mercredi 14 janvier 2009

De battre, mon coeur un instant s'est arrêté.




Y a t-il un âge où la sensibilité s'est à ce point émoussée qu'elle n'est plus capable de faire connaître de ces moments si intenses de grâce et de jouissance que l'on se sent transporté hors de la sphère commune de la banalité quotidienne?

J'ai connu quelques rares instants de cette sorte, il y a longtemps.

Lorsque j'ai entendu les Métamorphoses de R. Strauss pour la première fois, oui, de battre, un instant mon cœur s'est arrêté au moment totalement inattendu où l'orchestre se fige 2 ou 3 secondes à l'issue d'un crescendo chromatique pour se libérer (nous libérer) après ce qui m'a semblé une suffocante suspension. J'avais 18 ans.

A 35 ans, j'ai entendu pour la première fois le 5ème (ou était-ce le 6ème?) quatuor à cordes de D. Chostakovich. La respiration retenue, je souhaitais que le temps se prolongeât par peur anticipée de la fin du morceau.

En littérature j'ai connu pareille émotion à la lecture du Billy Bud de H. Melville il y a 15 ans. Vraiment, un coup au cœur quand le jeune marin est pendu.

Ces trois souvenirs se rapportent directement à la sensation physique qui m'a saisi en ces trois moments.

Sinon des musiques qui me charment, me réjouissent, m'enthousiasment etc. ne manquent pas. Dernière découverte il y a un an, le premier mouvement de la sonate pour piano en la bémol (de mémoire) de Mozart.

Et évidemment, l'aria des Variations Goldberg de JS. Bach (fallait-il le préciser?)

Il y a le livre qui "change" votre vie, Le Monde comme volonté etc. pour ce qui me concerne.

Mes émotions esthétiques se limitent à ces deux registres, musique et littérature. La peinture figurative suppose une compréhension qui, pour ce qui me concerne, n'est nullement spontanée. Le premier Kandinski que j'ai vu à 20 ans m'a retenu, oui, alors peut-être dans l'abstraction la sensation immédiate est-elle possible.

Bien sûr je suis sensible à l'œuvre de Chardin ou de bien d'autres peintres. Mais ce n'est pas comparable aux joies que me procurent la musique et la littérature.

Et puis le cœur peut-il s'arrêter de battre à la vision de la statuaire grecque ou médiévale ou encore à la contemplation d'un Rodin ou d'un Rude?

Je souhaiterais encore faire de semblables rencontres qui bouleversent mais en suis-je encore capable?


3 commentaires:

Flocon a dit…

Je me suis aperçu que le compteur avait disparu (chez moi en tout cas.)

Don't ask me why, I don't know. De même pour la liste des commentaires. Des fois elle apparaît, d'autres fois non???

Je ne saurai jamais comment maître Ding aurait résolu les problèmes de Monsieur Wang, le roman est inachevé. Quel dommage!

Anonyme a dit…

C'est vrai, quelques moments de grâce dans une vie peuvent faire passer tout le reste. Moi je me laisse transporter par toutes (ou presque) les sonates pour piano, et pour Strauss ce serait les 4 derniers lieder et pour Bach presque tout aussi.
Les voix aussi peuvent faire défaillir. Et les livres, de Proust à Craven.
Et quand rien ne vient on vit avec leur souvenir, comme on vit toute une vie sur le souvenir d'un premier amour.
Parce que la grâce n'apporte pas seulement la paix, elle s'accompagne souvent du tourment qu'on a de la voir disparaître.
Etchdi

ps Pour Lao She, tu as commencé par la fin, essaie Le Pousse-pousse ou Gens de Pékin, moi j'ai préféré.

Flocon a dit…

Parce que la grâce n'apporte pas seulement la paix, elle s'accompagne souvent du tourment qu'on a de la voir disparaître.

Je n'aurais pas mieux dit.

Concernant Lao She, j'ai pris les deux titres qui étaient à Parmentier. J'essaierai à Faidherbe ou Villon.

J'aime bien Les 2 que j'ai empruntés. Si tu as préféré les premiers titres ça attise ma curiosité comme mon attente...