jeudi 3 février 2011

Édouard Glissant


Édouard Glissant vient de décéder ce matin à Paris.

Peut-être avais-je rencontré son nom à l'occasion mais honnêtement j'ignorais tout de ce monsieur.

L'article du Figaro indique qu'il a eu maille à partir avec le pouvoir gaulliste pour activisme politique au début des années 60. Ce devait être un ultra gauchiste avant l'heure... Quant à l'article du  Monde, il insiste davantage sur le parcours et l'œuvre de Glissant.

L'article de Wiki semble assez complet et cite également Ernest Pépin et Raphaël Confiant.

Patrick Chamoiseau, "je connaissais", Frantz Fanon je l'ai lu mais à découvrir tous ces noms d'artistes ( Jenny Alpha récemment) et d'intellectuels antillais je me demande combien il sont en pourcentage de la population  locale parce que là c'est impressionnant tout de même.

Bon Ars longa, vita brevis, je lirai sans doute peu de toutes ces œuvres mais au moins je sais qu'elles existent.
 

10 commentaires:

ZapPow a dit…

Edouard Glissant n'est pas un écrivain facile à lire, je trouve. En tout cas, j'ai adoré "La Lézarde", que je te recommande chaudement, et dont je me suis toujours demandé pourquoi personne n'avait jamais essayé d'en faire un film.

Pour info, cette Lézarde-là est la plus grande rivière de la Martinique, et le roman se déroule tout entier sur, et autour d'elle.

Flocon a dit…

Il se trouve 4 exemplaires du Prix Renaudot 1958 dans les bibliothèques de la Ville de Paris dont une pas très loin de chez moi.

Je lis que la Lézarde fait 30 km de long. Vu son nom j'ai peine à me représenter un torrent descendant les flancs de la Montagne Pelée.

Mais après tout, lézarder peu aussi bien signifier se la couler douce (l'image s'impose!) comme une rivière au lent débit ou bien faire des méandres ce qui n'est pourtant pas ce qui caractérise les torrents.

Il y a aussi Station atomique que tu m'a recommandé...

C'est son style qui est difficile à lire? En tant qu'analyste et essayiste ou en tant que romancier?

ZapPow a dit…

La Lézarde finit son cours assez paresseusement, dans une plaine (la seule de Martinique), ce qui lui a sans doute valu son nom.

Chaque fois que j'ai voulu lire Glissant, j'ai calé. Ou tout au moins chaque fois que j'ai voulu lire autre chose que ce roman. Mais je n'ai essayé aucun autre roman, sauf une suite de "La Lézarde" dont je me demande parfois si je ne l'ai pas rêvée, vu que je suis incapable de me souvenir du titre.

Christine a dit…

J'ai pensé à vous aussi ZapPow, quand j'ai appris la mort de Glissant. Je n'ai rien lu de lui mais je connaissais cet écrivain: je l'ai entendu quelquefois sur des ondes radiophoniques.
Je retiens donc La Lézarde, qui me rappelle un peu le thème du Chant du monde, d'après ce que vous en dites. Zobel et Glissant, c'est un beau programme pour les vacances qui arrivent...

Flocon a dit…

On trouve de nombreux articles dans la presse depuis hier dont celui du Point et ceux du Monde : Un, Deux et trois.

Dans le Figaro certains lecteurs sont bien informés (la Lézarde est citée)

Rien dans le NYT à ce jour alors que Glissant a été professeur de nombreuses années à la City University of NY.

En revanche il se trouve 185 occurrences de son nom sur le site de ladite Université.

Dont cet article

Génération Fanon 2011 a dit…

Edouard Glissant a été banni des Antilles pour cause de militantisme indépendantiste (Ordonnance d'octobre 1960, qui interdisait de séjour les individus réputés indépendantistes pour atteinte à la sûreté de l'état ; parmi eux, Edouard Glissant, Marcel Manville, avocat fondateur du MRAP et meilleur ami de Frantz Fanon, ainsi qu'un des frères de Frantz Fanon - ce dernier était déjà sur la liste des ennemis publics dans le colimateur du gouvernement français).
Glissant n'a pu revenir qu'en 1965.
C'est normal qu'on n'en sache rien en France, tous nos plus grands écrivains ont été et sont encore censurés au pays des Gaulois, alors qu'ils sont encensés ailleurs, en particulier aux USA (perso, ça ne me choque pas, la parole arrive là où elle doit arriver). Bon, c'est vrai que nos écrivains ne sont pas très "faciles" non plus, y compris pour leurs propres compatriotes ;)
L'oeuvre de Glissant se partage entre poésie, romans et essais philosophiques et sociologiques. Plus d'infos sur le site de l'université CUNY de New York, où il enseigna jusqu'à tomber malade, l'an dernier : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/glissant.html

Flocon a dit…

Génération Fanon 2011,

Merci de votre commentaire informé et militant...

