mardi 1 avril 2008

War good, terrorism bad

Quand il résidait Quai des Grands Augustins pendant la guerre, Picasso reçut la visite d'un officier allemand qui lui demanda, désignant le "Guernica" qui était exposé: "C'est vous qui avez fait ça?" à quoi Picasso répondit: "Non c'est vous".

Je pense à cette anecdote chaque fois que des groupes palestiniens sont à l'origine d'actes terroristes. Qui les a amenés à ne pouvoir recourir qu'à cette forme de combat? Peuvent-ils faire autrement? On semble nous présenter le terrorisme comme une preuve irréfutable de la barbarie innée et incontrôlable du peuple palestinien.

En maintenant près d'un million et demi de personnes dans la bande de Gaza (densité 10 fois supérieure à celle des Pays-Bas) comme dans une prison à ciel ouvert, Israël sait parfaitement qu'il entretient en permanence des conditions de réactions violentes qui expriment l'indéracinable aspiration à la survie et à la dignité de ceux qui souffrent. Avec pour intérêt dernier de se servir des réactions dont il est cause pour justifier une répression de plus en plus impitoyable (qui elle-même entraîne une réaction de plus en plus violente et désespérée etc. On connaît le cycle)

La guerre, c'est le terrorisme des riches, le terrorisme, la guerre des pauvres. On le sait depuis toujours mais rien n'y fait: A en croire les média et les politiques, le terrorisme semble être la manifestation la plus ignoble, parce que la plus lâche, des formes de combat. Car c'est de moralité dont on veut nous faire croire qu'il s'agit...

Le terrorisme a pour but de terroriser l'adversaire, pas de le détruire, contrairement à la guerre classique. Parce qu'il n'en a pas les moyens évidemment. Les dégâts causés par les actes de terrorisme sont insignifiants par rapport à ceux que provoquent les moyens dont disposent les États. Dans notre cas, on peut d'ailleurs aussi considérer les actions terroristes comme les soubresauts d'un corps martyrisé.

Le terrorisme échappe au contrôle des États, d'où sa diabolisation, quand la guerre classique, ma foi, quand on est le plus fort dans un rapport de 1 à 1000... En plus, ça fait marcher le commerce...

Quand les Palestiniens envoient quelques roquettes en Israël, il y a parfois un mort: c'est du terrorisme. Quand les Israéliens envoient leur aviation, leurs chars et laissent des dizaines de morts derrière eux, ce n'est pas du terrorisme, c'est "une juste et proportionnée réponse aux lâches agressions dont ils sont victimes".

Quand Israël bombarde le Liban en juillet 2006, faisant plus de 1000 victimes dont la plupart sont des civils, n'est-ce pas du terrorisme d'État? Quand Israël autorise régulièrement l'implantation de colonies dans les territoires palestiniens qu'est ce donc sinon du soft terrorism par asphyxie progressive et digestion programmée des habitants et propriétaires de ces terres?

Quand Israël dispose de tout l'armement le plus moderne, F-16, chars Abrams, missiles à courte et longue portée, tout l'arsenal informatique possible et imaginable courtesy America, les Palestiniens ne disposent que de pierres et de roquettes fabrication maison. Fair and balanced n'est-ce pas?

Ceux qui dénoncent le terrorisme comme lâche, versent des larmes de crocodile parce que les terroristes ne suivent pas les règles de guerre conventionnelles alors qu'en fait ils les empêchent de les suivre. Donnez des avions de chasse, des chars, des missiles aux Palestiniens et il n'y aura plus de terrorisme.

(Il serait aussi idiot de me demander si je soutiens le terrorisme que de vous demander si vous approuvez la guerre.)

1 commentaire:

Ned Ludd a dit…

U.S. mollycoddling of Israel is worse than you can imagine.

http://www.hotpolitics.com/tax4israel.htm

http://www.csmonitor.com/2002/1209/p16s01-wmgn.html

The official sums given to Israel are far understated. Now Bush has proposed $30 billion in just military subsidies over ten years.