ce qui fut dans un flux ininterrompu et éternel.

Peut-être est-ce le destin de nos rêves et de nos pensées de nous survivre quelque temps mais certainement, et là nous sommes dans le pur matérialisme, il en va de nos productions cérébrales comme de la matière : Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme.

Christian Dietrich Grabbe écrivait : "Certes nous ne tomberons jamais au-dehors du monde. Si nous y sommes, c'est une fois pour toutes" (Hannibal).

Mais il y a un au-delà de la matière pourtant car on ne peut imaginer que ce qui fit sens pour nous quand nous rêvâmes ou pensâmes soit encore présent et virtuellement signifiant dans les ondes que nous émettons et qui, peut-être, nous survivent.

C'est là une question difficile qui fait encore débat. Le sens est en nous, cela paraît incontestable mais c'est bien dans et par l'activité électrique neuronale qu'il "prend corps" si l'on peut dire.

Voilà une aporie probablement insolvable.

2 commentaires:

Ned Ludd a dit…

"Nous sommes tous d'infinitésimales particules de la matière dont est fait l'univers."

70% de l'univers est fait de "dark matter" ou "dark energy" dont nous ne connaissons rien. Mais de la matière que nous connaissons, acune molecule de nos corps aujourd'hui n'était là il y a 10 ans.

Les molecules viennent et s'en vont mais pendant une certain période, nos vies, elles se rassemblent continuellement pour nous créer.

Flocon a dit…

Sorry Ned I didn't see your comment earlier. Maybe do you now have a NoScript applet which leaves no footprint even in my mailbox???


"acune molecule de nos corps aujourd'hui n'était là il y a 10 ans."

Je ne savais pas cela mais peut-être faut-il faire une différence entre les molécules et les atomes? Frankly speaking I have no idea.

"Les molecules viennent et s'en vont"

Where to, where from? In the dark matter?

"nos vies, elles se rassemblent continuellement pour nous créer".

N'est- ce pas ce qu'écrivait Anaxagore il y a 2.500 ans? Disturbing isn't it?


C'est un beau thème littéraire qui laisse entrevoir la possibilité d'une fusion continue et éternelle des éléments composant le vivant.


Mon billet était assez hasardeux tout de même, c'est un questionnement que je proposais.

Probablement les ondes que nous émettons sont-elles trop faibles pour sortir de notre crâne.

I should have had a look at Wiki before starting writing. The post would probably have been much longer then...