jeudi 20 novembre 2008

Christmas my mother

 Drôle de titre penserez-vous en le voyant illustrer une photo de Mamère.

Ce n'est pas de moi en fait mais du Canard Enchaîné il y a une bonne vingtaine d'années à présent. C'était à l'époque où Mamère sévissait sur la 3 (pas sûr, peu importe) et où il recevait une actrice américaine francophone qui souhaitait s'exprimer en français. Bon, pour une fois, il fallait tout à la fois l'en remercier et l'encourager. Et ce crétin de Mamère d'insister pour qu'elle parle anglais alors même qu'elle voulait s'exprimer en français sur une chaîne française.


Ça en devenait gênant jusqu'à ce qu'à force d'insister la malheureuse s'est résolue à parler anglais. Goujaterie du bonhomme qui fait donc partie des Bourguignons. Depuis, je ne peux plus le sacquer. Ce n'est pas une rumeur, je l'ai vu de mes yeux vu!!!

Dans le même registre de la soumission à la langue anglaise j'étais passé il y a quelques temps devant une charcuterie près de St Philippe du Roule qui s'intitulait fièrement "The little pig". Ça, ça m'a tué! le proprio s'imagine t-il qu'il augmentera son chiffre d'affaires avec une telle enseigne?

Combien de "pressings" pourraient tout aussi bien s'appeler laverie? Y lave t-on mieux le linge?

La première fois que j'ai été choqué par cette intrusion massive et inutile dans notre langue de termes anglais c'était en 1969 quand le magazine Best mettait en couverture que les lecteurs trouveraient un poster à l'intérieur. Bon, comme ça j'ai appris le terme anglais pour "affiche".

Les exemples abondent malheureusement du ticket à la place du billet (contrôle des billets s'il vous plaît), du tennisman alors que joueur de tennis convient parfaitement, comme joueur de rugby au lieu de rugbyman.

Quand Edith Piaf ou M. Chevalier ou C. Aznavour sortaient des 33 tours il était indiqué sur la pochette que l'enregistrement était public. C'est fini ça, les ringards. Maintenant c'est en direct live (on notera la redondance) alors qu'il y a encore 20 ans c'était en live. Ça n'a pas suffi, il a fallu préciser que c'était en direct. Merci Canal + !

Encore plus ridicule, la navette ferroviaire entre Paris et Londres s'appelle Le Shuttle. Ouais, et si on l'avait baptisé the navette, cela n'aurait pas eu l'air complètement c.? J'imagine que les Anglais eux parlent de the shuttle et non le shuttle.

Tout le mal à mon sens vient des media français, dans lesquels écrivent des gars qui ont un niveau d'anglais proche de la quatrième et qui compensent leur médiocrité en feignant de maîtriser leur affaire alors que l'immense majorité d'entre eux ne sont tout simplement pas capables d'entretenir une conversation en anglais.

Je connais une radio (radio courtoisie) qui fait le plus grand effort pour keep at bay les expression anglaises qui peu à peu délogent nos mots français.

Dernier exemple d'anglisisation qui m'est insupportable. Quand les politiques ou journalistes disent: le problème dans ce pays est que etc. Ce pays? De quel pays est-il question? Ben du nôtre évidemment mais ils traduisent mot à mot l'anglais "In this country". Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi ce ne serait pas aussi fautif en anglais?

Je ne suis pas contre d'ailleurs l'usage de termes anglais (Baudelaire et le spleen) quand nous n'avons pas l'équivalent en français, surtout dans le domaine technique, mais dans la vie courante, nous sommes tout à fait équipés.

Voilà ce que donne l'esprit de soumission doublé de l'oubli de soi-même. Quelle misère...

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Flocon.

Je suis plus que d'accord avec tout ce que vous écrivez sur ce sujet et mon agacement devant cet applatissement inculte général se mue de plus en plus en écoeurement atterré et en inquiétude.

Jusqu'où allons nous aller comme ça ? Je frôle l'indigestion. Trop c'est trop.

C'est à se demander ce qu'ils apprennent dans les écoles, de journalisme et autres. Car il n'y a pas que les journalistes, hélas, même nos Grandes Ecoles s'y mettent.

Les énarques, par exemple, se mettent à singer les financiers et emploient des termes de management anglais en remplacement des termes français pour notre administration. Ceux-là ce n'est pas par ignorance mais par snobisme (tout aussi imbécile surtout au regard de la situation actuelle) qu'ils le font.

Il y a une autre catégorie d'individus néfastes, malfaisants, ce sont les publicitaires et autres commerçants (grandes surfaces) qui, comme vous l'avez écrit à propos de cet artisan, s'imaginent que cela fait mieux, plus moderne, que c'est plus vendeur d'écrire dans cette langue qui ressemble plus au moins à de l'anglais.

