lundi 17 octobre 2011

Chuck Berry et Lazarus Spengler

Comme je descendais des fleuves impassibles, je m'aperçus un jour que plus je m'informais sur la biographie de tel ou tel musicien américain de jazz, de blues ou d'autre forme musicale, plus je découvrais combien nombre d'entre eux avaient commencé par chanter des hymnes et autres gospels dans les chorales des églises protestantes (whatever the sub-class) de leur quartier.

Je n'ai pas vraiment cherché à collectionner des noms mais on peut penser à Aretha Franklin par exemple ou Chuck Berry précisément dont les pères étaient tous deux diacres ou je ne sais trop quoi dans les églises baptistes du sud des E.U. Certainement il y en a d'autres que vous connaissez et auxquels je ne pense pas.

Quels étaient les chants des chorales religieuses interprétés par les jeunes noirs d'Alabama ou de Georgie, je n'en ai pas la moindre idée mais j'imagine qu'il ne s'agissait pas simplement de reprendre les textes des quatre Évangiles tels quels, il devait y avoir des compositeurs spécifiques pour ce type de musique et des auteurs "spécialisés" pour écrire des textes à la façon du XVIIIe siècle européen.

Lazarus Spengler était l'un d'eux mais aussi Salomon Franck ou encore Christian Friedrich Henrici et bien d'autres encore qui furent actifs dans l'Allemagne d'après la Réforme.

Même si les cantiques et autres psaumes du XVIIIe allemand n'ont pas traversé l'Atlantique (sauf peut-être chez les Amish), j'imagine que des auteurs - blancs - américains ont écrit d'autres textes de la même veine pour les offices des églises baptistes du Nouveau Monde et que ce sont ces poèmes qu'ont entendus et chantés des millions de noirs depuis deux siècles.

Ce qui est intéressant c'est de considérer que nombre d'enfants noirs on été initiés à la musique au cours de leur éducation religieuse mais que loin de poursuivre et de perpétuer cette forme musicale mortifère et vieille de deux millénaires (cf. Livre des Psaumes), ils se sont servis de cette tradition blanche pour élaborer une musique qui a bouleversé le sens musical du monde entier.

Que ce soit en Iran, en Chine ou au Brésil, Chuck Berry et ses descendants, les Rolling Stones, les Beatles ou n'importe quel groupe anglo-Américain, sont autrement populaires - c'est une litote - que la musique chrétienne que n'écoutent guère plus que les fidèles des offices religieux dominicaux.

Que les descendants des Africains que les blancs sont allés chercher chez eux pour en faire leurs esclaves se soient finalement affranchis (partiellement) de la servitude que les Blancs européens leur ont imposée en se servant précisément d'une partie de cette culture blanche est une démonstration renouvelée du processus historique universel de dépassement dialectique, oppression, résistance et renaissance à un stade supérieur.

On peut tout de même mettre au crédit de l'enseignement religieux chrétien une formation des esprits qui ne se réduisait pas à l'aliénation de la raison, celle-ci étant de toute façon invincible sur le long terme. C'est même toute l'histoire de l'Humanité...

3 commentaires:

Ned Ludd a dit…

Sam Cooke was maybe the most important crossover from gospel to soul. He inspired just about everybody.

Another Saturday Night with the lyrics printed below.

Ned Ludd a dit…

Sam Cooke History along with then Cassius Clay.

Flocon a dit…

Ah, merci pour les liens Ned, as soon as I heard the first notes and the voice of Sam Cook, Ottis Redding's name came to my mind.

Petite vérification et les deux avaient un père pasteur baptiste ou révérend (I'll have to check the difference between the first and the later).

D'une façon générale la pratique religieuse chantée étant bien plus répandue et intense aux U.S qu'en Europe, il est dans l'ordre des choses qu'elle y soit à l'origine de beaucoup plus de musiciens et chanteurs qu'en France ou en Allemagne.

La G.B est peut-être plus proche des U.S à ce propos d'ailleurs je crois.