La très récente auto immolation du Tunisien Mohamed Bouazizi a entraîné les conséquences que l'on sait, en Tunisie tout d'abord puis en Égypte et en Libye à présent.
A ce titre, cet acte désespéré constitue un événement sans précédent dans l'Histoire contemporaine mais également, par contraste, souligne combien les situations spécifiques des pays actuellement concernés diffèrent radicalement de ce que sont de véritables dictatures.
Il y a eu d'autres cas d'auto immolations dans les 50 dernières années qui n'ont jamais abouti à renverser quel que système politique que ce soit ou même à influencer le cours de l'Histoire.
De Jan Palach à Ryszard Siwiec, de Jan Zajic aux autres inconnus qui peut-être ont recouru à cette forme ultime de protestation, aucun n'a pu ne serait-ce qu'ébranler les systèmes politiques contre lesquels ils manifestaient car ils vivaient sous des régimes dictatoriaux où les individus n'ont aucune importance et sont à la disposition du système.
Aucune révolte personnelle ou collective n'aurait pu venir à bout de l'hitlérisme (Sophie Scholl) ou du stalinisme, du maoïsme ou de l'apartheid sud africain par exemple (Soweto).
Ce qui se passe en Tunisie, en Égypte et bientôt en Libye ou même dans d'autres pays arabes, pour spectaculaire et symbolique qu'en soit la portée, montre bien que ce ne sont pas des dictatures au sens fort du terme qui sont en place mais plutôt des despotismes relativement fragiles.
On comprend que Mohamed Bouazizi soit considéré comme un héros national en Tunisie mais Ben Ali était plus un chef mafieux qu'un dictateur et Moubarack un dirigeant resté trop longtemps au pouvoir -sans pour autant minimiser la nature d'États policiers qu'étaient la Tunisie et l'Égypte bien entendu.
Il faut distinguer les dictatures qui sont des systèmes autonomisés des despotismes qui ne tiennent qu'à l'existence d'un individu dont la chute entraîne celle de son régime.
A ce titre, la Biélorussie de Loukachenko est un despotisme qu'une révolte populaire peut renverser quand la Corée du nord de Kim Jong Il est une dictature dont on ne voit pas d'autre issue qu'un effondrement de l'intérieur ou une intervention extérieure, chinoise en la circonstance.