jeudi 10 février 2011

Démocratique on vous dit!




Connaissez-vous la démocratie formelle qui consiste à ne plus rien dire ni revendiquer et se satisfaire de quoi que puisse décider le chef au prétexte qu’une majorité (ça n’est jamais que 50,1%) l'a élu. Vous avez voté? Vous n’êtes pas content? Et bien tant pis, maintenant vous la bouclez pendant 5 ans.



Supposons qu’aux EU en 1860, il y ait eu le choix entre 2 candidats, l’un pour l’abolition de l’esclavage, l’autre contre. Le partisan de l’esclavagisme l’emporte, il aurait donc été tout à fait démocratique et respectueux du droit des gens (particulièrement des noirs) de se soumettre et de continuer à accepter (de bon cœur tant qu’on y est) leur statut d’esclaves. 

Il aurait été démocratiquement demandé aux Allemands ou aux Polonais dans les années 30 s'ils souhaitaient l'expulsion de tous les Juifs d'Allemagne et de Pologne avec confiscation de leurs biens : Résultat garanti avec le sceau démocratique comme justification morale/légale.

Un référendum en Israël : Doit-on liquider tous ceux des Palestiniens qui puissent représenter une menace pour l'État d'Israël? Surprise, la réponse est oui. L'aval démocratique est mis en avant et carte blanche pour une politique terroriste d'extermination des faibles par les forts. 

Dans un contexte plus contemporain et français : Un candidat se prononce pour le relèvement des heures de travail à 50/semaine sur 6 jours, la retraite à 70 ans, une réduction drastique de la couverture sociale, le gel des pensions de retraites pendant 10 ans (moins de cotisations ce sera plus de pouvoir d’achat sera le message dudit candidat) etc. Il est élu par 50,5% des voix (pas impensable, le 3ème âge n’est pas exactement révolutionnaire et considérera que les générations qui les ont suivies ont bénéficié de “privilèges” qui étaient inaccessibles à leur époque, il est temps de mettre un terme à la jouissance). 

Alors pas de discussions ni de contestations dans la rue (ce serait “complètement anti-démocratique”) : Les classes sociales contre lesquelles de telles dispositions seraient appliquées (au bénéfice des autres) n’ont qu’à gentiment accepter le verdict des urnes (comme on dit) et se soumettre, de bon cœur encore une fois, au choix de la majorité qui, elle, ne connaîtrait aucune altération de son mode de vie, bien au contraire. 

Sarkozy, mais lui il est vraiment hors normes, n'a pas été élu, il l'avait dit lui-même, pour revenir sur l'acquis social que représentait la retraite à 60 ans ni pour faire réintégrer la France au commandement unifié de l'OTAN. Il a été démocratiquement élu, qu'importe ce qu'il fasse à présent, il agit dans un cadre démocratique. Toute opposition ou contestation ne saurait être qu'anti démocratique.

Il a été élu par une majorité, maintenant il a carte blanche. Pas d’accord les autres? Eh bien tant pis, c’est la démocratie.

C’est ça la démocratie formelle que représente le suffrage universel et c'est au fond potentiellement très dangereux. Une fois élu par toutes sortes de mensonges et de promesses intenables on est libre de faire ce que l’on veut au profit de ses mandants.

Les allégories du XIX siècle représentaient le suffrage universel comme une garantie de droiture, de sagesse et de vertu. On peut penser qu'en réalité le suffrage universel a été mis en place par la bourgeoisie pour canaliser les ardeurs révolutionnaires du prolétariat en lui faisant valoir que c'est lui à présent par son vote qui détenait le pouvoir. C'est bien le sens de l'affiche en tête de billet; il suffit de lire la légende pour le comprendre.
"Le suffrage universel ne me fait pas peur, les gens voteront comme on leur dira"
(Alexis de Tocqueville)

En fait le prolétariat vote toujours contre son intérêt parce que les masses sont incultes, imbéciles et manipulables à souhait. Derrière le paravent du suffrage universel ce sont les puissances d'argent qui tiennent et se maintiennent au pouvoir.

La démocratie élective est le moins pire des systèmes se dit-on mais ça n'en est pas moins une tromperie quant au pouvoir qui émanerait du peuple.


3 commentaires:

Flocon a dit…

Il y a ce matin un article dans le NYT à propos de Berlusconi dont les turpitudes laissent de marbre 50% des Italiens, hommes et femmes "confondus" (désolé, c'est venu tout seul).

Il y a en Italie une histoire bimillénaire de corruption, de dépravation, de concussion probablement à nulle autre pareille en Europe.

Que l'on songe aux orgies romaines, aux Borgia et à toutes les références que l'on peut reconnaître dans les films de Fellini.

Le catholicisme donne en Italie la pleine mesure de son intrinsèque perversité. Des indulgences aux confessions des croyants qui sont lavés de leurs pêchés au prix de quelques prières chuchotées dans le pseudo face à face avec le confesseur.

Mais quand bien même les Italiens ne supporteraient plus Berlusconi comme les Français ne peuvent plus voir Sarko en peinture, que pourraient-il faire puisqu'ils ont élu ce maquereau de façon tout à fait démocratique?

Seule l'insurrection à la tunisienne permettrait peut-être de virer les présidents et premiers ministres régulièrement élus qui se sont rendus indignes de leurs fonctions.

Pour les remplacer démocratiquement par d'autres tout aussi potentiellement corrompus et insultants à la dignité des peuples.

Et l'on se prépare à en reprendre pour 5 ans de Sarko car telle en aura décidé la démocratie...

Anonyme a dit…

"En fait le prolétariat vote toujours contre son intérêt parce que les masses sont incultes, imbéciles et manipulables à souhait".
C'est toujours malheureusement le cas.
http://decryptages.blog4ever.com/blog/lire-article-558299-3428084-_j_ai_toujours_ete_elu_par_une_majorite_de_cons___.html

Flocon a dit…

Bonjour anonyme, désolé que votre commentaire ait atterri dans le panier à pourriels...

Il y avait à boire et à manger chez Frêche mais en la circonstance il a dit tout haut ce que pensent sans doute - même sans le savoir - un certain nombre de politiques puisque c'est la base même du métier.

C'est comme ça, il faut faire avec
mais sans illusion. Sinon il y a l'option avant-garde du prolétariat et ça peut déraper...