jeudi 7 janvier 2010

La mort viendra et elle aura tes yeux.



Connaissez-vous ce visage? Sans doute.

En 1985, le visage de cette jeune afghane fait la une de la revue "National Geographic".

Dix-sept ans plus tard, le photographe Steve McCurry retrouvera la jeune femme au Pakistan. Elle s’appelle Charbat Goula.



Des examens ophtalmologiques des pupilles l'ont identifiée avec certitude.

Dans l'entretien qu'elle accorda au photographe elle disait son rejet de l'Occident et sa satisfaction de vivre comme elle vivait (de mémoire)

Chacun interprétera comme il veut l'évolution du visage. Le regard farouche est-il devenu cruel?

(Le titre se réfère à un recueil de poèmes de Cesare Pavese)
 

3 commentaires:

Flocon a dit…

La mort viendra et elle aura tes yeux

La mort viendra et elle aura tes yeux
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.

La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets

ZapPow a dit…

"Quiconque est revenu des pâles asphodèles sait que la mort est douce et chaude de prunelle".

Mais Cesare Pavese ne reviendra pas.

Flocon a dit…

Non plus que Pierre Jean Jouve...

La poésie moderne m'est quasi radicalement inconnue hormis Apollinaire, Eluard, Aragon, Desnos, Soupault et quelques autres noms du XXè siècle comme René Char par exemple. Quelques vers...

Quant à la poésie contemporaine elle est sans doute très riche de personnalités et d'œuvres de moi totalement ignorées. My bad.

Pour ce qui est de Pierre Jean Jouve, l'article de WIKI est maousse costaud et n'a pu être écrit que par un thésard. Il n'y a pas de discussion. Les articles en d'autres langues sur Jouve sont insignifiants.

A comparer avec Desnos et les autres. Dont Saint-John Perse né où tu sais...

Toujours est-il que ta citation de R.J. Jouve est la bienvenue et parfaitement en harmonie avec le poème de Pavese. J'imagine qu'elle t'est revenue immédiatement à l'esprit tellement le rapprochement yeux et prunelle est "aveuglant"! précisément.

Je porte en moi ce titre de Pavese depuis que je me suis intéressé à la littérature italienne il y a 30 ans. Que le regard de cette jeune Afghane se soit associé en une fraction de seconde au poème de Pavese n'est bien évidemment nullement le fait du hasard.

Ce qui relèverait plutôt du hasard c'est pourquoi hic et nunc.

Tu trouveras sur un blog très bien fait (et qui n'est assurément pas celui d'un Témoin de Jéhovah) un article consacré à P.J.Jouve

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/10/11_octobre_1887.html

Le billet est ancien mais le blog toujours actif. Genre de blog ultra pro qui m'inciterait à arrêter le mien tellement amateur.