jeudi 23 juin 2011

خط اليد


N'est-il pas intéressant de remarquer combien notre environnement culturel nous dispose favorablement ou non aux sons et aux signes des langues étrangères?

Les histoires nationales respectives façonnent nos perceptions de l'Autre, du voisin en général, parce que nos pays se sont combattus pendant des siècles ou très récemment encore. Choc des mémoires, choc des cultures...

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale l'allemand n'était sans doute pas la langue que les Européens avaient le plus envie d'apprendre. 

Après Pearl Harbour la langue japonaise et particulièrement les signes avec lesquels elle se représente ne devait pas être particulièrement populaires aux USA.

Les Grecs ont-ils une curiosité sympathique vis à vis du turc? Et les Chinois vis à vis du japonais?

Soyons francs, de nos jours l'arabe -tant pas sa graphie que par sa sonorité- n'est pas la langue qui appelle spontanément la sympathie en Occident.

On en comprend les raisons, il n'empêche, la graphie et donc la calligraphie arabes sont merveilleuses et l'objet d'une véritable expression artistique tellement elles recèlent de possibilités inconnues et impossibles à l'alphabet latin.

Eh bien même si je n'aime pas la sonorité de l'arabe, j'aimerais bien apprendre à le lire, c'est à dire en fait, à le déchiffrer. Il ne s'agit pas d'apprendre la langue mais juste d'être capable d'en reconnaître les signes.

"Malheureusement", mes premières approches montrent qu'il en va tout autrement avec l'arabe qu'avec le grec, l'hébreu ou l'alphabet cyrillique.

Sans doute devrai-je me contenter de cours de calligraphie alors ou plus simplement lire quelque bon livre sur cet art si merveilleux.

10 commentaires:

ZapPow a dit…

J'ai moi aussi toujours trouvé fascinante la calligraphie arabe (toute la calligraphie, en fait, et j'ai un peu pratiqué, mais la calligraphie arabe, ou plutôt musulmane, semble exacerbée par les interdits religieux). La langue, en revanche, m'a toujours parue effroyable, sauf dans quelques bouches, comme celle de Souad Massi par exemple. Pourtant, il paraît que c'est une langue faite pour la poésie, mais elle ne chante généralement pas à mon oreille.

Flocon a dit…

Merci de m'avoir fait connaître Souad Massi dont je n'avais jamais entendu parler. Youtube propose un vaste choix.

"La langue, en revanche, m'a toujours parue effroyable"

Chanter une langue lui donne une sonorité qu'elle n'a pas quand elle est parlée je crois. Les contraintes de respiration, de rythme, de tonalité etc. font danser les mots qui sinon sont des cailloux à même le sable.

La musique apporte la troisième dimension qui fait défaut à la langue parlée.

Figure-toi que quand je ne vivais pas une vie "ba feuille" comme à présent je m'occupais de méthodes d'apprentissage de langues, dont l'arabe.

Il existait un ensemble audiovisuel appelé Du Golfe à l'océan dont une des responsables était mariée à un Syrien.

Celui-ci avait donc entrepris un jour de m'apprendre à prononcer en arabe le titre du bouquin. Il m'a fallu un quart d'heure pour commencer à m'approcher de ce qu'il voulait entendre et je n'y ai pris aucun du plaisir habituellement associé à la découvertes des sons étrangers.

"Pourtant, il paraît que c'est une langue faite pour la poésie, mais elle ne chante généralement pas à mon oreille."

Pareil et nous devons être quelques milliards...

Mais par ailleurs on peut être tenté de croire que l'arabe est fait pour être lu (calligraphie donc) plutôt que pour être parlé, bien que cela semble paradoxal.

A l'origine tout système graphique est bien une méthode de transcription des sons. La graphie arabe a magnifiquement mis en valeur la dimension visuelle d'une langue qui est peut-être "naturellement" pauvre d'un point de vue euphonique.

Je suis bien sûr que des linguistes, des anthropologues et des musiciens ont depuis longtemps étudié cette question.

