dimanche 30 janvier 2011

Idiot utile ou social traître?


Je me souviens de lui remontant la rue de Solférino au matin du lundi 22 avril 2002, vitupérant contre les multiples candidatures de gauche qui avaient eu pour conséquence de laisser face à face Le Pen et Chirac.

Et le voilà à présent qui dépense toute son énergie à rameuter la gauche de la gauche derrière lui, ce qui n'empêchera d'ailleurs pas d'autres candidatures concurrentes de celle du PS de se présenter au premier tour.

Sa cible ce n'est pas tant Sarko mais D.S.K, le seul qui pourra faire sortir de l'Élysée le mandataire du Medef. Ancien collègue de D.S.K du gouvernement Jospin, Mélenchon lui reproche -en tant que Directeur Général du F.M.I- d'être l'incarnation de la finance internationale, prédatrice et antisociale par nature.

Rappelons tout de même que, Ministre de l'économie et des finances de Jospin, D.S.K a élaboré les 35h  qui depuis une douzaine d'années révèlent, en la cristallisant, toute la rancœur de la droite -des centristes aux libéraux les plus  décomplexés- et qu'à son départ en 2002, les finances du pays étaient à l'équilibre.

Alors voir et entendre Mélanchon le maquignon mener sa pré campagne ainsi qu'il le fait en englobant D.S.K dans l'ensemble des forces du mal, n'est pas sans me rappeler le PC des années 70 qui assimilait Mitterrand et Giscard dans une même détestation pour le plus grand bénéfice du second.

On connaît son programme : Qu'ils s'en aillent tous! Plus démago tu meurs.

Mélenchon  ne nuit aucunement à la droite mais bien à son propre camp en contribuant à assurer une place au second tour à M. Le Pen avec la garantie d'une réélection de Sarko.

Quoiqu'on en pense, son agitation politique fait de lui à la fois un idiot utile et un social traître qui rejoint, dans sa critique de celui qui a mis en œuvre la mesure sociale la plus importante du dernier gouvernement de gauche, la droite la plus réactionnaire et antisociale que nous ayons connue depuis les années pompidoliennes. 


13 commentaires:

Flocon a dit…

A post on French politics which can't possibly interest you Anijo but next one (I still don't know which it will be) should be more to your taste I hope.


Il a déjà eu un billet sur Mélenchon il y a trois ans with Ned's participation.

Flocon a dit…

How someone from Brooklin arrived this morning on the American lesbians post by searching "On my knees in Belize, on my back in Iraq... and then there%2" on google will remain a mystery till the end of times...

ZapPow a dit…

Bill Maher disait qu'aux USA, les Démocrates avaient évolué vers leur droite, les Républicains vers l'asile de fous. En France, l'UMP dérive lentement vers sa droite,le PS aussi, que l'on continue à dire de gauche par habitude. DSK a beau avoir élaboré les 35 heures, il est aujourd'hui directeur du FMI, dont la politique n'a pas changé d'un iota sous sa direction : les solutions proposées par cette institution aux pays qui ont besoin de son aide sont toujours la privatisation des services publics et des entreprises nationales, la réduction du nombre de fonctionnaires, la réduction des salaires, l'augmentation du temps de travail, la baisse des allocations, et autres joyeusetés qui n'ont rien de socialistes et tout des projets d'un Friedman ou d'un Hayek.

Je ne suis pas de ceux qui croient que Mélenchon doive se taire et renoncer à présenter son programme, si démagogique qu'on puisse le trouver, au prétexte que DSK serait le meilleur représentant de la "gauche", et la garantie d'une éviction certaine de Napoléon 3.1. Et si par malheur nous nous retrouvons avec Sarko-MLP au second tour, ne compte pas sur moi pour rejeter la faute sur Mélenchon, ou quelque candidature de gauche que ce soit, pas plus que je n'ai condamné Chevènement, Taubira ou qui que ce soit d'autre en 2002. Le PS n'a qu'à se débrouiller pour en finir avec la foire d'empoigne qu'il est devenu, offrir autre chose aux Français que le triste spectacle, la comédie de bas étage qu'il nous joue, établir un programme convaincant, et, si possible, redevenir un parti de gauche.

Le choix ne doit pas se limiter à bonnet bleu, bonnet rose, rose très pâle. Au premier tour, je ne voterai pas utile. Voter utile, c'est se résigner. Bien sûr, on peut aussi appeler ça du pragmatisme.

Flocon a dit…

Globalement je suis d'accord avec toi, il y a des points qui peuvent être discutés cependant.

"DSK a beau avoir élaboré les 35 heures, il est aujourd'hui directeur du FMI, dont la politique n'a pas changé d'un iota sous sa direction"

D.S.K a beau avoir... n'empêche, c'est à lui que quelques millions de salariés doivent les 35 heures qui ont bien été perçues comme une avancée sociale majeure.

