lundi 30 mai 2011

Mammon


Stendhal le notait déjà dans ses Chroniques Italiennes (préface) : "la jeune Amérique où toutes les passions se réduisent à peu près au culte du dollar".

Hormis les premiers pèlerins, la plupart des immigrants vers les US ont été attirés par l'appât du gain, ce qui est somme toute fort compréhensible puisqu'il venaient pour l'essentiel des classes laborieuses et paysannes de la vieille Europe.

Cette obsession du dollar roi est toujours omniprésente dans la mentalité américaine. Combien de milliers de films ou de romans américains tournent autour de la recherche de l'enrichissement, du profit, de millions de dollars?

L'illustration la plus obscène à laquelle je pense, c'est la clôture (17h15 heure de Paris) de la bourse new yorkaise où des gens (qui?) sur un balcon qui semble dominer la salle des transactions applaudissent à tout rompre la fin de la journée. Comme un spectacle qui a ravi ses participants.

Certes le culte du veau d'or est bel et bien well and alive in the US. Ce qui  peut sembler incongru  dans un  pays qui revendique si ouvertement sa croyance en Jésus Christ et à son message..

Rien de nouveau ici. On sait bien que les religions, toutes les religions, sont parfaitement adaptables aux passions humaines, vices et vertus confondus. Et moi qui croyais que Jésus avait chassé les marchands du temple...

Les marchands ont définitivement investi le temple pour n'en plus jamais sortir. Quel monde!


(Le culte du veau d'or par Poussin)

vendredi 27 mai 2011

The law of the West

 
Les conditions d'arrestation de DSK et particulièrement le perp walk ont beaucoup choqué en France et en Europe par ce qui a été perçu comme une insupportable violence symbolique, tant sur la personne de l'ancien directeur du FMI -en relation avec la présomption d'innocence à laquelle il a droit- que par la façon quasi médiévale de légalement traiter un être humain.

Comme on sait, l'ancêtre du perp walk était le pilori (aboli en France en 1832), pratique courante dans l'Europe médiévale et qui satisfaisait au besoin des foules de voir et d'humilier les prisonniers. Au même titre que le tarring and feathering, le perp walk n'est rien d'autre que l'assouvissement des pulsions sadiques inhérentes à l'homme, justifié par des arguments qui seront un jour intenables aux yeux des générations futures.

(Whipping post New Castle County Jail Delaware 1897)

L'immigration au XIX- siècle n'était pas exactement composées des couches les plus éduquées et sophistiquées des populations d'Irlande, d'Italie, de Scandinavie ou d'Ukraine et de Russie qui participaient au peuplement de l'Amérique. Et donc les paysans danois, allemands, italiens etc. avaient en matière de justice criminelle les mêmes principes archaïques que partagent encore de nos jours les masses partout dans le monde les gens sans éducation : Justice expéditive.

La tâche la plus ardue de l'État fédéral fut peut-être d'imposer et de faire respecter les lois et procédures d'un État de droit là où régnaient pour l'essentiel  le règlement de compte et l'absence de toute garantie judiciaire sérieuse aux individus quels qu'ils soient.

Ce qui choque les Européens c'est que le pilori qu'ils ont connu pendant des siècles soit encore légalement en usage aux États-Unis comme un vestige d'un sombre passé médiéval qu'ont importé les immigrants européens.

Finalement la Loi de l'Ouest est celle que les immigrés européens et leurs descendants ont instituée dans les nouveaux territoires. 

mercredi 25 mai 2011

A day in the life

Quand Christo, dont j'ignorais tout, a emballé le Pont Neuf à Paris en 1985 j'étais enchanté de la merveilleuse transformation qu'il a offerte aux Parisiens pendant quelques semaines. Pour la première fois j'étais témoin de ce genre de performance unique et éphémère.


Parfaitement ignorant de l'art contemporain je découvrais combien des événements de la sorte pouvaient changer du tout du tout notre regard tellement blasé sur notre environnement habituel.

A New York, Christo a également réalisé dans Central Park une installation momentanée qui a beaucoup plu aux New Yorkais. 


Dans le même esprit d'une performance exceptionnelle, Anish Kapoor vient d'investir le Grand palais à Paris pour y loger son Léviathan et je compte bien lui rendre visite d'ici peu.


