Une des grandes voix de la réflexion française contemporaine a été l’objet il y a quelques mois d’accusations et attaques très virulentes contre certains de ses propos.
Le politiquement correct a donné toute sa mesure. Qu’importe… Je remarque que notre penseur fait partie de ceux qui éprouvent une jouissance particulière à la simple « magie » du verbe dans un certain registre. Ou comment dire des choses sensées tout en les rendant absolument inacceptables dans la forme.
L’idée forte que je retiens se retrouve dans le passage : «Un crime contre l’humanité: faire des enfants».
Je suis de ceux qui pensent en effet qu’accepter de donner la vie est moralement criminel dans la mesure où c’est consentir au Mal. Comme s’il n’y avait pas assez de souffrances, de douleurs, de misère et de chagrin par devant chacun d’entre nous.
On aura reconnu bien sûr une préoccupation vieille de plusieurs millénaires et que l’on retrouve ici, là et encore ici.
On s’entend souvent répondre que «c’est un avenir meilleur qui attend les enfants à naître, c’est un message d’espoir» etc. Depuis le temps ça se saurait… Là n’est d’ailleurs pas la question. Prendre la responsabilité de prolonger sa lignée c’est condamner autrui à la mort. Ainsi que ses successeurs pour toutes les générations à suivre.
Décider de se reproduire c’est accepter de courir un risque, assuré mais non assumé, d’infliger à son prochain des épreuves sans fin et parfois sans limites dans l’horreur. C’est également acquiescer à l’avance à ses propres insupportables tourments à venir en faisant le pari inconscient que ça n’arrive qu’aux autres.
Ce sont des centaines de millions d’êtres humains qui ont souffert et péri dans d’abominables conditions depuis des siècles -et ils sont encore autant à venir- pour satisfaire l’égoïste et totalement irréfléchi plaisir de la bêtise incarnée en nous.
Quand bien même un individu serait miraculeusement épargné par les maux qui sont le propre de la condition humaine, il n’empêche qu’il vivra au sein d’un inépuisable univers de cruautés et de souffrances et qu’à ce titre il en sera témoin. Cela seul peut être une terrible souffrance morale pour qui a le courage et la lucidité de le regarder en face. Alors se reproduire, c’est simplement être complice du Mal, c’est être une énième incarnation du Mal soi-même.
«Si on suit ton raisonnement c’est la fin de l’Humanité» me répondra t-on. C’est bien ce qui peut lui arriver de meilleur à l’Humanité! Par ailleurs je ne me sens pas responsable du sort de l’Humanité. Enfin, il y aura toujours plus de bipèdes pour désirer se multiplier. Ne nous inquiétons pas pour l’Humanité mais bien pour chacun de ses membres.
Le politiquement correct a donné toute sa mesure. Qu’importe… Je remarque que notre penseur fait partie de ceux qui éprouvent une jouissance particulière à la simple « magie » du verbe dans un certain registre. Ou comment dire des choses sensées tout en les rendant absolument inacceptables dans la forme.
L’idée forte que je retiens se retrouve dans le passage : «Un crime contre l’humanité: faire des enfants».
Je suis de ceux qui pensent en effet qu’accepter de donner la vie est moralement criminel dans la mesure où c’est consentir au Mal. Comme s’il n’y avait pas assez de souffrances, de douleurs, de misère et de chagrin par devant chacun d’entre nous.
On aura reconnu bien sûr une préoccupation vieille de plusieurs millénaires et que l’on retrouve ici, là et encore ici.
On s’entend souvent répondre que «c’est un avenir meilleur qui attend les enfants à naître, c’est un message d’espoir» etc. Depuis le temps ça se saurait… Là n’est d’ailleurs pas la question. Prendre la responsabilité de prolonger sa lignée c’est condamner autrui à la mort. Ainsi que ses successeurs pour toutes les générations à suivre.
Décider de se reproduire c’est accepter de courir un risque, assuré mais non assumé, d’infliger à son prochain des épreuves sans fin et parfois sans limites dans l’horreur. C’est également acquiescer à l’avance à ses propres insupportables tourments à venir en faisant le pari inconscient que ça n’arrive qu’aux autres.
Ce sont des centaines de millions d’êtres humains qui ont souffert et péri dans d’abominables conditions depuis des siècles -et ils sont encore autant à venir- pour satisfaire l’égoïste et totalement irréfléchi plaisir de la bêtise incarnée en nous.