Je suis un peu germanophone et bien que je regrette de ne pas y être aussi à l'aise qu'en anglais (c'est donc relatif) je dois bien reconnaître que la sonorité de cette langue n'est sans doute pas son atout premier pour se faire connaître et aimer des étrangers.

Mais si tu écoutes ceci la langue chantée a-t-elle une quelconque importance au fond? N'est-ce pas la mélodie qui importe avant tout?

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En fait pour ce billet l'idée première était de mettre en avant combien nos a priori culturels nous prévenaient pour ou contre les manifestations culturels en provenance d'"ailleurs".

Ne sachant pas vraiment comment développer cette idée, le billet s'est gentiment incliné vers une conclusion qui n'était pas présente au départ.

ZapPow a dit…

L'expression correcte est "an ba feuille" (au moins pour les Antillais (Français et autres) et Guyanais.

Et tu as raison, la langue chantée n'a que peu d'importance : j'ai rarement compris ce que chantaient ténors, sopranos, etc., même quand ils chantaient des airs en français.

Néanmoins, le portugais et tous ses dérivés me semblent par eux mêmes des mélodies, ce qui n'est pas le cas de l'arabe.

ZapPow a dit…

Et pendant qu'on y est, Aafje Heynis, tu connais ?

Ned Ludd a dit…

Les grecques n'aiment pas les turques parce que de centaines de milliers étaient expulsés de l'asie minore par des racistes turques.

Flocon a dit…

Ned,

Il y a des noms de nationalités qui (me) font problème aussi.

Les Grecques comme tu écris signifient les femmes grecques alors que tu veux parler des Grecs en général.

Il est sûr que les Turcs (Turques pour les femmes) n'ont pas laissé que de bons souvenirs là où ils sont allés pendant les siècles de l'empire Ottoman.

Flocon a dit…

ZapPow,

Aafje Heinis m'est totalement inconnue. --> Wiki où ne se trouvent des articles qu'en néerlandais, c'est le moins, anglais et français.

Cela me sera l'occasion d'un prochain billet que j'ai en tête depuis quelques mois.

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"le portugais et tous ses dérivés me semblent par eux mêmes des mélodies, ce qui n'est pas le cas de l'arabe"

Si l'on peut faire abstraction des préjugés culturels collectifs et personnels, je me demande s'il n'y a pas des langues qui sont naturellement chantantes comme le portugais en effet que je préfère de beaucoup à l'espagnol (mais ça c'est un préjugé personnel je le sais), l'italien ou les langues slaves.

J'aime beaucoup entendre parler le russe ou suédois par exemple. Il se trouve que j'ai appris (un peu, bien sûr) le suédois mais pas le russe pourtant.

Il y a des langues qui me paraissent fluides (les précitées) et d'autres pas du tout comme l'arabe justement ou les langues asiatiques en général qui paraissent être une constante succession d'à coups.

Grosse question : La musicalité des langues : naturelle ou culturelle?

Les ethno-musicologues doivent avoir étudié la question.

Accessoirement, il est parfaitement impossible de juger de la musicalité de sa propre langue je crois.

Ned Ludd a dit…

Because of the Greek-Turkish War 1919-1922 and the massacres on both sides and the exchange of populations in some areas, I don't see the Greeks as being very sympathetic to the Turks.

China, but also Corea and other Asian countries probably have good reason not to appreciate Japan.(I write "Corea" and not "Korea" because the Coreans prefer that.

Flocon a dit…

"Because of the Greek-Turkish War 1919-1922 and the massacres on both sides and the exchange of populations in some areas"

Notwithstanding centuries of Ottoman rule and the Cyprus invasion by the Turcs 40 years ago.

Je ne savais pas que les Coréens préféraient le C de l'alphabet latin plutôt que le K. Même les Turcs écrivent Kore.

Ned Ludd a dit…

The "k" reminds Coreans of the Japanese occupation. On a linguistic level, in general English uses a "c" pronounced like "k" before "o" in most words: community, cop, code, etc. Exceptions are generally the names of plants or animals that come from other languages.