Quand les politiques n'ont plus d'autre argument à opposer à leurs détracteurs parce que les faits invalident les raisons de leurs décisions ils ont une phrase toute faite du genre:
“History will prove that ‘invading’ Iraq was the right thing to do.”
Toujours la même vieille astuce… Quand on ne sera plus là pour en discuter ni même le constater…
Quand il n’y a pas d’autre argument on rejette dans un avenir indéfini (c’est quand l’Histoire? 5 ans? 15 ans? 50 ans? 250 ans?) tout ce dont on ne peut rien tirer, comme dans un débarras où on reviendra faire le tri un jour, peut-être, jamais, allez savoir…
On pourrait d'ailleurs tout aussi bien dire le contraire: “History will prove that invading Iraq wasn’t the right thing to do”…
Ils sont sûrs d'eux: L’Histoire prouvera (rien de moins). Puisqu’ils le disent, eux la connaissent déjà l’Histoire… Ça tient de la divination alors.
C'est quand ils sont dans une mauvaise passe, eux et leurs supporteurs qu'ils sortent leur formule magique:
- L’Histoire dira que la guerre du Vietnam était the right thing to do (Américains)
- L’Histoire dira qu’envahir les Falklands était the right thing to do (Argentins).
- L’Histoire dira qu’attaquer à Pearl Harbour était the right thing to do (Japonais)
- L’Histoire dira qu’attaquer les Soviets en 42 était the right thing to do (Allemands)
- L'Histoire prouvera que la guerre de 30 ans devait être menée... (toute l'Europe)
- L’Histoire dira qu’envahir les Falklands était the right thing to do (Argentins).
- L’Histoire dira qu’attaquer à Pearl Harbour était the right thing to do (Japonais)
- L’Histoire dira qu’attaquer les Soviets en 42 était the right thing to do (Allemands)
- L'Histoire prouvera que la guerre de 30 ans devait être menée... (toute l'Europe)
etc. ad libidum. C'est un jeu sans fin. Dans un sens comme dans l’autre, on peut toujours s'imaginer faire dire à l’Histoire, plus tard, ce que celui qui l’invoque a besoin de croire.
L’Histoire c’est du non advenu, du non existant, de l’imaginaire à la limite puisque c’est du domaine du non réel. On peut tout lui faire dire à l’Histoire puisqu’elle n’existe pas. l’Histoire n’existe que quand elle est advenue, pas avant, parce qu’alors c’est de l’anticipation c’est à dire de l’imagination, du fantasme, du vent. C'est comme un roman qui reste à écrire. Mais contrairement à ce que l'on peut se représenter, les ingrédients n'en sont jamais tous réunis. Et puis, qui l'écrit le roman?
S'en remettre à l'Histoire (à venir) du soin de déterminer si une décision devait être prise, c'est comme confier au néant le soin de donner raison au nom d'une supposée objectivité de l'Histoire. Or s'il est un domaine où il n'y pas d'objectivité, c'est bien l'Histoire...
L’argument en général peut porter parce que chacun comprend qu’il y a une Histoire et que le temps donnera le recul permettant d'apprécier "sereinement" la réalité des faits. Alors, après tout, peut-être bien qu'ils ont raison les politiques… allez savoir, ils ont une vision historique que nous n'avons pas, ils comprennent des choses qui nous échappent…
Le truc consiste à intervertir sa position (et celle des auditeurs) vis à vis du Temps en se plaçant fictivement dans l’après tout en étant réellement dans le présent. Il faut choisir, on ne peut pas être et avoir été.
Pour l’amusement, c’est comme quand on pense à sa mort: on se représente mort quand on est vivant (on est dans le réel, on peut penser sa mort) et on s’imagine pouvoir regretter de n’être plus vivant quand on est mort (c’est déjà plus difficile).
Kant (je ne sais plus où) parle de cette impossibilité logique, de ce désordre de la pensée quand il évoque le vivant qui se penche sur sa tombe tout en se représentant dans sa tombe, se contemplant vivant. Ben non, ce n’est pas possible…
Le coup de “l’Histoire dira” (que j’ai raison) relève de la même imposture: on bricole avec le concept du temporel, on se place à la fois maintenant et plus tard.
En plus, on a recours à un univers de taille: l’Histoire! Pensez-donc, ça peut impressionner…
C’est ici et maintenant, ou du moins très rapidement, que se juge une action, qu’elle soit personnelle ou collective, individuelle ou sociale.
