All the lonely people, where do they all belong?
All the lonely people, where do they all come from?
Il est des gens qui sont malheureux de n'être pas mariés, d'autres s'en réjouissent. Certains sont malheureux de n'avoir pas d'enfants, d'autres s'en félicitent. Certains voudraient le pouvoir, d'autres ne sont pas le moins du monde affectés par cette pathologie et s'en portent d'autant mieux.
Il est des pertes de proches qui détruisent jusqu'au fond de l'âme des parents ou des enfants tandis que ces mêmes pertes laissent quasi indifférents d'autres parents ou enfants. Des veufs ou des veuves sont inconsolables et leurs vies restent figées au jour où l'autre est parti. D'autres se remarient ou "refont" leurs vies comme on dit. Combien sont en couple et ne rêvent que de se retrouver seuls?
De toutes les conditions possibles qui peuvent nous affecter, la solitude paraît être celle qui est la plus crainte et la plus mal vécue par ceux qui sont malheureux comme des pierres d'être seuls quand d'autres au contraire ne conçoivent vivre que dans la solitude.
Certains se sentent seuls au milieu de leurs "amis", d'autres ne sont plus heureux que gardant pour eux seuls leur mystère et leur singularité ainsi que l'écrit
Baudelaire.
Comme quoi Spinoza a raison de penser que rien n'est bon ou mauvais en soi, tout dépend de la nature de nos passions (Je suis cependant plus sceptique quand il s'agit des douleurs physiques).
Hormis la mort qui ne connaît pas de nuances, la solitude n'est pas monolithique. Vivre au milieu de ses semblables n'est pas être seul, échanger ne serait-ce que quelques mots avec qui que ce soit au cours d'une journée n'est pas être seul.
La solitude la plus absolue serait celle d'un cerveau pensant enfermé dans un bocal, ce qui est une hypothèse de psychologie expérimentale épouvantable mais envisageable. Ne plus être en contact d'aucune façon que ce soit avec ses semblables, avec l'extérieur voilà ce que serait la solitude la plus insoutenable.
Il y a mille et une façons d'être seul et autant de nuances dans ce sentiment de solitude. La solitude est un affect et une condition qui font partie de notre existence comme la joie et la peine, l'espérance et le désespoir, l'envie, le désir ou le dégoût et cent autres des modes de notre être.
L'image la plus communément associée à la solitude est celle de la tristesse, de l'abandon, voire de la déréliction pour les croyants. Et pourtant...
J'entendais un jour le président d'une quelconque association qui s'insurgeait contre ceux ou celles qui se lamentent d'être seuls alors qu'il existe des centaines de milliers d'associations en France où chacun a la possibilité de rencontrer d'autres personnes et d'ainsi rompre une solitude vécue comme un continuel malheur.
Ne mettait-il pas le doigt sur la raison première de la solitude à savoir l'égoïsme de ceux ou celles qui s'en désolent mais sont incapables d'y remédier parce que telle est leur nature d'être dans l'attente passive de l'autre et d'être incapables de s'ouvrir à l'autre quoiqu'ils en disent ou croient?
Les solitaires semblent imaginer qu'existe entre eux et les autres une vitre qui n'existe en fait que dans leur organisation mentale qui ne fonctionne, si je puis dire, qu'en vase clos. Nul n'y peut rentrer car au fond d'eux-mêmes les solitaires ne veulent pas y laisser entrer qui que ce soit, ils ne veulent pas s'engager, quitter leur confortable solitude où personne n'est là pour déranger leur organisation mentale et sociale.
Dans la balance coûts/bénéfices, les coûts prévalent toujours sur les bénéfices dans l'inconscient des solitaires qui fantasment et idéalisent la vie à deux pour d'autant mieux se satisfaire de leur sort.
Ceux qui souffrent de la solitude, toute relative une fois encore, en souffriront toujours parce qu'ils ne comprendront jamais que leur vie correspond à leur nature intime qui les destine plus à la solitude qu'à l'échange et au partage.
Le plus difficile n'est pas d'être seul mais d'accepter que telle est notre nature, de s'accepter soi-même, de s'aimer en un mot.
Changer l'ordre de mes désirs plutôt que l'ordre du monde écrivait Descartes à juste titre évidemment.