mardi 1 juillet 2008

C'est la fêêêêteuh



Ça y est! Le grand jour est arrivé: La France préside pour les 6 prochains mois l'Union Européenne. Déjà qu'un certain nombre de citoyens français n'ont pas la moindre idée du fonctionnement ni même de la nature du système politique qui les régit (je n'avance pas de pourcentage), je m'aventure à penser que pas 10% des Français, ou des autres Européens d'ailleurs, ne comprend grand chose aux mécanismes institutionnels de l'Union Européenne. Alors quant au traité de Lisbonne, là j'en suis bien sûr, 99,99% des Français en ignorent absolument tout.

Le discours officiel sur l’Europe depuis 50 ans est teinté d'irénisme. Une grande réussite, la paix, le rapprochement des peuples etc. Mouais… Sauf que les peuples ne la perçoivent pas du tout du tout du tout comme ça l’Europe. Ce qu’ils y voient c’est une monstruosité technocratique absolument indéchiffrable et incompréhensible à 99% des électeurs. Au delà des discours et positions de façade de tous les dirigeants il y a un climat généralisé de totale méfiance voire de défiance vis à vis d’un ensemble institutionnel dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est tout sauf "démocratique".

L’élection du parlement européen est une farce renouvelée tous les 6 ans qui sert essentiellement de baromètre de politique intérieure pour chacun des États membres comme de cellule de reclassement pour les évincés des suffrages universels respectifs. Ce parlement n’a aucun pouvoir décisionnaire digne de ce nom et est bien perçu comme tel par tous les électeurs des 27 pays membres. Il n’a aux yeux des peuples strictement aucune importance et je ne vois pas comment un quelconque électeur européen peut prétendre s’y voir représenter.

La tromperie qui a consisté à faire miroiter le mirage d’une démocratie représentative à l’échelon européen a fait long feu et trompe de moins en moins d’électeurs. Le taux de participation en témoigne, il est même surprenant qu’il soit encore supérieur à 50%. Comme quoi l’espoir a la vie dure chez les masses…

L’exemple donné de la TVA que la France ne peut mettre en œuvre selon ses besoins est malheureusement très révélateur. Où va-t-on quand la souveraineté d’un État est à ce point dépendante de l’accord, de la permission, des 26 autres? Les Britanniques ne s’y trompent pas et je ne suis pas sûr qu’ils aient entièrement tort.

Bien qu’ayant voté sans enthousiasme “oui” au référendum en 2005, la tête encore bercée de benoîtes illusions, je ne suis finalement pas mécontent du tout que cela se soit terminé en eau de boudin. C’est un sursaut démocratique justement et je suis content que ce soit les Français qui aient regimbé les premiers. De toute façon jamais, jamais les Britanniques n’auraient donné leur accord donc de toute façon c’était mort dans l’oeuf.

Que les Espagnols par exemple soient à ce point europhiles tout comme les Irlandais illustre bien la réalité des choses. Les grands européens “historiques” les ont amenés d’un moyen âge économique au XXI siècle en les dispensant de passer par toutes les étapes qu’ont dû assumer les autres. Ainsi, les fonderies/aciéries françaises et allemandes ont toutes dues être reconstruites et modernisées après 1945 alors que les Espagnols ont pu se doter des techniques les plus modernes en matière de production d’énergie, d’infrastructures, de transport, de réseaux électriques ou de communications, le tout aux frais des Européens qui devaient amortir leur propres équipements avant de songer à les renouveler en mieux.

C’est près de 100 milliards d’Euros que les Espagnols ont reçu en subventions de la part de l’Europe depuis plus de 20 ans qu’ils sont membres. Des subventions, on est bien d’accord, ce ne sont pas des prêts remboursables, des avances etc. Non, c’est cadeau. Tu m’étonnes qu’ils soient europhiles les Espagnols. Tout comme les Irlandais, qui en plus parlent anglais; ça aide de nos jours pour les investissements…

Je me souviens de J. Delors prophétisant la création de plusieurs millions d’emplois grâce à l’application du traité de Maastricht, des gains de productivité merveilleux, une disparition de l’inflation… le bonheur quoi… Et comme d’habitude… Il y a 25 ans, se souvient-on que la suppression de l’autorisation administrative de suppression d'emploi allait fluidifier le marché du travail, permettre la facilité d’embauche et au final relancer la création d’emplois…

Bon, cela dit je ne partage pas les jugements négatifs sur l’Euro. Si c’était à ce point néfaste tous les nouveaux entrants s’y refuseraient. C’est le contraire. Cela dit la GB, la Suède, la Norvège, le Danemark s’en passent fort bien on dirait. Encore que pour la Norvège, si on lui ôte son pétrole elle viendra pleurer pour intégrer la zone euro…

Quant à la représentativité des ministres et chefs d’État au Conseils européens, c’est là à mon sens que réside la tromperie du discours officiel des tenants de l’Europe telle qu’elle se construit. Lesdits ministres ne sont certes pas des dictateurs mais:

1° Aucun ministre n’est élu dans aucun pays européen que je sache.

2° Hormis ceux des pays aspirants aux subventions, aucun des chefs d’Etat ou Premier Ministres européens n’est élu sur un quelconque programme européen, de près ou de loin. C’est carte blanche une fois qu’ils sont en place sans contrôle, ni avant ni après. Alors la démocratie représentative je veux bien mais faut pas prendre les canards sauvages pour des enfants du bon Dieu non plus…

3° Que le Parlement Européen soit doté de pouvoirs réels et que les électeurs sachent que leurs votes peut influer sur l’avenir ou sur les décisions qui affecteront effectivement leur avenir mais actuellement, c’est un Parlement croupion qui sert essentiellement de base arrière aux recalés des scrutins nationaux. Les têtes de liste n’ont qu’une hâte: n’y jamais siéger.

Petit test: Combien d'Européens sont capables de nommer tous les pays membres de l'Union Européenne? 10%? Plus? Moins?

5 commentaires:

Flocon a dit…

A propos du titre, c'est pour souligner qu'à mon sens, à peu près tous les Français s'en contrefichent que nous présidions l'Union Européenne pour 6 mois.

ZapPow a dit…

D'accord jusqu'au ras du cou.

Flocon a dit…

zappow,

Par contre, que nous soyons champions d'Europe de foot, alors là ça motiverait autrement les foules. Pour le coup ce serait la fêêêêêteuh ;-)

ZapPow a dit…

Toutafaitement. Il en va du sentiment national comme de l'amour-propre : un rien le pique, un rien le cajole.

C'est universel.

Flocon a dit…

Il en va du sentiment national comme de l'amour-propre : un rien le pique, un rien le cajole.

Il y a du La Rochefoucault chez zappow. A moins que ce ne soit du La Bruyère... ;-)