"C'est normal qu'on n'en sache rien en France"

Il ne faut pas généraliser mon ignorance (son visage m'était connu though) à l'ensemble de la métropole... ;-) à moins que le terme "métropole" ait des résonances politiques aux Antilles que j'ignore.

"tous nos plus grands écrivains ont été et sont encore censurés au pays des Gaulois"

Vous êtes sûr de ce que vous écrivez? Qu'il y ait eu censure et plus généralement inintérêt dans les années antérieures à 1970 disons, oui certainement mais depuis...

"la parole arrive là où elle doit arriver"

Ça j'aime bien! 8-)

"c'est vrai que nos écrivains ne sont pas très "faciles" non plus, y compris pour leurs propres compatriotes"

Alors cela se confirme donc...

Merci pour le lien vers l'C.U.N.Y que je n'avais pas trouvé auparavant.

La bibliographie y est impressionnante en effet.

Votre blog est très bien fait.

Génération Fanon 2011 a dit…

Mince, j'oublie tout le temps que les Antilles c'est la France, flûte alors ! Et puis ça vous fait teeeeeellement plaisir de dire "LA MÉTROPOLE" (hier matin, j'ai entendu Elkabach sur Europe 1 parler de risques d'attentats "en métropole", apparemment il parlait de pays du Maghreb, initialement, ça m'a bien fait marrer). La MÉTROPOLE, ça pose tout de suite son monde. Ça fait "important". Tant pis si l'Empire s'est depuis longtemps effrité en quelques îlots qui produisent quelques fulgurances littéraires, de temps à autres... :P

Bon, j'arrête de persifler (quels ingrats, ces Antillais ! Alors qu'ils nous doivent tout !).

Pour la censure des écrivains antillais, ben... la dernière fois remonte à 1995 :
http://www.pressafrique.com/m36.html
(Bayrou a retiré Césaire du programme de Terminale, et dire qu'il est venu se pointer à ses obsèques, toute honte bue...).
Concernant les oeuvres de Fanon, je demanderai à mes proches jusqu'à quand la censure officielle a duré (c'est ma famille).

Quand je parle de censure, il ne s'agit pas forcément de censure officielle. Il suffit de comparer le prestige de nos écrivains à l'étranger et en France. Mais sincèrement, on s'en fiche de plus en plus, de la reconnaissance côté français. Les USA, le Canada, c'est plus grand, et l'Afrique, continent d'avenir, nous tend les bras ! La langue française est notre "prise de guerre", et nos écrivains en usent et en abusent. On les lit dans le monde entier ! Raphaël Confiant, par exemple.

Merci d'avoir visité mon blog sur Fanon. Il est tellement connu chez les anglo-saxons que je peine à publier des articles en français (c'était le but du blog, au départ, que de compenser le fossé entre ces deux langues). Extrêmement connu en Inde aussi, ainsi qu'en... Turquie ! Sans parler du monde arabe, bien sûr (et l'Iran aussi).

On devrait en parler en France cette année, avec l'Exposition coloniale... pardon... l'Année des Outremers, mais bon, faut voir comment...

A bientôt !
;)

Flocon a dit…

Génération Fanon 2011,

"ça vous fait teeeeeellement plaisir de dire "LA MÉTROPOLE""

Moi perso je m'en fous :-D (et je ne peux pas voir Elkabach en peinture)

Pour le léger persiflage (votre terme) des deux premiers paragraphes, j'avais bien pris la précaution de suggérer que le terme "métropole" pouvait avoir des résonances aux Antilles de moi inconnues.

Peine perdue, il est vrai que j'aurais dû éviter la remarque...

Merci pour les précisions concernant l'œuvre civilisatrice de Bayrou, j'ignorais là encore.

Raphaël Confiant est cité dans le billet, il est vrai que j'en ignorais l'existence avant d'aller voir sur Wiki.

Je vous sens bien remonté sur le coup... :-D

Pour ce qui concerne mon ignorance avouée de la littérature antillaise, rappelons que dans les années 60 le Lagarde et Michard n'était guère disert sur les littératures francophones (est-ce comme cela qu'il faut dire?).

Il se trouve que j'ai lu il y a 4 ans les deux textes principaux de Fanon, personnage vraiment hors du commun et qui suscite l'admiration.

Vous en trouverez trace et citation dans ce billet que j'ai mis en ligne sur un autre blog.

Par ailleurs, j'ai commis il y a trois ans bientôt un billet sur le thème du colonialisme ici même.

Le petit blanc parisien est certes infiniment moins informé que vous des problématiques que vous travaillez. Il sait juste qu'elles existent.

Oui, votre blog est bien construit notamment (on parle "technique" là) les quatre onglets (accueil, biographie, œuvres, documents) en haut de page. Ça je ne sais pas faire.

Je mets Génération Fanon 2001 en liens si cela peut aider à votre référencement...

Bien à vous.

Flocon a dit…

Je retrouve aussi ce billet pas si ancien...