Ces deux artistes, parmi bien d'autres, offrent aux visiteurs la possibilité pendant quelques jours d'être témoins de quelque chose d'exceptionnel qu'ils ne reverront jamais plus. Celui qui le peut et ne se rend pas à pareille manifestation est responsable de la perte d'un jour de sa vie où il aurait pu voir le monde autrement. Être témoin quand se présente la possibilité d'admirer de si extraordinaires créations, c'est aussi saisir pleinement ce qu'un artiste offre de sa représentation du monde et donc partager un jour unique avec lui.

Ces créations temporaires et gigantesques donnent au concept d'aura de Walter Benjamin la plénitude de sa signification puisque ces œuvres sont spécifiquement réalisées en un lieu unique et à une époque donnée. Jamais plus on ne les reverra mais elles auront laissé à jamais leur empreinte "auratique" dans tel lieu et dans la mémoire des spectateurs.

Je ne suis pas allé au Musée d'Orsay depuis 3 ou 4 ans mais quand j'y retournerai j'y verrai ce que j'aurais pu y voir aujourd'hui et ce ne sera pas un jour unique de ma vie.

Bien sûr, la dimension architecturale de ces œuvres se projette sur la perception que nous pouvons en avoir et c'est bien ce qui les rend aussi exceptionnelles au même titre que leur temporalité. C'est pourquoi il faut saisir la chance de les admirer et d'en faire partie quand elles se présentent.

"Nous vivons dans l'inconcevable mais les repères sont éblouissants"

(René Char)

lundi 23 mai 2011

L'aura

Au British Museum de Londres sont exposées des roches rapportées de la Lune par une des missions Apollo. 

Je me souviens très bien les regarder en me faisant la réflexion que ces cailloux n'avaient rien à me dire. Comme tout un chacun j'imagine, je faisais l'effort conscient de me dire : J'ai sous les yeux quelque chose qui vient d'un endroit particulier et lointain mais qui -en soi- n'a rien d'extraordinaire. Un peu comme un rocher qui aurait été extrait du fond d'un océan ou même à 100 kms sous la croûte terrestre.

De la même façon, exposer un pan du mur de Berlin à New York ou un fragment calciné des restes des Twin Towers à Pékin n'a aucun sens, ces objets n'ont rien d'autre à nous dire que ce que nous leur faisons dire.

C'est un rapport univoque que nous entretenons avec ces objets auxquels nous nous adressons mais qui, eux, restent muets car ils sont disponibles et vides de sens. C'est nous qui projetons sur eux les images et pensées que nous fournissent notre imagination, notre ignorance  et nos fantasmes collectifs.

Walter Benjamin a créé le concept d'Aura qui émane d'une œuvre d'art en ce que l'identité de celle-ci repose essentiellement sur les conditions culturelles et historiques de sa création. 

Exposer où que ce soit des objets qui n'ont pas été créés par l'homme avec une intention particulière relève du fétichisme ni plus ni moins. Ainsi du  crâne de Descartes qui est conservé à Paris et pour lequel certains ont des projets.

Ni les plaques de béton du mur de Berlin ni les tôles des Twin Towers n'ont la moindre aura en tant qu'attribut essentiel. Si nous leur en attachons une, c'est uniquement un substitut que nous lui attribuons.

Distinguons bien ce qui relève de la curiosité superstitieuse et idolâtre de ce qui a été créé intentionnellement par l'homme et qui seul mérite le respect.


samedi 21 mai 2011

Orange Juice ou 2-2=1

L'affaire DSK à New York est l'occasion pour les Français d'apprendre combien les procédures inquisitoire et accusatoire diffèrent l'une de l'autre.

Il y a quinze ans O.J Simpson était accusé du meurtre de sa femme ainsi que de l'amant de celle-ci. Pour ce que j'en sais (*1) il n'a pas passé une journée derrière les barreaux, avait les moyens de s'offrir les services des plus chers des avocats américains et n'a pas eu droit au perp walk élégamment fourni à D.S.K (*2).


Simpson s'en est tiré je crois parce qu'il avait été établi qu'un des policiers qui avait travaillé sur l'enquête était raciste ce qui n'a absolument rien à voir avec le meurtre dont il était accusé (*3).