Quand bien même un individu serait miraculeusement épargné par les maux qui sont le propre de la condition humaine, il n’empêche qu’il vivra au sein d’un inépuisable univers de cruautés et de souffrances et qu’à ce titre il en sera témoin. Cela seul peut être une terrible souffrance morale pour qui a le courage et la lucidité de le regarder en face. Alors se reproduire, c’est simplement être complice du Mal, c’est être une énième incarnation du Mal soi-même.
«Si on suit ton raisonnement c’est la fin de l’Humanité» me répondra t-on. C’est bien ce qui peut lui arriver de meilleur à l’Humanité! Par ailleurs je ne me sens pas responsable du sort de l’Humanité. Enfin, il y aura toujours plus de bipèdes pour désirer se multiplier. Ne nous inquiétons pas pour l’Humanité mais bien pour chacun de ses membres.
4 commentaires:
Alors là, noir c'est noir, il n'y-ya-plus-d'es-poir.
Drôle que tu aies pensé à mettre Gautama dans le coup, alors qu'il a mis au point la théorie des renaissances infinies et qu'il vient d'un pays où faire des enfants à la pelle est la moindre des choses.
Mais à mon avis cette histoire de procréation n'est pas du ressort de la morale. La morale est dépassée sur sa droite, sa gauche et partout dans cette affaire. Ce n'est pas un acte dont nous sommes vraiment maîtres, et il ressort plus d'une espèce d'impératif catégorique de la biologie.
On est au-delà du Bien ou du Mal. Les angoisses des femmes "qui ne veulent pas d'enfants mais qui vont avoir 40 ans" n'est pas feinte, même si les intéressées parviennent à se raisonner sans difficulté et à se confirmer leur détermination. Jusqu'à ce que...
J'en ai connu plusieurs dans ce registre, qui ont eu un enfant sur le tard et contre toute attente. Leur non-raisonnement est simpliste et inattaquable : j'ai un corps prévu pour porter un enfant et je ne m'en sers pas. Là, la conviction est hors-sujet.
Ton argument reste défendable sur un plan moral. Sauf que la morale ne tient pas le coup contre la biologie - ni d'ailleurs contre certaines conceptions économiques qu'on formule au comptoir des bistrots par des raccourcis tels que "Qui c'est qui va payer nos r'traites ?"
Etchdi
A propos de Gautama, qui visait à sortir du cycle des renaissances, il faut se rappeler qu'il s'agit d'un salut envisagé individuellement et qui ne prêche en rien l'extinction de la race mais celle du désir et de son avatar la souffrance.
Le Petit véhicule (Hinayana), enfant inattendu du Bouddha, ne le contredit pas plus sur le sujet de la procréation.
Etchdi
Je m'en remets à toi bien sûr pour ce qui concerne Gautama. Sa théorie des renaissances infinies (qui est un mythe éternel dont on retrouve l'écho chez Nietzsche) n'est-elle pas comme une tentative de consolation qui tient peut-être plus de la poésie que de la métaphysique?
"Un pays où faire des enfants à la pelle (hmm... ça doit pas être facile ça. Position asiatique?) est la moindre des choses..."
N'est-ce pas aussi parce que prêcher une morale ou un comportement aux masses est tout simplement vain (l'impératif catégorique biologique!!!)
"cette histoire de procréation n'est pas du ressort de la morale///.../// n'est pas un acte dont nous sommes vraiment maîtres, et il ressort plus d'une espèce d'impératif catégorique de la biologie."
Nous sommes bien d'accord et c'est aussi pourquoi j'ai écrit:
"accepter" de donner la vie
"Décider de se reproduire "
Comment ne pas admettre qu'en ce domaine on ne décide de presque rien. On se fait si vite piéger, Là est la tragédie de l'esprit, issu de la matière.
Le salut à titre individuel que recherche Gautama en échappant au tourment du désir et de la souffrance doit nécessairement aboutir à l'extinction de la race. C'est ainsi en tous cas que le comprend Schopenhauer.
Enfin il n'y a là nul désespoir, bien au contraire puisque c'est la voie de la délivrance.
"Le salut à titre individuel que recherche Gautama en échappant au tourment du désir et de la souffrance doit nécessairement aboutir à l'extinction de la race. C'est ainsi en tous cas que le comprend Schopenhauer."
Il est peut-être implicite, mais Schopenhauer prend seul la responsabilité de le rendre explicite. Dans le bouddhisme, cette éventualité n'est pas intéressante.
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