mardi 26 janvier 2010

Schopenhauer en son temps



Schopenhauer ne fut pas seulement le métaphysicien dont le système est familier à chacun.

Bien que ne pouvant être considéré comme politiquement progressiste (c'est le moins que l'on puisse dire), l'homme Schopenhauer avait cependant des positions radicalement tranchées sur la question de l'esclavagisme en Amérique.


"L'homme ne le cède en cruauté et en impitoyabilité à aucun tigre ni aucune hyène. Une exemple de poids pour le temps présent est fourni par la réponse que fit en 1840 la Société antiesclavagiste de l'Amérique du Nord à la Société antiesclavagiste britannique qui s'était informée auprès d'elle de la manière dont étaient traités les esclaves dans son pays. Cette réponse à pour titre :  

"Slavery and the internal Slavetrade in tne United States of North-America : being replies to questions transmitted by the British Antislavery-Society to the American Antislavery-Society", Londres 1840.

Ce livre constitue un des actes d'accusations les plus accablants contre l'humanité. Personne ne le refermera sans horreur, et peu de gens sans verser de larmes. En effet, ce que le lecteur peut jamais avoir entendu dire, ou imaginé, ou rêvé en fait de dureté ou de cruauté humaine, lui semblera insignifiant s'il lit comme ces démons à face d'hommes, ces coquins bigots qui vont à l'église et observent le sabbat, spécialement les calotins anglicans qui se trouvent parmi eux, traitent leurs frères noirs innocents, que l'injustice et la violence ont fait tomber sous leurs griffes diaboliques.

Ce livre, composé de comptes rendus secs, mais authentiques et documentés, révolte à un tel degré tout sentiment humain qu'on pourrait, le tenant à la main, prêcher une croisade en vue de l’assujettissement et du châtiment des états esclavagistes du Nord : car ils sont la honte de l'humanité entière"

(Parerga (1851))

Et aussi :
...La longue liste des cruautés inhumaines qui ont accompagné le christianisme, et qui ne feraient pas pencher la balance en sa faveur : /.../ l'extermination d'une grande partie des indigènes d'Amérique et la colonisation de ce continent avec des esclaves noirs traînés de force d'Afrique, arrachés sans droit, sans l'ombre d'un droit, à leurs familles, à leur patrie, à leur continent et condamnés à d'interminables travaux forcés/.../

(Le fondement de la morale (1840) §19, n°3)

1 commentaire:

Flocon a dit…

Le texte auquel se réfère Schopenhauer est disponible à partir du lien donné dans le corps du billet.

Ce que rend possible l'Internet n'est pas croyable vraiment!

Probablement dans le cadre du projet Google de numérisation de toutes les publications ayant jamais été faites.