mardi 9 octobre 2007

Chiche?






















Comme beaucoup d'autres, je ne suis pas exactement sensible à la personnalité d'Arno Klarsfeld. Je l'ai cependant entendu émettre une suggestion qui m'a semblé bien pertinente: Que les avocats cessent de se faire appeler "Maître". Cette survivance de l'Ancien Régime est parfaitement insupportable dans le rapport de soumission que le mot même ne peut manquer d'instaurer entre un client et celui/celle qui est chargé(e) de la défense de ses intérêts.

Mes convictions m'obligent à m'adresser à un prêtre en lui disant "Monsieur" et certainement pas "mon père" (compte dessus!). Bon, l'occasion ne s'en présente pas très fréquemment non plus... Mais devoir écrire ou parler à un avocat en lui donnant du "Maître", c'est vraiment à le limite de mes capacités de tolérance.

Imaginons ce que cela représente pour "les petites gens" (à la Dostoïevski) de devoir se soumettre à une formulation qui n'a d'autre finalité au fond que de les impressionner et de mettre chacun à sa place bien assignée.

On n'est jamais en peine d'entendre les avocats endosser le rôle d'humanistes et de défenseurs des humbles (bon, les avocats d'affaire, un peu moins, faut bien reconnaître). Mais si cette idée de Klarsfeld devait se traduire par une réelle modification de ladite pratique, pourquoi ai-je le sentiment que les avocats, comme un seul homme, se lèveraient unanimes pour dénoncer ce qui ne manquerait pas de leur apparaître comme une atteinte à leur honneur et à leurs prérogatives?

Klarsfeld le sait bien d'ailleurs et son excellente suggestion en restera là. Ne lui faisons pas de faux procès non plus, ce n'est pas de lui que dépend la chose.


The man we see on the picture is a well-known lawyer in France (yes, he's a lawyer...) who once suggested that the French practise of calling French lawyers "Maître" (Master) should be eradicated. I suppose such a title will appear unbearable to any American and rightly so in my opinion. Unfortunately, such a modification in the French practise is unlikely to happen any time soon. The weight of corporatism in France is hardly fathomable to foreigners...


9 commentaires:

L'Amerloque a dit…

Hello Flocon !


/*/ …/… Je l'ai cependant entendu émettre une suggestion qui m'a semblé bien pertinente: Que les avocats cessent de se faire appeler "Maître". Cette survivance de l'Ancien Régime est parfaitement insupportable dans le rapport de soumission que le mot même ne peut manquer d'instaurer entre un client et celui/celle qui est chargé(e) de la défense de ses intérêts. …/… /*/


??? C'est un faux problème – il y a beaucoup de choses beaucoup plus importantes sur terre, d'après Amerloque (sourire)


When Amerloque was learning French, he, too, was surprised that one called one's attorney "Master". (Yes, Amerloque went to court for some things quite early on, you betcha. (grin)).


After all – "Master !" sounds like a slave addressing her/his "master", for pity's sake. How could a redblooded American use such a word ?


Then Amerloque found that one uses "Maitre" when speaking to a "huissier" (for non-French: akin to the Commissioner of Oaths in the UK, and to a "process server" in the USA …). Turns out that "notaries" are addressed as "maitre", too, as are "avoués" …


Then, while studying music, Amerloque was invited to call the Professor "Maitre" during master class in Spain …


So it's simply a title, not some metaphysical surrender to a lawyer or a music "master" or – heaven forbid – a "notaire" !


As a matter of curiosity, does Arno K. call his doctor "Docteur" ?


If so, what's his problem with "Maitre" ?


If not, what does he call his "Doctor", or his "Dentist", or his "opthalmo", or his dog's/cat's "vet " ? (grin)


One can suppose, at least, that Arno K. (an attorney) says"Monsieur le Président" or "Madame la Présidente" when he addresses the court, jhopefully. (wide grin)


Best,
L'Amerloque

Anonyme a dit…

Que penses-tu de "maitresse" alors, qui est de facon interessante le nom donne a Madame SuperFrenchie par ses... eleves! (ouf!)

Flocon a dit…

Bonjour L'Amerloque

??? C'est un faux problème – il y a beaucoup de choses beaucoup plus importantes sur terre, d'après Amerloque

On est bien d'accord mais, heureusement, un blog peut se contenter aussi de parler de choses plus ou moins anodines. Quant à la qualité d'importante ou d'anodine, c'est à chacun son choix...

