mardi 4 mai 2010

Chauffés à blanc

Les cours d’assises des mineurs se retrouvent parfois devoir juger des affaires plus sordides que d’autres, si c’est possible: ce qu’on appelle les tournantes. Il y a de nombreux facteurs bien sûr qui entrent en jeu pour expliquer ce phénomène social contemporain. Considérons l’un d’entre eux en particulier :

L’époque est à la sexualisation sans retenue à tous les niveaux de la représentation. Quelles que soit d’ailleurs les catégories sociales et intellectuelles, toutes elles sont soumises à la même pression érotisante, qui se veut ludique et légère ici, grasse et vulgaire là.

Les gamins baignent depuis toujours dans une permanente reproduction de chairs et d’expressions du «désir» fût-il le plus salace, le plus sordide.

Que ce soit sur les chaînes de télévision, même dans les émissions dites familiales, sur les affiches de cinéma ou de publicité quelconques dans la rue, le métro, dans les clips «musicaux» que déversent à longueur de journée les chaînes d’abrutissement collectif à l’échelle industrielle, partout ce ne sont qu’expositions de corps dénudés, de visages féminins prétendument perdus dans l’extase amoureuse et sensuelle. 

L’adolescence n’est pas exactement une période facile à vivre, particulièrement dans ce domaine. Alors pour faciliter sans doute le passage à l’âge supposé adultes, les garçons sont chauffés à blanc dans l’exacerbation de leurs pulsions naturelles auxquelles il n’est pas permis de s’épancher.


Voyez maintenant ce qui est vendu aux filles comme modèle et référence: des magazines dont les titres racoleurs sont:

«Avez-vous le corps de ses envies?»
«Êtes-vous un cadeau pour un mec?»
«Comment plaire aux garçons»
«Comment réussir sa première nuit avec un mec»

etc. avec des couvertures où des quasi fillettes de 15 ans rivalisent dans des poses à la Lolita qui se veulent toutes plus aguicheuses les unes que les autres.

Comment les petites frappes qui violent des gamines pourraient-ils ne pas croire qu’au fond «elles» sont d’accord, il suffit de voir les magazines qu’elles lisent?

Une fois encore la société récolte ce qu’elle sème. La presse en tout premier lieu se donne au culte du veau d’or, avec pour seule finalité de faire de l’argent par quel que moyen que ce soit. L’éducation des nouvelles générations ce n’est pas exactement son problème. Avec le résultat que l’on sait.

Rendez-nous Les Petites filles modèles et Les malheurs de Sophie !

3 commentaires:

ZapPow a dit…

Salut Flocon.

Suis un peu pris ces temps-ci, je passe en coup de vent.

Dans le même ordre d'idées, je dois dire que je ricane férocement lorsque j'entends qu'on veut interdire le voile intégral au nom de la dignité de la femme.

Tu te rappelles sans doute ce qu'Einstein disait de l'univers et de la bêtise humaine ? Il aurait pu dire la même chose de l'univers et de l'hypocrisie de notre société.

A+.

Flocon a dit…

Salut ZapPow,


Je n'avais pas pensé à cet apparentement ("terrible" bien sûr) entre ce billet et la burqua.

Effectivement s'il est question de la dignité de la femme, les sociétés occidentales sont assez mal placées pour se poser en modèle.

Cela dit, chacun voit midi à sa porte, en ce domaine comme en d'autres.

Les sociétés ouvertement patriarcales ne sont pas davantage en situation de donner des leçons en la matière.

Comme quoi l'hypocrisie (aussi insondable que l'univers je crois) est aussi la chose au monde la mieux partagée.

J'ai en tête un billet sur la burqua (mais je me sens assez cossard ces derniers temps).

Et un autre, plus délicat, dans la continuation du billet d'aujourd'hui.

Il a été voté (ou il était question de voter) une loi le mois dernier sur les violences (physiques comme psychologiques) faites aux femmes.

La culture (as opposed to nature) impose aux hommes une sacrée violence psychologique pour ce qui est des relations avec l'autre sexe.

Question refoulement et oppression, tant du désir que du corps, le sexe masculin se voit imposer une méchante castration aussi bien symbolique que réellement dénaturante.

C'est le tribu que réclame "nécessairement" sans doute le processus qui nous a hissé de l'animalité à l'humanité.

Au prix de quels dégâts cependant!
De quelles souffrances et dérèglements qui n'affectent pas seulement les hommes mais bien aussi les femmes et les sociétés dans leur ensemble.

La névrose universelle a de longs millénaires devant elle peut-on croire. Au point qu'il ne me paraît pas insensé de croire qu'elle est consubstantielle à l'humanité.

Flocon a dit…

Soudain éclair de mémoire:

Mon commentaire précédent n'est rien d'autre qu'un des thèmes exposés par Freud dans Malaise dans la civilisation...

Encore une lecture que je devrais faire et que je ferai pas...