dimanche 3 février 2008

J'aime pas (2)




On peut dire qu'ils sont sympas avec lui les media...

Régulièrement, quand il est question d'Olivier Besancenot, on nous le présente souriant gentiment à la caméra sur son vélo de postier pendant que la bande-son nous rappelle "Les vacances de Monsieur Hulot" de J. Tati. A moins que ce ne soit "Mon Oncle"...

Bon, ça ne mange pas de pain comme disait Balzac, il a été choisi comme porte-parole de la LCR parce qu'il rassure, il a une bonne bouille, le gars pas dangereux quoi. L'extrême gauche qu'on est prêt à inviter dans les meilleures familles bourgeoises en un mot...

On connaît son discours, oui, on est bien d'accord, le système est pourri, il est aux mains des puissances de la finance qui exploitent la détresse humaine. D'ailleurs, ne trouve t-on pas des lambeaux de chair humaine dans les dents creuses des capitalistes dont les babines dégoulinent sans fin du sang des prolétaires? "Voulez-vous du Earl Grey ou du thé de Ceylan cher Olivier?"

Bon, je rigole mais tout de même ça nous ramène à quoi une action politique sans issue?

Je comprends, je respecte et peux même "admirer" l'action militante des féministes, homosexuels, alter mondialistes, écolos etc. parce que c'est une mobilisation active qui finit par porter ses fruits et amène une société à évoluer (on est d'accord ou pas, toujours est-il qu'il y a un effet) et même fait évoluer les mentalités des masses. En voilà de l'avant-garde qui peut éclairer le peuple...

Mais un engagement politique de parti qui n'aboutit à rien, strictement à rien si ce n'est à faire réélire Chirac en 2002... Non seulement ça ne mène à rien mais c'est même strictement contre-productif dans la mesure où les "travailleurs" qui seraient les premiers concernés ne voient en général certainement pas dans la LCR l'avant garde du prolétariat. Bien plutôt une réunion d'aigris, de rêveurs et de branleurs.

Bon, c'est pas que je ne l'aime pas Besancenot (que j'avais vu un après-midi dans un troquet de la place de la Nation en train de préparer le grand soir avec des potes...) il n'a pas la tête à se faire détester.




Laguiller c'est autre chose évidemment. 40 ans d'un engagement totalement, absolument, radicalement stérile! En voilà une qui a réussi sa vie...

On me dira qu'il est important que soient représentés des courants de pensée. Mouais... Vieux doute là... La raison d'être d'un parti politique se résume t-elle à faire savoir qu'il représente une idéologie?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Après cette ordure de Lellouche, Besancenot paraît un peu incongru, quand même.
On a d'un côté un quasi-mafieux sioniste et de l'autre le responsable d'un appareil qui croit que le monde actuel est le même qu'il y a cent ans. Les dégâts sont moindres, et ce n'est pas un crime.

Il faudrait que le gentil facteur (qui n'est pas responsable de sa tête à la Tintin) comprenne que ce n'est pas parce que l'exploitation existe toujours que les armes pour la combattre ne devraient pas évoluer. Sa rhétorique sent un peu la naphtaline, et la plupart des exploités eux-mêmes se sont aperçu eux-mêmes qu'elle ne menait pas à grand chose de concret.

Mais la raison d'être d'un parti politique peut se résumer à représenter une idéologie, après tout. Perso, je préfère que la LCR se borne à ça, d'ailleurs.

Il faut se dire aussi que s'il n'y avait pas ce genre de coco, la vie ressemblerait par trop à celle des pays sous-développés de la politique qui n'ont qu'un ou deux partis, comme les US, le UK ou la Birmanie.

Etchdi

Flocon a dit…

Comme indiqué dans le billet, je ne suis pas dans la détestation de Besancenot.

Effectivement, commencer la série avec Lellouche pouvait laisser croire qu'il pourrait y avoir un crescendo... Il faudrait évoquer Balkany alors... mais on n'en finirait pas avec les "Je n'aime pas".

Ce sur quoi je voulais mettre l'accent, c'est la vacuité d'un engagement politique à mes yeux stérile par rapport à un engagement militant.

"la plupart des exploités eux-mêmes se sont aperçu eux-mêmes qu'elle ne menait pas à grand chose de concret."

Pas grand-chose écris-tu... Je mettrais "rien du tout" moi, carrément.

Les gars se font plaisir. Ca tourne en rond, on colle des affiches, on tient des petits meetings et on se dit qu'on a fait avancer la cause prolétarienne. Ils se la jouent Pétrograd 1917 et ils ont l'impression de sentir le vent de la révolution les ébouriffer...

"Les dégâts sont moindres, et ce n'est pas un crime."

On est bien d'accord évidemment. j'écris aussi: ça ne mange pas de pain... mais c'est vain à mon sens.

Oui il est gentil Besancenot, tellement gentil que j'ai du mal à considérer qu'il n'est pas récupéré par les media qui -avec son accord- en font un inoffensif personnage du théâtre politique.

Anonyme a dit…

"tellement gentil que j'ai du mal à considérer qu'il n'est pas récupéré par les media qui -avec son accord- en font un inoffensif personnage du théâtre politique."

Ca c'est une question bien difficile à trancher : il n'a pas l'air trop blingbling, sans doute, mais qui connaît son vrai ego, et qui connaît les arcanes de la manipulation médiatique ? La parano totale qui me ferait le croire me donne le vertige...

Etchdi

Flocon a dit…

"qui connaît son vrai ego, et qui connaît les arcanes de la manipulation médiatique?"

La nature humaine étant ce qu'elle est, se retrouver régulièrement en tant que porte parole devant les caméras et les micros, sur une estrade, être celui dont on attend la parole, celui qui attire les regards dans la rue ou dans un quelconque groupe, tout cela ne peut pas ne pas activer des résonnances au plus profond de soi-même.

Il y a comme la réactualisation du stade spéculaire de Lacan dans la situation de porte-parole, c'est le danger immanent à la fonction et c'est inévitable. Savoir intégrer cette dimension et ne pas en être la "victime" (même consentante) that is the hic.

Il y a un petit Narcisse en chacun de nous qui ne demande qu'à être flatté, cajolé, caliné. De ce point de vue il est choyé Besancenot, c'est le chouchou des media, même Le Figaro l'a adopté...

Quand on fait partie du personnel politique (au fond l'expression est assez bien trouvée qui les assimile à une troupe théâtrale) on est partie prenante d'un ensemble de la Représentation dont il faut bien accepter les règles. Il n'est pas possible d'y échapper, il faut faire avec mais ne soyons pas dupes: Les répliques et la mise en scène sont déjà écrites et posées.

Pirandello n'est pas loin...

Anonyme a dit…

On peut en effet avoir des doutes sur l'honnêteté des liens Figaro/Besancenot. Le premier parle du second gentiment, ça fait libéral/rupture, en attendant de lui donner la fessée s'il montre les dents. Le second sait que les média c'est important (à la différence de Krivine, dont la seule idée dans ce registre a été de se présenter aux élections présidentielles) et croit pouvoir en profiter. Mais il sent toujours la naphtaline, il risque comme tu le suggères la star-académisation et le chat finit toujours par manger la souris...

A propos de théâtre (et de son double), je suis allé voir "Ce soir on improvise" l'autre jour à Montreuil. Excellente soirée.

Etchdi