jeudi 29 avril 2010

Hegel et Spinoza à la bourse

Panique renouvelée dans le monde de la finance. La Grèce , le Portugal, l'Espagne, l'Irlande bientôt semblent affronter vent debout les dégâts collatéraux du libéralisme à outrance.

Cela dit puisque tout le monde ou presque se jette Abraracourcix sur les traders, banques, organismes financiers, agences de notation etc. qui seraient les méchants sans morale se nourrissant de la chair fraîche des peuples, qui a laissé se mettre en place pareil système devenu incontrôlable et dévorant tout ce qui trouve sur son passage?

La plus insane des récriminations est bien celle qui reproche leur manque de morale aux banquiers. Celle-là c'est vraiment top notch!

Les banquiers et tous les acteurs du système financier mondial obéissent tous au principe spinoziste fondamental : le conatus. On persévère dans son être qui en l'occurrence est de produire du bénéfice sans création de valeur, comme le politicien persévère dans son être qui est par essence d'avoir recours à tous les expédients possibles et imaginables pour obtenir et conserver le pouvoir, comme chacun d'entre nous poursuit son être et son agir dans tout ce qu'il peut avoir de positif ou négatif tant que rien ne s'y oppose.

En résumé, les acteurs du système financier font ce pour quoi ils existent. S'ils ne rencontrent aucune opposition de nature à entraver l'avancée de leur Juggernaut ce n'est pas eux qu'il faut mettre en cause mais bien les politiques qui sont leurs fondés de pouvoir.

Par ailleurs si la Grèce puis les autres maillons faibles de la zone euro sont under attack c'est là encore qu'il y a une raison, que nul ne conteste j'imagine : Tous les fondamentaux sont en place pour que personne ne leur fasse confiance dans la planète financière.

Faisons là encore un petit rappel d'un certain concept philosophique : "Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel"

Hegel
(Préface aux principes de la philosophie du droit)

Autrement dit, l'irrationalité du réel n'est qu'apparente.


Cela dit en référence aux media qui n'ont de cesse de gloser sur l'irrationalité des bourses. Il y a peut-être un semblant d'irrationalité mais ne s'agit-il pas plutôt d'une énième ruse de l'esprit (à la Hegel)?

A savoir que derrière une apparence de désordre se déploie la marche souveraine de la logique financière (son esprit à elle) qui perpétue et accroît même sa raison d'être et de faire tant que rien de plus fort qu'elle ne vient contrarier sa progression.


2 commentaires:

merbel a dit…

Amusante votre analyse philosophique du métier de banquier... Mais où est passée l'éthique, mon pôv' Môsieur? :-)

Flocon a dit…

Une aimable appréciation est toujours agréable merbel (de Normandie?)

Je suis bien un pôv' môsieur effectivement puisque j'ai des billes dans cette affaire et que je suis en train de les perdre...

L'éthique (au sens de valeurs et agir personnels) n'a pas sa place dans quelque domaine professionnel que ce soit (à peu de chose près) puisqu'il s'agit de faire et de produire et non pas de pratiquer la compassion vis à vis de son prochain.

Merci de votre passage.