vendredi 28 décembre 2007

La pitié dangereuse (2)



Il y a 20 ans plusieurs journalistes français avaient été pris en otages au Liban par des groupes pro iraniens. Solidarité oblige, toutes les chaînes françaises de télévision, il me semble, avaient à un certain moment incrusté en haut de l’écran des JT le décompte des jours de captivité de leurs confrères.
Quelle bonne idée! Et tellement déterminante dans le processus qui devait finalement aboutir à leur libération après 2 ans d’enfermement.

A l’époque déjà je me faisais la réflexion que s’il y avait une chose à ne pas faire c’était bien celle-là qui consistait à faire monter les enchères au quotidien. Tous les téléspectateurs qui n’en pouvaient mais, étaient impliqués tout à fait inutilement, si ce n’est pour donner aux ravisseurs le sentiment que tout le pays était derrière ses ressortissants et qu’on était prêt à tout pour les récupérer.

Très émus ils étaient les ravisseurs, très compatissants. Ça les a vraiment fait réfléchir sur leur vilaine stratégie…

Auraient-ils pris des otages Nord-coréens ou Kenyans dont le pays ne se serait pas soucié plus que d’une guigne? Certainement pas évidemment, de tels otages n’auraient eu aucune valeur. Mais quand une corporation fait croire à ceux d’en face qu’il s’agit d’une cause nationale, c’est elle-même qui fixe le montant de la rançon. Plus on chauffe à blanc l’opinion publique, plus les prix montent.

20 ans plus tard, ils n’ont toujours rien compris. En quoi le calvaire d'Ingrid Betancourt a-t-il été raccourci par les affiches apposées sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, les sites «Libérez Ingrid Betancourt», les pétitions, les marches et appels de toutes sortes? A rien d’autre qu’à faire savoir aux FARC qu’ils possèdent une carte maîtresse et qu’ils seraient bien bêtes de s’en séparer.

Se donner bonne conscience et croire œuvrer efficacement est totalement contre productif dans ce genre d’affaires dont les enjeux et les possibles clefs de résolution dépassent de mille coudées le registre de l’indignation et des émotions.

Laissez faire ceux dont c’est le métier, les politiques et les diplomates –sans compter les intermédiaires- et ne compliquez pas les choses plus qu’elle ne le sont déjà.

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