S'il y a un monument qui, à mes yeux, représente tout ce qui me rend étrangers l'Espagne et la civilisation espagnole, c'est bien la Sagrada Familia. Loin d'y voir l'expression d'une manifestation particulière de spiritualité, c'est pour moi le symbole même d'une culture de la souffrance et de la torture.
Je vois une continuité de cette imprégnation de la douleur aussi bien chez El Greco que dans les films d'Almodovar dont je n'ai vu aucun d'ailleurs (justement), mais dont la lecture des scenarii me conforte dans cette vision que j'ai d'un peuple que 1500 ans de christianisme exacerbé ont amené à l'incandescence en toute forme d'expression.
Je parlais de torture. Comment ne pas penser à la tauromachie, à l'Inquisition, à l'extermination des Indiens d'Amérique du sud au nom du Christ Roi, à la Guerre Civile quand on pense à l'Espagne?.
Quelle est la seule phrase que peut-être peuvent connaître ceux qui ne parlent pas la langue? Viva la muerte! Ça ne s'invente pas...
Où que je me tourne, l'Espagne me présente fièrement les stigmates d'une jouissance viscérale dans la douleur et l'expression d'un masochisme dont je ne suis même pas sûr qu'il s'ignore.
C'est de chair et de sang que s'est essentiellement constituée la culture espagnole et cela suffit à me la rendre singulièrement étrangère.
14 commentaires:
Je suis même sûr que le masochisme espagnol ne s'ignore pas et revendique cette cruauté de la mort, la proclame normale.
On peut ajouter tant de gens proches de la folie à la liste, de Goya à Bunuel.
C'est aussi ça, le génie de l'Espagne : une familiarité avec la mort et la folie que je trouve encore précieuse dans ce monde aseptisé où les gens refusent leur condition précaire, s'inventent des scientologies et veulent mourir à 120 ans.
Ceci dit, je n'aime pas les corridas non plus, et reste malgré moi un spectateur de l'Espagne, n'y ayant pas grandi.
Je vais aller faire un tour en Andalousie en avril et m'en réjouis fort. C'est un peu comme si j'allais faire un tour dans la Chine des Song.
Etchdi
bon, moi, j'adore l'espagne et les espagnols. j'y ai passe pas mal de temps en plus- a barcelone, madrid, bilbao, seville, au milieu de nulle part aussi...
en effet, les oeuvres de goya, la corrida, etc. sont des manifestations culturels speciaux. pourtant, si on passe une soiree a madrid (c.a.d. jusqu'a 5h du mat), on voit bien que les espagnols adorent la vie.
la beaute de flamenco, a mon avis, est cette passion pour la vie malgre ses grandes difficultes.
ms. miami
excusez-moi- des manifestations culturelles speciales....
ms. miami
Hi MsM!
C'est vrai, le flamenco est un spectacle magnifique, mais il est vrai aussi qu'il est fait de souffrance, la souffrance de l'amour, de la vie cruelle... not a trifle.
Etchdi
Y a t-il de beaux châteaux en Andalousie?
Là je dois bien reconnaître que je tombe sous le charme de ces châteaux espagnols perdus en plein "désert", au milieu d'une terre aride avec un petit village de quelques dizaines d'habitants pour tout fief.
Bon, c'est peut-être un peu cliché mais ces splendeurs architecturales me donnent des envies d'y aller voir.
C'est la permanence et le calme d'une société enfin débarrassée (pour un temps) de ses tourments de violence et de meurtres. C'est ce qui reste après les tempêtes et c'est bien reposant...
Hoy ms.miami
Quel plaisir de voir que tu n'as pas oublié le chemin des bonnes adresses...
Mon rapport à l'Espagne est ambivalent (avec une forte polarité négative tout de même).
Le flamenco: Ca m'exaspère, ça m'horripile, ça me donne des éruptions cutanées!!!
Le couple qui rejoue sans fin la danse de la séduction en tapant des talons comme des forcenés, en se frôlant et s'évitant le tout sur des lamentations d'origine arabe, je ne supporte pas... :-(
Comme antidote, j'ai le fado. Le Portugal est pour moi le contraire de tout ce que je ne veux pas de l'Espagne. C'est apaisé, tranquille, serein. Pas de torture ni de cruauté, pas de folie ni de psychose revendiquées (Bon, ils ont pas été très cool non plus au Brésil).
Serait-ce que l'une a hérité de la Méditerranée et l'autre de l'Océan?
Bonjour Flocon,
Bien que catho pratiquante, je ne me sens pas du tout attirée par la la rigidité (frigidité) et le dolorisme spitituels espagnols. On peut effectivement parler de morbidité.
Mais après tout, n'est-ce pas le nécessaire négatif à leur positif intense appétit de vivre ?
En revanche j'aime la corrida et le flamemco, la bouffe et le vin espagnols et leur sens de la fête.
Sans compter qu'ils ont des écrivains époustouflants entr'autres artistes (dont un certain nombre vient d'Amérique Latine, j'en conviens).
Il y a quelque chose d'excessif en Espagne. Et c'est tant mieux, à l'heure du anglo-globo-aseptisé.
Puisse les Espagnols conserver longtemps leur caractère, leur personnalité.
