jeudi 18 février 2010

Responsabilité.

En août 1977, quand je suis entré vraiment pour de bon dans le merveilleux monde de l'entreprise conçu pour l'épanouissement des salariés, "la crise" (premier choc pétrolier) avait déjà 4 ans et il devait y avoir quelque chose comme 1 million de chômeurs (leave a little, take a few).

Ce tableau donne le taux d'emploi mais, de mémoire, on devait en être à environ 1 million de demandeurs d'emploi.

On savait pertinemment que la crise ne disparaîtrait pas dans les mois à venir mais qu'on était parti pour une période indéfinie de croissance sans création nette d'emplois ou peu s'en faut. L'avenir n'apparaissait pas exactement radieux. Le tableau montre d'ailleurs qu'entre 1975 et 2000 le taux d'emploi a baissé de 6% seulement. Et ce n'est pas fini, le plein emploi appartient au passé.

Je n'étais pas le seul à le savoir et j'ai toujours eu à l'esprit qu'il ne faudrait pas compter sur des jours meilleurs. Pas question d'emprunter sur 15 ou 25 ans pour acquérir un logement, un véhicule ou financer je ne sais quel projet, on ne savait pas (ou plutôt on savait trop) de quoi l'avenir serait fait. C'était il y a, allez, 35 ans. 

Quand de nos jours il y a des licenciements à la pelle et que des reportages sont diffusés sur les futurs chômeurs, je ne manque jamais de remarquer que des gars entrés dans telle ou telle boîte dans les années 90 voire 80, semblent tomber des nues quand le ciel leur tombe sur la tête. Comme si ils n'avaient jamais envisagé que cela pût leur arriver alors que depuis leur enfance ils ont toujours vécu dans une société en crise économique.

Et qu'on s'est endetté jusqu'au cou pour s'offrir le pavillon de ses rêves, une ou même 2 belles bagnoles dont il faudra rembourser les traites jusqu'à la fin des temps. Les journalistes vont toujours chercher l'employé(e) le plus ancien(ne) qui se lamente sur le cynisme et l'inhumanité des patrons ou du système. Ils avaient donc des illusions? C'est à présent qu'ils découvrent la réalité de l'économie de marché?

"Et que j'ai tout donné à l'entreprise (donné? Ils n'ont donc pas été payés?), je n'ai pas vu grandir mes gosses, j'ai tout donné pour la boîte etc."
Je ne jette pas la pierre à tous ces licenciés, les circonstances personnelles, individuelles, le contexte global etc. se conjuguent pour expliquer leur destin. Ils n'empêche, nombreux ceux qui ont totalement négligé leur responsabilité perso, genre la cigale et la fourmi.

On me répondra, oui mais toi c'est pas pareil, tu as fait un choix que les autres n'ont pas suivi etc. Ben oui, j'ai géré mon parcours économique façon fourmi. Concept petit bourgeois sans aucun doute mais cela tient aussi du simple bon sens. cf. La Fontaine.

Certes le système ne laisse aucune chance aux maillons faibles, ceux-là même qui claquent leur peu de ressources en clopes, écrans plasma, super caisses qu'ils remplacent tous les 3 ans et qui se sont mis des emprunts sur le dos pour 30 ans. Bon, je ne veux pas généraliser non plus mais il en est qui auraient pu amortir les coups s'ils avaient été un tant soi peu prévoyants.

Pour l'essentiel d'ailleurs je pense à ceux qui avaient des revenus d'une "bonne tenue", c'est à dire les cadres moyens qui avaient quelques responsabilités et non aux simple exécutants à bas salaires. Ceux-là ont cédé au mirage de la société de consommation, c'est étudié pour.
Mais les gars de 40 ans mini qui ont bien gagné leur vie pendant 15 ans et qui se retrouvent au RSA, s'imaginaient-ils vraiment que ça durerait toujours alors même qu'ils sont nés avec la crise et n'ont jamais connu autre chose? Faut un peu anticiper tout de même...


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