dimanche 11 novembre 2007

La grande gueule (1) (Portrait 3)



Sur quelque sujet, en quelque domaine que ce soit, il sait tout, connaît tout, a tout vu, tout fait, connaît tout le monde. Il a une opinion qui n’autorise pas la contestation, un avis tranché, péremptoire, définitif, irrévocable, il n’y a pas à revenir dessus, c’est comme ça et pas autrement. Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse on a tort et lui raison au moyen «d’arguments» tous plus invraisemblables les uns que les autres, aussi invérifiables qu’incontrôlables, à prendre tels qu’il les assène et à ne pas contester. C’est du rentre dedans et de l’esbroufe dont il use pour prouver par a+b que 2 et 2 font 5 par la vertu de «démonstrations» abracadabrantes et auxquelles il n’y a pas à répondre puisqu’aussi bien il a réponse à tout, tout, tout. Si l’on n’est pas en mesure de prouver sur le champs que le soleil ne tourne pas autour de la terre, démonstration est faite qu’il a bien raison de soutenir cette folie puisqu’on est incapable de démontrer sa supposée erreur.


Si votre opinion à l’heur de concorder avec la sienne, vous êtes admis, il vous est loisible d’abonder en son sens. Mais à l’inverse, s’il y a la plus légère divergence avec ses a priori il s’emporte sans mesure et se charge de vous remettre sur la voie de la vérité, vous qui vous êtes égarés, vous qui n’avez pas sa culture ou ses informations de première main… Osez-vous cependant faire mine d’émettre l’ombre d’une défense de votre point de vue, il redouble de ferveur excommuniante et vous assène de la façon la plus indiscutable – et aussi la plus insultante – que vous n’y connaissez rien et que lui, par contre, est bien placé pour savoir puisqu’il a fait ci ou ça, connaît telle ou telle personne, qui ou que, peut citer à l’infini n’importe quel pseudo exemple à l’appui de ses élucubrations. Toujours la même vieille méthode: il affirme n’importe quoi, n’importe quelle insanité à laquelle il n’y a rien à répondre tellement c’est inepte, irréfutable de bêtise. Il amène l’autre à ne rien pouvoir répondre et, de ce silence, il conclut à l’acquiescement de son élucubration. Et croit, sincèrement sans doute, que l’autre doit être lui-même convaincu que lui dit vrai puisqu’on l’abandonne à ses divagations.

Les autres ne sont pour lui que des instruments au service de sa quête de reconnaissance qu’il pare des habituels beaux motifs humanistes, altruistes, mais c’est cousu de fils blanc. Le moteur premier de son être c’est le ressentiment, l’aigreur, l’envie, la jalousie, l’amertume, la rancœur, la vindicte. On peut disserter à l’infini sur le pourquoi du comment, toujours est-il que la réalité présente c’est la lutte du médiocre sans vergogne qui ne tend qu’à la réparation avec un cynisme, un réalisme grossier purement et simplement dégueulasse, prêt à tout sacrifier pour l’aboutissement de ses revendications.

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