La réalité de l'amnésie n'a rien d'anecdotique; ce n'est en rien un incident, une perturbation assez relative de l'être. L'absence ou la disparition de la mémoire ne condamne pas seulement à l'impossibilité de jouer avec ses souvenirs, de les rappeler à volonté.
Les enfants « s'amusent» à cette interrogation qui ne les concerne pas : « Qui suis-je? », « D'où viens-je ? » qui est bien le propre de l'amnésique.
C'est le rapport au temps qui là encore est identitaire. L'enjeu est quasi métaphysique: l'être ne se perçoit comme tel, comme sujet conscient, qu'avec la perception, la réminiscence de son passé, de son origine liée à la projection qu'il peut faire de lui-même dans le futur. La durée, véritable espace temporel, c'est cela qui relie le passé au futur en passant par le présent.
Mais qu'est-ce que le présent? Un point entre passé et futur. C'est par une large connaissance du passé que s'établit, s'élargit la conscience du présent. On vit son présent d'autant plus pleinement et assuré qu'on est sûr de son passé, qu'on en sait, qu'on en pressent la solidité, comme une assise sur laquelle s'arc-bouter. Vivre au présent c'est avoir assez confiance en la consistance du passé et l'assurance du futur. La corde tendue entre deux infinis.
Si la connaissance du passé vient à manquer, la conscience même de son existence passée, l'être n'a plus rien sur quoi s'appuyer. Il perd l'équilibre et le présent n'est plus que ce point au bord de l'infini du passé où il se trouve au risque permanent de chuter dans l'abîme du non-être, de l'inexistant, comme la lumière s'engloutit dans les trous noirs de l'espace. Perdre la mémoire c'est bien la faille par où surgit la folie (Schopenhauer) qui permet la survie.
(à suivre...)
Les enfants « s'amusent» à cette interrogation qui ne les concerne pas : « Qui suis-je? », « D'où viens-je ? » qui est bien le propre de l'amnésique.
C'est le rapport au temps qui là encore est identitaire. L'enjeu est quasi métaphysique: l'être ne se perçoit comme tel, comme sujet conscient, qu'avec la perception, la réminiscence de son passé, de son origine liée à la projection qu'il peut faire de lui-même dans le futur. La durée, véritable espace temporel, c'est cela qui relie le passé au futur en passant par le présent.
Mais qu'est-ce que le présent? Un point entre passé et futur. C'est par une large connaissance du passé que s'établit, s'élargit la conscience du présent. On vit son présent d'autant plus pleinement et assuré qu'on est sûr de son passé, qu'on en sait, qu'on en pressent la solidité, comme une assise sur laquelle s'arc-bouter. Vivre au présent c'est avoir assez confiance en la consistance du passé et l'assurance du futur. La corde tendue entre deux infinis.
Si la connaissance du passé vient à manquer, la conscience même de son existence passée, l'être n'a plus rien sur quoi s'appuyer. Il perd l'équilibre et le présent n'est plus que ce point au bord de l'infini du passé où il se trouve au risque permanent de chuter dans l'abîme du non-être, de l'inexistant, comme la lumière s'engloutit dans les trous noirs de l'espace. Perdre la mémoire c'est bien la faille par où surgit la folie (Schopenhauer) qui permet la survie.
(à suivre...)
5 commentaires:
Tu t'es trahi, Flocon : Nietzsche, Schopenhauer, etc. : tu es maître de conf. à Paris X (bizarre que je ne t'y ai pas croisé ;-) ) et tu y explores le "Weltanschauung de l'être en devenir".
A propos de ton texte (quel en est le questionnement, au fait ?), je vais risquer une réminiscence de l'école : l'homme n'est pas la somme de ce qu'il est mais la totalité de ce qu'il n'est pas encore.
Etchdi
Salut Etchdi,
C'est effectivement le petit écueil des textes en plusieurs livraisons: la problématique n'apparaît pas toujours dès le premier paragraphe.
Il y aura pour ce texte 4 ou 5 livraisons; tout donner en une fois aurait découragé l'attention des bloggers les mieux disposés... -;)
Quant à ta phrase de conclusion ("l'homme n'est pas...pas encore"), elle est de fait très appétissante dans ce qu'elle rappelle des oppositions Héraclite/Parménide.
Est-ce une référence à quelque chose que je devrais avoir honte d'ignorer?
Je ne suis pas sûr que ton feuilleton va réunir les foules... Enfin, c'est toi qui vois.
N'aie pas honte d'ignorer quelque chose, c'est très vaniteux. D'ailleurs c'est plutôt moi qui devrais avoir honte, car j'ai cité Jean-Saul Partre très inexactement :
"l'homme n'est pas la somme de ce qu'il a mais la totalité de ce qu'il n'a pas encore."
Je préférais ma version, m'enfin bon...
Etchdi
Ce blog (le blog de l'élite et de ceux qui partagent ses valeurs...) n'a aucunement, mais alors aucunement l'ambition de rassembler les foules.
Je fais ça pour m'amuser un temps et savoir ce que c'est que de tenir un blog. Plus le petit défi quotidien d'écrire un billet.
Maintenant, si quelques membres éclairés de l'élite me font l'honneur de lire mes "essais", mon ambition est comblée... -;)
Flocon
Et merci pour la référence à Jean-Saul Partre...
L'être ou l'avoir, pourquoi diable a t-il choisi le second???
Flocon
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