Ce qui semble déjà incompréhensible aux yeux des Européens le devient plus encore quand ce même Simpson, innocenté d'un double meurtre, a cependant été condamné à des dommages et intérêts.

Logiquement cela revient à dire que 2-2=1, il est coupable et il n'est pas coupable.

Je lis nombre de commentaires dans le NYT ou le Wapo d'Américains se disant fiers d'appartenir à un pays où le grands sont traités comme les petits. Yeah, sure... 

Une petite différence tout de même : Avoir quelques millions de dollars en poche n'est pas forcément un désavantage. 

Il ne s'agit pas de suggérer qu'un système est plus vertueux que l'autre, plus juste ou plus "humain", le système judiciaire inquisitoire français est aussi effrayant que le système accusatoire américain. 

Là où les Américains ont raison c'est qu'aucun big shot français ne risque de se retrouver derrière les barreaux, la justice française est aux ordres.

Les Européens en revanche peuvent faire valoir que l'argent est un facteur inexistant dans leurs systèmes respectifs.  

L'impunité française pour les gros clients correspond en fait au pouvoir de l'argent aux États-Unis.

Quel que soit le système, accusatoire/inquisitoire qui régit les relations entre les citoyens et leur justice, les petits sont toujours perdants, en France comme aux États-Unis.


(*1, *2, *3 En fait Simpson a passé 15 mois en prison après sa course poursuite avec la police, il a été soumis au perp walk et la défense a tenté de faire valoir qu'un policier chargé de l'enquête était raciste afin de semer le trouble dans l'esprit des jurés. All information courtesy Rocket)

mardi 17 mai 2011

A new world order

 
When Edith Shain was kissed by a sailor on August the 14th 1945 in Times Square, America was celebrating the victory of freedom and democracy upon tyranny and the subjugation of people. 

As we understand it, democracy means free elections, the rule of law and a judiciary system that makes sure everyone is entitled to a fair and balanced trial, in criminal cases in particular.

Hence the Nuremberg and Tokyo trials where war criminals were tried and condemned according to the fundamental principles of democracy, each of them being assisted by a lawyer for example.

Sixty years or so later when the American led coalition invaded Afghanistan in October 2001, the  aim of the war was to get hold of OBL until President Bush declared: ‘I truly am not that concerned about him’.

Ok, so the goal of this invasion shifted from catching a man into "helping" a country to adopt democratic values and to respect the tenets of democracy that is free elections, rule of the law and fair and balanced judiciary system.

A couple of weeks ago an American commando raided a town in Pakistan, got hold of OBL and deliberately killed him and dumped his corpse in the ocean.

I don't discuss the morality of the raid, the cold blood killing of OBL or the violation of Pakistan territorial integrity. I don't quibble either about how things should have or shouldn't have been done, I just have no opinion.

Fact is the whole thing was an indisputable breach of international law and democratic principles, the very same ones the U.S has been adamantly calling all countries around the world to abide to.

Now, the US is in Afghanistan to help this country to rebuilt  itself according to the democratic values America has been championing for decades the world over while in the same time the US breaches international law by intervening in Pakistan and killing without due trial the spiritual leader of the people it fights in a country it occupies to teach its inhabitants to learn and to respect the democratic values it violates next door. 

Is it me or is there something that simply doesn't fit here?

dimanche 15 mai 2011

Stunning!










Dominique Strauss Kahn's reputation as a sex maniac is no secret in France but what happened last night in New-York is stunningly bizarre. 

Even if the man seems to have a hard time keeping his testosterone under control it's a bit difficult to believe he could be as stupid as to let his sex instincts take the upper hand over his intelligence in the situation he is engaged regarding the current French political scene and another "incident" at the beginning of his tenure as Managing Director at the IMF.

Many people, both in the French and the American press, mention the possibility of a setup by his political opponents at home. I also have a hard time believing that line.

Even if he were to be cleared of the charges that are held against him (which seems highly improbable for now) I can't figure how he can go on in politics, notwithstanding his position at the IMF.

Although he now can't even dream of the next presidential elections in France, I'm not that sure that this episode is a major plus for Sarkozy. It may likely play more in favor of François Hollande, one of the socialist candidates for next year elections.

But then again, in politics you can never tell.