D'ailleurs, le pire est que s'ils sont mauvais en anglais, ils ne sont guère meilleurs en français.

Leur vocabulaire est très pauvre, leur syntaxe souvent incorrecte, leur niveau d'analyse et de pensée à l'avenant.

Mais malgré ce tableau sombre, j'ai l'espoir (et l'intuition) que notre belle langue va être sauvée par des gens qu'on attend pas, surtout pas là.

Je veux parler de tous ces talentueux auteurs/compositeurs/interprètes de nos banlieues si troublées mais aussi d'outre-France, de toute la Francité.

Dans le slam, le rap, ... Il y a des textes magnifiques, en bon et beau français mais aussi en français enrichi par des termes d'origines diverses et variées souvent colorés, qui me choquent beaucoup moins que les angloconneries réductrices, castratrices de beaucoup trop de nos "élites parisiennes" essentiellement françaises de souche.

Je vous remercie encore pour ce billet bien que ce ne soit pas un sujet réjouissant.

Bonne soirée.

EYGH

PS: je ne peux pas voir Mamère non plus. Il m'énerve grave.

Anonyme a dit…

Salut Flocon,

Juste un petit bonjour en passant et avant d'aller me coucher parce qu'il n'y a pas que le boulot dans la vie.

Je crois qu'il devrait exister, les temps sont mûrs, une association contre le parler con, qu'on pourrait appeler aussi contre le parler des cons, avec un prix pour le meilleur (j'ai entendu récemment une "opportunité alternative" pour parler d'une autre occasion, pas mal, non ?).

Il existait dans le temps un "prix citron" pour les personnes publiques jugées les moins sympathiques par les journalistes.

On pourrait retourner ce prix aux journalistes les plus ignares, en anglais mais surtout en français parce que c'est au faible niveau en français que commence leur problème.

Bon, un petit coup de sang avant de se coucher et on dort mieux.
Etchdi

Flocon a dit…

EYGH,

Slam, rap, vous vous y connaissez grave dites donc! Ce sont vos ainés qui vous ont initiée? :0)

En août 1944 il y eut une messe de Te Deum à Notre Dame à laquelle était présent le général de Gaulle. Dans la bande son (d'époque) on entend des claquements de balles et le commentateur de préciser qu'il s'agit de francs-tireurs.

Depuis la guerre en Yougoslavie ce terme a disparu de nos media. Il s'agit à présent de "snipers".

Je crains fort que les journalistes ne connaissent même plus l'existence du terme français. Qui demeure cependant dans d'autres domaines (artistique par exemple).

Quant aux jeunes, qui leur fera découvrir leur langue?

Ca fera un billet d'ici... quand j'aurai le courage ;-)

Flocon a dit…

Salut Etchdi,

j'ai entendu récemment une "opportunité alternative" pour parler d'une autre occasion

Une autre dans le même genre: être en capacité de faire etc.

J'entends cela régulièrement sur BFM qui n'est certainement pas le dernier rempart de la pureté linguistique (si tant est que cela existe au fond)

Je connais le prix citron dans le monde tennistique (http://tinyurl.com/627nto) et je sais qu'il existe un prix de l'humour ou quelque chose d'approchant chez les politiques.

Peut-être la dénomination "prix citron" est-elle déposée et donc inutilisable en dehors des cercles du tennis?


Bon, un petit coup de sang avant de se coucher et on dort mieux.

Moi l'insomniaque, ça ne me réussirait pas. Par contre 40' au sauna puis une anisette au retour et je m'endors dans la minute qui suit. Comme c'est bon de dormir paisiblement... ;-)

Malheureusement, les saunas sont fermés à 21h30 :-(

Anonyme a dit…

Il y en a un qui me tape particulièrement sur les nerfs, c'est promotionner. Beurk !


ZapPow

Flocon a dit…

zappow,

il y a eu récemment un billet chez Bremner sur ce thème inépuisable.

http://tinyurl.com/5b6ab8

Je n'ai lu aucun des 160 commentaires; pas le temps. Sans doute y en a t-il d'intéressants.

Incontournable n'existe pas dans les dictionnaires français mais ce néologisme est bien utile. Rien à voir avec le franglais par ailleurs.

