Pendant trente ans l'argument massue, l'arme fatale de la propagande de droite consistait à qualifier l'opposition de socialo-communiste. Reconnaissons que Duclos et Marchais ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour donner un fondement aux arguments des majorités sur lesquelles s'appuyaient Pompidou et Giscard. Sans compter ce qui se passait à l'est.
Et puis un jour, Mitterrand a été élu. Avec des ministres communistes! Et les chars soviétiques n'ont pas défilé sur les Champs-Élysées non plus que des camps de rééducation ouverts pour interner les braves gens. Il a bien fallu changer de répertoire, c'est normal, c'est le B A-BA de la communication depuis toujours.
Les temps changeant, la droite eut alors recours à une autre arme aussi redoutable qui consistait à accuser les socialiste d'incompétence économique. Rappelons-nous Chirac peu après l'élection de Mitterrand affirmer que l'expérience socialiste ne durerait pas plus de deux ans. Car c'était une expérience, donc quelque chose d'incertain, au résultat très aléatoire, faite par des amateurs qui n'avaient ni le sérieux ni la crédibilité de la droite.
Depuis 1981 l'inusable antienne de la droite est de répéter que la gauche a mis la France à genoux, que la gauche a ruiné la France, que les socialistes sont des redistributeurs impénitents qui prennent l'argent des honnêtes gens pour le gaspiller inconsidérément. Les irresponsables dépenses des socialistes engagent notre pays dans une spirale infernale qui nous fait dé-cro-cher-du-pe-lo-ton-de-tê-te quand la crise mondiale n'épargne personne."Tremblez, tremblez pour vos économies, électeurs que la gauche incompétente vole et spolie".
La ritournelle de la droite est bien connue : Quand il y a des difficultés économiques, c'est la faute des socialistes qui sont des irresponsables mais quand cette même droite est au pouvoir, s'il y a des difficultés, ce n'est pas du fait de son incompétence (inimaginable), c'est la faute de la crise.
Et là il y a presque un coup de génie qui consiste à faire croire que les crises économiques sont comme les manifestations violentes de la nature : On n'y peut rien, c'est un fait de nature contre lequel les hommes sont totalement désarmés. Faire passer ce qui relève de la culture, l'économie, pour un fait naturel, c'est énorme et cela marche d'autant mieux!
L'économie est aussi bien un fait culturel que tout autre activité humaine et la régularité des crises économiques (cycles de Kitchin, de Juglar, de Kuznets et de Kondratieff) ne signale rien d'autre que les effets de l'activité humaine.
Quand la droite, en France ou ailleurs, fait endosser la responsabilité des crises économiques à la nature, elle ne fait que se décharger des conséquences de son idéologie sur un acteur qui n'en peut mais.
A la limite, et c'est assez intéressant, ce discours qui consiste à associer la nécessité (sens philo : ce qui ne peut pas ne pas être) des crises économiques à l'inéluctabilité des faits de nature, c'est perpétuer la ligne constante des théologies monothéistes selon laquelle Dieu est tout puissant et nous ne pouvons rien contre ses divins décrets. Alors il faut courber la tête et les accepter. Ben voyons...
A la limite, et c'est assez intéressant, ce discours qui consiste à associer la nécessité (sens philo : ce qui ne peut pas ne pas être) des crises économiques à l'inéluctabilité des faits de nature, c'est perpétuer la ligne constante des théologies monothéistes selon laquelle Dieu est tout puissant et nous ne pouvons rien contre ses divins décrets. Alors il faut courber la tête et les accepter. Ben voyons...
Il n'est nullement étonnant que la droite s'inscrive comme on dit dans cette politique de défaussement de ses responsabilités, les détenteurs du pouvoir se sont toujours servi de cette rhétorique pour faire accepter l'inacceptable aux masses.
Cela fonctionne depuis 2.000 ans avec la superstition pour maintenir les masses dans la soumission, et ce n'est pas près de s’arrêter, aussi bien du point de vue spirituel que matériel.
Vous êtes pauvres, au chômage, devez travailler jusqu'à 65 ans? Ainsi l'a décidé Notre Seigneur, acceptez ses souveraines décisions, vous en serez récompensés pour l'éternité dans son céleste royaume.
Prions mes chers frères et sœurs...
4 commentaires:
L'économie est le domaine où l'on vous dit qu'il y a un moteur, que ce moteur s'emballe ou hoquète périodiquement, qu'on ne peut rien y faire, qu'il faut continuer avec, que c'est le meilleur moteur qui soit.
Si un garagiste vous dit ça à propos d'une voiture, vous ne douterez pas un instant qu'il se moque de vous.
Le miracle de l'économie est finalement de faire croire qu'un truc foireux est ce qu'il y a de mieux.
- La compta -quand elle n'est pas truquée- est fiable,
- L'analyse financière -quand elle n'est pas truquée, l'est aussi (en plus c'est passionnant),
- Les stats -quand elles etc.- sont des outils très utiles mais l'économie c'est un peu comme la sociologie : Un fourre-tout conceptuel dont on fait ce que l'on veut selon les besoins des décideurs.
Rien de tel que l'économie comme discours prétendant à la scientificité pour enfumer son monde comme le font les théologiens (j'en tiens pour le spirituel) avec leurs diverses interprétation de leurs textes sacrés, que ce soit les 2 Évangiles ou les hadiths.
Les voies du Seigneur sont impénétrables...
Les commentaires sur les communists de Marchais et al sont justes, mais ils s'appliquent aussi bien aux religieux integristes.
Quant à l'economie, je n'ai jamais compris pourquoi les socialistes ne parlent pas des résultats de Lionel Jospin, qui étaient très positives.
Avant lui la droite a creusé la dette et a continué après lui. D'apès les stats, il était le meilleur economist au gouvernment dépuis des decennies.
"Quant à l'economie, je n'ai jamais compris pourquoi les socialistes ne parlent pas des résultats de Lionel Jospin, qui étaient très positives."
Je me souviens que tu as déjà fait cette remarque mais je ne sais plus si c'était sur SF ou ici.
I totally concur here. les socialistes ont toujours été nuls pour faire valoir les points positifs de leurs passages au gouvernement. Par ailleurs il sont également nuls dans l'opposition avec la droite qui les accuse des mille maux de la terre ce à quoi ils ne savent répondre que c'est même pas vrai, c'est cui ki l'dit qui y est (fake 9 year old kids language);
Non seulement il sont toujours sur la défensive mais ils ont l'air de s'excuser d'exister.
Ils donnent l'impression d'en permanence être sous l'autorité du maître qui les sermonne et auquel ils bredouillent de piètres mots d'excuse et de justification.
Ce faisant ils valident le sentiment que la droite est "naturellement" faite pour diriger, que la gauche doit constamment en référer à son supérieur hiérarchique et qu'elle n'a pas de légitimité naturelle, là encore, pour être à la tête du pays.
C'est de l'essentialisme accepté.
Bon, il est dans la nature de la droite de ne pas s'encombrer de délicatesses quand il s'agit d'obtenir et de conserver le pouvoir quand la gauche a (peut-être) un peu plus de scrupules.
Il n'empêche qu' une opposition si soumise, c'est du gâteau pour la droite. Les communistes savaient donner de la voix eux, mais ce n'était guère nuancé.
Maintenant peut-on donner de la voix tout en étant nuancé...
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