mercredi 18 juin 2008

T10° "Ce n'est pas si simple que cela"

«Ce n'est pas si simple que ça» peut se rencontrer occasionnellement dans la mesure où cette nouvelle figure lui permet de varier ses dispositifs. Par un effet de dilution, la multiplicité des outils dont il use lui permet d'en masquer le sempiternel retour tout en leur donnant l'apparence de la spontanéité dans le cours d'une conversation. Cette «richesse» était garante de la pérennité de son système car s'il ne pouvait avoir recours qu'à 2 ou 3 de ses procédés retors, ils seraient très rapidement reconnus pour tels. Un système d'aussi pauvre diversité ne pourrait se maintenir bien longtemps sans doute et ne lui permettrait pas de prolonger sa position, idéale pour lui, de celui qu'il faut convaincre et jamais ne veut l'être. A cela s'ajoute l'effet de surprise dont est victime l'interlocuteur qui jamais ne sait dans quelle impasse il sera amené à s'engager.

Ce dixième dispositif consiste à vous signaler qu'il est nombre de paramètres que vous n'avez pas vus et ne soupçonnez même pas (en raison de votre étroitesse d'esprit?) tandis que ces mystérieux paramètres, en revanche, sont tous bien connus et répertoriés par celui qui vous annonce que «c'est beaucoup plus compliqué que ça». Il est des domaines qui ne sont pas accessibles au profane et que seule une intelligence supérieure comme la sienne rend visible. On frôle l'ésotérisme...

Tout cela dit d'un ton «gentiment» narquois et condescendant avec la légère suffisance de l'initié qui en sait tellement plus long et qui s'amuse de l'évidente naïveté de son vis-à-vis à qui il suggère d'un sourire légèrement moqueur: «Tu crois que c'est aussi simple que ça... ?». Façon malhabile de masquer qu'il est bien incapable, le plus souvent, derrière sa prétendue maîtrise du sujet d'aligner un argument fondé et de valeur pour contrer ce qui lui est dit. Manœuvre de diversion et de retardement, c'est à nouveau le recours à l'humiliation de l'autre qui ne serait pas de niveau à saisir les subtilités d'un raisonnement et d'une argumentation dont il se dispense ainsi de faire la démonstration.

C'est pour lui l'occasion de sortir de sa manche une phrase devenue d'ailleurs plus un clin d’œil qu'une véritable rupture dans l'échange. Lui-même semble ne pas vraiment y croire mais il est emporté par cette dynamique de la contradiction à tout prix quitte à s'en amuser. «Tu es dans l'erreur la plus complète!». Devant une mise en garde aussi radicale on ne peut s'empêcher de penser qu'effectivement il est peut-être bien possible que l'on se soit fourvoyé par trop d'assurance. En perdant de vue des éléments susceptibles de remettre en cause ma position j'en suis réduit à m'en remettre à ses bons soins de m'éclairer en admettant déjà, par cette mise à sa disposition, que je suis bien contraint de faire une concession. Probablement vais-je être confondu...

Après s'être engagé dans cette nouvelle impasse on découvre, une fois encore, que la prétendue complexité, les paramètres inconnus se résument en fin de compte à une énième bêtise, voire une élucubration qui ne devrait pas même appeler de réponse et s'effondre d'elle-même une fois énoncée. Mais c'est encore pour lui le moyen de noyer le poisson car ce supposé nouvel «argument», même s'il est instantanément balayé, lui est l'occasion d'en faire surgir un nouveau, tout aussi malingre et chétif, et ainsi de suite ce qui lui permet de retomber sus ses pieds en retrouvant l'arme préférée des sophistes: la mise en abîme ou cascade.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n°10 se double parfois (mais c'est peut-être un numéro à suivre) d'un "tu n'es pas en (bonne, ou encore assez bonne, ce qui est plus perfide) position pour en juger. Suivent des "parce que" puls ou moins bien ficelés mais qui décrédibilisent assez sûrement...

Etchdi

Flocon a dit…

"tu n'es pas en (bonne, ou encore assez bonne, ce qui est plus perfide) position pour en juger"

ne sera pas l'occasion d'un numéro à suivre mais j'ai rencontré le même sous une expression différente et tout aussi insultante: "Quel titre as-tu pour en juger?".
Comme s'il fallait présenter des lettres d'accréditation ou je ne sais quels documents officiels attestant de ma capacité à m'exprimer.

Lettres ou titres dont la validité seraient d'ailleurs mise en question à n'en pas douter...

Où l'on retrouve l'astuce qui consiste à demander les preuves des preuves...

Le système est bouclé, on n'en sort pas...