jeudi 26 août 2010

Catherine Baker










L'an dernier déjà ZapPow m'avait dirigé vers une lecture à la suite d'un billet dont je n'ai plus souvenir hélas. J'avais promis de lire ce texte et l'avais téléchargé pour ce faire. Il ne restait qu'à imprimer ces 193 pages en pdf... Bon, en .word nous voilà ramenés à 60 pages.

Donc chose promise chose due, je viens de lire "Pourquoi faudrait-il punir"?

Je ne vais pas faire une recension de ce livre que nous ne sommes que 2 à avoir lu (sur le blog j'entends).
Il se veut à la fois dénonciation de tout système pénitentiaire et judiciaire que ce soit en France ou ailleurs. Particulièrement le sadisme généré par ces institutions et les personnes qui en sont parties, autorités comme délinquants. Là je rejoins l'auteur qui expose sa conviction avec une inébranlable certitude.

Qu'il y ait beaucoup trop de personnes qui n'ont rien à y faire en prison nous sommes bien d'accord aussi. Psychotiques, paumés de la vie, atteintes aux biens qui ne devraient pas être criminalisées, préventives etc. on pourrait vider de 50% les prisons. 

Par parenthèses, ne comptons pas sur Éva Joly qui passe ces jours-ci pour la vertu incarnée quand je vois en elle le prototype même que dénonce Catherine Baker. Mais ne nous égarons pas...

Cet acquiescement aux thèses principales de l'auteur n'empêche qu'il reste plusieurs problèmes de taille dans sa démonstration :
1°) De son propre aveu elle écrit ne pas savoir par quoi remplacer la prison ni que faire pour prévenir la délinquance. Que fait-on alors?

2) Elle refuse toute alternative à l'incarcération (bracelet électronique ou aménagement de peine façon trvx d'intérêt général) et propose la médiation et le pardon pour "résorber" le mal qui a été fait par une personne à une autre. On peut effectivement envisager une évolution du droit pénal dans cette direction pour les délits mineurs mais ceux-ci envoient-ils des individus en centrale?

Par ailleurs faire se rencontrer un criminel avec les parents d'un gamin assassiné après avoir été violé afin que le criminel exprime ce qui l'a amené à agir et sollicite le pardon des parents... c'est assez audacieux to say the least...

3°) Catherine Baker considère tous les prisonniers, quel que soit leur parcours, comme des victimes (certes pas innocentes) mais comme des victimes tant de la société que du système économique et de l'idéologie dominante. En revanche il n'y a pas un mot pour les victimes innocentes et dans un domaine tel que celui-ci il y a tout de même deux partis en présence. Mettre quasi au même niveau l'assassiné et l'assassin c'est un peu audacieux aussi.

4°) En relisant le titre du livre on comprend bien qu'il ne s'agit pas seulement de la question de l'emprisonnement qui est posée mais véritablement de la question de la justification du châtiment. Cela ouvre des horizons étendus en matière de philosophie morale. Baker cite à juste titre Kant et son impératif catégorique qui n'est pas exactement un cadre de pensée libertaire.

5°) Autre question presque métaphysique celle-ci : Pourquoi certains individus versent-ils dans la délinquance alors que d'autres dans les mêmes conditions d'éducation et d'environnement ne le font pas? C'est un mystère presque comparable à la question de l'esprit et de la matière : Pourquoi tel individu vient-il au monde avec tel caractère et pas un autre? Quelle est la part de l'inné dans notre personnalité sauf à croire que nous naissons tous clones les uns des autres?

Voilà, j'ai tenu ma promesse et j'ai appris ce qu'était le mouvement abolitionniste contemporain.

2 commentaires:

ZapPow a dit…

Je vois que tu es prolifique ces jours-ci, et ça tombe en une période où je suis submergé de travail. Je reviendrai sur ce billet, mais je voulais juste te signaler l'expérience des zapatistes au Chiapas : ils n'ont pas de prison, ni de peine de mort, mais il semble qu'ils aient une peine de bannissement.

Flocon a dit…

"Je vois que tu es prolifique ces jours-ci"

Oui, au risque de déraisonner. Mais il faut prendre son plaisir quand il se présente.

J'ignorais ce que tu m'apprends (et pour cause...). Le bannissement des Chiapas ressemblerait à l'exil des anciens grecs alors.

Ou à la colonisation de l'Australie par les bagnards anglais dont ils ne savaient que faire.

Catherine Baker évoque également le bannissement pour le condamner aussi comme une violence qui est faire au criminel/victime (dans sa vision des choses).