The French generally speaking don't care about mistresses and lovers but a sex maniac is a horse of a different color.

Wait until we have more information and let's not forget: innocent until proven guilty.

vendredi 13 mai 2011

Mahmoud Ahmanidejad est mort!

 
Vous souvenez-vous quand toutes les semaines les media sonnaient le tocsin pour nous alerter du danger que représentait Ahmanidejad pour la communauté internationale?

Cet homme était fou, irresponsable, si l'Iran venait à disposer de l'arme atomique, Armaguedon nous était promis! B. Kouchner avait même évoqué la possibilité d'une guerre! Les États-Unis déployaient un  bouclier antimissiles en Pologne et en Slovaquie pour prévenir une attaque en provenance de Téhéran sur l'Europe. 

Les media n'avaient cesse de recourir à un vocabulaire tout à fait neutre quand il s'agissait de l'Iran :  Ses dirigeants narguent le monde! Provocation! Défi! Coup de poker! Incartade! Cynique hypocrisie etc. Le Daily news affichait cette une ou celle-là quand Newsweek choisissait une photo au hasard pour un reportage sur l'Iran.

Les États-Unis et la France de Sarkozy multipliaient les menaces de sanctions voire de représailles si l'Iran ne se soumettait pas à leurs exigences.

En un mot comme en cent, l'Occident affrontait le diable en personne. Nous étions du côté du Bien et le Mal avait pour nom Mahmoud Ahmadinejad.

C'est vous dire comme nous sommes passés près de la catastrophe! Heureusement Ahmadinejad est mort. Enfin, c'est ce que l'on pourrait croire en observant comment sa personne et son pays ont complètement disparu des journaux et des radios/télévisions depuis plusieurs mois.

L'Iran a t-il renoncé à se doter de l'arme atomique? Les Israéliens ont-ils renoncé à leur prétention au monopole nucléaire dans la région? Les États-Unis, la France, la G.B et les membres de l'OTAN sont-ils revenus à la raison? La paix mondiale n'est donc plus menacée comme les politiques et les media ont cru bon nous mettre en garde et nous préparer au pire?

Toutes les sociétés recourent à des figures totémiques du Bien et du Mal selon les besoins politiques du moment. Alors les dirigeants ont recours à une technique vieille comme le monde qu'on appelle propagande pour faire tacitement avaliser leurs intentions voire leurs décisions par les opinions publiques.

Ahmanidejad est actuellement médiatiquement au repos mais n'en doutons pas, le moment venu, quand il s'agira d'à nouveau servir les intérêts sionistes, les États-Unis, la France de Sarkozy et consorts ne manqueront pas de ressusciter la figure emblématique du Mal : "Tremblez, honnêtes gens, Ahmanidejad est la réincarnation du Mal, c'est S. Hussein² mais faites-nous confiance, abandonnez-vous à notre résolution."

Ils ont bien réussi à faire croire à des centaines de millions de personnes qu'il y avait des armes de destruction massives en Irak...

mardi 10 mai 2011

Aliénation intériorisée


"So many women have been so thoroughly subjugated and have become so thoroughly submissive, that they are not even aware of their situation" wrote Anijo the other day. Oh so true!



Le mot anglais alien est issu du même mot en ancien français mais il a conservé sa signification première d'étranger alors qu'en français il évoque de nos jours plutôt le fou (aliéné). Le fou en effet n'est plus ce qu'il était ou "devrait" être. Il est devenu étranger à lui-même. L'aliénation est la situation d'une personne qui est étrangère à elle-même, c'est à dire dont l'identité perçue et revendiquée est une identité d'emprunt qui recouvre et tend à supplanter l'identité "naturelle" telle qu'elle se construit lorsqu'elle n'est pas entravée.

Cette situation d'aliénation des femmes, c'est à dire donc d'être soumises à une identité et à des valeurs qui leur sont imposées, se retrouve dans toutes les sociétés quelles qu'elles soient, dans les pays développés comme dans les sociétés archaïques, à l'ouest comme à l'est.

Plus encore que l'aliénation proprement dite, le plus tragique est l'intériorisation de cette soumission par des  centaines de millions de femmes qui défendent leur état de soumission comme les esclaves de la caverne de Platon qui sont ignorants et donc inconscients de la réalité des choses.

