mardi 21 septembre 2010

Crime sur ordonnance











Les deux billets (1, 2) sur la généalogie voulaient exposer l'insignifiance (au sens premier : ce qui n'est pas signifiant) d'une prétendue reconstitution "historique" qui, à mon sens, n'apporte rien de substantiel à la connaissance de soi pour ceux qui s'y adonnent.

Nous savons tous très peu de choses les uns des autres, même de ceux qui nous sont les plus proches. Il en va ainsi de nos parents et plus encore de nos grands-parents mais tout de même, nous savons d'où l'on vient, nous n'avons pas le sentiment d'être apparus out of nowhere, nous percevons intuitivement que nous sommes dans une continuité qui nous donne assise dans le réel. 

Ce qui nous a précédé, et que nous ignorons pourtant, nous intuitionnons que cela a été et cela constitue une partie de notre mémoire individuelle inconsciente issue de la mémoire collective qui permet notre insertion dans la continuité, dans la durée, qui est notre rapport essentiel au Temps.

Mais qu'en est-il donc des enfants nés sous X dont tout le monde sait que toute leur vie ils sont en manque de cette connaissance de l'origine, en manque de ce qui devrait constituer une partie de leur mémoire et qu'ils sont dans la souffrance permanente d'une incomplétude identitaire?

On peut déjà se demander s'il n'est pas moralement criminel qu'existe pareille possibilité pour une mère de ne pas laisser à une personne le droit de savoir qui elle est, d'où elle vient, et d'infliger ainsi à un être pensant une blessure identitaire qui le suivra toute sa vie.

Quelles que soient les circonstances, l'enfant est absolument innocent du destin qui lui a été assigné quand la mère, elle, est toujours responsable de ce qui est advenu. Pour ce que je comprends des mystères de la vie, la mère était là avant l'enfant (comme le père qui refuse de reconnaître  le sien bien sûr).

Pire encore dans le dévoiement moral, la possibilité des inséminations artificielles par donneurs de sperme dont l'anonymat est garanti! 

Merveilles de la science, beautés de la génétique! C'est sur ordonnance qu'une femme peut se faire inséminer et, pour satisfaire le besoin le plus égoïste qui soit, celui d'un ventre qui veut être plein, faire venir à l'Être un individu qui n'est plus que le résultat d'une rencontre programmée d'une ovule et d'un spermatozoïde.

L'individu qui naît de cette soupe génétique n'est plus que le produit organique d'une immonde alchimie.

Cette blessure au plus intime de la personne n'est-elle pas comme une castration mentale délibérément infligée en toute bonne conscience par la conjonction de l'ignoble égoïsme de la mère et la totale inconscience du mâle? Qui tout deux, quoique s'ignorant l'un et l'autre, se sont entendus en toute connaissance de cause pour commettre un crime autorisé par la société.

"Ou bien il ne faut pas faire d'enfants, ou bien il faut prendre ensemble la peine de les élever et de faire leur éducation"


Platon
(Criton, 45e)

4 commentaires:

Ned Ludd a dit…

Personne ne semble répondre, donc cet à moi qui vient cette tâche.

D'abord, Platon a raison, ce qui est drôle parce que il préfèrait des garçons aux femmes.

Ensuite, il y a déjà assez de l'éspèce humaine sur cette planète que c'est effecivement très egoiste d'utiliser les ressources médicales pour procréer.

Tout cet argent pourrait aider les pauvres gens(comme les américains)qui n'ont pas accès aux bésoins élémentaires.

Ned Ludd a dit…

Je sais que mon poste a plusieurs erreurs, mais ton logiciel me fait des que je préfère les laisser.

Ned Ludd a dit…

Même si je veux me corriger, ça tombe mal.

Flocon a dit…

Thanks for taking the pain Ned but posting a comment was never mandatory...


You raise an interesting issue about Plato.

Reading Plato, Aristoteles, the Pre-socratics or Roman philosophers one would swear there were no women in these times...

My intention, which I badly expressed, was that I find it ignominous to make a person come into being knowing (or pretending not to know) that said person will be emotionnaly harmed and handicapped for the rest of his/her life.

If I refer to Spinoza's parallelism regarding mind and body being acted upon by the same modes, it's like agreeing to the birth of someone who will be physically maimed but, never mind, I want a living doll for myself.