mardi 10 juin 2008

T2° La position défensive de principe

Vient ensuite la position défensive de principe qui consiste à observer une apparente neutralité mais qui ne peut s'empêcher déjà de préparer le terrain pour des procédés à venir autrement plus résistants à l'imprégnation des arguments de l'autre.

Ainsi, quand bien même au cours d'un dialogue, je dirais par exemple qu'une des hypothèses relatives à la formation de la Lune est telle ou telle; ou qu'il semblerait que tel phénomène ou accident soient dus à une cause x, il ne manquera pas de reprendre, en soulignant parce que ça le rassure: «Ce n'est qu'une hypothèse!». En effet, une hypothèse reste à démontrer, il faut en apporter la preuve et tant que cela n'est pas fait, il n'y a pas remise en cause d'un a priori ou même d'une absence d'a priori ou de préjugé: une hypothèse n'a pas la force irrésistible d'une certitude. Or énoncer une certitude c'est poser quelque chose, affirmer.

Et quel qu'en soit le contexte, ces actes sont porteurs de danger pour l'équilibre interne; il sont donc angoissants et à proscrire. S'avise-t-on de vouloir apporter les preuves qui font défaut, il n'aura de cesse de combattre vos preuves, de vous empêcher de les présenter, refusant que soit installé quelque chose de solide sur lequel vous pourriez vous appuyer pour lui imposer quoi que ce soit qui vienne perturber son équilibre interne. Il s'agit bien d'une position défensive de principe, c'est-à-dire de ses principes bien entendu.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour l'adresse du billet précédent, une vraie mine.

A propos de cet argument n°2, il me revient une idée qui m'avait effleurée dans le n°1, à savoir les positions respectives du sujet et de l'objet de ces tactiques discursives. J'ai l'impression que tu te mets par principe dans la position de celui qui a à les subir - enfin ce n'est qu'une impression ou, pour le coup, qu'une hypothèse.

Mais it may work both ways, comme on dit là-bas.

J'aime assez cet argument n°2. Il est propice à la fatigue de l'autre et permet éventuellement d'éviter de répondre si des arguments quoique convaincants sont assénés de façon désagréable ou péremptoire. Les gens sûrs d'eux m'énervent. Je me demande même si je n'arriverais pas à répondre "oui, enfin, ce n'est qu'une hypothèse" à quelqu'un qui voudrait me faire dire que l'eau mouille.

Je sens qu'on va arriver à quelque chose d'assez amusant vers le n°9...

Etchdi

Flocon a dit…

J'ai l'impression que tu te mets par principe dans la position de celui qui a à les subir - enfin ce n'est qu'une impression ou, pour le coup, qu'une hypothèse.

C'est plus qu'une hypothèse, c'est une certitude dont l'évidence ne cessera de te surprendre si tu as la patience et la curiosité d'aller au bout de ces billets.

C'est du vécu de chez vécu hélas. Que n'ai-je connu et appliqué plus tôt, beaucoup plus tôt, le concept d'évitisme... :-(

Mais de fait, ça marche dans les deux sens et c'est une question de pouvoir (ou d'ascendant) qui constitue le fond de l'affaire.

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.


Le lien du billet "la mer et la peur" est effectivement une mine. Alain Corbin est lui aussi prolifique dans sa production, avec une thématique qui semble le rapprocher de Michel Onfray (sensualisme, hédonisme)

Je prévois de lire "Le miasme et la jonquille".

De l'art de sélectionner ses lectures pour ne pas perdre son temps.


Je sens qu'on va arriver à quelque chose d'assez amusant vers le n°9...

Peut-être même avant... ;-)