EYGH
quant au flamenco, bon, chacun son gout.
en fait, ce n'est pas vraiment une danse de seduction (sevillanas, peut-etre, mais pas le flamenco). ces danses sont vraiment pour exprimer la joie (alegrias, bulerias, etc.) ou la tristesse et la douleur (solea, etc.). il y a les deux dans la vie, donc cet equilibre me semble logique.
j'aime bien le fado aussi- mais, il y a pas mal de tristesse la-dedans quand meme.
en tout cas, j'adore vraiment les deux pays et leurs cultures.
ms. miami
Salut Flocon,
Comme je n'ai pas vraiment des idées pour ou contre la culture espagnol, je peux pas laisser un com sur ce sujet sauf pour ce qu'il y a de "l'extermination des Indiens d'Amérique du sud au nom du Christ Roi". Et c'est vrai que les Indiens du sud n'aiment pas trop les hispanos et les hispanos n'aiment pas trop les Indiens (en générale) `a cause de cette histoire. Mais, ça c'est dans le passé, tout ça.
Mais, j'ai trouvé une autre article sur les français! Alors, c'est pour tes archives pour montrer que le MSM Américain parle tout le temps des français! ;) lol
http://www.slate.com/id/2183589/nav/ais/
Bonjour EYGH,
"leur positif intense appétit de vivre"
Cela ne se peut-il pas dire de beaucoup de peuples au fond? C'est comme quand on lit dans les brochures touristiques destinées à appater le client, "le traditionnel sens de l'hospitalité des Russes, Tchèques, Boliviens, Tangagnykais, Irlandais, Japonais, Coréens, Moldoslovaques, Belouchistanais" et j'en passe... Ils ont tous un traditionnel sens de l'hospitalité à en croire les agences de voyages...
Eh ben la joie de vivre j'ai le sentiment que c'est un peu la même chose. Sauf que chez les Espagnols il se colore de violence, de sadisme et de cruauté. Eh bien je leur laisse leur traditionnel sens de l'hospitalité et leur sens de la fête dans ces conditions...
Je m'étonne EYGH, que vous ne vous rendiez pas compte de l'abjection morale que représente le spectacle de la corrida où il s'agit ni plus ni moins de jouir de la mise en scène de la mise à mort, après d'abominables tortures, d'un être vivant. Talk about sadism!
Le taureau ne souffre t-il pas? A croire que vous ignorez ce qu'est la douleur et la souffrance. Et je ne parle pas d'une piqûre de moustique...
Les animaux ne sont-ils pas de créatures du Seigneur? Selon votre foi, ne doit-on pas respecter les créatures que Noé avait sauvé du Déluge? L'a t-il fait pour pourvoir au plaisir démoniaque que trouveraient certains à martyriser telle ou telle forme du vivant et à jouir du spectacle ainsi organisé?
Sympas les combats de coqs non?
Et tant qu'on y est, mettre le feu à la queue des chiens et des chats, c'est pas amusant ça? Ils courrent en tous sens, ils sont aveuglés et rendus fous par la douleur; comme c'est divertissant.
La douleur est le Mal absolu EYGH, c'est précisément l'expression privilégiée de Satan. Je m'étonne que cela semble vous échapper... :-(
ms.miami:
"quant au flamenco, bon, chacun son gout."
Spot on! ;-)
Thanks for the link Joann
You have no idea of the embarrassment the French feel regarding the private life of the gnome from the Carpathians... :-(
About everyone is longing for the day he will be dumped and ridiculed once again.
Flocon,
Je ne fais pas l'apologie de la corrida. Je dis simplement que ce n'est pas ce que des non-espagnols se représentent.
Il ne s'agit nullement de la torture d'un animal. Il s'agit d'un duel entre un homme et un animal qui est plus respecté que vous ne le pensez. D'ailleurs ce n'est pas toujours l'homme qui gagne et il n'y a pas (plus) de mise à mort systématique.
Avec ce discours on en arrive à des aberrations totales.
Alors que l'homme est omnivore, on nous pousse au végétarisme en avançant des idées "morales" douteuses.
Ainsi pour ces braves gens, c'est cruel d'abattre des animaux pour les manger. Sauf que si on n'avait pas d'utilité pour eux un certain nombre d'entre eux aurait disparu de la surface de la terre et que la famine ferait encore plus de dégâts parmi les hommes.
Ainsi, gaver les oies et les canards devient de la torture alors que c'est un processus naturel que ces animaux pratiquent à l'état sauvage.
Ainsi, certains voudraient interdire la chasse sans se préoccuper de la prolifération de certaines espèces et des dégâts et déséquilibres écologiques que cela entraînerait.
Comprenez moi bien, j'aime les animaux, je les respecte et je suis pour qu'on les fasse souffrir le moins possible. Mais je suis une fille de la terre et ne supporte pas cette sensiblerie idéologique hypocrite d'écolo-bobo.
A propos de cette écologie de citadins, la déforestation accélérée pour cultiver la terre et nourrir les hommes et la chasse sportive (sans le but de manger ce que l'on tue) sont dramatiquement néfastes pour certaines espèces.
Et pour revenir à notre taureau de combat, il est beaucoup moins en position de faiblesse que le boeuf à l'abbatoir.
Bien que je sache très bien ce que c'est que de tuer une poule ou un lapin (et ce n'est pas toujours facile et rapide) pour les manger, je puis vous assurer que je ne suis absolument pas une sadique.
L'anonyme qui a fait une faute à abattoir et à flamenco c'est évidemment moi.
Tant qu'à faire, je persiste et je signe mais avec une énorme faute en moins : "puissent les espagnols conserver longtemps leur caractère et leur personnalité."
Excusez moi mais je manque de sommeil (épidémie de gastro et même grippe obligent).
EYGH
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