Croire que l’avenir donnera raison à l’un ou à l’autre des choix effectués à un moment donné c’est supposer que les critères qui ont présidé à la décision seront appréciés selon les mêmes principes ou les mêmes valeurs à une autre époque de l’Histoire. C’est aussi associer les motivations du moment t avec les conséquences ou plutôt les développements inhérents au cours même du temps. C'est établir une chaîne de causalité dont on veut faire croire qu'elle se prolongera tout uniment à partir d'un moment t jusqu'à un moment (bien indéfini) où la Vérité apparaîtra sans que ladite chaîne de causalité n'ait été perturbée jusqu'au point de la dissolution par le flux incessant du cours des choses.
L’argument en général peut porter parce que chacun comprend qu’il y a une Histoire et que le temps donnera le recul permettant d'apprécier "sereinement" la réalité des faits. Alors, après tout, peut-être bien qu'ils ont raison les politiques… allez savoir, ils ont une vision historique que nous n'avons pas, ils comprennent des choses qui nous échappent…
Le truc consiste à intervertir sa position (et celle des auditeurs) vis à vis du Temps en se plaçant fictivement dans l’après tout en étant réellement dans le présent. Il faut choisir, on ne peut pas être et avoir été.
Pour l’amusement, c’est comme quand on pense à sa mort: on se représente mort quand on est vivant (on est dans le réel, on peut penser sa mort) et on s’imagine pouvoir regretter de n’être plus vivant quand on est mort (c’est déjà plus difficile).
Kant (je ne sais plus où) parle de cette impossibilité logique, de ce désordre de la pensée quand il évoque le vivant qui se penche sur sa tombe tout en se représentant dans sa tombe, se contemplant vivant. Ben non, ce n’est pas possible…
Le coup de “l’Histoire dira” (que j’ai raison) relève de la même imposture: on bricole avec le concept du temporel, on se place à la fois maintenant et plus tard.
En plus, on a recours à un univers de taille: l’Histoire! Pensez-donc, ça peut impressionner…
C’est ici et maintenant, ou du moins très rapidement, que se juge une action, qu’elle soit personnelle ou collective, individuelle ou sociale.
Croire que l’avenir donnera raison à l’un ou à l’autre des choix effectués à un moment donné c’est supposer que les critères qui ont présidé à la décision seront appréciés selon les mêmes principes ou les mêmes valeurs à une autre époque de l’Histoire. C’est aussi associer les motivations du moment t avec les conséquences ou plutôt les développements inhérents au cours même du temps. C'est établir une chaîne de causalité dont on veut faire croire qu'elle se prolongera tout uniment à partir d'un moment t jusqu'à un moment (bien indéfini) où la Vérité apparaîtra sans que ladite chaîne de causalité n'ait été perturbée jusqu'au point de la dissolution par le flux incessant du cours des choses.
Ces développements n’étaient pas prévus car l’avenir est riche de tout ce qu’on ne peut prévoir, c’est son essence même, et il se peut, heureux hasard, qu’ils semblent pouvoir être compris comme une validation de choix bien antérieurs alors même que ce serait pure coïncidence. Mais il y a toujours d'autres développements qui infirment ce qu'on voudrait démontrer.
Il s’agit là d’une nouvelle fantaisie d’une raison à l’abandon parce que le fleuve des événements qui affectent le cours de l’Histoire est tellement immensément riche et inépuisable qu’il est toujours possible de choisir tel ou tel élément pour le faire entrer à posteriori dans le plan d’ensemble d’une décision qui aurait prévu des conséquences qui en fait sont imprévisibles.
L'histoire dira certes - et encore, il y a des débats qui divisent toujours les historiens quelques siècles après les faits! - mais on ne peut savoir ce qu'elle dira.
Il s’agit là d’une nouvelle fantaisie d’une raison à l’abandon parce que le fleuve des événements qui affectent le cours de l’Histoire est tellement immensément riche et inépuisable qu’il est toujours possible de choisir tel ou tel élément pour le faire entrer à posteriori dans le plan d’ensemble d’une décision qui aurait prévu des conséquences qui en fait sont imprévisibles.
L'histoire dira certes - et encore, il y a des débats qui divisent toujours les historiens quelques siècles après les faits! - mais on ne peut savoir ce qu'elle dira.