lundi 28 septembre 2009

A mort, à mort!




A propos de Polanski qui vient de se faire piéger en Suisse pour une histoire vieille de 32 ans (comme si en 1970 on en était encore à poursuivre le même genre d'affaire datant de 1938...), j'ai lu quelques commentaire postés sur les forums du Monde, le Figaro et autres.

La très grande majorité s'exprime avec rage pour une condamnation de Polanski pour une partie fine comme Hollywood en a connu tellement d'autres (see Fatty Arbuckle) alors que manifestement ils ne savent rien de ce qui c'est passé sauf ce que les medias leur racontent (viol d'une enfant de 13 ans) si ce n'est même qu'ils n'étaient pas nés à l'époque ou alors étaient gamins. Il doit aussi y en avoir qui ignoraient jusqu'à l'existence de Polanski.

Ce que j'en sais c'est que la gamine en faisait bien plus et que c'est sa mère qui l'avait envoyée chez Nicholson dans la maison duquel avait lieu la soirée. Elle en a retiré une bonne compensation financière.

De même le gosse qui accusait Michael Jackson d'attouchements a avoué après la mort de celui-ci qu'en fait le chanteur ne l'avait pas touché mais que c'est son père qui lui avait dit d'inventer l'histoire. Ça a payé en millions de dollars.

On a eu la même chose en France il y a quelques années avec J. Hallyday accusé de viol par une bonne femme qui s'était dit qu'il y avait de la tune à se faire avec les people. Les filles qui font chanter les hommes ça n'est pas vraiment nouveau...

Pour en revenir aux commentaires, ce qui est frappant c'est la hargne des "commentateurs" dont l'argument premier et dernier c'est que la loi doit s'appliquer de la même façon à tout le monde, célèbre ou pas, talentueux ou pas.

Derrière cette exigence d'égalité devant la loi, ce que je lis c'est la détestation de la populace pour tout ce qui ressemble aux artistes ou aux intellectuels, monde qui leur est radicalement étranger et dont ils perçoivent bien qu'il (ce monde d'intellos) lui représente combien elle est foncièrement inculte et imbécile, indécrottable, irrécupérable et vouée à la médiocrité de toute éternité.

Alors ils en "tiennent" un et celui-là paiera pour toutes les frustrations et les sombres névroses qui les habitent et qu'ils se transmettent de générations en générations.

A mort, à mort celui qui est plus, qui n'est pas comme nous, qui est intelligent, l'artiste qui fait partie d'un monde dont nous sommes et serons toujours exclus de par notre propre limitation mentale.

Haine et envie, voilà ce qui ressort de ces hurlements de loups.


12 commentaires:

ZapPow a dit…

N'étant ni plus, ni moins informé que le pékin de base sur le sujet (autant dire pas informé du tout, j'en savais bien moins que toi avant de lire ce billet), ce qui m'a surtout indigné, car j'ai, moi aussi, proclamé qu'il ne devait pas y avoir une loi pour les Polanski, et une autre pour le commun des mortels, ce sont précisément les propos tenus par certains défenseurs de Polanski, qui semblaient considérer carrément que vu le génie du maître, il ne fallait pas revenir sur cette histoire vieille de trente ans, argument dégoûtant s'il en fut.

Je suis tout de même surpris de l'action de la Suisse, où Polanski s'est rendu à maintes reprises. Je subodore quelque entourloupe (la Suisse, c'est propre dessus, mais en dessous…).

Flocon a dit…

Il ne fait pas de doute que le loi est la loi pour tous, cela ne se discute pas, on est bien d'accord.

Plût au ciel qu'il en soit toujours de même, notamment pour nos politiques.

La réaction des Américains en général est compréhensible, ils portent une foi quasi religieuse en leur système judiciaire, issu précisément des abus des systèmes judiciaires des différentes monarchies européennes qu'ils ont laissées derrière eux.

De même le hourvari de tout le monde artistique et politique est un peu gênant tout de même, on n'y est pas habitué quand il s'agit de gens de peu.

Là où il y a source d'incompréhension c'est que ce type de crime ne connaît pas de prescription chez les puritains américains comme chez les puritains suisses (curieuse coïncidence) alors que les crimes sont prescrits au bout de 10 ans en France, ce que je trouve aussi assez cool pour les criminels.

En plus clair, ce me paraît choquant pour la société et insupportable pour les victimes qui peuvent rencontrer leurs bourreaux 10 ans plus tard sans que celui-ci ne craignent quoi que ce soit.

Quant à la Suisse...
Je subodore quelque entourloupe
Faut-il voir un lien entre l'affaire USB/US et l'arrestation de Polanski? Et cela 2 mois a peine après que le président de la confédération suisse eût présenté ses excuses à Khadafi?

Sinon tu as ça
http://tinyurl.com/ybpx6f6
qui va un peu dans le sens de ma première réaction (le billet)


Le temps semble s'être arrêté dans le système judiciaire américain (influence des Amish qui sont aussi originaires d'une partie des Alpes suisses?)

Décidément je n'imaginais pas qu'il y eût de si proches affinités entre la petite confédération et the greatest nation on earth comme ils disent.

Principal point commun : l'argent. Comme tu dis, "la Suisse, c'est propre dessus, mais en dessous…

On se fait une gentille image à produire du bon chocolat au lait pour mieux faire oublier que le blanchiment d'argent sale on sait faire ainsi que de servir de paradis fiscal.

A propos de paradis fiscal, est-ce valable pour tout le monde ou cela ne s'applique t-il qu'à ceux qui peuvent allonger quelques millions d'Euros ou de Dollars?

Pour en revenir au cas Polanski, bon il y a bien eu viol mais il faut prendre aussi en compte les circonstances et l'époque.