Comme le sait le Maître d'armes, le Robert ne consacre pas moins de 4 pages au mot "Maître". On ne plaisante pas avec ces choses-là...
Maître from magister bien sûr. Le magister est d'abord celui qui détient une autorité.

Je sais bien que c'est un titre mais il y a aussi le sens premier de celui auquel obéissance est due.

Que le titre soit donné au maître de musique, au maître de danse, au maître d'école (qu'on doit plutôt appeler "Monsieur le maître" je crois) ne me gêne aucunement, lesdites personnes étant chargées d'un savoir qu'elles ont l'obligation de me transmettre. C'est même pour cela que je les paie.

L'avocat, l'huissier etc. sont également porteurs d'un savoir mais il n'entre nullement dans leurs obligations de me le transmettre.
Et, une foie encore, même si c'est un titre, il se trouve qu'il est aussi porteur d'une autre signification.

Comme un prêtre, "mon père" est un titre, mais qu'on ne compte pas sur moi pour donner aux ratichons la satisfaction de se voir ainsi reconnaître.
Peut-être SF y est-il disposé...

Flocon a dit…

Bienvenue SuperFrenchie.

Ils ont quel âge les élèves? L'âge d'appeler leur tantes "Tata".
Mais il me semble qu'on devrait dire "Madame la Maîtresse".
Après bien sûr... Mais cela ne nous regarde pas...

Anonyme a dit…

Maternelle.

Mais non, tout le monde dit "maitre" ou "maitresse." Some use the first name.

Flocon a dit…

SF,
On est bien ans le cadre de ce que je réponds à l'Amerloque.
Appeler "maîtresse" son institutrice c'est bien rappeler qu'à l'origine, non seulement elle est dispensatrice d'un savoir mais qu'au surplus on lui doit obéissance et respect. Enfin... de mon temps.
Mais obéissance à l'avocat... . Monsieur l'avocat devrait faire l'affaire

Anonyme a dit…

Bonjour Flocon,

J'espère que cette tentative pour poster un commentaire marchera.

Je pense que d'une manière générale, l'usage des titres honorifiques se perd. De nos jours, on n'appelle plus guère les médecins par leur titre.

De même qu' en maternelle et parfois en primaire beaucoup d'enseignant(e)s se font appeler par leur prénom. J'ai toujours interdit à mes enfants d'appeler leur maître ou maîtresse par leur prénom.

Il en est de même pour les prêtres. L'usage du prénom et le tutoiement ont gagné du terrain. J'avoue que j'ai un peu de mal avec cette excessive et générale familiarité.

EYGH

Flocon a dit…

Bonjour et merci de votre commentaire EYGH

Vous avez donc probablement rencontré la même difficulté que moi lorsque j'ai voulu laisser un commentaire sur une plateforme blogger. Il fallait opter pour "anonymous".

Je suis all in favour du maintien des titres d'une façon générale et je donne largement du "docteur" à mon médecin. Mais pour les avocats, là, ça coince pour les raisons que j'ai dites.

Bon, on peut ausi considérer comme l'Amerloque qu'il n'y a pas de quoi s'énerver à ce sujet... ;-)

Quand mes jeunes cousins appelaient mes grands-parents par leur prénoms (je vous parle d'un temps que les jeunes etc...) je trouvais cela bien cavalier. Et j'avais moins de 20 ans... C'est vous dire le dégâts que peut provoquer le formalisme...

Anonyme a dit…

du point de vue du mechant avocat, il est important de garder une distance avec le client. On est pas la pour compatire rigoler ou etre le meilleur pote du client. On est la pour l'aider juridiquement/judiciairement.

Il est important que le client ne se sente pas comme chez lui. Ce qui m'agace, c'est quand les avocats se font appeler par leur secretaires et autre maitre alors qu'on est pas dans une relation client-avocat mais de travail (donc de subordination) et la je trouve cela abusif.


De maniere plus generale, mes professeur qui exercaient en tant qu'avocat ne supportaient pas que les etudiants les appellent maitre. (rien de tel pour obtenir un 6 a un oral ou en paricipation)

Un compromis serait de maintenir l'usage dans les audiences. Ceci dit ca ne me gene pas qu'un client m'appelle monsieur. (madame serait plus embarassant)