mardi 20 avril 2010

L'au-delà de la représentation










Un des thèmes particulièrement intéressant de la philosophie est ce qu'on appelle "théorie de la connaissance". Pour ceux qui le peuvent, lisez la version allemande, seul article de qualité sur WIKI sur ce sujet, l'article français étant insignifiant, l'article en anglais (américain) ayant une approche plus anglo-saxonne, ce qui n'est pas un truisme, la philo anglo-saxonne s'étant détachée de la tradition continentale depuis les travaux du Cercle de Vienne.

Vite dit, il s'est agi depuis les Grecs anciens, de comprendre comment les sujets que nous sommes, placés en face des objets, du monde réel, sont parvenus à la raison et donc à la possibilité d'élaborer des concepts.

Quelles étapes avons-nous dû franchir pour passer de l'intuition aux pures sensations animales, de la perception à l'entendement puis à la conscience, et de la conscience de nous-mêmes à la raison qui nous a définitivement amenés à l'humanité qui agit volontairement sur le monde.

C'est surtout à partir du Cogito de Descartes que cette recherche s'est considérablement accélérée. Ont suivi les sensualistes, les matérialistes, les idéalistes etc. Malebranche, Condillac, Hume, Locke, Berkeley, Kant (Critique de la raison pure) évidemment, suivi de Schopenhauer (premier Livre du "Monde etc."), Hegel et la Phénoménologie de l'Esprit (Trois premiers chapitres) -c'est du lourd!- travaux repris par Husserl qui, pour ce que j'en sais, a clôt cette recherche dans l'histoire de la philosophie classique. On  inclut ici ceux qui  se sont placés dans le sillage de Husserl (Merleau Ponty, Lévinas etc).

Au XXè siècle les neuro-sciences ont pris le relais, pourrait-on croire, des siècles de préparation et de découvertes de la philosophie occidentale (les Chinois ne s'étant nullement préoccupés de ce champs de recherche).

Mais au fait, qu'a-t-on appris des neurosciences en la matière? Beaucoup de choses sans doute d'un point de vue du comment et du descriptif, de la chimie à la biologie, mais encore? N'en sommes-nous toujours pas restés au seuil de l'ultime Comment et Pourquoi?

On savait dès le XVIIIè siècle que l'activité cérébrale se résumait, si l'on peut l'écrire, à des flux électriques entre neurones alimentés par les synapses (ça c'est du XXè). 

Les neurones agissant en quelque sorte comme des condensateurs électriques, ne nous trouvons-nous pas dans la même situation qu'il y a 2000 ans: Comment des charges électriques dans notre cerveau nous permettent-elles de nous représenter le monde?

Arrêtons-nous une seconde et reposons-nous la question: Comment des charges électriques, en elles-mêmes vides de contenu, il ne s'agit que de charges positives ou négatives, peuvent-elles nous permettre de nous représenter mentalement nous-mêmes à nous-mêmes et nous dans notre environnement immédiatement accessible aux sens mais aussi aux projections dans le temps et l'espace qui, individuellement, nous sont physiquement inaccessibles?

On laissera de côté l'imagination, la mémoire et la faculté créatrice parce que cela devient vertigineux! On peut consulter Bergson et son Évolution créatrice mais je n'en ai pas un souvenir particulièrement marquant. Bon, mon opinion en la matière... en tout cas elle semble partagée par B. Russell (cf. citation au sein de l'article).

Cette interrogation générale du comment et plus encore du pourquoi  (il s'agit là de métaphysique) n'est pas sans danger (intellectuellement parlant s'entend, notre survie n'en dépendant tout de même pas) à savoir que rien ne semble plus s'opposer au solipsisme.

Pour faire court (le billet commence à s'étirer...) le solipsisme est la conviction que rien d'autre que le sujet n'existe et qu'il n'y a pas de monde extérieur à la conscience. Cette position paraît être intenable et pourtant il semble impossible de s'en débarrasser. Schopenhauer, qui avait repris cette idée de Berkeley comme il l'énonce dès les premières lignes du Monde, avait qualifié le solipsisme de citadelle absolument imprenable mais dont les gardiens étaient eux-mêmes prisonniers, ils n'en pouvaient sortir, citadelle qu'il était extrêmement facile à contourner et qui au fond n'entravait en rien l'avancée du chercheur de vérité.

Mais qu'est-ce donc que la vérité dans notre affaire? 

Ne nous trouvons-nous pas face au choix multi séculaire entre le matérialisme d'un côté et l'idéalisme de l'autre?

Y aura-t-il jamais une réponse à cette question ou cela est-il tout simplement impossible? Nous voyons bien le chemin  parcouru mais plus nous avançons plus se posent de nouvelles interrogations.


(Je n'ai pas mis tous les liens possibles et imaginables (Malebranche, Locke, empirisme, idéalisme etc.) au lecteur curieux et intéressé de se munir de courage et de bonne volonté. Qu'il essaye pour commencer de lire les articles français sur la Phénoménologie de l'Esprit ;-D )


1 commentaire:

Flocon a dit…

On lira avec intérêt cet article en anglais (article de qualité) qui approche le thème du billet mais ne répond aucunement au questionnement posé.