Y a t-il pratique plus abominable que l'excision -ou même pire s'il est possible, l'infibulation- des petites filles africaines par leurs mères qui croient de leur devoir de mutiler leurs filles pour leur bien quand celles-ci seront adultes? Cette obligation rituelle émanerait de la crainte des hommes devant l'incontrôlable jouissance des femmes qui, si elle n'était pas rendue impossible, terroriserait les hommes dont la virilité serait remise en question croient-ils.

Ces femmes africaines vont donc au devant des exigences des hommes qui n'ont pas à imposer quoi que ce soit, l'intériorisation de leur état d'êtres inférieurs étant telle que les mères considèrent comme allant de soi qu'il est nécessaire que leurs filles à leur tour intériorisent par une mutilation corporelle leur état d'aliénation mentale.

Cette intériorisation de leur statut d'êtres inférieurs est à ce point pleinement réalisée qu'elle se perpétue de générations en générations depuis des siècles, les mères étant à ce point inconscientes de leur propre aliénation qu'elles ignorent pourquoi elles font ce qu'elles font à leurs filles qui, à leur tour, devenues adultes reproduiront les mêmes gestes ancestraux de barbarie.

Cette intériorisation de leur aliénation n'est pas spécifique aux femmes des sociétés archaïques. 

Je pense à l'affaire Cantat/Trintignant. Tous les ans paraît-il 300 femmes meurent en France (c'est pire en Espagne et en Italie, quant aux pays musulmans on n'ose imaginer) sous les coups de leur mari ou compagnon. Après avoir fait 4 ans de prison, ce type qui a délibérément tué sa compagne et fait 3 ou 4 orphelins est encore soutenue -voire aimé- par des milliers de jeunes filles ou femmes qui ne voient en lui que le héros musical qu'il a toujours été pour elles.

Ce matin encore dans le Nouvel Ob's on peut lire une défense inconditionnelle de Cantat par une femme qui réclame pour le meurtrier de Marie Trintignant (donc de toutes les femmes) le droit de continuer à mener sa vie comme si tout était soldé.

Ces femmes ont-elles donc intériorisé elles aussi que la violence qui pouvait leur être faite était de l'ordre du normal, regrettable sans doute mais somme toute acceptable et qu'en tant que femmes il était dans l'ordre des choses que les hommes puissent faire usage de la violence contre leurs personnes? Frappe moi et baise moi alors?

Le port de la burqa ou du niqab n'est-il pas l'expression la plus visible de l'intériorisation de leur aliénation, consentie par des femmes dont l'identité extérieure est véritablement masquée comme un reflet de leur identité intérieure opprimée par les hommes qui, éventuellement, leur imposent la présence de maîtresses? Rivales qu'elles acceptent comme étant dans l'ordre des choses tellement elles ont intégré et accepté leur condition d'esclaves.

Essayer d'ouvrir les yeux des esclaves est impossible comme Platon le décrit dans sa République, l'esclave considère comme naturelle sa condition d'aliéné qu'il défend et revendique car il est aveugle et ignorant et n'a jamais connu d'autre état que l'esclavage.

Dans l'histoire de l'humanité so many women have been so thoroughly subjugated and have become so thoroughly submissive, that they are not even aware of their situation.

(Il en va d'ailleurs de même pour les hommes sur un autre plan mais c'est un sujet encore plus vaste) 

samedi 7 mai 2011

Tea for two

Comme chacun sait Tea for two est une chanson composée pour la comédie No, no, Nanette en 1925. Une si plaisante mélodie ne pouvait manquer d'être reprise par des milliers de musiciens de par le monde. Mais je n'avais aucune idée que Chostakovitch pût s'être amusé à l'orchestrer à sa façon.








 
 
 
 
 Comme quoi un petit bijou se prête à tous les arrangements. A chacun son goût.

jeudi 5 mai 2011

Le réel et l'imaginaire


Les attentats du 11 septembre étaient avant tout symboliques car c'est l'essence même du terrorisme que de frapper de stupeur. Il s'est agi d'une humiliation de la nation américaine qui n'a nullement été atteinte dans ses capacités militaires ou productives mais bien au cœur de l'image qu'elle se fait d'elle-même et qu'en a le monde entier.