Je ne suis pas sûr que D.S.K au F.M.I ait les coudées aussi franches qu'il les avaient en France. Institution internationale, le F.M.I n'est pas la propriété d'un Sarkoléon quelconque.

Que le système financier mondial soit ce qu'il est, c'est un fait et je ne pense pas que D.S.K y puisse vraiment changer quoi que ce soit, si tant est d'ailleurs qu'il le veuille, on est d'accord.

"Je ne suis pas de ceux qui croient que Mélenchon doive se taire et renoncer à présenter son programme"

Là encore je suis bien d'accord mais c'est aux risques et périls de ceux qu'il veut représenter.

"ne compte pas sur moi pour rejeter la faute sur Mélenchon, ou quelque candidature de gauche que ce soit, pas plus que je n'ai condamné Chevènement, Taubira ou qui que ce soit d'autre en 2002."

Alors là lui ne s'est pas gêné pour le faire en 2002. Il doit être cohérent parce qu'en la circonstance, il fait exactement ce qu'il condamnait il y a 8 ans.

"Le PS n'a qu'à se débrouiller pour en finir avec la foire d'empoigne qu'il est devenu//.../// et, si possible, redevenir un parti de gauche."

Mitterrand disait des Socialistes, paraît-il, qu'ils ne changeraient jamais. La pantalonnade que nous joue le PS n'a rien à envier à la S.F.I.O des années 50 et 60.

Si l'on attend du P.S qu'il se sorte de lui-même du bourbier où il se trouve, c'est pas gagné! La gauche n'a pas le culte du chef comme on l'a à droite ce qui tombe bien pour elle vu que la Constitution est faite pour un chef, un meneur providentiel.

"Voter utile, c'est se résigner."

Eh oui hélas parce que telle est la Constitution de 58 qui, de semi présidentielle, est devenue totalement présidentielle, de façon encore plus marquée qu'aux E.U ou les contre pouvoirs institutionnels sont encore en place.

Sarko a bcp plus de pouvoirs sur quoi que ce soit en France que n'en a Obama aux U.S. C'est notre Mubarack à nous en quelque sorte.

La droite avec Debré a mis en place une Constitution faite sur mesure et qui implique un choix binaire et donc sans nuances : c'est lui ou l'autre.

Donc vote utile ou vote de conviction, quel est le résultat à l'arrivée? Comme disait Deng Tsiao Ping: Peu importe que la souris etc. seul le résultat compte.

Je ne crois pas une seconde que la possible élection de D.S.K change quoi que ce soit à la situation actuelle, si ce n'est qu'on ne sera plus humilié par la présence de Sarko là où il est.

Mais parti comme c'est, avec Mélenchon, Europe écologie, Aubry ou Royale et les autres, ce sera Sarko vs Le Pen.

Le vote de conviction c'est aux Législatives qu'il plus de chance d'être effectif qu'à la Présidentielle où tout est bouclé.

Alors une VIème République? Sans doute et un retour à une démocratie parlementaire à l'allemande par exemple.

ZapPow a dit…

DSK n'a peut-être pas les coudées franches au FMI, mais rien ne l'obligeait à accepter le poste, qui semble incompatible avec un idéal socialiste, tout comme Pascal Lamy aurait pu refuser l'OMC. Mais peut-être espéraient-ils donner à ces institutions un petit air vaguement plus rose ?

Flocon a dit…

"rien ne l'obligeait à accepter le poste"

Cela ne se fait pas de refuser une invitation du Président de la République (mode ironique off).

Oui mais là tu abordes la question des ambitions des hommes et rien ne peut surprendre en la matière. Tout le monde n'est pas Charles Quint...

Rocard a bien croqué du Sarko ce que je trouve bien plus affligeant que D.S.K, qui a une formation d'économiste, présidant le F.M.I.

Lamy à l'O.M.C c'est comme D.S.K. Quand ils sont à un certain niveau de compétence, de responsabilité et d'engagement politique, les gars se sont mis sur des rails qui se déroulent devant eux.

Ou alors il ne faut pas s'engager dans l'action politique.

"Mais peut-être espéraient-ils donner à ces institutions un petit air vaguement plus rose ?"

Comme tu dis, un petit air vaguement plus rose... Non, tu leur prêtes des vertus que j'ignore. Ce sont des technocrates qui suivent leur parcours.

"un idéal socialiste"

Jaurès et Blum sans doute comme Mendès-France ou Delors. Pour Mitterrand j'ai déjà le vieux doute mais pour les autres...

Sans m'être particulièrement sympathique, la personne de D.S.K ne me révulse pas comme le fait celle de Sarko.
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C'est peu importe que le chat (et non la souris) soit noir ou blanc etc. mais le lecteur aura rectifié de lui-même...

