mercredi 30 septembre 2009

La Justice est la même pour tous!




Mais oui, bien sûr, même que c'est inscrit dans la Constitution. On en a des exemples au quotidien d'ailleurs. Pasqua par exemple... Ou un des co-prévenus au procès d'Alain Juppé en 2002 à Versailles qui avait été acquitté au prétexte qu'il avait eu une attitude exemplaire pendant l'Occupation. Plus de 50 ans avant les faits qui lui étaient reprochés?

Y a t-il une personne en France qui y croit à cet axiome constitutionnel?

Cependant la revendication est tout ce qu'il y a de plus légitime depuis la Révolution.

Et pourtant dans le cas de Polanski ou de certains artistes, je me fais l'avocat du diable.

Puisqu'au-delà de la victime il faut aussi satisfaire le besoin de justice de la société, il a été inventé une fiction qui se résume à : "il a payé son dû à la société". Voir ce vieux billet.

L'écrasante majorité, disons 99,999% des coupables de crimes (ce qui correspond aussi bien aux meurtres, qu'à la contrefaçon de monnaie, aux viols comme aux effractions nocturnes à main armée par exemple) sont ce que les Maoïstes appelaient des parasites sociaux, qui n'apportent rien, mais rien de rien à la société pour lesquels ils sont un fardeau de par leur simple existence.

La seule chose qui les identifie socialement c'est que ce sont des criminels, violeurs, pédophiles, braqueurs, assassins etc. Je ne vois pas en quoi passer 10 ou 30 ans en tôle leur permet de dire qu'ils ont payé leur dû à la société. Ils n'ont en aucune façon apporté quoi que ce soit à la société puisqu'au contraire la société a payé pour eux tout le temps passé en incarcération.

Au final, la société ne s'est nullement "enrichie" de la privation de liberté qui leur a été imposée. Ça a au contraire été une charge de plus pour la collectivité.

Revenons au cas Polanski. Certes il a commis un acte pédophile mais ce n'est nullement un pédophile per se en ce sens qu'il n'est pas mû par cette pulsion obsessionnelle. Il n'est pas connu socialement pour cet acte unique, aussi condamnable qu'il soit, mais pour l'œuvre qu'il a créée et qui a été reconnue par les Américains eux-mêmes avec l'Oscar attribué à Le Pianiste.

Il n'y a guère que dans ce genre de circonstances que je peux admettre l'expression "il a payé son dû à la société" en ce sens que ladite société s'est enrichie des œuvres du cinéaste. Non seulement la société américaine mais bien au-delà, toute l'humanité, de la Chine à la Finlande, du Brésil à l'Australie, des dizaines de millions de personnes ont vu ses films.

Films qui ont apporté à des millions de personnes du plaisir, de la distraction, une possibilité de réflexion et d'enrichissement moral et esthétique par exemple.

Toutes choses qui n'auraient pas été possible si Polanski avait dû passer 25 ans derrière les barreaux aux US.

Puisque la victime a été "dédommagée", qu'elle s'est désintéressée de l'affaire depuis des années, ne veut même plus en entendre parler, qu'apporterait à la société américaine l'incarcération de Polanski? N'a t-il pas payé son dû à la société précisément, en l'enrichissant, elle et les individus qui la constituent? Ce qui n'aurait pas été possible s'il avait passé x années behind the bars.

Black is white and white is black then. S'il avait passé 20 ans en prison il aurait prétendument payé son dû à la société mais en fait, n'ayant passé que 47 jours en prison, il serait toujours redevable à la dite société alors même qu'il l'a enrichie comme aucun des milliers de parasites sociaux ne l'a jamais fait ni ne pourra jamais le faire.

Alors, au risque de choquer, je soutiens que la loi ne doit pas s'appliquer de la même façon pour les grands esprits que pour la masse des parasites sociaux.

Ce sont les grands esprits qui façonnent une société, pas la populace qui bénéficie du génie des êtres d'exception.

Granted, ce n'est nullement un blanc seing pour s'affranchir de la Loi mais aussi, combien de génies ce genre d'affaires concerne t-il?

L'homosexualité était interdite et réprimée dans la Grande Bretagne d'après-guerre. Songez à ce qu'ils ont fait subir à un authentique génie, Alan Turing dont les travaux ont bouleversé le monde et l'humanité. Fallait-il le traiter comme le dernier des parias parce que la loi britannique de l'époque était ainsi faite?

3 commentaires:

ZapPow a dit…

Une conception intéressante, sur laquelle je n'ai pas encore d'avis.

Ceci dit, je crois que tu devrais lire Catherine Baker, "Pourquoi faudrait-il punir ?". C'est en téléchargement libre quelque part sur le Net.

Flocon a dit…

Comme je l'ai écrit, je me suis fait l'avocat du diable. En tant qu'avocat stagiaire, j'aurais été tenté par cette ligne de défense inattendue...

J'ai repéré le texte de Catherine Baker à partir de son article sur WIKI. Il est téléchargé il ne reste qu'à l'imprimer et le lire. Ce devrait être fait d'ici la fin du mois...

Je me souviens que tu me l'as déjà indiqué il y a quelques mois. L'année dernière sans doute.


Je profite de l'occasion pour dire mes regrets des nombreuses fautes d'orthographe que je retrouve ça et là dans mes billets.

Flocon a dit…

L'inégalité devant la loi est même clairement appliquée dans l'administration pénitentiaire puisqu'il y a des quartiers VIP à la Santé par exemple.

Ce qui revient à admettre que tous les détenus ne sont pas soumis aux mêmes conditions de détention pour des raisons d'origine ou de condition sociales.