Anonyme a dit…

Je viens encore d'entendre le mot challenge par un crétin qui voulait parler d'un défi.
Dans le temps, il y avait quand même le challenge "Yves du Manoir" en rugby (Existe-t-il toujours ? Oh les beaux jours...).
Autrement j'entends aussi régulièrement "fragiliser" pour affaiblir et "conforter" pour renforcer. Pendant ce temps, chez Carrefour, on positive.
Enfin, ce sont là des mots d'ignares qui ne sont peut-être pas aussi prétentieux que les amateurs de ces mots anglo-français le plus souvent inutiles...
Etchdi

Flocon a dit…

Salut Etchdi,

Oh les beaux jours

Pour moi aussi la nostalgie se fait jour après jour de plus en plus présente... (ou pressante)

Le challenge Yves du Manoir, ah les beaux jours de sport dimanche avec raymond Marcillac et Roger Couderc...

C'est curieux que tu rappelles ce tournoi de rugby parce que quand j'étais gosse (7, 8 ans) il y avait une présentation des clubs de rugby en poules (Poule 1, poule 2 etc.)

Je me demandais bien ce que les gallinacés avaient à voir avec le ballon ovale. Personne ne pouvait me répondre. 20 ans plus tard peut-être, ça m'est venu tout soudainement: il s'agissait de la version francisée du pool anglais, comme tu sais.

L'anglais n'étant guère répandu du côté d'Auch et Tarbes dans les années 20 ou 30, j'imagine que les instances françaises avaient recouru à cette translation (au sens mathématique on dira)

Les Japonais aussi ai-je entendu dire nipponisent des termes anglo/américain (j'ai "salary men" en tête)

Anonyme a dit…

Ah oui, le japlish, quelle rigolade. Ils n'y ont pas été par quatre chemins, ils ont fait un dictionnaire de tous les mots importés étrangers sans être sectaires. Mais ils s'y trouvent beaucoup d'anglais évidemment. Ils ont souvent aussi détourné ou abrégé des mots ("prèta", pour prêt-à-porter, "pâma" pour permanente). Un des plus anciens est le pain ("pan"). Cocorico. Côté rosbif on trouve aussi "romance grey" (=type vieux mais qui a encore du charme), celui-là n'est pas mal, ou "risutora" (de restructuration, un mot moderne).
Bref, il y a de quoi s'étonner en lisant les gairaigo jiten (dict. des mots importés)... et trouver qu'on est encore étonnament préservé ici.

La différence, c'est que les Japonais n'en font pas une affaire : la plupart de ces mots ne sont plus perçus comme étrangers. Ils ont été digérés, phagocytés, aculturés. Ils ne représentent pas une menace. Ils font moderne, curieux du monde, et c'est ce qui compte avant tout dans ce pays. Ils avaient fait pareil avec le chinois, dans le temps.

Etchdi

Anonyme a dit…

"Mais ils s'y trouve beaucoup d'anglais"

J'ai eu la même hésitation avec le mot "poule", au rugby. Un mot qui plus est à plusieurs sens (ah si vous connaissiez ma pouououle)

précision: "romance grey" se prononce évidemment romannsugurè)

Anonyme a dit…

"Mais il s'y trouve"

Ca y est, j'ai réussi. Je suis bon pour la dictée de Pivot.

Flocon a dit…

Etchdi,

Merci pour les détails concernant le japlish; pour qui sait lire le japonais ce doit être bizarre au niveau graphique non?

Concernant les poules, écoute le deuxième enregistrement sur ce lien. C'était avant Momo.

http://tinyurl.com/69tqto

Par ailleurs, le même avait créé la Matchicche que tu entendras ici. Il y est question non pas de poule mais de petite caille...

http://tinyurl.com/5u86mk

Si tu as en tête An American in Paris de Gershwin tu en trouveras l'écho à un moment donné (4 mesures).

J'espère que les liens suivront.

Flocon a dit…

Une petite recherche et voilà. Un Américain à Paris.

L'écho de la Matchicche se trouve à 1'32.

Je crois que l'on entend de nouveau le thème dans la troisième partie.

Eliza D a dit…

Après tout le mal que je me suis donnée à étudier le français à l'école (pendant des années) avant d'arriver en France, vous imaginez mon désarroi d'entendre de plus en plus de mots anglais qui ont infiltré la belle langue de Molière !

En plus, souvent les mots anglais ne sont pas utilisés correctement (le smoking, le dressing, le dancing, etc.), ce qui me fait grincer les dents.

Le pire, c'est de lire les traductions faites "maison" des cartes dans les restaurants parisiens. Elles sont à hurler de rire. Je me suis souvent dit que les propriétaires devraient me demander de bien les traduire, en échange d'un repas gratuit !

Flocon a dit…

Bonjour Eliza,

C'est un éternel sujet de conversation (et de discorde) en France que l'intrusion progressive de mots anglais qui remplacent ceux dont nous disposons.

D'où viennent le "smoking", le "parking" etc. si ce n'est de cuistres qui se veulent modernes?

Votre français est parfait!
Merci de votre visite.