Quand bien même il peut y avoir un fondement réel à ses assertions – et il y en a toujours un évidemment – l’interlocuteur ne peut vivre que comme une insupportable agression un rapport à son discours, où on veut lui prouver qu’il a tort, qu’il est mal informé ou qu’à la limite ses facultés mentales ne lui permettent pas d’embrasser avec une aisance comparable à la sienne les domaines où essaye de se poser la discussion… Il n’est qu’une chose à faire: concéder avoir tort, concéder sa défaite et le reconnaître, le consacrer, lui, comme celui qui sait et qui a raison en toutes circonstances et envers quiconque. Tout juste si l’on peut respirer sans son autorisation.
Il quémande au quotidien son petit bout de reconnaissance des autres comme le mendiant qui attend, voire exige, de chacun sa petite pièce. Système dans lequel il ne faut pas entrer puisqu’il n’y a pas d’issue et qu’au contraire c’est prolonger le système que d’y acquiescer. Le mendiant ne se sortira pas plus de sa misère économique que le mythomane de sa carence affective, l’une étant l'envers de l’autre. L’un comme l’autre se refusent à imaginer, croire possible ou même accepter la possibilité d’un autre mode relationnel que la subsistance au quotidien sous forme de dépendance.
Ils se sont installés dans ce système minimaliste qui pérennise leur dépendance -qu’ils alimentent donc eux-mêmes- comme il perpétue leur tentative de culpabilisation de l’autre qui leur sert à s’en venger. En fin de compte le ressentiment et la perversité sont les moteurs qui entretiennent cette organisation et qui justifient à leurs yeux l’image de victimes qu’ils se sont donnés et de bourreaux qu’ils attribuent aux autres, à l’Autre.
C’est aussi là leur jouissance.
4 commentaires:
Good morning,
Etant un peu plus abruti que d'habitude à cause de certain décalage horaire et en retard de travail, je n'ai lu que tes "portraits", ma foi assez réussis.
C'est curieux l'impression qu'on a à cette lecture : partagés entre la crainte d'y retrouver un peu de soi et la certitude d'y retrouver un peu des autres, on finit un peu par trouver aussi dans ces "grandes gueules" et autres "pauvres types" les limites d'un exercice de style plutôt que la description de personnes réelles. Nul n'est en effet assez monolithique pour se comporter entièrement et seulement de ces façons. Enfin, ces exercices ont des ancêtres suffisamment glorieux pour ne pas êtres laissés pour compte.
Au moins, ces portraits peuvent servir de guide pour ne pas se trouver entraîner à prolonger des rencontres ennuyeuses ("Sachez les reconnaître"). A ce propos, j'ai lu il y a fort longtemps un livre qui m'a beaucoup aidé dans la vie, et que j'ai toujours : Le cerveau à sornettes, de Roger Price (préf. Pérec), Paris, Julliard, 1967. Il y est question de l'évitisme, sous une forme bien entendu humoristique car il n'est pas de bon plaidoyer austère : comment éviter les désagréments que pourraient causer les mythomanes et autres fâcheux.
Voilà pour aujourd'hui. Je vais faire un petit tour chez SF et je retourne me coucher.
Etchdi
Flocon,
Je m'adresse à vous ici pour plus de discrétion.
C'est au sujet de votre post sur S-F.
Ne pensez-vous pas que Mustang est Semper Fidelis ?
Anonyme,
Cette discrétion et cette délicatesse -jointes à l'oubli du pseudo ;-) - ne manquent pas de signaler le passage d'EYGH...
C'est possible en effet, l'idée m'avait effleuré, ou plutôt j'avais remarqué chez Mustang l'usage de la formule latine pour conclure tous ses billets. Mais je m'étais dit qu'il peut aussi y avoir de nombreux Marines qui tiennent un blog...
Cela dit, je ne crois pas avoir été plus désobligeant qu'à l'ordinaire en signalant ce lien Mustang/Semperfidelis, d'autant que j'ai été amené à faire marche arrière et à vanter les qualités d'écriture de Mustang.
Par ailleurs "notre" Semperfidelis comprend le français ce qui ne semble pas être le cas de Mustang.
Je vais essayer d'amortir encore les conséquences d'une possible confusion.
Merci de votre intervention en tous cas.
Vous qui avez 4 enfants, je pensais que peut-être vous seriez intéressée par ceci.
;-)
Le décalage horaire m'est totalement inconnu mais étant un serial insomniaque peut-être puis-je malgré tout me représenter ce que c'est?
Récupère vite alors puisque au surplus il semble que le travail en retard se soit accumulé...
Merci de ton intérêt pour les "portraits".
Pour info, ils sont directement tirés de l'observation et de l'endurance des années durant d'une seule et même personne.
-"Nul n'est en effet assez monolithique pour se comporter entièrement et seulement de ces façons"
Ah... il y a des cas, on se demande hein...
Mais je t'accorde qu'un être humain ne se limite pas à la somme de ses malices ou de ses vertus, à l'exclusion des unes ou des autres.
Par ailleurs il y a toujours chevauchement des tendances fortes les unes sur les autres. Pour "preuve" (façon de parler bien sûr) l'illustration du mytho est la même que celle utilisée pour la grande gueule. Faute de rechercher une illustration plus appropriée. je vais y remédier...
-"la crainte d'y retrouver un peu de soi et la certitude d'y retrouver un peu des autres"
Nous avons tous un peu de malice et encore moins de vertus, il ne serait donc pas étonnant de ne pas se retrouver partiellement à un moment ou à un autre dans ce genre de description. La vigilance s'impose toujours, un faux pas est si vite arrivé...
-"ces portraits peuvent servir de guide pour ne pas se trouver entraîner à prolonger des rencontres ennuyeuses ("Sachez les reconnaître")."
C'est tout à fait ça! Pourquoi ne nous enseigne t-on pas cette matière fondamentale, l'évitisme, dans nos jeunes années? Que de temps gagné, que d'énergie économisée et utilisée à d'autres fin autrement plus enrichissantes que la défense de son intégrité mentale et psychologique!!!
[Je lève le pied les dimanches à présent: il faut bien préparer les billets de la semaine qui suit.]
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