samedi 20 octobre 2007

Déshabillez-moi



"Le gouverneur général des colonies d'Afrique équatoriale française est arrivé à l'aéroport de Dakar sous les applaudissements enthousiastes d'une foule colorée où il a été reçu -avec tous les honneurs militaires- par les autorités représentatives de la métropole dans ce lointain territoire où s'affirme toujours la présence de la France."

On se souvient de cette voix claironnante des actualités cinématographiques des "glorieuses" années 1940/1950. Il suffit d'entendre des communiqués entonnés sur ce ton pour reconnaître l'époque qu'ils décrivent.

De la même façon, quand France Culture rediffuse des enregistrements d'entretiens tenus dans les années 50 et 60, on redécouvre, charmés, les plaisir d'une certaine componction dans les conversations, componction ou courtoisie qui semblent bien éloignées des pratiques contemporaines.

Chaque époque a sa voix, son timbre particulier qui l'identifie immanquablement.

D'ici 30 ans, on découvrira que le début du XXIème siècle était placé sous le signe de l'érotisation des voix féminines de la chaîne ARTE.

Toute annonce de programme se fait avec une voix susurrante, invitant à des plaisirs aussi inédits que secrets. La personne chargée des annonces le fait sur le ton de la confidence mutine et charmeuse. Nous sommes entre nous, je te le dis à l'oreille, non, je te le murmure: viens voir mon émission, tu ne seras pas déçu.

Cela tient du jeu et de la badinerie, la fille minaude et ne semble pas se prendre vraiment au sérieux au fond. Il n'empêche, elle joue bien le jeu de Juliette Gréco et de son provoquant "déshabillez-moi".

Et bien moi cette mise en scène sonore, ça m'exaspère!

Dans le même registre mais en plus dramatique, il y a la version "Je suis épuisée, je n'en peux plus, je suis à bout." Hier soir c'est Valérie Bruni-Tedeschi qui était de service pour la voix off d'un commentaire sur G.Courbet. La malheureuse semblait tout juste échappée pour quelques heures d'une ultime crise catarrheuse qui devait l'emporter à la fin de l'émission. Et quand c'est une voix masculine qui officie, elle nous la joue dans le genre sépulcral.

Exaspérant! Rendez-nous les voix des années passées, quand les gens de bonne compagnie énonçaient des propos intelligents sans croire être obligées de se représenter. Le fonds, pas la forme!


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Devons-nous comprendre que ton samedi s'est mal passé ? Ou qu'on ne badine pas avec l'amour ? Ou juste que les voix des disparus te hantent ? Ou que tu veux être et avoir été ?

Etchdi

Flocon a dit…

Samedi parfaitement ensoleillé (mais que j'ai trouvé bien froid), promenade aux Tuileries, histoire de jeter un oeil aux oeuvres de la FIAC, petite collation près du bassin côté terrasse des bords de l'eau; non, tout s'est bien passé de ce point de vue...

On ne badine pas avec l'amour... hmmm... c'est selon son âge je crois.

Quant aux voix des disparus, il y a là une réminiscence verlainienne qu'ont ne saurait ignorer.
l'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Oui, il y a de cela, très certainement.

Etre et avoir été? Sans aucun doute, chacun connaît cette indépassable questionnement qui nous présente simultanément ce qui fut et ce qui est. Particulièrement quand la pièce touche à sa fin. Comment ne pas être atteint dans l'intimité de son être quand à la mémoire sont données des occasions de plus en plus fréquentes de nous questionner sur notre place dans le réel et le contemporain?