C'est le genre de connerie qui vous font passer des 30 et 40 ans en tôle aux US. On comprend que Polanski ait pris la tangeante

Et puis 32 ans après, alors même que la victime a demandé que l'on en termine avec cette affaire...

ZapPow a dit…

Mon problème avec cette histoire, c'est qu'on entend pas les arguments juridiques, et pourtant il y en a, comme en témoigne la victime elle-même :
http://tr.im/A1ZY

Si ce qu'elle dit est vrai, alors Polanski a bien fait de se tirer des USA.

Flocon a dit…

"Mon problème avec cette histoire, c'est qu'on entend pas les arguments juridiques"

A dire vrai, seuls les avocats ou les juristes peuvent s'exprimer de façon compétente en la matière, les journalistes ne font que se rencarder auprès d'eux.

Ça ne semble guère compliqué en la matière. Bien que franco-polonais Polanski a commis cet acte sur le territoire américain sur une citoyenne américaine. C'est donc la loi américain qui s'applique.

Quant à la Suisse, elle a reçu un mandat d'arrêt internationale auquel elle est tenue de donner suite. Il y a des voies de recours auprès des autorités helvètes mais in fine elle devra livrer Polanski aux autorités américains.

Kouchner et son homologue américain ne s'y sont pas trompés qui s'adressent directement à Hillary Clinton, sachant très bien que même aux US, ce sont les politiques qui ont le dernier mot.

Il n'y a pas conflit entre le common law américain et le droit romain européen puisqu'une fois encore c'est aux US que le crime a été commis.

Problème avec le common law : c'est le juge qui décide de la sentence et nullement un quelconque code de droit pénal, les codes n'existent pas sous les législation anglo-saxonnes.

Résultat, il faut faire avec l'humeur du juge, ses convictions personnelles, son éventuel intérêt (il est élu donc doit aller dans le sens de ses électeurs) et toute la subjectivité qui s'attache à des décisions prises par un seul homme.

Regarde où cela a mené Bill Clinton pour une affaire plus ou moins dans le même registre : au bord de l'impeachment.

Le rigorisme protestant, appliqué à la justice, ça peut faire très très mal... Alors 20 ou 40 ans ou plus pour Polanski qui a déconné... Ça fait un peu lourd. Ce n'est tout de même pas un serial killer, un pédophile avéré ni Klaus Barbie.

Une fois encore on retrouve le conflit évoqué récemment entre la loi et la justice.

Même si la victime a laissé tomber depuis belle lurette, pour elle c'est du passé elle s'est désistée, il y a eu dédommagement, la justice voudrait que l'affaire soit close. Mais les hommes de loi ne s'en tiennent qu'à la loi et ils poursuivraient Polanski jusqu'en enfer si c'était possible.
Quitte à réactiver les souffrances passées de la victime qui n'en peut mais.

Intéressant de voir le Ministre des affaires étrangères polonais plaider pour Polanski, (citoyen franco-polonais) quand on sait à quel point la Pologne est imbibée de religiosité catholique et pas vraiment disposée à prendre les affaires de mœurs à la légère.

ZapPow a dit…

Ça sera mieux comme ça :

Tiens, un autre lien, vers le site d'un juriste cette fois.

Ce qui ne résout pas le mystère de cette arrestation tardive par la Suisse.

Flocon a dit…

ref ton lien, finalement le droit ce sont les juristes qui en parlent le mieux...

Pour ce qui concerne la réaction tardive des Suisses, c'est vrai qu'il y a quelque chose de bizarre.

Puisque Polanski est propriétaire d'un chalet à Gstaad et se rendait souvent en Suisse, les Américains devaient le savoir et auraient pu émettre leur mandat d'arrêt international depuis longtemps.

Ont-ils voulu tester la bonne volonté suisse après l'affaire des clients américains de l'UBS?

Demain j'ajouterai un argument contre le discours habituel "la loi est la même pour tout le monde." (trop fatigué ce soir).

En attendant, je renvois à ce vieux billet:

http://tinyurl.com/y9qwdgv

Anonyme a dit…

En fait, et si l'on en croit les explications de Maître Eolas, le mandat a été régulièrement renouvelé par la justice américaine (pour la dernière fois en 2005). La Suisse n'en a tenu aucun compte, même après l'accord d'extradition signé en 1990. Et voilà que soudainement elle se réveille.

Un coucou a du sonner plus fort que d'habitude.

(Je poste en anonyme, Blogger a soudainement décidé que mon mot de passe n'est pas valide)

ZapPow

Flocon a dit…

"Blogger a soudainement décidé que mon mot de passe n'est pas valide"

Cela m'arrive aussi de temps en temps.

Ou des images disparaissent quand elles ne sont pas remplacées!!!

Flocon a dit…

On ne plaisante décidément pas aux US avec tout ce qui a rapport, touche (comment dire?) aux corps, à la nudité.

On peut comprendre que Polanski ait choisi de se barrer tant qu'il en était encore temps (ce qui bien sûr ne l'absout pas mais au contraire aggrave son cas)

Anonyme a dit…

C'est vrai que aux e-u on trouve la mentalité des "puritans". Mais pour un homme de 44 ans de donner des drogues et avoir la sexe avec une fille de 13 ans, ça c'est pas la nudité. C'est dégoutant.

Flocon a dit…

Hi Anijo,

Nobody seriously contests that what he did is a disgusting crime.

In he wake of the 60s, particularly in California and in Hollywood in particular, it seems that the consequences of drugs, alcohol and sex weren't perceived as they are now.

Nevertheless, I agree with you, it's disgusting indeed!

Anonyme a dit…

In he wake of the 60s, particularly in California and in Hollywood in particular, it seems that the consequences of drugs, alcohol and sex weren't perceived as they are now.


True and that is an extenuating circumstance to some degree.