La blessure narcissique fut terrible et réclamait vengeance. L'assassinat de Ben Laden par un commando américain a permis au pays de faire son deuil en restaurant son identité solaire ce qui n'aurait pas été le cas si Ben Laden était mort de mort naturelle.

On peut comprendre bien sûr le sentiment de délivrance, de soulagement mêlé de vengeance et de joie de la plupart des Américains mais sa mort en fait n'a aucune importance, pas plus que n'en a eu le mariage chez la famille Windsor.



La mort de Ben Laden relève encore du symbolique en ce que sa personne était depuis longtemps devenue inintéressante aux yeux mêmes des responsables américains. Ainsi G.W. Bush déclarait-il lui-même : ‘I truly am not that concerned about him’.

Les attaques du 11 septembre ont donné au personnage de Ben Laden une dimension historique au niveau mondial et l'individu Ben Laden a en quelque sorte disparu derrière le symbole du mal absolu tel que l'Occident l'a représenté.

Que les rejetons de la monarchie britannique se marient ou que Jean-Paul 2 soit béatifié, en quoi cela change-t-il le moins du monde la vie réelle et quotidienne des mêmes milliards d'individus qui croient que cela les concerne et que cela participe de leur bonheur et de leur épanouissement personnel?
Mais la réalité ce sont leurs conditions de vie économiques, le chômage ou leur exploitation par leurs employeurs tels les 33 mineurs chiliens restés sous terre 69 jours parce que la société qui les employait avait lésiné sur les conditions de sécurité.

La réalité c'est le tremblement de terre suivi d'un raz de marée et d'un accident nucléaire majeur au Japon, la réalité c'est la guerre en Libye ou la répression en Syrie, les mouvements migratoires du sud vers le nord, la déforestation et la pollution à l'échelle mondiale, la crise financière, l'accès aux soins médicaux et tant d'autres facteurs qui affectent véritablement les conditions de vie des humains.

Les médias du monde entier nous saoulent avec des milliers d'heures de reportages, des millions de pages et d'images sur la mort de Ben Laden qui n'a quasi aucune importance mais comme les médias s'adressent aux masses ils leur fournissent ce que désirent les masses : de l'imaginaire au détriment du réel surtout quand cet imaginaire est le produit des médias.

L'imagination permet aux masses d'oublier la réalité de leurs conditions de vie. L'individu Ben Laden et sa mort font partie de cet imaginaire dont se servent les médias pour étourdir les masses.

lundi 2 mai 2011

To be or not to be













Je mourrai à n'en pas douter et pourtant je ne serai jamais mort.

Paradoxe? Non, on n'est pas mort, ce qui serait un état, une autre façon d'être. On n'est plus tout simplement.

Les ouvriers égyptiens qui ont bâti les pyramides, les paysans chinois qui cultivaient le riz il y a 4.000 ans ne sont pas plus morts que le malade décédé ce matin dans sa chambre d'hôpital ou renversé par une voiture. Il a quitté l'Être. Il n'est pas non plus dans le non-être qui n'existe pas, si ce n'est comme concept langagier pour mettre en valeur qu'il n'est d'Être que l'Être.

La peur naturelle aux hommes devant la mort vient de ce qu'ils craignent pour l'essentiel,  l'après" (fiction entretenue par toutes les religions) alors qu'il n'y a pas d'après. L'après c'est comme l'avant. Il n'y avait rien, il n'y aura rien.

Illusion entretenue aussi par la vision d'un cadavre qui semble encore être là : il est mort dit-on. L'enveloppe est encore là, certes, pour quelque temps, mais c'est une illusion des sens en quelque sorte.

Il n'est pas mort, non, il n'est tout simplement plus.

A la limite on dira qu'il meurt, signifiant qu'il passe de l'Être au non-Être mais la mort n'est pas un état, c'est juste un insaisissable passage.

Je mourrai certes mais pas pour passer d'un état, l'Être, à un autre état qui serait le non-Être dans lequel je poursuivrais ma vie antérieure sous d'autres modalités.

Les Grecs l'avaient déjà compris il y a 2.500 ans : il n'est d'Être que dans l'Être (Parménide)

Je mourrai mais ne serai jamais mort. 

(Illustration : Les Ambassadeurs d'Holbein)