lundi 9 juin 2008

I Dispositifs techniques. T1° L'airbag


T1° Il y a d'abord ce qui s'apparente à l'étouffoir, espèce d'airbag dont le moelleux étouffe d'entrée toute velléité de discussion. Quel que soit le sujet abordé - il n'est pas même question de thème de discussion - c'est un amoncellement de platitudes, d'évidences, de banalités, de lieux communs, de clichés et stéréotypes au ras des pâquerettes qu'un gosse de 8 ans ne supporterait déjà plus. Il semble faire l'inventaire de toutes les fadaises qu'il est possible d'aligner sur un sujet donné. Du consensuel. Un discours de cartes postales qui ne remet rien, mais absolument rien en cause sauf ce qui, précisément, tend à remettre quelque chose en cause. L'ordre établi ou ses a priori par exemple. Mais rien qui risque d'introduire une quelconque paille dans son bloc de certitudes et ses préjugés.

Au nom de la «tolérance» (vaseline) ce n'est qu'une «enfilade» de poncifs qui ne risquent pas de faire le moins de vagues que ce soit. Il veut sans doute donner à penser qu'il ne s'agit pour lui que d'énoncer des bases de départ pour que chacun sache bien de quoi l'on parle. Mais quand on parle de la pluie s'entendre dire que c'est de l'eau, que ça mouille et que ça tombe des nuages...

Dès le premier mot, l'autre est en situation d'infériorité puisqu'il n'est pas en mesure d'apporter la contradiction sur des points aussi évidents. Ses arguments à venir sont d'ores et déjà entachés d'un sérieux doute quant à leur validité si, au départ, ils sont à ce point inconsistants. L'effet premier est assez déconcertant. Quoi répondre à ce qui n'appelle pas de réponses et qui surtout, d'emblée, situe le niveau de la discussion qui s'annonçait au degré véritablement primaire qui est celui auquel il veut positionner l'interlocuteur.

On se demande dans ses conditions s'il ne prend pas l'autre pour un idiot ou s'il fait de la provocation. Un peu des deux bien sûr. Il se pose en distributeur des rôles mais rien n'est fortuit et cette «méthode» annonce déjà sa perverse et malhonnête couleur : que l'interlocuteur prenne bien garde à sa dignité, il n'en sera fait aucun cas.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais en fin la pluie, monsieur, c'est de l'eau, vous n'allez quand même pas dire le contraire ;-)

Il ne faut pas perdre de vue que l'objectif est de noyer (c'est le cas de le dire) l'interlocuteur, et qu'on peut très bien abonder à son tour dans le même registre des platitudes, ce qui conduit rapidement l'auditoire à démasquer et à ridiculiser l'auteur du discours/robinet d'eau tiède (on n'en sort pas).

A ce sujet, je ne comprends pas pourquoi les interlocuteurs de Sarkozy (grand spécialiste des banalités rien-que-du-bon-sens-monsieur) ne se jettent pas sur les multiples occasions qu'il présente pour rajouter des platitudes de la même eau à son discours et mettre au jour le bateleur de foire. Mais personne ne renchérit sur les évidences pour le rendre dérisoire, tous font l'erreur de prendre ses idées rustiques au sérieux, ce qui rend sa position crédible et fait passer l'autre pour un intello compliqué et pas-près-de-vouzémoi...


Etchdi

Flocon a dit…

Mais en fin la pluie, monsieur, c'est de l'eau, vous n'allez quand même pas dire le contraire

Eh oui, c'est ça. On tend dès le premier échange à te ridiculiser en te prêtant l'intention de contredire ce qui n'appelle aucune contradiction.

Tu es donc amené à ne pas contredire une évidence (comme si c'était ton intention) et l'autre peut donner déjà l'impression d'avoir marqué un point puisque tu n'as rien à redire à son évidence.

Il ne faut pas perdre de vue que l'objectif est de noyer (c'est le cas de le dire) l'interlocuteur

On retrouvera cet objectif dans nombre des mécanismes à venir en effet.

Incidemment, j'observe, ou plutôt j'imagine que le verbe "noyer" est venu sous tes doigts (sur le clavier...) parce qu'il était question d'eau bien sûr et que la loi de l'association d'idées avait déjà presque complété ta phrase avant probablement que tu ne l'aies entièrement conçue.

Ca m'arrive fréquemment bien sûr et pas plus loin que dans cet "Air bag" puisque j'avais écrit (entre parenthèses) vaseline , pour écrire trois mots plus tard, enfilade. Je reconnais que c'est scabreux...

on peut très bien abonder à son tour dans le même registre des platitudes, ce qui conduit rapidement l'auditoire à démasquer et à ridiculiser l'auteur du discours/robinet d'eau tiède (on n'en sort pas)

C'est vrai que c'est une contre attaque sans doute efficace. Encore faut-il en être capable et avoir su comprendre et identifier ce mécanisme. Tant que ce n'est pas fait, on reste gros Jean comme par devant. En plus il n'y a pas nécessairement d'auditoire.


Les interlocuteurs de Sarko sont ses potes. Particulièrement dans les media. On apprend aujourd'hui que PPDA va être remplacé par Laurence Ferrari

Il n'y a rien à attendre des journalistes de l'audio visuel, culture du respect de l'autorité etc.

Laurent Joffrin s'y était essayé en janvier dernier pour se faire ridiculiser par Sarko.

fait passer l'autre pour un intello compliqué et pas-près-de-vouzémoi...

Le B A BA du populisme indeed... Face à un auditoire populaire c'est plié d'avance. Inutile d'aller plus loin, c'est l'assurance de se faire ridiculiser tant et plus... :-(

Flocon a dit…

J'ajoute que la tentative de reprendre à son compte la méthode de l'adversaire fait l'objet du T9° (la semaine prochaine donc) où l'on verra que l'adversaire est retord...