ZapPow a dit…

Tiens, puisque tu parles de Rocard, voilà quelqu'un sur qui je n'arrive pas trop à me faire une idée. Il a déclaré dernièrement avoir été de tout temps un social-démocrate. On sait qu'il n'était pas très chaud pour l'alliance avec les communistes, et qu'en 1977, aux municipales, c'est par discipline, mais la mort dans l'âme, qu'il a fait campagne pour un communiste. La question que je me pose est : que faisait-il au PSU ? Pourquoi, s'il était social-démocrate, a-t-il adhéré à ce parti souvent à gauche des communistes ? Pourquoi ne pas avoir été directement au PS ? À moins qu'il ne se soit donné pour mission de ramener le PSU dans le giron social-démocrate, ou de le détruire (vu ce qu'il advenu dudit PSU, on pourrait le croire) ?

Non que tout ça ait aujourd'hui la moindre importance.

jpbb a dit…

Le camp de Mélenchon, c'est l'extrême gauche, celle qui n'arrivera jamais au pouvoir. Le goulag et le mur de Berlin sont inscrits dans la mémoire collective. Seul la social démocratie réformiste peut changer la vie du peuple en accédant démocratiquement au pouvoir. Mais quand la passion l'emporte sur la raison, la déraison l'emporte.

Flocon a dit…

jpbb,

"quand la passion l'emporte sur la raison, la déraison l'emporte."

Belle formule à l'antique... ou à la Montaigne peut-être.

Merci de votre passage.

Flocon a dit…

ZapPow,

Les municipales de 1977... Ouch! Le méchant coup que tu portes là! Il y a un tiers de siècle; mais c'était une autre vie...

Au fond Rocard m'a toujours fait l'impression, avec le recul, de ne s'être jamais rencontré.

C'est sans doute présomptueux de ma part mais je vois quelqu'un qui semble toujours avoir été en attente d'un rôle qui lui aurait correspondu.

Son parcours politique est tout de même assez cohérent globalement mais toujours avec retenue ou à contre temps, comme s'il était en permanence en décalage avec ce qu'il aurait pu être.

Non pas velléitaire mais jamais pleinement syncro avec la réalité, donnant constamment l'impression de n'être pas vraiment maître de sa personne.

Il me paraît être l'antithèse de Sarko, hormis leur taille (mais ce n'est pas anodin).

L'un comme l'autre ont eu des relations "particulières" avec leurs pères.

Sarko, comme Bush, c'est celui qui voulait montrer à son père ce dont il est capable et il l'a fait. Il a affronté son Surmoi et a réussi son "meurtre du père"

Rocard, dont le père était un scientifique de "haut" niveau, me fait l'effet de n'avoir pas réussi son meurtre du père, quoiqu'il ait essayé. Il reste toujours sous l'ombre portée de son paternel dirait-on.

L'un, Sarko, a réussi son émancipation, l'autre pas comme peuvent peut-être en témoigner ses relations avec Mitterrand.

Bon, perception toute personnelle de ma part il va sans dire.

Sophie a dit…

Mélenchon n'est pas d'extrême gauche, mais de gauche et républicain. Il représente le mieux la gauche anti-libérale, c'est à dire la vraie gauche. Il est brillant, impressionnant orateur, et personne ne peut le nier. Si par malheur il n'était pas élu, c'est à dire si par malheur la gauche anti-libérale et anti-productivisme n'arrivait pas au pouvoir (et soyons réaliste, l'aile gauche du PS est écrasée depuis longtemps par la majorité social-démocrate, et c'est bien pour ça que Mélenchon en est parti), alors on sera bien dans la merde. Car la situation en Europe et dans le monde, sur le plan écologique, économique, politique et social, ne fait que s'aggraver. Le capitalisme est par essence court-termiste, il va donc bien falloir changer de système un jour ou l'autre ! Si on peut le faire par les urnes et le plus tôt possible, comme le souhaite Mélenchon, au lieu de se prendre des guerres, ce serait quand même mieux... Sortez un peu vos têtes d'autruches de la boue et regardez, réfléchissez, analysez, débattez, parlez de POLITIQUE, sérieusement, et arrêtez avec votre vision type Star Ac' de la politique ! Un peu de sérieux, à la fin ! Ça suffit !

Flocon a dit…

Bonjour Sophie,

Voilà un commentaire revigorant!

"Sortez un peu vos têtes d'autruches de la boue et regardez, réfléchissez, analysez, débattez, parlez de POLITIQUE, sérieusement, et arrêtez avec votre vision type Star Ac' de la politique ! Un peu de sérieux, à la fin !"

Bon, on va essayer ;-)

Mais je ne sais pas si votre commentaire s'adresse au billet proprement dit ou au commentaire de jpbb qui a parlé d'extrême gauche?

Merci de votre passage.

Ned Ludd a dit…

Je suis plutôt d'accord avec Sophie, mais je ne suis pas sur que "l'aile gauche du PS est écrasée depuis longtemps par la majorité social-démocrate". Peut-être par les leaders, mais c'est pas sur pour la base.