mercredi 22 octobre 2008

Copains




Je n'ai jamais lu un seul album d'Enki Bilal. Belle affaire me direz-vous, je ne suis pas le seul.

Mais tout de même, lui et moi avons partagé nos 7 ans de lycée, pas seulement dans le même établissement mais dans les mêmes classes. Ses dons pour le dessin étaient déjà évidents et il était d'abord connu pour ça. Et son extrême gentillesse. Bref nous étions copains et je lui passais mes albums de Spirou en 1963. Dans un entretien à Libé il y a plus de 20 ans (pas le courage d'aller chercher l'article pour préciser la date) à la question d'où lui était venu son goût pour la BD il avait cité un copain de lycée etc.

Il semblerait normal donc que j'aie lu tout ou partie de son œuvre.

Il avait participé à un concours lancé par le journal Pilote et il l'avait gagné. Ce qui lui avait valu d'être publié en 1970 ou 1971. C'est loin tout ça...

Mais voilà: les BD je m'en suis rassasié de 6 à 12, 13 ans et je suis passé à autre chose.

Son style est immédiatement identifiable, personnel mais sans contester le moins du monde son talent, je me demande s'il sait ce qu'est le mouvement. Toutes ses planches me font l'effet d'être une succession d'images toutes plus statiques les unes que les autres.

Par ailleurs, a t-il jamais dessiné un personnage souriant?

Il sait ce que sont la couleur et le graphisme mais son univers désespéré et, d'après ce que j'en ai saisi, trop manichéen, ne m'incite pas à le lire.

Mais je parle sans doute (certainement) de ce que je ne connais pas. Il faudra donc que je me résolve à emprunter un ou deux de ses albums à la bibliothèque. Quitte à faire amende honorable...


5 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est drôle, il m'est arrivé une histoire un peu semblable avec un voisin de salle d'étude pendant des années. Il est devenu auteur dramatique par la suite.
Il m'étonnait parce qu'il faisait du grec et du russe, alors que la plupart des potaches faisaient anglais et allemand.
J'ai lu une de ses pièces un jour, une seule, et j'ai trouvé ça ennuyeux, théâtreux.

C'est peut-être aussi le reproche que je ferais à Bilal. C'est trop posé, statique, théâtral. On pense à un roman-photo en BD.

Ca c'est un genre dont je ne sais ce qu'il est devenu, le roman-photo. Je crois que la dernière fois que j'en ai lu un c'était un vrai, à l'ancienne, mais revisité par des situationnistes. C'était pas mal, mais le détournement est un genre qui atteint rapidement ses limites, c'est comme les imitateurs à la télé...

Etchdi

ZapPow a dit…

Et ses films, adapté des BD, sont primés, et appréciés plus pour leurs qualités artistiques, leurs décors, que pour ce qu'ils racontent.

Généralement, on trouve le scénario un peu faible, mais on se passionne pour l'esthétique et les personnages. Les critiques sont dithyrambiques, ou le contraire.

Flocon a dit…

Je me suis donc résolu à emprunter un de ses albums, le seul disponible, Exerminator 17 (1979) qui n'a fait que me confirmer dans mes a priori.

Le graphisme est irréprochable, on n'aime, on n'aime pas, mais le scénario (Doisnet) est véritablement infantile. Le genre d'histoire qui fait frissoner les 16/17 ans. Genre cosmic opera post contemporain à base d'androïdes qu'il faut libérer de l'emprise du "Maître" avec un passage dans l'ouest américain de la fin du XIXth.

Honnêtement, je n'ai pas tout compris. Le dessin est tellement fouillé et innovant qu'il perd de sa fluidité, avec des clichés genre méchant à moustache en crocs et faux cils, avec un rien de fard...

Et contrairement aux détournements situationistes, il n'y a pas l'ombre d'une lueur d'humour. On se prend très au sérieux dans ce monde BD.

Allez, ne voulant pas en rester sur une seule impression j'irai jusqu'à emprunter un autre album, plus récent si possible; mais je sens d'avance que les BD dites pour adultes sont le plus souvent des gamineries dont il n'y a rien à retenir.

J'ai le sentiment que Bilal met son extraordinaire talent au service de scenari qui sont bien en-dessous de ce à quoi il pourrait prétendre.

Décorateur de cinéma, ça le fait davantage tout de même.

Ah, où êtes vous Sylvain et Sylvette de mes 6 ans? Et Riquiqui Roudoudou?

Flocon a dit…

Etchdi

le roman-photo. Je crois que la dernière fois que j'en ai lu un c'était un vrai, à l'ancienne, mais revisité par des situationnistes

Ne s'agirait-il pas de "La Révolution peut-elle casser des briques vers 1971 de très lointaine mémoire?

Anonyme a dit…

La dialectique peut-elle casser des briques était un film détourné (kongfu made in Hong Kong). Les situs en ont fait d'autres dont j'ai seulement entendu parler parce que je n'habitais pas en France dans ces années-là.

Il y a eu aussi des romans-photos, glorieusement oubliés par ailleurs. Hara-Kiri (mensuel) a aussi surexploité le genre.

Ah, Sylvain et Sylvette, l'ours, le sanglier et le loup ! Et les belles histoires de l'oncle Paul ! Et Buck Danny, seul contre les Rouges...

Etchdi